Texte grec :
[29] Εἰ δ´ ἀριθμῷ, μὴ τῷ ἀληθεῖ κρίνοιτο τὰ κατορθώματα, οὕτως
ἂν καὶ Ὑπερείδης τῷ παντὶ προέχοι Δημοσθένους. ἔστι γὰρ αὐτοῦ
πολυφωνότερος καὶ πλείους ἀρετὰς ἔχων, καὶ σχεδὸν ὕπακρος ἐν
πᾶσιν ὡς ὁ πένταθλος, ὥστε τῶν μὲν πρωτείων ἐν ἅπασι τῶν
ἄλλων ἀγωνιστῶν λείπεσθαι, πρωτεύειν δὲ τῶν ἰδιωτῶν. ὁ μέν
γε Ὑπερείδης πρὸς τῷ πάντα, ἔξω γε τῆς συνθέσεως, μιμεῖσθαι
τὰ Δημοσθένεια κατορθώματα καὶ τὰς Λυσιακὰς ἐκ περιττοῦ
περιείληφεν ἀρετάς τε καὶ χάριτας. καὶ γὰρ λαλεῖ μετὰ ἀφελείας
ἔνθα χρή, καὶ οὐ πάντα ἑξῆς {καὶ} μονοτόνως ὡς ὁ Δημοσθένης
λέγει· τό τε ἠθικὸν ἔχει μετὰ γλυκύτητος {ἡδύ,} λιτῶς
ἐφηδυνόμενον· ἄφατοί τε περὶ αὐτόν εἰσιν ἀστεϊσμοί, μυκτὴρ
πολιτικώτατος, εὐγένεια, τὸ κατὰ τὰς εἰρωνείας εὐπάλαιστρον,
σκώμματα οὐκ ἄμουσα οὐδ´ ἀνάγωγα, κατὰ τοὺς Ἀττικοὺς ἐκείνους ἅλας
ἐπικείμενα, διασυρμός τε ἐπιδέξιος καὶ πολὺ τὸ κωμικὸν ἔχων
καὶ μετὰ παιδιᾶς εὐστόχου κέντρον, ἀμίμητον δὲ εἰπεῖν τὸ ἐν πᾶσι
τούτοις ἐπαφρόδιτον· οἰκτίσασθαί τε προσφυέστατος, ἔτι δὲ
μυθολογῆσαι κεχυμένως καὶ ἐν ὑγρῷ πνεύματι διεξοδεῦσαι {ἔτι}
εὐκαμπὴς ἄκρως, ὥσπερ ἀμέλει τὰ μὲν περὶ τὴν Λητὼ
ποιητικώτερα, τὸν δ´ Ἐπιτάφιον ἐπιδεικτικῶς, ὡς οὐκ οἶδ´ εἴ τις
ἄλλος, διέθετο. ὁ δὲ Δημοσθένης ἀνηθοποίητος, ἀδιάχυτος, ἥκιστα ὑγρὸς
ἢ ἐπιδεικτικός, ἁπάντων ἑξῆς τῶν προειρημένων κατὰ τὸ πλέον
ἄμοιρος· ἔνθα μέντοι γελοῖος εἶναι βιάζεται καὶ ἀστεῖος οὐ
γέλωτα κινεῖ μᾶλλον ἢ καταγελᾶται, ὅταν δὲ ἐγγίζειν θέλῃ τῷ
ἐπίχαρις εἶναι, τότε πλέον ἀφίσταται. τό γέ τοι περὶ Φρύνης ἢ
Ἀθηνογένους λογίδιον ἐπιχειρήσας γράφειν ἔτι μᾶλλον ἂν
Ὑπερείδην συνέστησεν. ἀλλ´ ἐπειδήπερ, οἶμαι, τὰ μὲν θατέρου
καλά, καὶ εἰ πολλὰ ὅμως ἀμεγέθη, "καρδίῃ νήφοντος ἀργὰ" καὶ τὸν
ἀκροατὴν ἠρεμεῖν ἐῶντα (οὐδεὶς γοῦν Ὑπερείδην ἀναγινώσκων
φοβεῖται), ὁ δὲ ἔνθεν ἑλὼν τοῦ μεγαλοφυεστάτου καὶ ἐπ´ ἄκρον
ἀρετὰς συντετελεσμένας, ὑψηγορίας τόνον, ἔμψυχα πάθη,
περιουσίαν ἀγχίνοιαν τάχος, ἔνθα δὴ κύριον, τὴν ἅπασιν
ἀπρόσιτον δεινότητα καὶ δύναμιν - ἐπειδὴ ταῦτα, φημί, ὡς θεόπεμπτά τινα
δωρήματα (οὐ γὰρ εἰπεῖν θεμιτὸν ἀνθρώπινα) ἀθρόα εἰς ἑαυτὸν
ἔσπασε, διὰ τοῦτο οἷς ἔχει καλοῖς ἅπαντας ἀεὶ νικᾷ καὶ ὑπὲρ ὧν
οὐκ ἔχει, καὶ ὡσπερεὶ καταβροντᾷ καὶ καταφέγγει τοὺς ἀπ´ αἰῶνος
ῥήτορας· καὶ θᾶττον ἄν τις κεραυνοῖς φερομένοις ἀντανοῖξαι
τὰ ὄμματα δύναιτο ἢ ἀντοφθαλμῆσαι τοῖς ἐπαλλήλοις ἐκείνου πάθεσιν.
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Traduction française :
[29] CHAPITRE XXIX. Comparaison dHypéride et de Démosthène.
Que si au reste lon doit juger du mérite d'un ouvrage par le nombre
plutôt que par la qualité et l'excellence de ses beautés il s'ensuivra
qu'Hypéride doit être entièrement préféré à Démosthène. En effet outre
qu'il est plus harmonieux, il a bien plus de parties d'orateur, quil
possède presque toutes en un degré éminent, semblable à ces athlètes qui
réussissent aux cinq sortes d'exercices, et qui n'étant les premiers en pas
un de ces exercices, passent en tous l'ordinaire et le commun. En effet il
a imité Démosthène en tout ce que Démosthène a de beau, excepté pourtant
dans la composition et l'arrangement des paroles. Il joint à cela les
douceurs et les grâces se Lysias : il sait adoucir, où il faut, la rudesse
et la simplicité du discours, et ne dit pas toutes les choses d'un même air
comme Démosthène: il excelle à peindre les murs, son style a dans sa
naïveté une certaine douceur agréable et fleurie.
Il y a dans ses ouvrages un nombre infini de choses plaisamment dites. Sa
manière de rire et de se moquer est fine, et a quelque chose de noble. Il a
une facilité merveilleuse à manier l'ironie. Ses railleries ne sont point
froides ni recherchées, comme celles de ces faux imitateurs du style
attique, mais vives et pressantes. Il est adroit à éluder les objections
qu'on lui fait, et à les rendre ridicules en les amplifiant. Il a beaucoup
de plaisant et de comique, et est tout plein de jeux et de certaines pointes
à esprit, qui frappent toujours où il vise. Au reste il assaisonne toutes
ces choses d'un tour et d'une grâce inimitable. Il est né pour toucher et
émouvoir la pitié, il est étendu dans ses narrations fabuleuses. Il a une
flexibilité admirable pour les digressions, il se détourne, il reprend
haleine où il veut, comme on le peut voir dans ces Fables qu'il conte de
Latone. Il a fait une oraison funèbre qui est écrite avec tant de pompe et
d'ornement, que je ne sais si pas un autre l'a jamais égalé en cela.
Au contraire Démosthène ne s'entend pas fort bien à peindre les murs. Il
n'est point étendu dans son style: Il a quelque chose de dur, et n'a ni
pompe ni ostentation. En un mot il n'a presque aucune des parties dont
nous venons de parler. S'il s'efforce d'être plaisant, il se rend
ridicule, plutôt qu'il ne fait rire, et s'éloigne d'autant plus du plaisant
qu'il tâche d'en approcher. Cependant parce qu'à mon avis, toutes ces
beautés qui sont en foule dans Hypéride, n'ont rien de grand : qu'on y
voit, pour ainsi dire, un orateur toujours à jeun, et une langueur d'esprit
qui n'échauffe, qui ne remue point l'âme : personne n'a jamais été fort
transporté de la lecture de ses ouvrages. Au lieu que Démosthène ayant
ramassé en soi toutes les qualités d'un orateur véritablement né au
sublime, et entièrement perfectionné par l'étude, ce ton de majesté et de
grandeur, ces mouvements animés, cette fertilité, cette adresse, cette
promptitude, et, ce qu'on doit sur tout estimer en lui, cette force et cette
véhémence dont jamais personne n'a su approcher. Par toutes ces divines
qualités, que je regarde en effet comme autant de rares présents qu'il
avait reçus des dieux, et qu'il ne m'est pas permis d'appeler des qualités
humaines, il a effacé tout ce qu'il y a eu d'orateurs célèbres dans tous
les siècles: les laissant comme abattus et éblouis, pour ainsi dire, de ses
tonnerres et de ses éclairs. Car dans les parties où il excelle il est
tellement élevé au-dessus d'eux, qu'il répare entièrement par là celles
qui lui manquent. Et certainement il est plus aisé d'envisager fixement, et
les yeux ouverts, les foudres qui tombent du Ciel, que de n'être point ému
des violentes passions qui règnent en foule dans ses ouvrages,
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