Texte grec :
[2] Ἡμῖν δ´ ἐκεῖνο διαπορητέον ἐν ἀρχῇ, εἰ ἔστιν ὕψους τις ἢ
βάθους τέχνη, ἐπεί τινες ὅλως οἴονται διηπατῆσθαι τοὺς τὰ
τοιαῦτα ἄγοντας εἰς τεχνικὰ παραγγέλματα. γεννᾶται γάρ, φησί,
τὰ μεγαλοφυῆ καὶ οὐ διδακτὰ παραγίνεται, καὶ μία τέχνη πρὸς
αὐτὰ τὸ πεφυκέναι· χείρω τε τὰ φυσικὰ ἔργα, ὡς οἴονται, καὶ τῷ
παντὶ δειλότερα καθίσταται ταῖς τεχνολογίαις
κατασκελετευόμενα. ἐγὼ δὲ ἐλεγχθήσεσθαι τοῦθ´ ἑτέρως ἔχον
φημί, εἰ ἐπισκέψαιτό τις ὅτι ἡ φύσις, ὥσπερ τὰ πολλὰ ἐν τοῖς παθητικοῖς
καὶ διηρμένοις αὐτόνομον, οὕτως οὐκ εἰκαῖόν τι κἀκ παντὸς ἀμέθοδον
εἶναι φιλεῖ, καὶ ὅτι αὐτὴ μὲν πρῶτόν τι καὶ ἀρχέτυπον γενέσεως
στοιχεῖον ἐπὶ πάντων ὑφέστηκεν, τὰς δὲ ποσότητας καὶ τὸν
ἐφ´ ἑκάστου καιρὸν ἔτι δὲ τὴν ἀπλανεστάτην ἄσκησίν τε καὶ
χρῆσιν ἱκανὴ πορίσαι καὶ συνενεγκεῖν ἡ μέθοδος, καὶ ὡς
ἐπικινδυνότερα αὐτὰ ἐφ´ αὑτῶν δίχα ἐπιστήμης ἀστήρικτα καὶ
ἀνερμάτιστα ἐαθέντα τὰ μεγάλα, ἐπὶ μόνῃ τῇ φορᾷ καὶ ἀμαθεῖ
τόλμῃ λειπόμενα· δεῖ γὰρ αὐτοῖς ὡς κέντρου πολλάκις οὕτω δὲ
καὶ χαλινοῦ. ὅπερ γὰρ ὁ Δημοσθένης ἐπὶ τοῦ κοινοῦ τῶν
ἀνθρώπων ἀποφαίνεται βίου, μέγιστον μὲν εἶναι τῶν ἀγαθῶν τὸ
εὐτυχεῖν, δεύτερον δὲ καὶ οὐκ ἔλαττον τὸ εὖ βουλεύεσθαι, ὅπερ οἷς ἂν
μὴ παρῇ συναναιρεῖ πάντως καὶ θάτερον, τοῦτ´ ἂν καὶ ἐπὶ τῶν
λόγων εἴποιμεν, ὡς ἡ μὲν φύσις τὴν τῆς εὐτυχίας τάξιν ἐπέχει,
ἡ τέχνη δὲ τὴν τῆς εὐβουλίας. τὸ δὲ κυριώτατον, ὅτι καὶ αὐτὸ τὸ
εἶναί τινα τῶν ἐν λόγοις ἐπὶ μόνῃ τῇ φύσει οὐκ ἄλλοθεν ἡμᾶς ἢ
παρὰ τῆς τέχνης ἐκμαθεῖν δεῖ. εἰ ταῦθ´, ὡς ἔφην, ἐπιλογίσαιτο
καθ´ ἑαυτὸν ὁ τοῖς χρηστομαθοῦσιν ἐπιτιμῶν, οὐκ ἂν ἔτι, μοι
δοκῶ, περιττὴν καὶ ἄχρηστον τὴν ἐπὶ τῶν προκειμένων ἡγήσαιτο
θεωρίαν. - - -.
- - - καὶ καμίνου σχῶσι μάκιστον σέλας.
εἰ γάρ τιν´ ἑστιοῦχον ὄψομαι μόνον,
μίαν παρείρας πλεκτάνην χειμάρροον,
στέγην πυρώσω καὶ κατανθρακώσομαι·
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Traduction française :
[2] CHAPITRE II : Sil y a un art particulier du sublime
et des trois vices qui lui sont opposés.
Il faut voir d'abord, s'il y a un art particulier du sublime. Car il se
trouve des gens qui s'imaginent, que c'est une erreur de le vouloir
réduire en art, et d'en donner des préceptes. Le sublime, disent-ils, naît
avec nous, et ne s'apprend point. Le seul art pour y parvenir, c'est d'y
être né. Et même, à ce qu'ils prétendent, il y a des ouvrages que la
nature doit produire toute seule. La contrainte des préceptes ne fait que
les affaiblir, et leur donner une certaine sécheresse qui les rend maigres
et décharnés. Mais je soutiens, qu'à bien prendre les choses, on verra
clairement tout le contraire.
Et à dire vrai, quoi que la nature ne se montre jamais plus libre que dans
les discours sublimes et pathétiques, il est pourtant aisé de reconnaître
qu'elle n'est pas absolument ennemie de l'art et des règles. J'avoue que
dans toutes nos productions il la faut toujours supposer comme la base, le
principe, et le premier fondement. Mais aussi est-il certain que notre
esprit a besoin d'une méthode pour lui enseigner à ne dire que ce qu'il
faut, et à le dire en son lieu, et que cette méthode peut beaucoup
contribuer pour acquérir la parfaite habitude du sublime. Car comme les
vaisseaux sont en danger de périr, lorsqu'on les abandonne à leur seule
légèreté, et qu'on ne sait pas leur donner la charge et le poids qu'ils
doivent avoir. Il en est ainsi du sublime, si on labandonne à la seule
impétuosité d'une nature ignorante et téméraire, notre esprit assez souvent
na pas moins besoin de bride que d'éperon. Démosthène dit en quelque
endroit, que le plus grand bien qui puisse nous arriver dans la vie, c'est
d'être heureux: mais qu'il y en a encore un autre qui nest pas moindre, et
sans lequel ce premier ne saurait subsister, qui est de savoir se conduire
avec prudence. Nous en pouvons dire autant à l'égard du discours. La
nature est ce qu'il y a de plus nécessaire pour arriver au grand :
toutefois si l'art ne prend soin de la conduire, c'est une aveugle qui ne
sait où elle va. - - -.
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