Texte grec :
[1,43] XLIII.
1. Ὅπως δὲ μή τινες ἐκ τῶν προλελεγμένων ὑφ’ ἡμῶν δοξάσωσι
καθ’ εἱμαρμένης ἀνάγκην φάσκειν ἡμᾶς τὰ γινόμενα γίνεσθαι, ἐκ
τοῦ προειπεῖν προεγνωσμένα, καὶ τοῦτο διαλύομεν.
2. τὰς τιμωρίας καὶ τὰς κολάσεις καὶ τὰς ἀγαθὰς ἀμοιβὰς κατ’
ἀξίαν τῶν πράξεων ἑκάστου ἀποδίδοσθαι διὰ τῶν προφητῶν
μαθόντες καὶ ἀληθὲς ἀποφαινόμεθα· ἐπεὶ εἰ μὴ τοῦτό ἐστιν, ἀλλὰ
καθ’ εἱμαρμένην πάντα γίνεται, οὔτε τὸ ἐφ’ ἡμῖν ἐστιν ὅλως· εἰ γὰρ
εἵμαρται τόνδε τινὰ ἀγαθὸν εἶναι καὶ τόνδε φαῦλον, οὔθ’ οὗτος
ἀπόδεκτος οὐδὲ ἐκεῖνος μεμπτέος.
3. καὶ αὖ εἰ μὴ προαιρέσει ἐλευθέρᾳ πρὸς τὸ φεύγειν τὰ αἰσχρὰ
καὶ αἱρεῖσθαι τὰ καλὰ δύναμιν ἔχει τὸ ἀνθρώπειον γένος, ἀναίτιόν
ἐστι τῶν ὁπωσδήποτε πραττομένων.
4. ἀλλ’ ὅτι ἐλευθέρᾳ προαιρέσει καὶ κατορθοῖ καὶ σφάλλεται,
οὕτως ἀποδείκνυμεν.
5. τὸν αὐτὸν ἄνθρωπον τῶν ἐναντίων τὴν μετέλευσιν
ποιούμενον ὁρῶμεν.
6. εἰ δὲ εἵμαρτο ἢ φαῦλον ἢ σπουδαῖον εἶναι, οὐκ ἄν ποτε τῶν
ἐναντίων δεκτικὸς ἦν καὶ πλειστάκις μετετίθετο· ἀλλ’ οὐδ’ οἱ μὲν
ἦσαν σπουδαῖοι, οἱ δὲ φαῦλοι, ἐπεὶ τὴν εἱμαρμένην αἰτίαν φαύλων
καὶ ἐναντία ἑαυτῇ πράττουσαν ἀποφαινοίμεθα, ἢ ἐκεῖνο τὸ
προειρημένον δόξαι ἀληθὲς εἶναι, ὅτι οὐδέν ἐστιν ἀρετὴ οὐδὲ κακία,
ἀλλὰ δόξῃ μόνον ἢ ἀγαθὰ ἢ κακὰ νομίζεται· ἥπερ, ὡς δείκνυσιν ὁ
ἀληθὴς λόγος, μεγίστη ἀσέβεια καὶ ἀδικία ἐστίν.
7. ἀλλ’ εἱμαρμένην φαμὲν ἀπαράβατον ταύτην εἶναι, τοῖς τὰ
καλὰ ἐκλεγομένοις τὰ ἄξια ἐπιτίμια, καὶ τοῖς ὁμοίως τὰ ἐναντία τὰ
ἄξια ἐπίχειρα.
8. οὐ γὰρ ὥσπερ τὰ ἄλλα, οἷον δένδρα καὶ τετράποδα μηδὲν
δυνάμενα προαιρέσει πράττειν, ἐποίησεν ὁ θεὸς τὸν ἄνθρωπον· οὐδὲ
γὰρ ἦν ἄξιος ἀμοιβῆς ἢ ἐπαίνου, οὐκ ἀφ’ ἑαυτοῦ ἑλόμενος τὸ
ἀγαθόν, ἀλλὰ τοῦτο γενόμενος οὐδ’, εἰ κακὸς ὑπῆρχε, δικαίως
κολάσεως ἐτύγχανεν, οὐκ ἀφ’ ἑαυτοῦ τοιοῦτος ὤν, ἀλλ’ οὐδὲν
δυνάμενος εἶναι ἕτερον παρ’ ὃ ἐγεγόνει.
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Traduction française :
[1,43] Que d'ailleurs, si nous parlons de prescience et de prédiction, on se
garde bien de conclure que nous croyons à la fatalité et au destin. Non, et
en voici la preuve. Il est, disons-nous, pour les méchants des punitions et
des supplices, pour les bons des récompenses et des bienfaits; les
prophètes nous ont appris cette doctrine, et nous en soutenons la vérité.
S'il n'en était pas ainsi, si tous suivaient la loi du destin, où serait le libre
arbitre? car si c'était par nécessité que celui-ci est bon, celui-là mauvais, le
premier ne serait pas digne d'éloges, pas plus que le second ne serait
coupable. Et si le genre humain n'avait pas le pouvoir de choisir par un
acte de sa libre volonté le sentier de la vertu ou le chemin du vice, il n'aurait
pas à répondre de ses actions. Mais l'homme a cette liberté de faire le
bien ou le mal à son choix: nous le pouvons. Ne voit-on pas en effet le
même homme tenir la conduite la plus diverse. Si la loi du destin le
forçait à être méchant ou vertueux, certes il ne serait pas soumis à ces
contradictions et à ces perpétuelles variations. Loin de là, il n'y aurait ni un
homme vertueux ni un homme dépravé, puisque le destin serait la cause
du mal et en même temps la cause du bien. Ou encore, nous tomberions
dans cette doctrine dont nous avons parlé plus haut, et qui consiste à nier
la vertu et le vice, et à ne voir dans le bien et le mal que des opinions différentes; ce qui est aux yeux de la saine raison une impiété et une absurdité
monstrueuses. Pour le destin inévitable tel que nous l'entendons,
c'est celui qui attend les bons pour les récompenser selon leurs mérites, et
les méchants pour leur infliger les supplices qu'ils ont encourus. Car Dieu
n'a pas créé l'homme comme les plantes et les brutes qui ne savent ce
qu'elles font; et l'homme ne mériterait ni récompense ni louange s'il
n'avait pas le choix de la vertu et s'il y naissait tout façonné; de même
qu'il ne pourrait encourir aucune peine s'il était méchant, et qu'il ne le fut
pas de lui- même, mais qu'enchaîné au vice par sa naissance, il ne pût se
délivrer de son joug.
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