Texte grec :
[1,4] IV.
1. Ὀνόματος μὲν οὖν προσωνυμίᾳ οὔτε ἀγαθὸν οὔτε κακὸν
κρίνεται ἄνευ τῶν ὑποπιπτουσῶν τῷ ὀνόματι πράξεων· ἐπεί, ὅσον τε
ἐκ τοῦ κατηγορουμένου ἡμῶν ὀνόματος χρηστότατοι ὑπάρχομεν.
2. ἀλλ’ ἐπεὶ οὐ τοῦτο δίκαιον ἡγούμεθα, διὰ τὸ ὄνομα ἐὰν κακοὶ
ἐλεγχώμεθα, αἰτεῖν ἀφίεσθαι, πάλιν, εἰ μηδὲν διά τε τὴν
προσηγορίαν τοῦ ὀνόματος καὶ διὰ τὴν πολιτείαν εὑρισκόμεθα
ἀδικοῦντες, ὑμέτερον ἀγωνιᾶσαί ἐστι, μὴ ἀδίκως κολάζοντες τοὺς μὴ
ἐλεγχομένους τῇ δίκῃ κόλασιν ὀφλήσητε.
3. ἐξ ὀνόματος μὲν γὰρ ἢ ἔπαινος ἢ κόλασις οὐκ ἂν εὐλόγως
γένοιτο, ἢν μή τι ἐνάρετον ἢ φαῦλον δι’ ἔργων ἀποδείκνυσθαι
δύνηται.
4. καὶ γὰρ τοὺς κατηγορουμένους ἐφ’ ὑμῶν πάντας πρὶν
ἐλεγχθῆναι οὐ τιμωρεῖτε· ἐφ’ ἡμῶν δὲ τὸ ὄνομα ὡς ἔλεγχον
λαμβάνετε, καίπερ, ὅσον γε ἐκ τοῦ ὀνόματος, τοὺς κατηγοροῦντας
μᾶλλον κολάζειν ὀφείλετε.
5. Χριστιανοὶ γὰρ εἶναι κατηγορούμεθα· τὸ δὲ χρηστὸν
μισεῖσθαι οὐ δίκαιον.
6. καὶ πάλιν, ἐὰν μέν τις τῶν κατηγορουμένων ἔξαρνος γένηται
τῇ φωνῇ μὴ εἶναι φήσας, ἀφίετε αὐτὸν ὡς μηδὲν ἐλέγχειν ἔχοντες
ἁμαρτάνοντα, ἐὰν δέ τι ὁμολογήσῃ εἶναι, διὰ τὴν ὁμολογίαν
κολάζετε· δέον καὶ τὸν τοῦ ὁμολογοῦντος βίον εὐθύνειν καὶ τὸν τοῦ
ἀρνουμένου, ὅπως διὰ τῶν πράξεων ὁποῖός ἐστιν ἕκαστος φαίνηται.
7. ὃν γὰρ τρόπον παραλαβόντες τινὲς παρὰ τοῦ διδασκάλου
Χριστοῦ μὴ ἀρνεῖσθαι ἐξεταζόμενοι παρακελεύονται, τὸν αὐτὸν
τρόπον κακῶς ζῶντες ἴσως ἀφορμὰς παρέχουσι τοῖς ἄλλως
καταλέγειν τῶν πάντων Χριστιανῶν ἀσέβειαν καὶ ἀδικίαν
αἱρουμένοις.
8. οὐκ ὀρθῶς μὲν οὐδὲ τοῦτο πράττεται· καὶ γάρ τοι φιλοσοφίας
ὄνομα καὶ σχῆμα ἐπιγράφονταί τινες, οἳ οὐδὲν ἄξιον τῆς ὑποσχέσεως
πράττουσι· γινώσκετε δ’ ὅτι καὶ οἱ τὰ ἐναντία δοξάσαντες καὶ
δογματίσαντες τῶν παλαιῶν τῷ ἑνὶ ὀνόματι προσαγορεύονται
φιλόσοφοι.
9. καὶ τούτων τινὲς ἀθεότητα ἐδίδαξαν, καὶ τὸν Δία ἀσελγῆ ἅμα
τοῖς αὐτοῦ παισὶν οἱ γενόμενοι ποιηταὶ καταγγέλλουσι· κἀκείνων τὰ
διδάγματα οἱ μετερχόμενοι οὐκ εἴργονται πρὸς ὑμῶν, ἆθλα δὲ καὶ
τιμὰς τοῖς εὐφώνως ὑβρίζουσι τούτους τίθετε.
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Traduction française :
[1,4] Ce n'est pas sur le simple énoncé du nom et abstraction faite des actions qui
s'y rattachent que l'on peut discerner le bien ou le mal. Car, à ne considérer
que ce nom qui nous accuse, nous sommes irréprochables. Mais, comme, au cas ou
nous serions coupables, nous tiendrions pour injuste de devoir à un nom seul
notre absolution, de même, s'il est prouvé que notre conduite n'est pas plus
coupable que notre nom, votre devoir est de faire tous vos efforts pour empêcher
qu'en persécutant injustement des innocents, vous ne fassiez affront à la
justice. Le nom seul en effet ne peut raisonnablement pas être un titre à la
louange ou au blâme, s'il n'y a d'ailleurs dans les actes rien de louable ou de
criminel. Les accusés ordinaires qui paraissent devant vous, vous ne les frappez
qu'après les avoir convaincus: et nous, notre nom suffit pour nous condamner. Et
pourtant, à ne considérer que le nom, vous devriez bien plutôt sévir contre nos
accusateurs. Nous sommes chrétiens: voilà pourquoi l'on nous accuse: il est
pourtant injuste de persécuter la vertu. Que si quelqu'un de nous vient à renier
sa qualité et à dire: Non, je ne suis pas chrétien, vous le renvoyez comme
n'ayant rien trouvé de coupable en lui: qu'il confesse, au contraire,
courageusement sa foi, cet aveu seul le fait traîner au supplice, tandis qu'il
faudrait examiner et la vie du confesseur et la vie du renégat, et les juger
chacun selon leurs oeuvres. Car, si ceux qui ont appris du Christ leur maître à
ne pas se parjurer donnent par leur fermeté dans les interrogatoires le plus
persuasif exemple et la plus puissante exhortation, ceux-là aussi qui vivent
dans l'iniquité fournissent peut-être un prétexte à toutes les accusations
d'impiété et d'injustice que l'on intente aux chrétiens; mais ce n'est certes
pas là de l'équité. En effet, parmi tous ceux qui se parent du nom et du manteau
de philosophes, il en est beaucoup aussi qui ne font rien de digne de ce titre,
et vous n'ignorez pas que, malgré la plus complète contradiction dans leurs
idées et leurs doctrines, les maîtres anciens ont tous été compris sous la
dénomination unique de philosophes. Quelques-uns d'entre eux ont enseigné
l'athéisme. Dans leurs chants, vos poètes célèbrent les incestes de Jupiter avec
ses enfants. Et à tous ceux qui donnent de pareilles leçons, vous ne leur fermez
pas la bouche: que dis-je? Pour prix de leurs pompeuses insultes, vous les
comblez d'honneurs et de récompenses!
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