Texte grec :
[1,3] III.
1. Ἀλλ’ ἵνα μὴ ἄλογον φωνὴν καὶ τολμηρὰν δόξῃ τις ταῦτα
εἶναι, ἀξιοῦμεν τὰ κατηγορούμενα αὐτῶν ἐξετάζεσθαι, καὶ, ἐὰν
οὕτως ἔχοντα ἀποδεικνύωνται, κολάζεσθαι ὡς πρέπον ἐστί {μᾶλλον
δὲ κολάζειν}· εἰ δὲ μηδὲν ἔχοι τις ἐλέγχειν, οὐχ ὑπαγορεύει ὁ ἀληθὴς
λόγος διὰ φήμην πονηρὰν ἀναιτίους ἀνθρώπους ἀδικεῖν, μᾶλλον δὲ
ἑαυτούς, οἳ οὐ κρίσει ἀλλὰ πάθει τὰ πράγματα ἐπάγειν ἀξιοῦτε.
2. καλὴν δὲ καὶ μόνην δικαίαν πρόκλησιν ταύτην πᾶς ὁ
σωφρονῶν ἀποφανεῖται, τὸ τοὺς ἀρχομένους τὴν εὐθύνην τοῦ
ἑαυτῶν βίου καὶ λόγου ἄληπτον παρέχειν, ὁμοίως δ’ αὖ καὶ τοὺς
ἄρχοντας μὴ βίᾳ μηδὲ τυραννίδι ἀλλ’ εὐσεβείᾳ καὶ φιλοσοφίᾳ
ἀκολουθοῦντας τὴν ψῆφον τίθεσθαι· οὕτως γὰρ ἂν καὶ οἱ ἄρχοντες
καὶ οἱ ἀρχόμενοι ἀπολαύοιεν τοῦ ἀγαθοῦ.
3. ἔφη γάρ που καί τις τῶν παλαιῶν· Ἂν μὴ οἱ ἄρχοντες
φιλοσοφήσωσι καὶ οἱ ἀρχόμενοι, οὐκ ἂν εἴη τὰς πόλεις εὐδαιμονῆσαι.
4. ἡμέτερον οὖν ἔργον καὶ βίου καὶ μαθημάτων τὴν ἐπίσκεψιν
πᾶσι παρέχειν, ὅπως ὑπὲρ τῶν ἀγνοεῖν τὰ ἡμέτερα νομιζόντων τὴν
τιμωρίαν, ὧν ἂν πλημμελῶσι τυφλώττοντες αὐτῶν, αὐτοῖς
ὀφλήσωμεν· ὑμέτερον δὲ, ὡς αἱρεῖ λόγος, ἀκούοντας ἀγαθοὺς
εὑρίσκεσθαι κριτάς.
5. ἀναπολόγητον γὰρ λοιπὸν μαθοῦσιν, ἢν μὴ τὰ δίκαια
ποιήσητε, ὑπάρξει πρὸς θεόν.
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Traduction française :
[1,3] Et pour que ces paroles ne vous semblent ni téméraires ni déraisonnables, nous
vous supplions de rechercher les crimes dont on nous accuse. S'ils sont prouvés,
que l'on nous punisse comme cela est juste: que l'on nous punisse même avec plus
de sévérité. Mais aussi, si vous ne trouvez rien à nous reprocher, la saine
raison ne s'oppose-t-elle pas à ce que, sur des bruits calomnieux, vous
persécutiez des innocents, ou plutôt à ce que vous ne vous fassiez tort à
vous-mêmes, en suivant moins les inspirations de l'équité que celles de la
passion?
Tout homme sensé conviendra que la plus belle garantie et la condition
essentielle de la justice est, d'une part, pour les sujets, la faculté de
prouver l'innocence de leurs paroles et de leurs actions, et, d'autre part, pour
les gouvernants, cette droiture qui leur fait rendre leurs sentences dans un
esprit de piété et de sagesse, et non pas de violence et de tyrannie. Alors
souverains et sujets jouissent d'un vrai bonheur. Car un ancien l'a dit: "Si les
princes et les peuples ne sont pas philosophes, il est impossible que les états
soient heureux."
Ainsi donc c'est à nous d'exposer aux yeux de tous notre vie et
notre doctrine, pour qu'à tous ceux qui peuvent ignorer nos préceptes, nous leur
fassions connaître les châtiments que, sans s'en douter, ils encourent par leur
aveuglement: et c'est à vous de nous écouter avec attention, comme la raison
vous l'ordonne, et de nous juger ensuite avec impartialité. Car, si en pleine
connaissance de cause, vous ne nous rendiez pas justice, quelle excuse vous
resterait-il devant Dieu ?
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