Texte grec :
[24] Ὑμῖν δὲ ἴσως οὐ ῥᾴδιον σοφοῖς καὶ θείοις ἀπιστεῖν
ἀνδράσιν, οἳ δὴ λέγουσι πολλὰ μὲν ἕκαστος ἰδίᾳ, τὸ κεφάλαιον
δέ ἐστι τῶν λόγων ἀρετῆς ἔπαινος. Ταύτην δὲ τῇ
ψυχῇ φασιν ἐμφύεσθαι καὶ αὐτὴν ἀποφαίνειν εὐδαίμονα
καὶ βασιλικὴν καὶ ναὶ μὰ Δία πολιτικὴν καὶ στρατηγικὴν
καὶ μεγαλόφρονα καὶ πλουσίαν γε ἀληθῶς, οὐ τὸ Κολοφώνιον
ἔχουσαν χρυσίον,
Οὐδ´ ὅσα λάινος οὐδὸς ἀφήτορος ἐντὸς ἔεργε
Τὸ πρὶν ἐπ´ εἰρήνης,
ὅτε ἦν ὀρθὰ τὰ τῶν Ἑλλήνων πράγματα, οὐδὲ ἐσθῆτα
πολυτελῆ καὶ ψήφους Ἰνδικὰς καὶ γῆς πλέθρων μυριάδας
πάνυ πολλάς, ἀλλὰ ὃ πάντων ἅμα τούτων καὶ κρεῖττον καὶ
θεοφιλέστερον, ὃ καὶ ἐν ναυαγίαις ἔνεστι διασώσασθαι καὶ
ἐν ἀγορᾷ καὶ ἐν δήμῳ καὶ ἐν οἰκίᾳ καὶ ἐπ´ ἐρημίαις ἐν
λῃσταῖς μέσοις καὶ ἀπὸ τυράννων βιαίων. Ὅλως γὰρ οὐδέν
ἐστιν ἐκείνου κρεῖττον, ὃ βιασάμενον καθέξει καὶ καταφαιρήσεται
τὸν ἔχοντα ἅπαξ· ἔστι γὰρ ἀτεχνῶς ψυχῇ τὸ
κτῆμα τοῦτο τοιοῦτον, ὁποῖον οἶμαι τὸ φῶς ἡλίῳ. Καὶ γὰρ
δὴ τοῦδε νεὼς μὲν καὶ ἀναθήματα πολλοὶ πολλάκις ὑφελόμενοι
καὶ διαφθείραντες ᾤχοντο, δόντες μὲν ἄλλοι τὴν
δίκην, ἄλλοι δὲ ὀλιγωρηθέντες ὡς οὐκ ἄξιοι κολάσεως εἰς
ἐπανόρθωσιν φερούσης· τὸ φῶς δὲ οὐδεὶς αὐτὸν ἀφαιρεῖται,
οὐδὲ ἐν ταῖς συνόδοις ἡ σελήνη τὸν κύκλον ὑποτρέχουσα,
οὐδὲ εἰς αὑτὴν δεχομένη τὴν ἀκτῖνα καὶ ἡμῖν
πολλάκις, τοῦτο δὴ τὸ λεγόμενον, ἐκ μεσημβρίας νύκτα
δεικνῦσα. Ἀλλ´ οὐδὲ αὐτὸς αὑτὸν ἀφαιρεῖται φωτὸς τὴν
σελήνην ἐξ ἐναντίας ἱσταμένην περιλάμπων καὶ μεταδιδοὺς
αὐτῇ τῆς αὑτοῦ φύσεως οὐδὲ τὸν μέγαν καὶ θαυμαστὸν
τουτονὶ κόσμον ἐμπλήσας αὐγῆς καὶ ἡμέρας. Οὔκουν οὐδὲ
ἀνὴρ ἀγαθὸς ἀρετῆς μεταδιδοὺς ἄλλῳ τῷ μεταδοθέντι
μεῖον ἔχων ἐφάνη ποτέ· οὕτω θεῖόν ἐστι κτῆμα καὶ πάγκαλον,
καὶ οὐ ψευδὴς ὁ λόγος τοῦ Ἀθηναίου ξένου, ὅστις
ποτὲ ἄρα ἦν ἐκεῖνος ὁ θεῖος ἀνήρ· «πᾶς γὰρ ὅ τε ὑπὸ γῆς
καὶ ἐπὶ γῆς χρυσὸς ἀρετῆς οὐκ ἀντάξιος.»
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Traduction française :
[24] Pour vous, il ne vous est sans doute pas facile de ne
pas croire au témoignage de ces hommes sages et divins, qui,
tout en ayant un enseignement personnel, s'accordent sur le
point capital de louer unanimement la vertu. Or, ils disent
qu'elle a ses racines dans l'âme, qu'elle la rend heureuse,
reine souveraine, apte à la conduite des États ou des armées,
magnanime et vraiment riche : non qu'elle possède l'or de Colophon
"Et tout ce que contint le marbre du parvis",
à l'époque de la paix antique et lorsque florissaient les affaires
de la Grèce, ni les nations opulentes, les pierres de l'Inde, et
des milliers de plèthres de terrain; mais elle a le meilleur et
le plus divin des trésors, celui qui surnage au naufrage, que
I'on porte avec soi sur l'agora, au milieu du peuple, dans sa
maison, dans les déserts, au milieu des voleurs, à l'abri de la
violence des tyrans. Car il n'y a rien d'assez puissant pour le
ravir de force et pour l'arracher une fois qu'on le possède. Ce
trésor, selon moi, est pour l'âme ce que la lumière est pour le
soleil. Souvent des hommes ont pillé le temple du soleil et se
sont enfuis après en avoir dévasté les offrandes. Les uns en ont
été punis; d'autres ont échappé au châtiment, parce qu'on les
a crus incorrigibles. Mais personne n'a privé le soleil de sa
lumière, pas même la lune lorsque, dans ses conjonctions, elle
passe sous le même cercle que lui, ou que, nous interceptant
ses rayons, elle nous fait parfois, comme l'on dit, voir la nuit
en plein jour. A son tour, le soleil ne se dépouille point de sa
lumière, ni quand il éclaire la lune en opposition avec lui et
qu'il lui communique quelque chose de sa propre nature, ni
quand il remplit ce vaste et admirable univers de jour et de
clarté. C'est ainsi que l'homme de bien en communiquant à
un autre sa vertu ne semble rien perdre de la sienne : tant ce
trésor est divin, tant il est beau; tant est vraie la parole de
l'hôte athénien, quel qu'ait été ce grand homme : « Tout l'or enfoui
sous la terre ou placé à sa surface ne peut se comparer à la vertu."
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