Texte grec :
[20] Ἀλλ´ ὅπως μὴ τὰ ὑπὲρ τῶν ἔργων μόνον ἀκούοντες
καὶ τῶν κατορθωμάτων ἐς τὸν πόλεμον, ἔλαττον
ἔχειν ὑπολαμβάνητε βασιλέα περὶ τὰ σεμνότερα καὶ ὧν
ἄξιον μείζονα ποιεῖσθαι λόγον, δημηγοριῶν φημι καὶ
ξυμβουλιῶν καὶ ὁπόσα γνώμη μετὰ νοῦ καὶ φρονήσεως
κατευθύνει, ἀθρεῖτε ἐν Ὀδυσσεῖ καὶ Νέστορι τὰ ἐπαινούμενα
κατὰ τὴν ποίησιν, καὶ ἤν τι μεῖον ἐν βασιλεῖ καταμανθάνητε,
τοῖς ἐπαινέταις τοῦτο λογίζεσθε· πλέον δὲ
ἔχοντα δικαίως ἂν αὐτὸν μᾶλλον ἀποδεχοίμεθα. Οὐκοῦν
ὁ μέν, ὁπηνίκα χαλεπαίνειν καὶ στασιάζειν ἤρχοντο περὶ
τῆς αἰχμαλώτου κόρης, λέγειν ἐπιχειρῶν οὕτω δή τι πείθει
τὸν βασιλέα καὶ τὸν τῆς Θέτιδος, ὥστε ὁ μὲν ἀκόσμως
διέλυσε τὸν ξύλλογον, ὁ δὲ οὐδὲ περιμείνας ἀφοσιώσασθαι
τὰ πρὸς τὸν θεόν, ἔτι δὲ αὐτὰ δρῶν καὶ ἀφορῶν ἐς τὴν
θεωρίδα, στέλλει τοὺς κήρυκας ἐπὶ τὴν Ἀχιλλέως σκηνήν,
ὥσπερ οἶμαι δεδιὼς μὴ τῆς ὀργῆς ἐπιλαθόμενος καὶ ἀπαλλαγεὶς
τοῦ πάθους μεταγνοίη καὶ ἀποφύγοι τὴν ἁμαρτάδα·
ὁ δὲ ἐκ τῆς Ἰθάκης ῥήτωρ πολυτρόπως πείθειν ἐπιχειρῶν
πρὸς διαλλαγὰς Ἀχιλλέα καὶ δῶρα πολλὰ διδούς, μυρία δὲ
ἐπαγγελλόμενος, οὕτω τὸν νεανίσκον παρώξυνεν, ὥστε οὐ
πρότερον βουλευσάμενος τὸν ἀπόπλουν παρασκευάζεται.
Ἔστι δὲ αὐτῶν τὰ θαυμαστὰ τῆς συνέσεως δείγματα αἵ
τε ἐπὶ τὸν πόλεμον παρακλήσεις καὶ ἡ τειχοποιία τοῦ
Νέστορος, πρεσβυτικὸν λίαν καὶ ἄτολμον ἐπινόημα· οὔκουν
οὐδὲ ὄφελος ἦν πολὺ τοῖς Ἀχαιοῖς τοῦ μηχανήματος, ἀλλὰ
ἡττῶντο τῶν Τρώων τὸ τεῖχος ἐπιτελέσαντες, καὶ μάλα
εἰκότως· τότε μὲν γὰρ αὐτοὶ τῶν νεῶν ᾤοντο προβεβλῆσθαι
καθάπερ ἔρυμα γενναῖον· ἐπεὶ δὲ ᾔσθοντο τὸ σφῶν προκείμενον
καὶ ἀποικοδομούμενον τεῖχος τάφρῳ βαθείᾳ καὶ
πασσάλοις ὀξέσι διηλούμενον, κατερρᾳθύμουν καὶ ὑφίεντο
τῆς ἀλκῆς τῷ τειχίσματι πεποιθότες.
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Traduction française :
[20] Mais afin que, en ne m'entendant parler que de ses
exploits et de ses succès à la guerre, vous ne le croyiez pas
moins riche en talents d'un genre plus noble et plus estimé,
par exemple son talent oratoire dans les harangues et dans les
délibérations, sa supériorité dans tout ce qui se gouverne par
l'esprit, la réflexion et la prudence, considérez les éloges que
le poète accorde à Ulysse et à Nestor; et, si vous trouvez l'empereur
au-dessous d'eux, n'en accusez que son panégyriste; si, au
contraire, il est placé justement au-dessus, nous avons d'autant
plus le droit de le louer. Quand l'un de ses héros, au moment
de la colère et de la querelle provoquée par la jeune captive,
s'efforce de prendre la parole, il persuade si peu le roi et le
fils de Thétis, que l'un dissout brusquement l'assemblée, et que
l'autre, n'achevant pas même les sacrifices d'expiation qu'il fait
en ce moment et avant encore les yeux fixés sur le vaisseau des
théores, envoie des hérauts vers la tente d'Achille, comme s'il
eût craint, ce semble, que celui-ci, oubliant sa colère et changeant
de sentiment, ne se repentît et ne réparât sa faute. Pour
l'orateur d'Ithaque, réputé si habile, lorsqu'il essaye de persuader
Achille en lui donnant de riches présents et en lui en
promettant de plus riches encore, il fait si peu d'impression
sur le coeur du jeune héros, que celui-ci est prêt à remettre à
la voile, projet auquel il n'avait pas songé auparavant. Il y a
plus : tous ces beaux traits de finesse se bornent à des exhortations
à la guerre, au conseil donné par Nestor de construire un
retranchement, mesure insignifiante et digne d'un vieillard. En
effet, cette construction ne fut d'aucune utilité aux Grecs,
mais le retranchement achevé, ils furent plus facilement vaincus
par les Troyens. Et cela est tout naturel. Jusque-là ils s'étaient
considérés comme étant eux-mêmes un solide rempart pour
leurs vaisseaux; mais quand ils eurent vu ce mur dressé devant
eux, défendu par un fossé profond et garni de palissades aigues,
ils se relâchèrent et perdirent de leur énergie par un excès de
confiance dans le retranchement.
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