Texte grec :
[13] Οἶμαι γὰρ τὴν Πλάτωνος μικρὰ παρατρέψας λέξιν
οὐχ ἁμαρτήσεσθαι, ὡς ὅτῳ ἀνδρί, μᾶλλον δὲ βασιλεῖ, ἐς
τὸν θεὸν ἀνήρτηται πάντα τὰ πρὸς εὐδαιμονίαν
φέροντα καὶ μὴ ἐν ἄλλοις ἀνθρώποις αἰωρεῖται, ἐξ
ὧν εὖ ἢ κακῶς πραξάντων πλανᾶσθαι ἀναγκάζεται
αὐτὸς καὶ τὰ ἐκείνου πράγματα, τούτῳ ἄριστα παρεσκεύασται
πρὸς τὸ ζῆν. Εἰ δὲ ἐπιτρέποι μηδεὶς παραγράφειν
μηδὲ ἐκτρέπειν μηδὲ μεταλαμβάνειν τοὔνομα, ἀλλὰ
ὥσπερ ἱερὸν ἀρχαῖον κελεύοι μένειν ἐᾶν ἀκίνητον, οὐδὲ
οὕτως ἄλλο τι διανοεῖσθαι τὸν σοφὸν ἐροῦμεν. Τὸ γὰρ
σεαυτοῦ οὐ δήπου τὸ σῶμά φησιν οὐδὲ τὰ χρήματα οὐδὲ
εὐγένειαν καὶ δόξαν πατέρων· ταῦτα γὰρ αὐτοῦ μέν τινος
οἰκεῖα κτήματα, οὐ μήν ἐστι ταῦτα αὐτός, ἀλλὰ νῷ καὶ
φρονήσει, φησί, καὶ τὸ ὅλον τῷ ἐν ἡμῖν θεῷ· ὃ δὴ καὶ
αὐτὸς ἑτέρωθι κυριώτατον ἐν ἡμῖν ψυχῆς εἶδος ἔφη,
καὶ ὡς ἄρα αὐτὸν δαίμονα θεὸς ἑκάστῳ δέδωκε, τοῦτο
ὃ δή φαμεν οἰκεῖν μὲν ἡμῶν ἐπ´ ἄκρῳ τῷ σώματι,
πρὸς δὲ τὴν ἐν οὐρανῷ ξυγγένειαν ἀπὸ γῆς ἡμᾶς
αἴρειν. Ἐς τοῦτο γὰρ ἔοικεν ἐπιτάττειν ἀνηρτῆσθαι
χρῆναι ἑκάστῳ ἀνδρί, καὶ οὐκ εἰς ἄλλους ἀνθρώπους· οἳ τὰ
μὲν ἄλλα βλάπτειν καὶ κωλύειν ἐθέλοντες πολλάκις ἐδυνήθησαν,
ἤδη δέ τινες καὶ μὴ βουλόμενοι τῶν ἡμετέρων τινὰ
παρείλοντο· τοῦτο δὲ ἀκώλυτον μόνον καὶ ἀπαθές ἐστιν,
ἐπεὶ μηδὲ θεμιτὸν ὑπὸ τοῦ χείρονος τὸ κρεῖττον
βλάπτεσθαι· ἔστι δὲ καὶ οὗτος ἐκεῖθεν ὁ λόγος.
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Traduction française :
[13] Je ne crois pas dénaturer la pensée de Platon en en
modifiant un peu l'expression et en disant que, pour tout
homme et surtout pour un roi, de Dieu dépendent les circonstances
qui font le bonheur; les autres hommes n'y peuvent
rien : leur bonheur ou leur malheur rendrait son existence trop
dépendante, et c'est ainsi que les choses sont disposées de la
manière la plus heureuse pour sa vie. Si on ne veut pas
m'autoriser à changer ou à modifier le texte de Platon, à n'en
pas altérer un seul mot, mais à en respecter l'intégrité comme
celle d'un temple vénérable, je soutiendrai pourtant qu'on ne
peut pas entendre autrement la pensée de ce philosophe. Ce
qui est tien, dit-il, ce n'est pas le corps, ni les richesses, ni la
noblesse, ni la gloire des aïeux : tout cela est une propriété
individuelle de l'être, mais non pas l'être lui-même. L'être,
ajoute-t-il, c'est l'esprit, c'est la sagesse, c'est, en un mot, le
dieu qui vit en nous, et qui constitue, comme il le répète
ailleurs, la forme essentielle de notre âme. Car Dieu nous a
donné à chacun un génie , que nous disons résider dans la partie
supérieure de notre corps, et qui nous attire de cette terre
vers le ciel avec qui nous avons une commune origine. C'est
vers ce point que chaque homme est entraîné, et non pas vers
les autres hommes. Ceux-ci, voulant nous retirer et gêner notre
essor, le peuvent quelquefois; quelquefois aussi, sans le vouloir,
ils nous enlèvent de ce qui est à nous. Mais le fond demeure
immuable, inaltérable, vu que l'excellent ne peut être altéré par le pire.
Telles sont les idées qui ont servi de base à mon discours.
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