HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, IIe Panégyrique de Constance

Chapitre 39

  Chapitre 39

[39] Ἐννοεῖτε γὰρ ὡς περὶ τὸν παῖδα γέγονε τοῦ φύσαντος ἀμείνων καὶ δικαιότερος, περὶ δὲ τοὺς ἐκείνου φίλους πιστότερος τοῦ τὴν φιλίαν ὁμολογήσαντος· μὲν γὰρ ἅπαντας προεῖτο, δὲ ἀπέσωσεν ἅπαντας. Καὶ εἰ μὲν ἐκεῖνος ταῦτα περὶ τοῦ βασιλέως ἐγνωκώς, ἅτε ἐν πολλῷ χρόνῳ τὸν τρόπον κατανοήσας, σφόδρα ἐπίστευεν ἀσφαλῶς μέν οἱ τὰ τοῦ παιδός, βεβαίως δὲ ὁρμεῖν τὰ τῶν φίλων, συνίει μὲν ὀρθῶς, πολλάκις δὲ ἦν πανοῦργος καὶ μοχθηρὸς καὶ δυστυχής, πολέμιος ἐθέλων εἶναι τῷ τοιούτῳ καὶ ὃν σφόδρα ἀγαθὸν καὶ διαφερόντως πρᾷον ἠπίστατο μισῶν καὶ ἐπιβουλεύων καὶ ἀφαιρούμενος ὧν οὐδαμῶς ἐχρῆν· εἰ δέ, ἀνελπίστου μέν οἱ τοῦ παιδὸς τῆς σωτηρίας τυγχανούσης, χαλεπῆς δὲ καὶ ἀδυνάτου τῆς τῶν φίλων καὶ τῶν συγγενῶν, τὴν ἀπιστίαν ὅμως προείλετο, μὲν ἦν καὶ διὰ ταῦτα μοχθηρὸς καὶ ἀνόητος καὶ ἀγριώτερος τῶν θηρίων, δὲ ἥμερος καὶ πρᾷος καὶ μεγαλόφρων, τοῦ μὲν νηπίου κατελεήσας τὴν ἡλικίαν καὶ τὸν τρόπον, τοῖς δὲ οὐκ ἐξελεγχθεῖσι πρᾴως ἔχων, τοῦ δὲ ὑπεριδὼν καὶ καταφρονήσας τῶν πονηρευμάτων. γὰρ μηδὲ τῶν ἐχθρῶν τις διὰ μέγεθος ὧν αὑτῷ σύνοιδεν ἀδικημάτων ἐλπίζει ξυγχωρῶν, εἰκότως ἀρετῆς ἐστι νικηφόρος, τὴν δίκην μὲν ἐπὶ τὸ κρεῖττον καὶ πρᾳότερον μετατιθείς, σωφροσύνῃ δὲ ὑπερβαλλόμενος τοὺς τὸ μέτριον ἐπιτιθέντας ταῖς τιμωρίαις, ἀνδρείᾳ δὲ διαφέρων τῷ μηδένα πολέμιον ἀξιόχρεων ὑπολαμβάνειν, φρόνησιν δὲ ἐπιδεικνύμενος τῷ συγκαταλύειν τὰς ἔχθρας καὶ οὐ παραπέμπειν εἰς τοὺς παῖδας οὐδὲ εἰς ἐγγόνους προφάσει τῆς ἀκριβοῦς δίκης καὶ τοῦ βούλεσθαί περ ἐπιεικῶς μάλα πίτυος δίκην τῶν πονηρῶν ἀφανίζειν τὰ σπέρματα· ´κείνων γὰρ δὴ καὶ τὸ ἔργον τόδε, καὶ ἐπ´ αὐτῷ τὴν εἰκόνα παλαιὸς ἀπέφηνε λόγος. δὲ ἀγαθὸς βασιλεὺς μιμούμενος ἀτεχνῶς τὸν θεὸν οἶδε μὲν καὶ ἐκ τῶν πετρῶν ἑσμοὺς μελιττῶν ἐξιπταμένους καὶ ἐκ τοῦ δριμυτάτου ξύλου τὸν γλυκὺν καρπὸν φυόμενον, σῦκά φημι τὰ χαρίεντα, καὶ ἐξ ἀκανθῶν τὴν σίδην καὶ ἄλλα ἐξ ἄλλων φυόμενα ἀνόμοια τοῖς γεννῶσι καὶ ἀποτίκτουσιν. Οὔκουν οἴεται ταῦτα χρῆναι πρὸ τῆς ἀκμῆς διαφθείρειν, ἀλλὰ περιμένειν τὸν χρόνον καὶ ἐπιτρέπειν αὐτοῖς ἀπωσαμένοις τῶν πατέρων τὴν ἄνοιαν καὶ τὴν μωρίαν ἀγαθοῖς γενέσθαι καὶ σώφροσι, ζηλωτὰς δὲ γενομένους τῶν πατρῴων ἐπιτηδευμάτων ὑφέξειν ἐν καιρῷ τὴν δίκην, οὐκ ἀλλοτρίοις ἔργοις καὶ ξυμφοραῖς παραναλωθέντας. [39] Remarquez, en effet, qu'il fut meilleur et plus juste envers le fils que ne l'avait été le père, et que, à l'égard des amis du traître, il se montra plus esclave de sa parole que celui qui leur avait promis amitié : le tyran les abandonna tous, l'empereur les sauva. Or, si ce malheureux, sûr de la bonté de son prince, dont il connaissait depuis longtemps le caractère, se persuada qu'auprès de lui son fils serait en sûreté et ses amis à l'abri de toute atteinte, il était dans le vrai. Mais il ne se montra que plus pervers, plus méchant et plus misérable, en se déclarant l'ennemi d'un tel souverain, en détestant, en essayant de faire périr un homme, qu'il savait si doux, si éminemment bon, et en voulant lui ravir tout ce qu'il aurait dû respecter. Si, au contraire, désespérant du salut de son fils, et regardant comme difficile, comme impossible celui de ses amis et de ses proches, il n'en persista pas moins dans sa rébellion, ce fut vraiment un misérable, un insensé, plus sauvage que les bêtes, tandis que l'empereur fut bon, généreux, magnanime, prenant en pitié l'âge et l'innocence d'un jeune enfant, traitant avec bonté ceux dont le crime n'était point avéré, dédaignant et méprisant les vrais coupables. Et de fait, quiconque accorde plus à son ennemi que la conscience de ses torts ne lui permettait d'espérer, celui-là mérite le prix de la vertu, pour avoir substitué la clémence au droit, surpassé en modération les juges les moins enclins à sévir, mis le comble à son courage, en ne trouvant aucun ennemi digne de son ressentiment, et fait preuve de prudence, en étouffant les inimitiés, au lieu de les transmettre aux enfants et à leur descendance, sous prétexte d'exercer une justice sévère et de vouloir anéantir la race des méchants, comme les germes du pin. Car la haine est l'oeuvre des méchants , et le proverbe ancien l'assimile à cet arbre. Mais un bon prince, imitant de son mieux la Divinité, sait très-bien que du milieu des pierres s'envolent des essaims d'abeilles, que du bois le plus amer naît un fruit succulent, la figue savoureuse, que des épines sort la grenade, et ainsi de mille autres fruits, différents de l'arbre qui les produit et les porte. Il croit donc qu'il faut se garder de les détruire avant leur maturité, mais attendre et leur laisser le temps nécessaire pour abjurer la folie et les erreurs de leurs pères, et devenir des hommes sages et vertueux. Si pourtant ils s'obstinent dans les égarements paternels, l'heure viendra où ils en subiront la peine, sans qu'elle soit imputable aux crimes ou aux malheurs d'autrui.


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Dernière mise à jour : 24/03/2006