HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Misopogon ou l'ennemi de la barbe

δὴ



Texte grec :

[1] Ἀνακρέοντι τῷ ποιητῇ πολλὰ ἐποιήθη μέλη χαρίεντα· τρυφᾶν γὰρ ἔλαχεν ἐκ Μοιρῶν· Ἀλκαίῳ δ´ οὐκέτι οὐδ´ Ἀρχιλόχῳ τῷ Παρίῳ τὴν μοῦσαν ἔδωκεν ὁ θεὸς εἰς εὐφροσύνας καὶ ἡδονὰς τρέψαι· μοχθεῖν γὰρ ἄλλοτε ἄλλως ἀναγκαζόμενοι τῇ μουσικῇ πρὸς τοῦτο ἐχρῶντο, κουφότερα ποιοῦντες αὑτοῖς ὅσα ὁ δαίμων ἐδίδου τῇ εἰς τοὺς ἀδικοῦντας λοιδορίᾳ. Ἐμοὶ δὲ ἀπαγορεύει μὲν ὁ νόμος ἐπ´ ὀνόματος, ὥσπερ οἶμαι καὶ ἅπασι τοῖς ἄλλοις, αἰτιᾶσθαι τοὺς ἀδικουμένους μὲν οὐδέν, εἶναι δ´ ἐπιχειροῦντας δυσμενεῖς, ἀφαιρεῖται δὲ τὴν ἐν τοῖς μέλεσι μουσικὴν ὁ νῦν ἐπικρατῶν ἐν τοῖς ἐλευθέροις τῆς παιδείας τρόπος. Αἴσχιον γὰρ εἶναι δοκεῖ νῦν μουσικὴν ἐπιτηδεύειν, ἢ πάλαι ποτὲ ἐδόκει τὸ πλουτεῖν ἀδίκως. Οὐ μὴν ἀφέξομαι διὰ τοῦτο τῆς ἐμοὶ δυνατῆς ἐκ Μουσῶν ἐπικουρίας. Ἐθεασάμην τοι καὶ τοὺς ὑπὲρ τὸν Ῥῆνον βαρβάρους ἄγρια μέλη λέξει πεποιημένα παραπλησίᾳ τοῖς κρωγμοῖς τῶν τραχὺ βοώντων ὀρνίθων ᾄδοντας καὶ εὐφραινομένους ἐπὶ τοῖς μέλεσιν. Εἶναι γὰρ οἶμαι συμβαίνει τοῖς φαύλοις τὴν μουσικὴν λυπηροῖς μὲν τοῖς θεάτροις, σφίσι δ´ αὐτοῖς ἡδίστοις· ὃ δὴ καὶ αὐτὸς ξυννοήσας εἴωθα πρὸς ἐμαυτὸν λέγειν ὅπερ ὁ Ἰσμηνίας οὐκ ἀπὸ τῆς ἴσης μὲν ἕξεως, ἀπὸ δὲ τῆς ὁμοίας, ὡς ἐμαυτὸν πείθω, μεγαλοφροσύνης, ὅτι δῆτα ταῖς Μούσαις ᾄσω καὶ ἐμαυτῷ. Τὸ δὲ ᾄσμα πεζῇ μὲν λέξει πεποίηται, λοιδορίας δὲ ἔχει πολλὰς καὶ μεγάλας, οὐκ εἰς ἄλλους μὰ Δία (πῶς γάρ, ἀπαγορεύοντος τοῦ νόμου;) εἰς δὲ τὸν ποιητὴν αὐτὸν καὶ τὸν ξυγγραφέα. Τὸ γὰρ εἰς ἑαυτὸν γράφειν οὔτε ἐπαινοὺς οὔτε ψόγους εἴργει νόμος οὐδείς. Ἐπαινεῖν μὲν δὴ καὶ σφόδρα ἐθέλων ἐμαυτὸν οὐκ ἔχω, ψέγειν δὲ μυρία,

Traduction française :

[1] Le poète Anacréon a fait un grand nombre de chansons élégantes et gracieuses, parce que les Muses l'avaient doué de l'enjouement. Mais Alcée et Archiloque de Paros n'ont pas reçu du ciel le talent de tourner leur muse vers l'agrément et le plaisir. Condamnés tous deux au chagrin, ils se servirent de leur verve pour alléger les maux que leur infligeait la Divinité, et pour se venger par le sarcasme de ceux qui les avaient outragés. Moi, la loi me défend, comme à tout autre, je pense, d'accuser par leur nom des gens que je n'ai point offensés, mais qui veulent, malgré tout, se faire mes ennemis. L'éducation que reçoivent aujourd'hui les hommes libres ne permet pas non plus les chansons à ma muse : l'emploi de cette poésie paraît honteux depuis qu'elle s'est vouée au culte de la richesse injustement acquise. Je ne veux pourtant pas renoncer au secours que m'offrent les Muses. J'ai vu, en effet, les barbares, qui habitent au delà du Rhin, s'égarer dans des airs sauvages, dans des paroles semblables aux cris rauques de certains oiseaux, et prendre à ces accents le plus vif plaisir. Il est à croire que les mauvais musiciens, détestables pour l'auditoire, se ravissent eux-mêmes. Cette réflexion m'a donc conduit à me dire à moi-même en toute confiance : « Chantons pour les Muses et pour moi. » Mon chant est en prose : il renferme beaucoup d'injures, et de sanglantes, non pas contre les autres, j'en atteste Jupiter : le pourrais-je? la loi le défend; mais contre le poète lui-même et contre l'écrivain. Or, aucune loi ne défend de se louer ou de se blâmer soi-même. Me louer, je le voudrais bien, mais je ne le puis; me blâmer, je le puis de mille manières.





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Dernière mise à jour : 16/11/2006