HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Misopogon ou l'ennemi de la barbe

χρὴ



Texte grec :

[14] Ἐμὲ δὲ ὑγρὸν βλέπειν ῥιπτοῦντα πανταχοῦ τὰ ὄμματα κατόπιν, ὅπως ὑμῖν καλός, οὔτι τὴν ψυχήν, ἀλλὰ τὸ πρόσωπον ὀφθείην, ὁ τρόπος οὐ συγχωρεῖ. Ἔστι μὲν γάρ, ὡς ὑμεῖς κρίνετε, ψυχῆς ἀληθινὸν κάλλος ὑγρότης βίου· ἐμὲ δὲ ὁ παιδαγωγὸς ἐδίδασκεν εἰς γῆν βλέπειν ἐς διδασκάλου φοιτῶντα· θέατρον δ´ οὐκ εἶδον πρὶν μᾶλλον κομῆσαι τῆς κεφαλῆς τὸ γένειον, ἐν ἐκείνῳ δὲ τῆς ἡλικίας ἰδίᾳ μὲν καὶ : κατ´ ἐμαυτὸν οὐδέποτε, τρίτον δὲ ἢ τέταρτον, εὖ ἴστε, Πατρόκλῳ ἐπίηρα φέρων ἅρχων ἐπέταττεν, οἰκεῖος ὢν ἐμοὶ καὶ ἀναγκαῖος, ἐτύγχανον δὲ ἰδιώτης ἔτι. Συγγνωτέον οὖν ἐμοί· δίδωμι γὰρ ὃν ἀντ´ ἐμοῦ δικαιότερον μισήσετε, τὸν φιλαπεχθήμονα παιδαγωγόν, ὅς με καὶ τότε ἐλύπει μίαν ὁδὸν ἰέναι διδάσκων, καὶ νῦν αἴτιός ἐστί μοι τῆς πρὸς ὑμᾶς ἀπεχθείας, ἐνεργασάμενος τῇ ψυχῇ καὶ ὥσπερ ἐντυπώσας ὅπερ ἐγὼ μὲν οὐκ ἐβουλόμην τότε, ὁ δὲ ὡς δή τι χαρίεν ποιῶν μάλα προθύμως ἐνετίθει, καλῶν οἶμαι σεμνότητα τὴν ἀγροικίαν καὶ σωφροσύνην τὴν ἀναισθησίαν, ἀνδρείαν δὲ τὸ μὴ εἴκειν ταῖς ἐπιθυμίαις μηδὲ εὐδαίμονα ταύτῃ γίνεσθαι. Ἔφη δέ μοι πολλάκις, εὖ ἴστε, μὰ Δία καὶ Μούσας, ὁ παιδαγωγὸς ἔτι παιδαρίῳ κομιδῇ· «Μή σε παραπειθέτω τὸ πλῆθος τῶν ἡλικιωτῶν ἐπὶ τὰ θέατρα φερόμενον ὀρεχθῆναί ποτε ταυτησὶ τῆς θέας. Ἱπποδρομίας ἐπιθυμεῖς; ἔστι παρ´ Ὁμήρῳ δεξιώτατα πεποιημένη· λαβὼν ἐπέξιθι τὸ βιβλίον. Τοὺς παντομίμους ἀκούεις ὀρχηστάς; ἔα χαίρειν αὐτούς· ἀνδρικώτερον παρὰ τοῖς Φαίαξιν ὀρχεῖται τὰ μειράκια· σὺ δὲ ἔχεις κιθαρῳδὸν τὸν Φήμιον καὶ ᾠδὸν τὸν Δημόδοκον. Ἔστι καὶ φυτὰ παρ´ αὐτῷ πολλῷ τερπνότερα ἀκοῦσαι τῶν ὁρωμένων· Δήλῳ δή ποτε τοῖον Ἀπόλλωνος παρὰ βωμὸν Φοίνικος νέον ἔρνος ἀνερχόμενον ἐνόησα· καὶ ἡ δενδρήεσσα τῆς Καλυψοῦς νῆσος καὶ τὰ τῆς Κίρκης σπήλαια καὶ ὁ Ἀλκινόου κῆπος· εὖ ἴσθι, τούτων οὐδὲν ὄψει τερπνότερον.» Ἆρα ποθεῖτε καὶ τοὔνομα ὑμῖν φράσω τοῦ παιδαγωγοῦ, καὶ ὅστις ὢν γένος ταῦτα ἔλεγε; βάρβαρος νὴ θεοὺς καὶ θεάς, Σκύθης μὲν τὸ γένος, ὁμώνυμος δὲ τοῦ τὸν Ξέρξην ἀναπείσαντος ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα στρατεῦσαι, καὶ τὸ πολυθρύλλητον τοῦτο δὴ πρὸ μηνῶν μὲν εἴκοσι προσκυνούμενον ὄνομα, νυνὶ δὲ προφερόμενον ἀντ´ ἀδικήματος καὶ ὀνείδους, εὐνοῦχος ἦν, ὑπὸ τὠμῷ τεθραμμένος πάππῳ, τὴν μητέρα τὴν ἐμὴν ὅπως ἀγάγοι διὰ τῶν Ὁμήρου καὶ Ἡσιόδου ποιημάτων. Ἐπεὶ δὲ ἐκείνη πρῶτον ἐμὲ καὶ μόνον τεκοῦσα μησὶν ὕστερον ὀλίγοις ἐτελεύτησεν ὑπὸ τῆς ἀμήτορος παρθένου πολλῶν συμφορῶν ἐκκλαπεῖσα κόρη καὶ νέα, μετ´ ἐνιαυτὸν ἕβδομον αὐτῷ παρεδόθην. Οὗτος ἐξ ἐκείνου ταῦτα ἀνέπεισεν ἄγων ἐς διδασκάλου μίαν ὁδόν· ἄλλην δὲ οὔτε αὐτὸς εἰδέναι θέλων οὔτε ἐμοὶ βαδίζειν ξυγχωρῶν, ἐποίησεν ἀπεχθάνεσθαί με πᾶσιν ὑμῖν.

Traduction française :

[14] Mais moi, ces regards tendres, ces roulements d'yeux, cette préoccupation de vous paraître beau de visage, et non d'âme, ma manière d'être ne me le permet point. Pour vous la vraie beauté de l'âme c'est la vie efféminée. Moi, mon précepteur m'a instruit à tenir les yeux baissés, en me rendant chez mes maîtres, à ne point aller au théâtre, que je n'eusse la barbe plus longue que les cheveux. Et de fait dans mon jeune âge, je n'y allai seul et de mon propre mouvement que trois ou quatre fois, sachez-le bien, et cela par ordre de l'empereur. Qui voulait se montrer agréable à Patrocle, et auquel m'unissaient les liens du sang et de l'amitié. Or, je n'étais alors que simple sujet : il faut donc me le pardonner, puisque je vous livre ce maudit précepteur que vous aurez raison de haïr plutôt que moi, lui qui me molestait alors en ne me permettant qu'une seule route. C'est lui qui est l'auteur de la haine soulevée contre moi, pour avoir fait pénétrer et comme imprimé dans mon âme des maximes, contre lesquelles je me révoltais alors. Et lui, comme s'il faisait une chose qui me fût agréable, il revenait sans cesse à la charge, appelant, je le vois bien, gravité ce qui n'est que rudesse, tempérance ce qui n'est qu'indifférence, force d'âme la résistance aux passions et le mépris du bonheur qu'elles procurent. Bien souvent, j'en atteste Jupiter et les Muses, quand je n'étais encore qu'un enfant, mon précepteur me disait : « Ne te laisse point entraîner par la foule de tes camarades au plaisir du théâtre et au goût des spectacles. Veux-tu voir des courses de chars? Il y en a dans Homère, qui sont merveilleusement écrites. Prends le livre, et lis. On te parle de danseurs pantomimes? Laisse-les de côté : la jeunesse phéacienne a des danses plus viriles. Là aussi tu as le joueur de lyre Phémios, le chanteur Démodocos. Il y a encore chez Homère une foule d'arbres plus beaux que ceux des décors : "Car jadis, abordant à la sainte Délos, Je vis près d'Apollon, à son autel de pierre, Un palmier, don du ciel, merveille de la terre". Et puis l'île boisée de Calypso, et les grottes de Circé, et les jardins d'Alcinoüs. Crois-moi, tu ne verras rien de plus charmant. » Voulez-vous que je vous dise le nom de ce précepteur et quelle était sa patrie? C'était, j'en prends à témoin les dieux et les déesses, un barbare, un Scythe d'origine, et il portait le même nom que l'homme qui conseilla jadis à Xerxès de faire la guerre à la Grèce et à l'illustre Argos. Il était eunuque, titre adoré il y a vingt mois, et qui n'est plus aujourd'hui qu'une injure et un outrage. Mon aïeul l'avait élevé pour expliquer à ma mère les poèmes d'Homère et d'Hésiode. Ma mère, dont je fus le premier et l'unique enfant, mourut quelques mois après ma naissance. Laissé orphelin, comme une jeune fille, et dérobé maintes fois à de terribles dangers, je fus remis aux mains de ce gouverneur. Il me fit croire, en me conduisant aux écoles, qu'il n'y avait qu'une seule route, ne voulant m'en apprendre lui-même ni me permettre d'en suivre une autre. Et voilà comment il me vaut votre haine.





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Dernière mise à jour : 16/11/2006