Texte grec :
[12] Αἰτοῦμαι τοίνυν ὑπὲρ ἐμαυτοῦ πρῶτον
συγγνώμην, ἐν μέρει δὲ καὶ ὑμῖν νέμω τὰ πάτρια
ζηλοῦσιν, οὐδὲ ἐν ὀνείδει προφέρομαι τὸ
Ψεῦσταί τ´ ὀρχησταί τε χοροιτυπίῃσιν ἄριστοι,
τοὐναντίον δὲ ἀντ´ ἐγκωμίων ὑμῖν προσεῖναί φημι
πατρίων ζῆλον ἐπιτηδευμάτων (ἐπεὶ καὶ Ὅμηρος
ἐπαινῶν τὸν Αὐτόλυκόν φησι περιεῖναι πάντων
Κλεπτοσύνῃ θ´ ὅρκῳ τε),
καὶ ἐμαυτῷ τὴν σκαιότητα καὶ τὴν ἀμαθίαν καὶ τὴν
δυσκολίαν, καὶ τὸ μὴ ῥᾳδίως μαλάττεσθαι μηδὲ ἐπὶ
τοῖς δεομένοις ἢ τοῖς ἐξαπατῶσι τὰ ἐμαυτοῦ
ποιεῖσθαι μηδὲ ταῖς βοαῖς εἴκειν, καὶ τὰ τοιαῦτα
στέργω ὀνείδη. Πότερα μὲν οὖν ἐστι κουφότερα,
θεοῖς ἴσως δῆλον, ἐπείπερ ἀνθρώπων οὐδεὶς οἷός
τε ἡμῖν ἐστιν ὑπὲρ τῶν διαφορῶν βραβεῦσαι·
πεισόμεθα γὰρ οὐδαμῶς αὐτῷ διὰ φιλαυτίαν.
Θαυμάζειν γὰρ εἰκὸς τὰ ἑαυτοῦ ἕκαστον, ἀτιμάζειν
δὲ τὰ παρὰ τοῖς ἄλλοις. Ὁ δὲ τῷ τὰ ἐναντία
ζηλοῦντι νέμων τὴν συγγνώμην εἶναί μοι δοκεῖ πρᾳότατος.
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Traduction française :
[12] Je commence donc par vous demander la grâce d'imiter mes ancêtres,
et en échange je vous accorde celle d'imiter les vôtres. Par conséquent ce n'est
pas à titre de reproche que je vous appelle "Menteurs, qui n'êtes bons qu'à danser
en cadence"; au contraire je dis que c'est faire votre éloge que de vous montrer
fidèles aux goûts et aux usages de vos aïeux.
Ainsi Homère loue Autolycus en disant qu'il est le premier de tous
"En larcin, en parjure". De mon côté, j'avoue que je suis un
grossier, un malappris, un bourru qui ne se laisse point aisément fléchir par
ceux qui le prient et le supplient d'entendre mieux ses intérêts, et qui ne
cède point aux clameurs. Oui, je me plais à ces outrages. Quelle est la plus
supportable de ces humeurs, les dieux le savent peut-être, mais il n'y a pas
d'homme capable d'être choisi pour arbitre de notre différend : notre amour-
propre le récuserait. Il est dans la nature humaine que chacun admire ce
qu'il a et méprise ce qu'ont les autres. Toutefois celui qui montre de
l'indulgence pour des habitudes contraires aux siennes, me paraît avoir le
meilleur caractère.
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