HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Contre les chiens ignorants

μικρὰ



Texte grec :

[11] Σκόπει δὴ ταύτης εἰ μὴ μάλιστα τῆς προαιρέσεως ἦν Διογένης, ὃς τὸ μὲν σῶμα τοῖς πόνοις ἀνέδην παρεῖχεν, ἵνα αὐτὸ {τὸ} τῆς φύσεως ῥωμαλεώτερον καταστήσῃ, πράττειν δὲ ἠξίου μόνον ὁπόσα ἂν φανῇ τῷ λόγῳ πρακτέα, τοὺς δὲ ἐκ τοῦ σώματος ἐμπίπτοντας τῇ ψυχῇ θορύβους, οἷα πολλάκις ἡμᾶς ἀναγκάζει τουτὶ τὸ περικείμενον αὐτοῦ χάριν πολυπραγμονεῖν, οὐδὲ ἐν μέρει προσίετο. Ὑπὸ δὲ ταύτης τῆς ἀσκήσεως ὁ ἀνὴρ οὕτω μὲν ἔσχεν ἀνδρεῖον τὸ σῶμα ὡς οὐδεὶς οἶμαι τῶν τοὺς στεφανίτας ἀγωνισαμένων, οὕτω δὲ διετέθη τὴν ψυχήν, ὥστε εὐδαιμονεῖν, ὥστε βασιλεύειν οὐθὲν ἔλαττον, εἰ μὴ καὶ πλέον, ὡς οἱ τότε εἰώθεσαν λέγειν Ἕλληνες, τοῦ Μεγάλου Βασιλέως, τὸν Πέρσην λέγοντες. Ἆρά σοι μικρὰ φαίνεται ἀνὴρ «Ἄπολις, ἄοικος, πατρίδος ἐστερημένος, Οὐκ ὀβολόν, οὐ δραχμήν, οὐκ οἰκέτην ἔχων», ἀλλ´ οὐδὲ μάζαν, ἧς Ἐπίκουρος εὐπορῶν οὐδὲ τῶν θεῶν φησιν εἰς εὐδαιμονίας λόγον ἐλαττοῦσθαι, πρὸς μὲν τοὺς θεοὺς οὐκ ἐρίζων, τοῦ δοκοῦντος δὲ τοῖς ἀνθρώποις εὐδαιμονεστάτου ζῶν καὶ ἔλεγε ζῆν εὐδαιμονέστερον· εἰ δὲ ἀπιστεῖς, ἔργῳ πειραθεὶς ἐκείνου τοῦ βίου καὶ οὐ τῷ λόγῳ αἰσθήσῃ. Φέρε δὴ πρῶτον αὐτὸν διὰ τῶν λόγων ἐλέγξωμεν. Ἆρά σοι δοκεῖ τῶν πάντων ἀγαθῶν ἀνθρώποις ἡγεῖσθαι, τούτων δὴ τῶν πολυθρυλλήτων, ἐλευθερίαν; Πῶς γὰρ οὐ φήσεις, ἐπεὶ καὶ τὰ χρήματα καὶ πλοῦτος καὶ γένος καὶ σώματος ἰσχὺς καὶ κάλλος καὶ πάντα ἁπλῶς τὰ τοιαῦτα δίχα τῆς ἐλευθερίας, οὐ τοῦ δοκοῦντος εὐτυχηκέναι, τοῦ κτησαμένου δὲ αὐτόν ἐστιν ἀγαθά; Τίνα οὖν ὑπολαμβάνομεν τὸν δοῦλον; Ἆρα μή ποτε ἐκεῖνον, ὃν πριώμεθα δραχμῶν ἀργυρίου τόσων ἢ μναῖν δυοῖν ἢ χρυσίου στατήρων δέκα; Ἐρεῖς δήπουθεν τοῦτον εἶναι ἀληθῶς δοῦλον. Ἆρα δι´ αὐτὸ τοῦτο ὅτι τὸ ἀργύριον ὑπὲρ αὐτοῦ τῷ πωλοῦντι καταβεβλήκαμεν; Οὕτω μεντἂν εἶεν οἰκέται καὶ ὁπόσους τῶν αἰχμαλώτων λυτρούμεθα· καίτοι καὶ οἱ νόμοι τούτοις ἀποδεδώκασι τὴν ἐλευθερίαν σωθεῖσι καὶ οἴκαδε, καὶ ἡμεῖς αὐτοὺς ἀπολυτρούμεθα, οὐχ ἵνα δουλεύσωσιν, ἀλλ´ ἵνα ὦσιν ἐλεύθεροι. Ὁρᾷς ὡς οὐχ ἱκανόν ἐστιν ἀργύριον καταβαλεῖν ἐς τὸ ἀποφῆναι τὸν λυτρωθέντα δοῦλον, ἀλλ´ ἐκεῖνός ἐστιν ὡς ἀληθῶς δοῦλος, οὗ κύριός ἐστιν ἕτερος προσαναγκάσαι πράττειν ὅτι ἂν κελεύῃ, καὶ μὴ βουλόμενον κόλασαι καί, τὸ λεγόμενον ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ, «κακαῖς ὀδύνῃσι πελάζειν», Ὅρα δὴ τὸ μετὰ τοῦτο εἰ μὴ κύριοι πάντες ἡμῶν εἰσιν, οὓς ἀναγκαῖον ἡμῖν θεραπεύειν, ἵνα μηθὲν ἀλγῶμεν μηδὲ λυπώμεθα κολαζόμενοι παρ´ αὐτῶν· ἢ τοῦτο οἴει κόλασιν μόνον εἴ τις ἐπανατεινόμενος τὴν βακτηρίαν καθίκοιτο τοῦ οἰκέτου; Καίτοι γε τοιοῦτον οὐδὲ οἱ τραχύτατοι τῶν δεσποτῶν ἐπὶ πάντων ποιοῦσι τῶν οἰκετῶν, ἀλλὰ καὶ λόγος ἀρκεῖ πολλάκις καὶ ἀπειλή. Μήποτε οὖν, ὦ φίλε, νομίσῃς εἶναι ἐλεύθερος, ἄχρις οὗ γαστὴρ ἄρχει σου καὶ τὰ ἔνερθεν γαστρὸς οἵ τε τοῦ παρασχεῖν τὰ πρὸς ἡδονὴν καὶ ταῦτα ἀποκωλῦσαι κύριοι, καὶ εἰ τούτων δὲ γένοιο κρείττων, ἕως ἂν δουλεύῃς ταῖς τῶν πολλῶν δόξαις, οὔπω τῆς ἐλευθερίας ἔθιγες οὐδὲ ἐγεύσω τοῦ νέκταρος, «Οὐ μὰ τὸν ἐν στέρνοισιν ἐμοῖς παραδόντα Τετρακτύν.» Καὶ οὐ τοῦτό φημι ὡς ἀπερυθριᾶσαι χρὴ πρὸς πάντας καὶ πράττειν τὰμὴ πρακτέα· ἀλλ´ ὧν ἀπεχόμεθα καὶ ὅσα πράττομεν, μὴ διὰ τὸ τοῖς πολλοῖς δοκεῖν σπουδαῖα πάντως ἢ φαῦλα, διὰ τοῦτο πράττωμεν καὶ ἀπεχώμεθα, ἀλλ´ ὅτι τῷ λόγῳ καὶ τῷ ἐν ἡμῖν θεῷ, τοῦτ´ ἐστὶ τῷ νῷ, ταῦτά ἐστιν ἀπόρρητα. Τοὺς μὲν οὖν πολλοὺς οὐθὲν κωλύει ταῖς κοιναῖς ἕπεσθαι δόξαις· ἄμεινον γὰρ τοῦτο τοῦ παντάπασιν ἀπερυθριᾶν· ἔχουσι γὰρ ἄνθρωποι φύσει πρὸς ἀλήθειαν οἰκείως· ἀνδρὶ δὲ ἤδη κατὰ νοῦν ζῶντι καὶ τοὺς ὀρθοὺς εὑρεῖν τε δυναμένῳ καὶ κρῖναι λόγους προσήκει τὸ παράπαν οὐθὲν ἕπεσθαι τοῖς νομιζομένοις ὑπὸ τῶν πολλῶν εὖ τε καὶ χεῖρον πράττεσθαι. Οὐκοῦν ἐπειδὴ τὸ μέν ἐστι τῆς ψυχῆς ἡμῶν θειότερον, ὃ δὴ νοῦν καὶ φρόνησίν φαμεν καὶ λόγον τὸν σιγώμενον, οὗ κήρυξ ἐστὶν ὁ διὰ τῆς φωνῆς οὑτοσὶ λόγος προϊὼν ἐξ ὀνομάτων καὶ ῥημάτων, ἕτερον δέ τι τούτῳ συνέζευκται ποικίλον καὶ παντοδαπόν, ὀργῇ καὶ ἐπιθυμίᾳ ξυμμιγές τι καὶ πολυκέφαλον θηρίον, πότερον χρὴ πρὸς τὰς δόξας τῶν πολλῶν ἀτενῶς ὁρᾶν καὶ ἀδιατρέπτως, πρὶν ἂν τοῦτο δαμάσωμεν τὸ θηρίον καὶ πείσωμεν ὑπακοῦσαι τῷ παρ´ ἡμῖν θεῷ, μᾶλλον δὲ θείῳ; Τοῦτο γὰρ πολλοὶ τοῦ Διογένους ζηλώσαντες ἐγένοντο παντοραίσται καὶ μιαροὶ καὶ τῶν θηρίων οὐδὲ ἑνὸς κρείττους, ὅτι δὲ οὐκ ἐμὸς ὁ λόγος ἐστί, πρῶτον ἔργον ἐρῶ σοι Διογένους, ἐφ´ ᾧ γελάσονται μὲν οἱ πολλοί, ἐμοὶ δὲ εἶναι δοκεῖ σεμνότατον.

Traduction française :

[11] Vois maintenant si telle ne fut pas la devise de Diogène, qui assujettit son corps à tous les travaux, pour augmenter ses forces naturelles; qui ne voulut faire que ce que sa raison approuvait, et dont l'âme ne prit jamais part à ces troubles qui résultent du corps, et que nous sommes souvent forcés de subir par suite du mélange des deux principes de notre être. C'est par de tels exercices que ce grand homme acquit une force de corps comparable, ce semble, à celle des athlètes les plus distingués par leurs couronnes, et qu'il sut rendre son âme capable d'un bonheur égal à celui d'un monarque, ou tout au moins du prince que les Grecs nornmâient le grand roi, c'est-à-dire le roi des Perses. Comment voir un homme sans valeur dans celui "Qui, n'ayant ni cité, ni maison, ni patrie", ne possédant pas même une obole, une drachme, un esclave, pas même un biscuit, aliment qui suffisait à Epicure pour se croire aussi fortuné que les dieux, ne prétendit pas rivaliser de bonheur avec les dieux, mais se vanta d'être plus heureux que le plus heureux des hommes? Si tu ne veux pas m'en croire, embrasse, non pas de nom, mais de fait, le genre de vie de ce philosophe, et tu verras. Mais d'abord montrons ce qu'il était par le raisonnement. Ne te semble-t-il pas que, pour les hommes, le plus grand de tous les biens, le plus vanté de tous, c'est la liberté? Pourrais-tu ne pas en convenir, puisque les richesses, la fortune, la naissance, la force du corps, la beauté et tous les biens de même sorte, sans la liberté, ne sont point à celui qui paraîtrait en jouir, mais au maître qui le possède ? Qu'entendons-nous donc par esclave ? Est-ce l'homme que nous achetons quelques drachmes d'argent, ou deux mines ou deux statères d'or ? Tu diras sans doute que c'est en effet là un esclave. Et à quel titre? Parce que nous avons compté pour lui au vendeur une certaine somme d'argent. Mais, sur ce pied, ceux-là aussi sont esclaves que nous délivrons moyennant une rançon. Car les lois ne leur accordent la liberté que lorsqu'ils sont réfugiés dans leurs foyers, et cependant nous les rachetons, non point pour qu'ils continuent d'être esclaves, mais pour qu'ils soient libres. Tu vois donc qu'il ne suffit pas de payer une somme d'argent pour qu'un homme soit esclave quand il a été racheté ; mais celui-là est véritablement esclave qui a un maître autorisé à exiger de lui qu'il fasse tout ce qu'on lui ordonne, à le châtier en cas de refus, et, comme le dit le poète" : A sévir contre lui par des peines cruelles". Vois, en outre, si nous n'avons pas autant de maîtres qu'il existe d'êtres, dont nous sommes forcés de dépendre, pour n'avoir à redouter ni souffrance, ni douleur de leurs châtiments. A moins que tu ne considères uniquement comme châtiment de lever un bâton et d'en frapper un esclave. Car les maîtres, même les plus emportés, n'en usent point ainsi envers tous leurs esclaves ; souvent ils se contentent de paroles et de menaces. Ne te crois donc pas libre, mon ami, tant que ton ventre te commande ainsi que les parties qui sont au-dessous du ventre, puisque tu as des maîtres qui peuvent t'accorder ou te refuser le plaisir, et lors méme que tu pourrais t'affranchir de leur joug, tant que tu es esclave de l'opinion du vulgaire, tu n'as point touché la liberté, tu n'en as point goûté le nectar. "J'en jure par celui qui révèle à notre âme Le quaternaire, éclat de la céleste flamme". Et je ne dis pas seulement que jamais le respect humain ne doit nous empêcher de faire notre devoir, mais j'entends que, sur les actions dont nous nous abstenons et sur celles qu'il nous plaît de faire, ce n'est pas le vulgaire qu'il faut consulter pour juger si ce que nous faisons et ce dont nous nous abstenons est bon ou mauvais, mais s'il nous est interdit par la raison ou par le dieu qui est en nous, c'est-à-dire l'intelligence. Rien n'empêche que le gros des hommes ne suive les opinions du vulgaire : cela vaut mieux que de ne rougir de rien, attendu que les hommes ont un penchant naturel pour la vérité. Mais l'homme qui vit d'après son intelligence et qui sait trouver et discerner les véritables raisons des choses, ne doit point s'en rapporter aux opinions du vulgaire pour savoir s'il agit bien ou mal. Il y a dans notre âme une partie plus divine, que nous nommons esprit, sagesse, raison silencieuse, et dont l'interprète est le langage oral, le discours composé de noms et de verbes. A cette partie en est jointe une autre, variée, diverse, mêlée de colère et de passion, vrai monstre à plusieurs têtes. La question est de savoir si nous devons heurter de front et sans sourciller les opinions du vulgaire, avant d'avoir dompté le monstre et de l'avoir forcé à obéir au dieu qui est en nous, ou plutôt à la partie divine. En effet, nombre de sectateurs de Diogène ont été des brise-tout, des imprudents, des gens au-dessous de la bête fauve. Mais comme ce n'est point mon affaire, je raconterai ici un trait de la vie de Diogène, dont plusieurs riront sans doute, mais qui me paraît à moi fort sérieux.





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Dernière mise à jour : 7/03/2006