[3,15] ιδʹ. Τούτου δὲ ἀποδειχθέντος σαφῶς, φέρε δὴ κἀκεῖνο
ἐξετάσωμεν, τίς εὐκολώτερον καὶ ῥᾷον πεσεῖται· ἢ ἐνταῦθα οὐδὲ ἐξετάσεως ἡμῖν δεῖ. Σωφροσύνην μὲν γὰρ ὁ
γυναῖκα ἔχων κατορθώσει ῥᾳδίως, ἅτε πολλῆς ἀπολαύων
τῆς παραμυθίας· ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις οὐ σφόδρα φαίνεται,
πλὴν ἀλλὰ κἀνταῦθα πλείους ἂν ἴδοιμεν τῶν γεγαμηκότων,
ἢ τῶν μοναχῶν πίπτοντας. Οὔτε γὰρ τοσοῦτοι
πρὸς τὸν γάμον ἀπὸ τῶν μοναστηρίων ἐκβαίνουσιν, ὅσοι
πρὸς πόρνας ἀπὸ τῆς εὐνῆς ἀνίστανται τῶν γυναικῶν.
Εἰ δὲ ὅπου εὔκολα τὰ τῶν παλαισμάτων αὐτοῖς, μετὰ
τοσαύτης πίπτουσιν ὑπερβολῆς, τί ποιήσουσιν ἐν τοῖς
ἄλλοις πάθεσιν, ἐν οἷς μᾶλλον ἐνοχλοῦνται τῶν μοναχῶν;
Ἡ μὲν γὰρ ἐπιθυμία τούτοις σφοδρότερον ἔπεισιν, ἅτε τὴν πρὸς γυναῖκας οὐκ ἔχουσιν ὁμιλίαν· τὰ δὲ ἄλλα τούτων
μὲν οὐδὲ ἐγγὺς γενέσθαι δύναιτ´ ἂν, ἐκείνους δὲ κατὰ κράτος ἐλαύνει καὶ ἐπὶ κεφαλὴν ὠθεῖ. Εἰ
δὲ ἐν οἷς σφοδρότερον ὁ πόλεμος πνεῖ, μᾶλλον τῶν μὴ
τοῦτο πασχόντων κρατοῦσιν, εὔδηλον ὅτι πολλῷ ῥᾷον
τούτων ἐν τοῖς ἄλλοις, ἐν οἷς οὐκ ἐνοχλοῦνται, στήσονται.
Καὶ γὰρ χρημάτων ἔρως, καὶ τρυφῆς ἐπιθυμία καὶ δυναστείας
καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων, εὐκολώτερον ὑπὸ τούτων ἢ τῶν
βιωτικῶν ἀνύεσθαι πέφυκεν.
Ὥσπερ οὖν ἐν παρατάξει καὶ μάχῃ τοῦτο τοῦ πολέμου
τὸ μέρος κουφότερον εἶναι φήσομεν, οὐχ ὅθεν ἐπάλληλοι
καὶ συνεχεῖς πίπτουσιν οἱ νεκροὶ, ἀλλ´ ὅθεν ὀλίγοι καὶ
σπάνιοι, οὕτω καὶ περὶ τούτων ψηφίζεσθαι χρή. Καὶ γὰρ
πλεονεξίας οὐχ ὁ στρεφόμενος ἐν τῷ μέσῳ, ἀλλ´ ὁ καθήμενος
ἐν τοῖς ὄρεσιν εὐκολώτερον περιέσται· ἐπεὶ ἐκεῖνός γε καὶ
ἁλώσεται ῥᾳδίως, ἁλόντα δὲ πλεονεξίᾳ μετὰ
τῶν εἰδωλολατρῶν ἀριθμεῖσθαι ἀνάγκη. Καὶ τῶν οἰκείων
οὗτος μὲν οὐχ αἱρήσεται ὑπεριδεῖν, ἂν ἔχῃ χρήματα,
ἀλλ´ εὐκόλως αὐτοῖς πάντα προήσεται, ἐκεῖνος δὲ οὐ
περιόψεται μόνον αὐτοὺς, ἀλλὰ καὶ ἀδικήσει τῶν ἀλλοτρίων
οὐχ ἧττον· τοῦτο δὲ πάλιν ἕτερος εἰδωλολατρείας τρόπος
τοῦ προτέρου χαλεπώτερος. Καὶ τί δεῖ τὰ ἄλλα πάντα λέγειν,
τὰ τοῖς μονάζουσι μὲν ὄντα εὐκαταγώνιστα, τοὺς
δὲ βιωτικοὺς μετὰ πολλῆς καταβάλλοντα τῆς σφοδρότητος;
Πῶς οὖν οὐ δέδοικας, οὐδὲ τρέμεις ἐπὶ τοῦτον ἄγων
τὸν βίον, ὅθεν ἁλώσιμος ἔσται τῇ κακίᾳ ταχέως; Ἢ
μικρὸν εἶναί σοι δοκεῖ εἰδωλολατρεία, καὶ τὸ τῶν ἀπίστων
εἶναι χείρω, καὶ τὸ τοῦ Θεοῦ τὴν δουλείαν διὰ τῶν
ἔργων ἐξόμνυσθαι, ἅπερ ἅπαντα πείσονται εὐκολώτερον
τῶν μοναχῶν οἱ τῷ βίῳ προσδεδεμένοι; Ὁρᾷς ὅτι σκῆψις
ὁ φόβος ἐστίν; Εἰ γὰρ δεδοικέναι ἐχρῆν, οὐχ ὑπὲρ
τῶν τὰ κλυδώνια φευγόντων, οὐδὲ ὑπὲρ τῶν ἐπὶ τὸν λιμένα σπευδόντων, ἀλλ´ ὑπὲρ τῶν ἐν χειμῶνι καὶ τῇ
ζάλῃ κλυδωνιζομένων. Ταχύτερον γὰρ ἐκεῖθεν τὰ ναυάγια,
τῷ καὶ πλείονα εἶναι τὰ ἐνοχλοῦντα, καὶ ῥᾳθυμοτέρους
τοὺς πρὸς ταῦτα στήσεσθαι μέλλοντας. Ἐνταῦθα
δὲ οὔτε τοσαῦτα τὰ κύματα, καὶ πολλὴ ἡ γαλήνη, καὶ
ἡ σπουδὴ μείζων τῶν πρὸς ταῦτα μαχησομένων. Διὰ
τοῦτο καὶ ἡμεῖς ἐπὶ τὴν ἔρημον ἕλκομεν, οὐχ ἵνα σάκκον
ἁπλῶς περιβάλωνται, οὐδὲ ἵνα κλοιὰ περιθῶνται,
(p. 376) οὐδ´ ἵνα σποδὸν ὑποστορέσωνται, ἀλλ´ ἵνα πρὸ τῶν
ἄλλων ἁπάντων φύγωσι μὲν κακίαν, ἕλωνται δὲ ἀρετήν.
Τί οὖν; οἱ γεγαμηκότες, φησὶν, ἀπολοῦνται πάντες;
Οὐ τοῦτο λέγω, ἀλλ´ ὅτι μειζόνων δεήσονται πόνων, εἰ
μέλλοιεν σώζεσθαι, διὰ τὴν ἐνεστῶσαν ἀνάγκην· τοῦ
γὰρ δεδεμένου μᾶλλον ὁ λελυμένος δραμεῖται. Οὐκοῦν
καὶ πλείονα ἕξει τὸν μισθὸν, καὶ λαμπροτέρους τοὺς στεφάνους; Οὐδαμῶς· ἑαυτῷ γὰρ ταύτην περιτίθησι τὴν
ἀνάγκην, ἐξὸν μὴ περιθεῖναι. Ὥστε, ἐπειδὴ σαφῶς ἡμῖν
ἀποδέδεικται ὅτι τῶν αὐτῶν ἐσμεν ὑπεύθυνοι τοῖς μοναχοῖς,
ἐπὶ τὴν εὐκολωτέραν τρέχωμεν ὁδὸν, καὶ τοὺς
υἱοὺς ἐπὶ ταύτην ἕλκωμεν, ἀλλὰ μὴ καταποντίζωμεν,
μηδὲ εἰς τὰ τῆς κακίας ἕλκωμεν βάραθρα, καθάπερ
ἐχθροὶ καὶ πολέμιοι. Ταῦτα γὰρ εἰ μὲν ἄλλοι τινὲς
ἐποίουν, οὐκ ἦν οὕτω δεινόν· ὅταν δὲ οἱ γεγεννηκότες,
οἱ τῶν βιωτικῶν πεῖραν εἰληφότες πάντων, οἱ διὰ τῶν ἔργων
μαθόντες αὐτῶν ὅτι ψυχρὰ τῶν παρόντων πραγμάτων
ἡ ἡδονὴ, οὕτω μαίνωνται, ὡς ἑτέρους ἐπὶ
ταῦτα ἕλκειν, ἐπειδὴ λοιπὸν ὑπὸ τῆς ἡλικίας αὐτοὶ
κεκώλυνται· καὶ δέον ἑαυτοὺς ἐπὶ τοῖς προτέροις ταλανίζειν,
οἱ δὲ καὶ ἑτέρους ἐμβάλλουσι, καὶ ταῦτα ἐγγὺς ἑστῶτες
λοιπὸν τῆς τελευτῆς, καὶ τοῦ δικαστηρίου, καὶ τῶν εὐθυνῶν
ἐκείνων, ποία αὐτοῖς ἀπολογία λελείψεται, ποία
συγγνώμη, ποῖος ἔλεος; Οὐ γὰρ δὴ μόνον τῶν οἰκείων
ἁμαρτημάτων δώσουσι δίκην, ἀλλὰ καὶ τῶν τοῖς παισὶ
τετολμημένων, ἄν τε δυνηθῶσι τοὺς υἱοὺς ὑποσκελίσαι,
ἄν τε μή.
| [3,15] Ce point clairement démontré, souffrez que nous examinions maintenant lequel des
deux tombera plus tôt et plus facilement. Certes, la solution de cette question n’offre pas de
grandes difficultés. Sans doute, celui qui a une épouse gardera plus facilement la continence, à
cause du grand secours qu’il trouve dans le mariage; mais pour les autres vertus, il n’en est
plus de même, bien plus nous pourrions remarquer qu’il y a parmi ceux qui pèchent contre la
continence beaucoup plus d’hommes mariés que de moines. En effet, il y en a bien moins qui
passent des monastères à l’état du mariage, qu’il n’y en a qui passent de la couche nuptiale
aux bras des courtisanes. Si donc, sur un point où la lutte leur est si facile ils tombent
néanmoins si fréquemment, que feront-ils, assaillis par les autres passions, où ils trouvent bien
plus d’obstacles que les moines? L’éloignement du commerce des femmes pourra bien
augmenter chez ceux-ci le feu de la concupiscence; mais toutes les autres passions ne
sauraient approcher d’eux, tandis qu’elles attaquent les séculiers avec une violence qui trop
souvent les précipite dans le mal, la tête en avant pour ainsi parler. Si, là où le vent des
combats souffle le plus fort contre eux, les moines se montrent néanmoins plus fermes que
ceux qui sont moins exposés, il n’est pas douteux qu’ils ne résistent beaucoup plus facilement
quand ils auront moins d’obstacles à vaincre.
Naturellement il sera plus facile aux moines qu’aux séculiers de vaincre l’amour des
richesses, le désir de la bonne chère, l’ambition des grandeurs et toutes les autres passions de
ce genre. Quand une bataille se livre, le péril est moindre là où l’engagement est plus léger, et
où l’on ne voit que peu de morts tomber, qu’au centre même de l’action, là où les morts,
tombant par milliers, s’entassent les uns sur les autres; il en est de même dans le sujet qui
nous occupe; et l’homme qui passe sa vie dans le tourbillon des affaires de ce monde,
triomphera moins facilement de l’avarice que le solitaire qui habite, les montagnes. Qu’il est
difficile dans le monde de ne pas être esclave de l’avarice ! or, cette passion fait
nécessairement de tous ceux qu’elle maîtrise autant d’idolâtres. Si l’anachorète est riche, il
n’oubliera pas ses parents, il leur fera sans peine l’abandon de tous ses biens, tandis que le
séculier méprisera les siens et même leur fera tort comme à des étrangers : autre espèce
d’idolâtrie pire que la première. Et qu’ai-je besoin d’énumérer toutes les autres circonstances
où les moines trouvent une facile victoire, et où les séculiers au contraire échouent si
fréquemment?
Comment donc ne craignez-vous pas, comment ne tremblez-vous pas d’engager votre
fils à cette vie où il sera si promptement dominé par le mal? L’idolâtrie, vous semble-t-elle si
peu de chose? vous semble-t-il si indifférent d’être pire que les infidèles, et de vous mettre
en révolte contre Dieu par vos oeuvres, prévarication dans laquelle les hommes enchaînés au
monde tomberont beaucoup plus facilement que les anachorètes? Voyez-vous maintenant que
votre crainte n’était qu’un prétexte? S’il fallait craindre, ce n’était certes pas pour ceux qui
fuyaient la fureur des flots, ni pour ceux qui entraient au port; c’était pour ceux qui étaient
battus par la tempête et les vagues en furie. Pour ceux-ci, je veux dire les séculiers, les
naufrages sont plus fréquents et plus prompts, parce que les difficultés de la navigation sont
plus grandes, et que ceux qui devraient les vaincre sont plus faibles. Chez les anachorètes au
contraire, on trouve des orages moins forts, un calme presque continuel et une invincible
ardeur dans ceux qui doivent lutter contre les flots. Voilà pourquoi nous attirons au désert
tous ceux que nous pouvons, nous les attirons non pas simplement pour qu’ils revêtent le
cilice, pour qu’ils (48) prennent le joug et qu’ils se couvrent de cendre, mais afin qu’ils
évitent le mal et pratiquent la vertu. Eh quoi! direz-vous, les gens mariés seront-ils tous
perdus?
Je ne dis pas cela, mais je soutiens qu’il leur faudra faire de plus grands efforts s’ils
veulent se sauver, à cause des entraves qui les gênent; celui qui est libre court bien mieux que
celui qui est enchaîné. — Sans-doute, direz-vous, mais celui qui surmonte plus de difficultés,
reçoit aussi une plus grande récompense et de plus brillantes couronnes? — Point du tout, si
c’est lui qui s’impose cette nécessité, lorsqu’il lui est loisible de ne pas la subir. Ainsi
puisqu’il nous est clairement démontré que nous sommes assujettis aux mêmes obligations
que les moines, hâtons-nous de prendre le chemin le plus facile, entraînons-y nos enfants;
mais n’allons pas les attirer et les submerger dans les abîmes du vice, comme si nous étions
leurs adversaires et leurs ennemis. Si du moins c’étaient des étrangers qui le fissent, le mal
serait moindre; mais quand des parents qui ont essayé de toutes les choses de la terre, qui
savent par expérience combien sont fades et insipides tous les plaisirs d’ici-bas, sont assez
insensés pour attirer leurs enfants à ces misérables jouissances que l’âge leur interdit
désormais à eux-mêmes; quand, au lieu de déplorer leur passé, ils en appellent d’autres dans
leurs voies, et cela, lorsqu’ils sont eux-mêmes aux portes de la mort, au seuil du tribunal
redoutable, sur le point de rendre compte de toute leur vie, quelle excuse, dites-moi, peut-il
leur rester, quel pardon, quelle miséricorde? Non seulement ils subiront la peine de leurs
propres fautes, mais encore la peine de celles qu’ils ont voulu faire commettre à leurs enfants,
qu’ils aient réussi ou non à les faire tomber dans l’abîme.
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