HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Jean Chrysostome, Apologie de la vie monastique, livre II



Texte grec :

[2,1] αʹ. (p. 331) Ἱκανὰ μὲν οὖν καὶ ταῦτα ἔκστασιν ἐργάσασθαι καὶ φρίκην· κἂν τὸ προφητικόν τις ἐκεῖνο ἐπὶ τούτοις φθέγγηται νῦν, ὅτι Ἐξέστη ὁ οὐρανὸς ἐπὶ τούτῳ, καὶ ἔφριξεν γῆ ἐπὶ πλεῖον σφόδρα· καὶ, ὅτι Ἔκστασις καὶ φρικτὰ ἐγενήθη ἐπὶ τῆς γῆς, εὐκαίρως πάντα τὰ τοιαῦτα ἐρεῖ. Τὸ δὲ τούτων χαλεπώτερον, ὅτι οὐ μόνον ἀλλότριοί τινες, καὶ οὐδὲν τοῖς συμβουλευομένοις προσήκοντες τοιαῦτα ἀγανακτοῦσι καὶ δυσχεραίνουσιν, ἀλλὰ συγγενεῖς καὶ πατέρες ἔμαθον ὑπὲρ τούτων ὀργίζεσθαι. Καίτοι γε οὐκ ἀγνοῶ ὅτι πολλοὶ πρὸς μὲν τοὺς πατέρας τοῦτο ποιοῦντας οὐ σφόδρα ἐκπλήττονται· ἀποπνίγεσθαι δέ φασι τῷ θυμῷ, ὅταν ἴδωσι τοὺς μήτε πατέρας, μήτε φίλους, μήτε συγγενεῖς, μήτε ἄλλοθέν ποθεν ἐπιτηδείους, πολλάκις δὲ καὶ ἀγνῶτας ὄντας τοῖς φιλοσοφεῖν αἱρουμένοις τὸ αὐτὸ τοῦτο πάσχοντας, καὶ μᾶλλον τῶν πατέρων δακνομένους, καὶ πολεμοῦντας, καὶ κατηγοροῦντας τῶν ἀναπεισάντων αὐτούς. Ἐμοὶ δὲ τοὐναντίον εἶναι δοκεῖ θαυμαστόν. Τοὺς μὲν γὰρ μήτε κηδεμονίας, μήτε φιλίας ἔχοντάς τι δικαίωμα, οὐδὲν ἀπεικός ἐστιν ἐπὶ τοῖς ἀλλοτρίοις ἀλγεῖν ἀγαθοῖς, πὴ μὲν ὑπὸ βασκανίας ἁλισκομένους, πὴ δὲ τῆς οἰκείας κακίας τὴν τῶν ἄλλων ἀπώλειαν εὐτυχίαν εἶναι νομίζοντας, ἀθλίως μὲν καὶ ταλαιπώρως, νομίζοντας δ´ οὖν ὅμως· τὸ δὲ τοὺς γεννησαμένους, τοὺς ἀναθρεψαμένους, τοὺς καθ´ ἑκάστην εὐχομένους μέραν εὐδοκιμωτέρους σφῶν αὐτῶν τοὺς παῖδας ἰδεῖν, τοὺς πάντα διὰ τοῦτο καὶ ποιοῦντας καὶ πάσχοντας· τούτους δὲ ὥσπερ ἔκ τινος μέθης ἐξαίφνης μεταβαλλομένους ἀλγεῖν, ἐπὶ φιλοσοφίᾳ τῶν παίδων ἀγομένων αὐτοῖς· τοῦτό ἐστιν ὃ μάλιστα πάντων ἐγὼ θαυμάζω, καὶ τοῦ πάντα διεφθάρθαι τεκμήριον εἶναί φημι ἱκανόν. Τοῦτο γὰρ οὐδ´ ἐπὶ τῶν ἔμπροσθεν χρόνων ἔχοι τις ἂν γεγενημένον εἰπεῖν, ὅτε καὶ τῆς πλάνης ἐκράτει λαμπρῶς· ἀλλ´ ἐγένετο μὲν ἅπαξ ἐν Ἑλληνίδι πόλει, τυραννουμένῃ δέ. Οὐδὲ γὰρ δὴ τότε τῶν γονέων τις καθάπερ νῦν, ἀλλ´ οἱ τὴν ἀκρόπολιν καταλαβόντες, μᾶλλον δὲ οὐδὲ οὗτοι πάντες, ἀλλὰ καὶ τούτων αὐτῶν ὁ μιαρώτατος τὸν Σωκράτην καλέσας, ἐκέλευε τῶν ὑπὲρ φιλοσοφίας ἀποστῆναι λόγων. Ἀλλ´ ἐκεῖνος μὲν καὶ τύραννος καὶ ἄπιστος καὶ ὠμὸς καὶ ἐπ´ ἀνατροπῇ τῆς πολιτείας ἅπαντα πράττων, καὶ τοῖς ἀλλοτρίοις ἐντρυφῶν κακοῖς, καὶ εἰδὼς ὅτι πολιτείαν ἀρίστην οὐδὲν ἕτερον ἀνατρέψαι δύναται, ὡς τὸ τοιοῦτον ἐπίταγμα, ταῦτα ἐτόλμησεν· οὗτοι δὲ πιστοὶ, καὶ ἐν εὐνομουμέναις δῆθεν πόλεσι ζῶντες, καὶ περὶ παίδων τῶν αὐτῶν βουλευόμενοι, ταῦτα φθέγγεσθαι τολμῶσιν, ἃ περὶ τῶν τυραννουμένων ὁ τύραννος, (p. 332) καὶ οὐκ αἰσχύνονται· ὥστε ὑπὲρ τούτων μᾶλλον δυσχεραινόντων, ἢ τῶν ἄλλων θαυμάζειν χρή. Καὶ διὰ τοῦτο καὶ αὐτὸς ἐκείνων ἀφέμενος, τούτοις οἷς μάλιστα μέλει τῶν παίδων, μᾶλλον δὲ οἷς μέλειν μὲν ἔδει, μέλει δὲ οὐδαμῶς, διαλέξομαι προσηνῶς καὶ μετ´ ἐπιεικείας πολλῆς, τοσοῦτον αὐτοὺς παραιτησάμενος μὴ δυσχεραίνειν, μηδὲ ἀγανακτεῖν, εἴ τις τὸ λυσιτελὲς τοῖς ἐκείνων παισὶ μᾶλλον αὐτῶν ἐκείνων εἰδέναι λέγοι. Οὐ γὰρ ἀρκεῖ τὸ σπεῖραι παῖδα πρὸς τὸ συμφέρον τὸν γεννηθέντα διδάξαι τὸν γεννησάμενον, ἀλλὰ πρὸς μὲν τὴν φιλοστοργίαν τοῦ τεχθέντος μεγάλα ἂν τοῦτο συμβάλοιτο, πρὸς δὲ τὸ μαθεῖν αὐτοῦ τὸ λυσιτελὲς ἀκριβῶς, οὔτε τὸ σπείρειν οὔτε τὸ φιλεῖν ἀρκέσειεν ἄν. Ἐπεὶ εἰ τοῦτο ἦν, οὐδένα ἀνθρώπων πατρὸς μᾶλλον τὸ χρήσιμον ἐχρῆν ὁρᾷν τῷ παιδὶ, ἐπειδὴ μήτε φιλεῖν μᾶλλον αὐτοῦ τῶν ἄλλων δύναιτό τις τοῦτον· νῦν δὲ καὶ αὐτοὶ οἱ πατέρες δι´ ὧν ποιοῦσιν ὁμολογοῦσι τοῦτο ἀγνοεῖν, ὅταν πρὸς διδασκάλους ἄγωσιν, ὅταν παιδαγωγοῖς ἐγχειρίζωσιν, ὅταν μυρίους παραλαμβάνωσι συμβούλους, περὶ τῆς τοῦ βίου προαιρέσεως, ἐφ´ ἣν τὸν παῖδα ἄγειν δεῖ, βουλευόμενοι. Καὶ οὐ τοῦτό πω θαυμαστὸν, ἀλλ´ ὅτι πολλάκις βουλῆς γινομένης, τὴν αὐτῶν ἀκυρώσαντες, τὴν ἑτέρων ἔστησαν ὑπὲρ τῶν οἰκείων βουλευόμενοι παίδων. Μὴ τοίνυν μηδὲ πρὸς μᾶς δυσχερῶς ἐχέτωσαν, εἰ λέγοιμεν τὸ συμφέρον αὐτοῖς εἰδέναι μᾶλλον· ἀλλ´ εἰ μὴ διὰ τῶν λόγων ἀποδείξαιμεν, τότε κατηγορεῖν, τότε διαβάλλειν ὡς ἀλαζόνας ὄντας καὶ λυμεῶνας καὶ τῆς φύσεως ἁπάσης ἐχθρούς.

Traduction française :

[2,1] Oui, ce que l’on a vu dans le livre précédent est bien propre à causer de l’étonnement et de l’effroi, et l’on est en droit de dire avec le Prophète : Le ciel a été frappé de stupeur à cette vue, la terre en a tremblé jusque dans ses profondeurs; la frayeur et l’épouvante sont venues sur la terre. (Jérém. II, 12, et V, 30) Voici ce qui me paraît le plus fâcheux: ce ne sont pas seulement des étrangers, des personnes qu’aucun lien ne rattache aux solitaires ni à leurs disciples, et complètement désintéressées dans la question, qui s’indignent et se courroucent contre les maîtres de la vie ascétique; hélas ! les proches et les parents eux-mêmes ont pris l’habitude de se laisser aller à ces coupables colères. Je n’ignore pas qu’un grand nombre s’étonnent peu de voir des parents agir ainsi; seulement ils crèvent de dépit quand ils voient des gens qui ne sont ni pères, ni amis, ni parents, ni alliés d’aucune façon, qui souvent même sont inconnus de ceux qui se vouent à la vie ascétique, se donner plus de peine et de mouvement que les parents mêmes, blâmer, attaquer, accuser avec plus de violence que personne les zélateurs de la vie monastique. Pour moi, c’est le contraire qui me semble étonnant. Pour ceux qu’aucun lien, ni de parenté ni d’amitié, n’oblige et ne retient, il n’est pas étrange qu’ils souffrent du bien d’autrui soit que l’envie les pousse, soit qu’ils trouvent dans le malheur des autres une bonne fortune pour leur propre méchanceté, sentiment regrettable sans doute et malheureux, mais trop réel et trop fréquent; mais que des pères, qui, après avoir élevé leurs enfants le mieux qu’ils ont pu, ne désirent rien tant que de les voir plus considérés et plus heureux qu’eux-mêmes, qui font tout et souffrent tout pour atteindre ce but; que ces hommes, pris tout à coup d’une sorte de vertige, changent de ton et se lamentent parce que leurs enfants se destinent à la vie ascétique : voilà ce que je trouve de plus étonnant; voilà ce qui, selon moi, suffit à prouver que tout est perdu et que la corruption est générale. On ne saurait dire que rien de semblable soit arrivé dans les siècles passés, même lorsque l’erreur étendait partout son empire. Une fois cependant quelque chose d’approchant s’est vu dans une ville grecque, mais asservie par les tyrans. Encore n’était-ce point, comme maintenant, des parents qui étaient les auteurs de ce fait étrange; les tyrans qui occupaient l’Acropole en furent seuls coupables, encore pas tous: il n’y en eut qu’un, le plus méchant de tous, qui fit venir Socrate et lui ordonna de renoncer à l’enseignement de la philosophie. Observez que celui qui se porta à cet excès était un tyran, un infidèle, un homme pervers qui cherchait, par toutes sortes de moyens, à ruiner la république, un homme qui se repaissait du malheur des autres et qui savait que rien n’est capable comme une telle mesure de bouleverser le meilleur des Etats; ici, au contraire, ce sont des fidèles, habitant des cités bien policées, voulant le bien de leurs enfants, qui osent, sans rougir, faire entendre les mêmes menaces qu’un despote à ses esclaves. La conduite de ces pères me surprend plus que celle des étrangers. Je ne m’occupe donc point de ceux-ci, c’est à ceux-là que je vais parler avec toute la douceur et la modération possible. Pères, qui avez quelque soin de vos enfants, ou plutôt qui n’en avez pas autant que vous en devriez avoir, écoutez ce que j’ai à vous dire. La première grâce que je vous demande, c’est de ne point vous offenser si je prétends connaître mieux que vous ce qui convient à vos enfants. La paternité est sans doute un titre puissant à l’affection du fils; mais pour lui donner une avantageuse et complète éducation, la paternité ni l’amour ne sauraient suffire; ce n’est pas assez d’être père pour connaître ce qu’il y a de plus utile pour son fils. La génération n’entraîne pas nécessairement cette science; l’affection paternelle ne la donne pas davantage. Les pères eux-mêmes avouent par leurs actes qu’ils ne possèdent pas cette connaissance, puisqu’ils confient leurs enfants à des maîtres, à des précepteurs, puisqu’ils prennent conseil sur le genre de vie qu’il convient de leur faire suivre. Ce qui est encore plus fort c’est que souvent, après avoir consulté, ils abandonnent leurs vues personnelles et adoptent celles des autres. Qu’ils ne s’emportent donc pas contre nous, si nous leur disons que nous connaissons mieux qu’eux ce qui convient à leurs fils; mais qu’ils attendent notre démonstration, et si elle ne les convainc pas, alors qu’ils nous accusent, qu’ils nous dénoncent comme des imposteurs, des séducteurs et des ennemis de toute la nature.





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Dernière mise à jour : 11/06/2009