HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Jean Chrysostome, A une jeune veuve (I)

Chapitre 5

  Chapitre 5

[1,5] Ἐπειδὴ δὲ ἐμνήσθην τοῦ πολέμου τούτου, ἑσμός μοι πολὺς χηρῶν ἐπέδραμεν, αἳ πολλαὶ μὲν σφόδρα ἔλαμπον ἀπὸ τῆς τῶν ἀνδρῶν τιμῆς, νῦν δὲ ἀθρόως ἅπασαι πενθήρη καὶ μέλαιναν περιθέμεναι στολὴν θρηνοῦσι τὸν ἅπαντα χρόνον. Οὐδὲ γὰρ τοῦτο αὐταῖς ὑπῆρξεν ὅπερ τῇ τιμίᾳ σου κεφαλῇ. Σὺ μὲν γάρ, θαυμασία, καὶ κείμενον ἐπὶ τῆς κλίνης εἶδες τὸν καλὸν ἐκεῖνον, καὶ ἐσχάτης ἤκουσας φωνῆς, καὶ τίνα χρὴ πρᾶξαι ὑπὲρ τῶν πραγμάτων τῆς οἰκίας ἔμαθες ἐπισκήπτοντος, καὶ διὰ τῶν διαθηκῶν ἅπασαν τοῖς πλεονέκταις καὶ συκοφάνταις ἀποτειχίζοντος ἔφοδον. Καὶ οὐ τοῦτο μόνον, ἀλλὰ καὶ νεκρῷ ἔτι κειμένῳ πολλάκις ἐπέπεσες, καὶ κατεφίλησας ὀφθαλμούς, καὶ περιεχύθης, καὶ ἐκώκυσας, καὶ προπεμφθέντα εἶδες μετὰ πολλῆς τῆς τιμῆς, καὶ τὰ πρὸς τὴν ταφὴν πάντα ἔπραξας, ὡς προσῆκον ἦν, καὶ πρὸς τὸν τάφον πολλάκις ἐρχομένη τὸν ἐκείνου παραμυθίαν ἔχεις τῆς ὀδύνης οὐ μικράν. Αὗται δὲ τούτων ἁπάντων ἐστέρηνται ἐκπέμψασαι μὲν εἰς πόλεμον ἅπασαι τοὺς αὐτῶν, ὡς πάλιν αὐτοὺς ἀποληψόμεναι, ἀντὶ δὲ ἐκείνων τὴν πικρὰν τῆς τελευτῆς αὐτῶν ἀγγελίαν δεξάμεναι. Οὐδὲ γὰρ τὰ σώματά τις αὐτῶν κομίζων ἐπανῆλθεν αὐταῖς, ἀλλὰ ῥήματα μόνον τὸν τρόπον διηγούμενος τῆς τελευτῆς. Εἰσὶ δὲ αἳ οὐδὲ ταύτης ἠξιώθησαν τῆς διηγήσεως οὐδὲ ὅπως κατέπεσον μαθεῖν ἠδυνήθησαν, ἐν πολλῷ τῷ πλήθει τῆς συμβολῆς καταχωσθέντων αὐτῶν. Καὶ τί θαυμαστὸν εἰ τῶν στρατηγῶν οὕτως ἀπέθανον οἱ πολλοί, ὅπου γε καὶ αὐτὸς βασιλεὺς εἰς κώμην τινὰ ἀπολειφθεὶς μετ´ ὀλίγων στρατιωτῶν ἐξελθεῖν μὲν καὶ ἀντιστῆναι τοῖς ἐπελθοῦσιν οὐκ ἐτόλμησε, μένων δὲ ἔνδον πῦρ ἐξαψάντων ἐκείνων συγκατεφλέχθη τοῖς ἔνδον ἅπασιν οὐκ ἀνδράσι μόνον ἀλλὰ καὶ ἵπποις καὶ τοίχοις καὶ δοκοῖς, καὶ πάντα μία γέγονε κόνις; Καὶ ταύτην οἱ μετὰ τοῦ βασιλέως ἀπελθόντες εἰς πόλεμον ἀντὶ τοῦ βασιλέως ἐπανῆλθον τῇ γυναικὶ φέροντες τὴν ἀγγελίαν. Οὐδὲν γάρ, οὐδὲν τῶν ἐν τῇ σκηνῇ γινομένων καὶ τῆς τῶν ἐαρινῶν ἀνθέων ὥρας τὰ τοῦ κόσμου λαμπρὰ διενήνοχε. Πρῶτον μὲν γὰρ πρὶν φανῆναι ἀφίπταται· ἔπειτα δὲ κἂν μικρὸν ἀναμεῖναι ἀνάσχηται χρόνον, εὐθέως εὔφθαρτα γίνεται. Τί γὰρ τῆς παρὰ τῶν πολλῶν τιμῆς καὶ δόξης οὐδαμινέστερον; Τίνα ἔχει τὸν καρπόν, ποίαν τὴν ὄνησιν; Εἰς ποῖον τέλος χρήσιμον ἀπαντᾷ; Καὶ εἴθε τοῦτο μόνον ἦν τὸ δεινόν· νυνὶ δὲ πρὸς τῷ μηδὲν ἔχειν ἀπὸ τούτου κερδαίνειν καλόν, πολλὰ λυπηρὰ καὶ ἐπιβλαβῆ φέρειν ἀναγκάζεται συνεχῶς τὴν χαλεπωτάτην ταύτην δέσποιναν ἔχων. Δέσποινα γάρ ἐστι τῶν ἐχόντων αὐτὴν καὶ ὅσῳπερ ἂν κολακεύηται παρὰ τῶν δούλων, τοσούτῳ πλέον αἴρεται κατ´ αὐτῶν καὶ σκληροτέροις αὐτοὺς κατατείνει τοῖς ἐπιτάγμασι· τοὺς δὲ διαπτύοντας αὐτὴν καὶ παρορῶντας οὐδὲ αὐτὴ λοιπὸν ἀμύνασθαι δύναιτ´ ἄν· οὕτω καὶ τυράννου καὶ θηρίου παντός ἐστι χαλεπωτέρα. μὲν γὰρ τύραννος καὶ τὸ θηρίον τιθασσεύονται διὰ θεραπείας πολλάκις, αὕτη δὲ τότε μάλιστα ἀγριαίνει ὅταν αὐτῇ πειθώμεθα, κἂν εὕρῃ τὸν ἀκουσόμενον καὶ εἰς πάντα εἴξοντα, οὐδέν ἐστιν παραιτεῖται ἐπιτάξαι λοιπόν. Ἔχει δὲ καὶ σύμμαχον ἑτέραν ἣν οὐκ ἄν τις ἁμάρτοι θυγατέρα αὐτῆς προσειπών. Ὅταν γὰρ καὶ αὕτη τραφεῖσα καὶ αὐξηθεῖσα καλῶς ῥιζωθῇ παρ´ ἡμῖν, τότε τίκτει τὴν ἀπόνοιαν, πρᾶγμα οὐχ ἧττον αὐτῆς δυνάμενον κατακρημνίσαι τὴν τῶν ἐχόντων ψυχήν. [1,5] Et puisque j'ai rappelé cette guerre, puis-je oublier la multitude des veuves qu'elle a faite? Quelques-unes reflétaient la gloire d'un illustre époux, et aujourd'hui, revêtues des couleurs du deuil, elles consument leur vie dans les larmes et la douleur; bien plus, elles se sont vu refuser ce qui vous a été accordé. Car, ô veuve admirable ! votre époux est mort dans- son lit et entre vos bras; vous avez entendu ses dernières paroles, et recueilli les avis qu'il vous donnait sur l'administration de vos affaires domestiques, en même temps que par un testament régulier il fermait la porte aux procès et aux chicanes. Ajoutez encore que vous avez pu embrasser ses restes inanimés, lui fermer les yeux, vous rassasier de pleurs et de baisers, et qu'il vous a été donné de l'honorer par de magnifiques funérailles, en sorte que vous avez rempli à son égard tous vos devoirs d'épouse; enfin il vous est permis de visiter sa tombe, et les pleurs dont vous l'arrosez ne sont pas sans quelque consolation. Mais ces veuves infortunées n'en connaissent aucune; elles ont envoyé des époux affronter les périls de la guerre, espérant qu'elles les verraient revenir couverts de gloire, et elles n'ont reçu que l'affreuse nouvelle de leur mort; les restes mortels de ceux qu'elles aimaient n'ont pas même été rapportés, et elles n'ont recueilli que le récit de leurs trépas. Il y en a même qui n'ont point obtenu cette triste consolation, et qui, ignorant tous les détails de la mort de leurs maris, savent seulement qu'ils sont restés ensevelis sous des monceaux de cadavres. Et, doit-on s'étonner que plusieurs généraux aient ainsi péri, lorsque l'empereur lui-même, renfermé, avec quelques soldats, dans un village dont il n'osait sortir pour repousser les Barbares, y fut brûlé vif ainsi que tous ses compagnons ; cavaliers et chevaux, charpentes et murailles des maisons, l'incendie dévora tout, réduisit tout en cendres. Telle fut l'affreuse nouvelle que ceux qui avaient suivi l'empereur rapportèrent à sa veuve, au lieu de lui ramener un époux vainqueur et triomphant. Toutes les splendeurs du monde s'évanouissent donc comme l'éclat des fleurs printanières, comme une décoration de théâtre : elles n'ont pas encore paru que déjà elles se sont évanouies; ou si elles subsistent quelques instants, c'est pour se hâter vers un lugubre dénouement. Quoi de plus vain que l'honneur du monde, que la gloire qui vient des hommes ? Quel fruit et quel avantage peut-on en recueillir? Quelle en est la fin utile? Et plût à Dieu que la gloire du monde ne fût que frivole et inutile ! Mais stérile pour le bien, elle est féconde pour le mal; et elle multiplie l'épreuve et la tribulation sous les pas de quiconque se soumet à son tyrannique empire. Oui, elle est une maîtresse cruelle qui ne reconnaît les respectueux hommages de ses esclaves qu'en aggravant le joug de leur servitude, tandis qu'elle est impuissante à se venger de nos dédains et de nos mépris. C'est pourquoi je n'hésite point à dire que la gloire est plus farouche qu'un tyran inflexible et qu'un animal féroce. Ceux-ci s'apprivoisent souvent par les caresses; mais celle-là s'en irrite; et la plus obséquieuse obéissance ne la rend que plus dure et plus exigeante; elle a aussi pour compagne une passion que l'on pourrait nommer sa fille. Et en effet lorsque notre coupable coopération lui a permis de jeter dans nous de profondes racines, elle enfante l'orgueil; la fille n'est pas moins cruelle que la mère, et toutes deux ravagent le coeur de l'homme.


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Dernière mise à jour : 15/04/2009