[1,2] Ἵνα δὲ μὴ συνεχῶς τοῦτο λεγόμενον τὸ ὄνομα στρέφῃ
σου τὴν ψυχὴν καὶ συγχέῃ τὸν λογισμὸν ἐν αὐτῷ τῆς ἡλικίας
τῷ ἄνθει ἐπελθόν, ὑπὲρ τούτου διαλεχθῆναι βούλομαι πρῶτον
καὶ δεῖξαι ὅτι οὐ συμφορᾶς, ἀλλὰ τιμῆς ἐστιν ὄνομα, τὸ τῆς
χηρείας ὄνομα, καὶ τιμῆς τῆς μεγίστης. Μὴ γάρ μοι τὴν τῶν
πολλῶν δόξαν τὴν πεπλανημένην εἰς μαρτυρίαν ἀγάγῃς, ἀλλὰ
τοῦ μακαρίου Παύλου, μᾶλλον δὲ τοῦ Χριστοῦ τὴν νομοθεσίαν.
Ἃ γὰρ ἐκεῖνος ἐφθέγγετο, ταῦτα ὁ Χριστὸς ἐλάλει δι´
αὐτοῦ, καθὼς καὶ αὐτὸς ἔλεγεν· »Εἰ δοκιμὴν ζητεῖτε τοῦ ἐν
ἐμοὶ λαλοῦντος Χριστοῦ;« Τί οὖν φησι; »Χήρα καταλεγέσθω
μὴ ἔλαττον ἐτῶν ἑξήκοντα γεγονυῖα«· καὶ πάλιν·
»Νεωτέρας δὲ χήρας παραιτοῦ«· δι´ ἀμφοτέρων τοῦ πράγματος
ἡμῖν τὸ μέγεθος παραστῆσαι βουλόμενος. Καὶ περὶ μὲν
ἐπισκόπων διαταττόμενος οὐδαμοῦ τίθησιν ἐτῶν ἀριθμόν,
ἐνταῦθα δὲ πολλὴν ποιεῖται τὴν ἀκρίβειαν. Τί δήποτε; Οὐχ
ὅτι ἡ χηρεία μείζων ἱερωσύνης ἐστίν, ἀλλ´ ὅτι μείζονα αὗται
πόνον ἐκείνων ἔχουσι, πραγμάτων αὐτὰς πολλῶν πολλαχόθεν
περιρρεόντων δημοσίων καὶ ἰδιωτικῶν. Καθάπερ γὰρ πόλις
ἀτείχιστος εἰς μέσον ἅπασι τοῖς βουλομένοις ἁρπάζειν πρόκειται,
οὕτω καὶ κόρη χηρείᾳ συζῶσα πολλοὺς ἔχει πανταχόθεν
τοὺς ἐπιβουλεύοντας, οὐ τοὺς τῶν χρημάτων αὐτῆς ἐφιεμένους
μόνον, ἀλλὰ καὶ τοὺς τὴν σωφροσύνην αὐτῆς διαφθεῖραι σπεύδοντας.
Καὶ οὐ ταύτας μόνον, ἀλλὰ καὶ ἑτέρας πρὸς τὸ πεσεῖν
αὐτὴν ἀφορμὰς προσγινομένας εὑρήσομεν. Καὶ γὰρ οἰκέται
καταφρονοῦντες, καὶ πράγματα ἀμελούμενα, καὶ τὸ μηκέτι ἐν
τῇ προτέρᾳ εἶναι τιμῇ, καὶ τὸ τὰς ὁμήλικας εὖ πραττούσας
ὁρᾶν, πολλάκις δὲ καὶ τὸ τρυφῆς ἐπιθυμεῖν, δευτέροις αὐτὰς
ἔπεισεν ὁμιλῆσαι γάμοις.
Εἰσὶ δὲ αἳ νόμῳ μὲν γάμου οὐκ ἐθέλουσι συγγενέσθαι τοῖς
ἀνδράσι, λάθρα δὲ καὶ μετὰ τοῦ κρύπτεσθαι. Τοῦτο δὲ ποιοῦσιν
ἵνα τὰ ἐγκώμια τῆς χηρείας καρπώσωνται· οὕτως οὐκ ἐπονείδιστον,
ἀλλὰ θαυμαστὸν καὶ τιμῆς ἄξιον τὸ πρᾶγμα παρὰ
ἀνθρώποις εἶναι δοκεῖ, οὐ παρ´ ἡμῖν μόνον τοῖς πιστοῖς ἀλλὰ
καὶ τοῖς ἀπίστοις αὐτοῖς. Καὶ γὰρ ἐγώ ποτε νέος ἔτι ὤν, τὸν
σοφιστὴν τὸν ἐμὸν—πάντων δὲ ἀνδρῶν δεισιδαιμονέστερος
ἐκεῖνος ἦν—οἶδα ἐπὶ πολλῶν τὴν μητέρα τὴν ἐμὴν θαυμάζοντα.
Τῶν γὰρ παρακαθημένων αὐτῷ πυνθανόμενος, οἷα εἴωθε,
τίνος εἴην ἐγώ, καί τινος εἰπόντος ὅτι χήρας γυναικός,
ἐμάνθανε παρ´ ἐμοῦ τήν τε ἡλικίαν τῆς μητρὸς καὶ τῆς χηρείας
τὸν χρόνον. Ὡς δὲ εἶπον, ὅτι ἐτῶν τεσσαράκοντα γεγονυῖα
εἴκοσιν ἔχει λοιπὸν ἐξ οὗ τὸν πατέρα ἀπέβαλε τὸν ἐμόν,
ἐξεπλάγη καὶ ἀνεβόησε μέγα, καὶ πρὸς τοὺς παρόντας ἰδών·
»Βαβαί, ἔφη, οἷαι παρὰ Χριστιανοῖς γυναῖκές εἰσι.«
Τοσούτου οὐ παρ´ ἡμῖν μόνον ἀλλὰ καὶ παρὰ τοῖς ἔξωθεν
τὸ πρᾶγμα ἀπολαύει τοῦ θαύματος καὶ ἐπαίνου.
Ἅπερ ἅπαντα συνιδὼν ὁ μακάριος Παῦλος ἔλεγε· »Χήρα
καταλεγέσθω μὴ ἔλαττον ἐτῶν ἑξήκοντα γεγονυῖα.« Καὶ
οὐδὲ μετὰ τὴν τοσαύτην τῶν χρόνων μαρτυρίαν ἀφίησιν αὐτὴν
εἰς τὸν ἅγιον τοῦτον ταγῆναι χορόν, ἀλλὰ καὶ ἕτερα προστίθησι
λέγων· »Ἐν ἔργοις ἀγαθοῖς μαρτυρουμένη, εἰ ἐτεκνοτρόφησεν, εἰ ἐξενοδόχησεν, εἰ ἁγίων πόδας ἔνιψεν, εἰ θλιβομένοις
ἐπήρκεσεν, εἰ παντὶ ἔργῳ ἀγαθῷ ἐπηκολούθησε.« Βαβαὶ τῆς
δοκιμασίας καὶ τῆς βασάνου, ὅσην παρὰ τῆς χήρας ἀπαιτεῖ
τὴν ἀρετὴν καὶ πῶς ἀκριβολογεῖται. Οὐκ ἂν τοῦτο ποιήσας
εἰ μὴ πρᾶγμα τίμιον καὶ σεμνὸν ἔμελλεν ἐμπιστεύειν αὐτῇ.
Καί· »Νεωτέρας δέ, φησί, χήρας παραιτοῦ.« Εἶτα καὶ
τὴν αἰτίαν προστίθησιν· »Ὅταν γὰρ καταστρηνιάσωσι τοῦ
Χριστοῦ, γαμεῖν θέλουσι.« Διὰ τούτου γὰρ ἡμῖν τοῦ ῥήματος
αἰνίττεται, ὅτι αἱ τοὺς ἄνδρας ἀποβαλοῦσαι ἀντ´ ἐκείνων
ἁρμόττονται τῷ Χριστῷ. Εἶτα δεικνὺς τὴν ἁρμονίαν ταύτην
πρᾶον οὖσαν καὶ ἐπιεικῆ, τοῦτο τίθησιν εἰπών· »Ὅταν γὰρ
καταστρηνιάσωσι τοῦ Χριστοῦ, γαμεῖν θέλουσι«, καθάπερ
τινὸς ἀνδρὸς ἐπιεικοῦς καὶ οὐ μετ´ ἐξουσίας αὐταῖς κεχρημένου,
ἀλλ´ ἐῶντος ἐν ἐλευθερίᾳ ζῆν. Καὶ οὐδὲ μέχρι τούτων
τὸν λόγον ἔστησεν, ἀλλὰ καὶ ἑτέρωθι πάλιν πολλὴν ὑπὲρ αὐτῆς
τὴν φροντίδα πεποίηται λέγων· »Ἡ δὲ σπαταλῶσα ζῶσα
τέθνηκεν· ἡ δὲ ὄντως χήρα καὶ μεμονωμένη ἤλπισεν ἐπὶ τὸν
Θεόν, καὶ προσμένει ταῖς δεήσεσι καὶ ταῖς προσευχαῖς
ἡμέρας καὶ νυκτός.« Καὶ Κορινθίοις ἐπιστέλλων φησί·
»Μακαριωτέρα δ´ ἐστὶν ἐὰν οὕτως μείνῃ.«
Εἶδες ὅσα τῆς χηρείας τὰ ἐγκώμια, καὶ ταῦτα ἐν τῇ Καινῇ,
ὅτε καὶ τὸ τῆς παρθενίας διέλαμψε καλόν; ἀλλ´ ὅμως οὐδὲ
τότε τὰς μαρμαρυγὰς αὐτῆς ἀποκρύψαι ἴσχυσεν ἡ ταύτης
φαιδρότης, ἀλλὰ διαλάμπει καὶ οὕτως τὴν οἰκείαν ἔχουσα
ἀρετήν. Ὅταν οὖν μνημονεύωμεν μεταξὺ χηρείας, μὴ καταπέσῃς,
μηδὲ ὄνειδος τὸ πρᾶγμα νόμιζε· εἰ γὰρ τοῦτο ἐπονείδιστον,
πολλῷ μᾶλλον ἡ παρθενία. Ἀλλ´ οὐκ ἔστιν, οὐκ ἔστι,
μὴ γένοιτο. Ὅπου γὰρ τὰς ἔτι περιόντων ἀπεχομένας τῶν
ἀνδρῶν θαυμάζομεν ἅπαντες καὶ ἀποδεχόμεθα, τὰς καὶ
ἀπελθόντων αὐτῶν τὴν αὐτὴν περὶ αὐτοὺς ἐπιδεικνυμένας εὔνοιαν,
πῶς οὐκ ἐκπλήττεσθαι δεῖ καὶ ἐπαινεῖν;
| [1,2] Je viens de prononcer le nom de veuve, je vais être obligé de le répéter souvent; ce
nom, qui est devenu le vôtre à la fleur de votre âge, si je ne vous l'expliquais pas,
bouleverserait votre âme et troublerait votre raison en vous rappelant sans cesse la perte
cruelle que vous venez de faire. Je vais donc vous montrer que ce nom signifie non pas
malheur, mais honneur, honneur très grand. Cette opinion n'est point celle du vulgaire, je le
reconnais, mais elle est celle de saint Paul, ou plutôt de Jésus-Christ lui-même qui parle par la
bouche de saint Paul, comme le prouvent ces paroles : Voulez-vous, nous dit l'Apôtre,
éprouver la puissance de Jésus-Christ qui parle par ma bouche? (II Cor. XIX. 3) Qu'écrit-il
donc à son disciple Timothée ? Parmi les veuves n'admettez personne qui ait moins de
soixante ans; et: Refusez les jeunes veuves. (I Tim. V, 9, 11) Cette double recommandation
nous fait connaître toute la sublimité de cet état. En effet, le même apôtre qui ne fixe aucun
âge pour l'épiscopat, marque soigneusement celui qu'il exige pour l'élection des veuves. Est-ce
qu'il les considère comme supérieures à l'évêque ? Nullement mais c'est qu'il n'ignore pas
que leur état est plus pénible que l'épiscopat lui-même, parce qu'il les expose au dedans et au
dehors à mille embarras et mille difficultés : car si une ville tout ouverte est exposée aux
attaques et au pillage de l'ennemi, une jeune veuve est assiégée de gens qui s'efforcent de lui
ravir ses biens et même son honneur.
Ces occasions de chute ne sont pas les seules qu'elle rencontre. Souvent, en effet,
l'insubordination de ses domestiques, le mauvais état de ses affaires, le souvenir de l'existence
brillante qu'elle a perdue, la vue du bonheur dont jouissent les femmes de son âge, enfin le
goût du monde et de ses plaisirs l'amènent à contracter un second mariage. Il en est même
plusieurs qui, en dehors d'une légitime union, entretiennent secrètement des rapports
coupables, et savent ainsi se conserver l'honneur et la gloire de la viduité. Cet état n'a donc
rien que d'honorable parmi les hommes; et s'il mérite les louanges des chrétiens, il n'excite pas
moins l'étonnement des infidèles. Je me souviens que dans ma jeunesse, mon professeur,
quoique païen, fit publiquement à ce sujet l'éloge de ma mère. Un jour qu'il avait, selon sa
coutume, adressé quelques questions à mes condisciples sur ma personne et sur ma famille, on
lui apprit que j'étais le fils d'une veuve. Il me demanda quel était l'âge de ma mère, et depuis
combien de temps elle était veuve. Je lui répondis qu'elle avait quarante ans, et qu'il y en avait
vingt qu'elle avait perdu mon père. Il en fut stupéfait, et se tournant vers les assistants, il
s'écria avec force: Oh! quelles femmes chez les chrétiens! Tant la viduité excite l'admiration et
obtient l'estime des païens comme des chrétiens?
L'Apôtre n'ignorait donc ni la dignité, ni les (175) périls de cet état, lorsqu'il
recommandait à Timothée de ne pas admettre au rang des veuves celle qui aurait moins de
soixante ans. Bien plus, cette garantie de l'âge, quelque grave qu'elle soit, ne lui suffit pas; et
il pose encore les conditions suivantes : Il faut, dit-il, qu'on puisse rendre témoignage de ses
bonnes œuvres, et s'assurer si elle a bien élevé ses enfants, si elle a exercé l'hospitalité, si elle
a lavé les pieds des saints, si elle a secouru les affligés, si elle s'est appliquée à toutes les
bonnes oeuvres. (Ibid. 10) Quel examen sévère, et quelles épreuves rigoureuses ! Quelles
vertus l'Apôtre exige des veuves, et à quels détails il descend ! Certes, il ne prendrait point ces
mille précautions si le rang, auquel il les appelle, n'était un rang d'honneur et de gloire. Il dit
encore au même Timothée : Refusez les jeunes veuves; et il lui en donne cette raison :
Qu'après s'être dissipées sous l'autorité de Jésus-Christ, elles veulent se remarier. (I Tim. V,
9, 10, 11) Mais ne nous fait-il point entendre par là qu'une veuve devient l'épouse de Jésus-
Christ? Et pour montrer combien cette union est douce et légère, il dit qu'elles veulent se
remarier après s'être dissipées sous l'autorité de Jésus-Christ. Jésus-Christ agit donc envers
elles comme un époux débonnaire qui ne veut point commander sévèrement et qui leur laisse
une entière liberté.
L'Apôtre ne s'en tient pas là; voici de nouvelles marques de sollicitude et d'intérêt : La
veuve, dit-il, qui vit dans les délices, est morte, quoiqu'elle paraisse vivante; celle, au
contraire, qui est vraiment veuve et délaissée, espère en Dieu, et persévère jour et nuit dans la
prière et l'oraison. (I Tim. V, 5, 6) Dans sa première Epître aux Corinthiens, il dit encore :
Elle sera plus heureuse si elle demeure veuve. ( I Cor. VII. 40)
Quel magnifique éloge ! et cependant saint Paul écrit sous la loi nouvelle, et dans un
temps où la virginité rayonnait dans toute sa splendeur. Mais la gloire de cette vertu ne peut
obscurcir dans son esprit l'éclat de la viduité; même à côté de la virginité elle conserve son
mérite propre et sa splendeur. Quand je vous parlerai de veuvage et de viduité, ne vous
troublez donc point, comme si vous aviez à rougir d'être veuve. Si la viduité était
déshonorante, la virginité le serait bien davantage. Mais il n'en est pas ainsi, à Dieu ne plaise !
Et puisque nous louons et admirons la femme qui, du vivant de son mari, observe la
continence, pourquoi refuserions-nous nos éloges et notre admiration à la veuve qui garde à
son époux une inviolable fidélité?
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