Texte grec :
[8,6] ϛʹ. Ἀλλὰ τί λέγεις; ὅτι θλίβει σε καὶ πιέζει τοῦ σώματος
ἡ νόσος; Ἀλλ´ οὔπω τοσαῦτα πέπονθας, ὅσα ὁ
μακάριος Ἰὼβ, μᾶλλον δὲ οὐδὲ τὸ πολλοστὸν μέρος
ἐκείνου. Μετὰ γὰρ τὴν ἀθρόαν τῶν ποιμνίων καὶ
τῶν βουκολίων καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων ἀπώλειαν,
ἡρπάσθη καὶ τῶν παίδων ὁλόκληρος ὁ χορός· καὶ
πάντα ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ ἐγένετο, ἵνα μὴ ἡ φύσις τῶν πειρασμῶν
μόνον, ἀλλὰ καὶ ἡ συνέχεια καταβάλῃ τὸν
ἀθλητήν. Μετ´ ἐκεῖνα πάντα καιρίαν ἐν τῷ σώματι δεξάμενος
(p. 936) τὴν πληγὴν, σκώληκας ἑώρα πάντοθεν βρύοντας
ἀπὸ τοῦ σώματος, καὶ γυμνὸς ἐπὶ τῆς κοπρίας
ἐκάθητο, κοινὸν τοῖς παροῦσι συμφορᾶς θέατρον, ὁ δίκαιος,
ὁ ἀληθινὸς, ὁ θεοσεβὴς, ὁ ἀπεχόμενος ἀπὸ
παντὸς πονηροῦ πράγματος. Καὶ οὐδὲ μέχρι τούτων
ἔστη τὰ δεινά· ἀλλ´ ὀδύναι μεθημεριναὶ καὶ νυκτεριναὶ,
καὶ λιμός τις αὐτὸν ἐπολιόρκει ξένος καὶ
παράδοξος. Βρῶμον γὰρ, φησὶν, ὁρῶ τὰ σῖτά μου,
ὀνείδη καθημερινὰ, χλευασίαι, σκώμματα, γέλως.
Οἱ οἰκέται γάρ μου, φησὶ, καὶ οἱ υἱοὶ τῶν παλλακίδων μου
ἐπανέστησάν μοι, ἐν ἐνυπνίοις φόβοι, ζάλη
τις λογισμῶν διηνεκής. Ἀλλ´ ὅμως τούτων ἁπάντων
ἀπαλλαγὴν ἐπηγγέλλετο ἡ γυνὴ λέγουσα οὕτως,
Εἶπόν τι ῥῆμα πρὸς τὸν Κύριον, καὶ τελεύτα. Βλασφήμησον,
φησὶ, καὶ ἀπαλλαγήσῃ τῶν ἐπικειμένων
πόνων. Τί οὖν; παρέτρεψε τὸν ἅγιον ἐκεῖνον ἡ συμβουλή;
Τοὐναντίον μὲν οὖν καὶ ἐποίησε, καὶ ἐπέῤῥωσε μειζόνως αὐτὸν,
ὡς καὶ ἐπιτιμῆσαι τῇ γυναικί.
ᾙρεῖτο γὰρ μᾶλλον ὀδυνᾶσθαι καὶ ταλαιπωρεῖσθαι
καὶ μυρία πάσχειν δεινὰ, ἣ μετὰ βλασφημίας ἀπαλλαγήν
τινα τῶν τοσούτων εὑρέσθαι κακῶν. Οὕτω
καὶ ὁ τριακονταοκτὼ ἔτη ἔχων ἐν τῇ ἀσθενείᾳ αὐτοῦ
καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἔτρεχεν ἐπὶ τὴν κολυμβήθραν,
καὶ καθ´ ἕκαστον ἐξεκρούετο, καὶ θεραπείας οὐκ
ἐτύγχανεν· ἀλλ´ ἑτέρους μὲν ἑώρα καθ´ ἕκαστον
ἐνιαυτὸν ἀπαλλαττομένους διὰ τὸ πολλοὺς ἔχειν τοὺς
θεραπεύοντας, αὑτόν τε διὰ τὴν ἐρημίαν τῶν προστησομένων
ἐν διηνεκεῖ μένοντα παρέσει. Καὶ οὐδὲ
οὕτως ἔδραμεν ἐπὶ μάντεις, οὐκ ἦλθε πρὸς ἐπαοιδοὺς,
οὐκ ἐπέδησε περίαπτα, ἀλλ´ ἀνέμενε τὴν παρὰ
τοῦ Θεοῦ βοήθειαν· διὰ τοῦτο πρὸς τῷ τέλει θαυμαστῆς
τινος καὶ παραδόξου θεραπείας ἔτυχεν. Ὁ δὲ
Λάζαρος λιμῷ καὶ νόσῳ καὶ ἐρημίᾳ πάντα τὸν χρόνον
ἐπάλαισεν, οὐ τριακονταοκτὼ ἔτη ἔχων μόνον, ἀλλὰ
πᾶσαν τὴν ζωήν· οὕτω γοῦν καὶ ἐξέπνευσεν ἐν τῷ
πυλῶνι κείμενος τοῦ πλουσίου, καταφρονούμενος,
χλευαζόμενος, λιμώττων, τοῖς κυσὶ βορὰ προκείμενος.
Οὕτω γὰρ αὐτοῦ τὸ σῶμα παρεῖτο, ὡς μηδὲ
ἀποσοβεῖν δύνασθαι τοὺς κύνας ἐπιόντας καὶ τὰ τραύματα
αὐτοῦ λιχμωμένους. Ἀλλ´ ὅμως οὐκ ἐπαοιδὸν
ἐζήτησεν, οὐ πέταλα περιῆψεν, οὐ μαγγανείας ἐκίνησεν,
οὐ γόητας πρὸς ἑαυτὸν ἐκάλεσεν, οὐκ ἄλλο τι
τῶν κεκωλυμένων ἐποίησεν, ἀλλ´ εἵλετο μᾶλλον τοῖς
κακοῖς ἐναποθανεῖν ἐκείνοις, ἢ τῆς εὐσεβείας μικρόντι
προδοῦναι μέρος. Τίνα οὖν ἕξομεν συγγνώμην
ἡμεῖς, εἰ τοσαῦτα πασχόντων ἐκείνων καὶ καρτερούντων
ἢ διὰ πυρετὸν ἢ διὰ τραύματα, τρέχομεν
ἐπὶ συναγωγὰς, καὶ τοὺς φαρμακοὺς καὶ γόητας εἰς
τὰς οἰκίας καλοῦμεν τὰς ἑαυτῶν; Οὐκ ἤκουσας
τί φησιν ἡ Γραφή; Τέκνον, ἐὰν προσέρχῃ δουλεύειν Κυρίῳ,
ἑτοίμασον τὴν ψυχήν σου εἰς
πειρασμὸν, εὔθυνον τὴν καρδίαν σου, καὶ καρτέρησον·
ἐν νόσῳ καὶ πενίᾳ ἐπ´ αὐτῷ πεποιθὼς γίνου. Ὥσπερ γὰρ ἐν πυρὶ
δοκιμάζεται χρυσίον, οὕτως ἄνθρωπος δεκτὸς ἐν καμίνῳ ταπεινώσεως.
Ἂν σὺ τὸν οἰκέτην μαστίξῃς τὸν σὸν, εἶτα ἐκεῖνος
τριάκοντα ἢ πεντήκοντα λαβὼν πληγὰς, εὐθέως
ἐλευθερίαν ἀναβοήσῃ, ἢ καταλίπῃ σου τὴν δεσποτείαν,
καὶ πρὸς ἑτέρους τινὰς ἀπέλθῃ τῶν μισούντων σε,
καὶ παροξύνῃ· ἆρα δυνήσεται συγγνώμης τυχεῖν, εἰπέ μοι;
ἆρα δυνήσεται ἀπολογήσασθαί τις ὑπὲρ αὐτοῦ; Οὐδαμῶς.
Τί δήποτε; Ὅτι προσῆκον δεσπότῃ (p. 937) κολάζειν οἰκέτην.
Οὐ διὰ τοῦτο δὲ μόνον, ἀλλ´ ὅτι, εἰ καταφυγεῖν ἐχρῆν, οὐχὶ πρὸς
τοὺς ἐχθροὺς, οὐδὲ πρὸς τοὺς μισοῦντας, ἀλλὰ πρὸς τοὺς φίλους
τοὺς γνησίους ἔδει.
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Traduction française :
[8,6] Direz-vous que la maladie vous afflige et vous tourmente? Cependant vous êtes loin
d'avoir autant souffert que le bienheureux Job ; comparées à celles de ce patriarche ; on peut
le dire, vos souffrances ne sont rien. Après avoir perdu à la fois ses troupeaux de brebis et de
boeufs et tout le reste de sa fortune, il se vit encore enlever la brillante couronne d'enfants qui
ornait son existence ; et tous les maux fondirent sur sa tête en un jour, afin que, non seulement
la nature des épreuves, mais aussi leur arrivée coup sur coup abattît ce généreux athlète
du Seigneur. Ce n'est pas tout : frappé d'une horrible maladie, il vit les vers sortir de toutes les
parties de son corps, et il s'assit nu sur un fumier, spectacle public de malheur pour ceux qui
étaient présents, lui le juste, le simple, le pieux, et qui s'abstenait de toute action mauvaise. Et
ses maux ne s'arrêtèrent pas là, mais les douleurs qu'il ressentait ne lui laissèrent aucun repos
ni le jour, ni la nuit, et il fut pressé par une faim étrange, extraordinaire. Je vois, dit-il, la
puanteur devenue mon pain, la puanteur, c'est-à-dire les opprobres journaliers, les railleries,
les sarcasmes, la dérision. (Job, VI, 7.) Mes domestiques et les fils de mes concubines se sont
révoltés contre moi; jusque dans mes songes, je suis en proie à des terreurs inexprimables,
exposé à une tempête continuelle de pensées effrayantes. Cependant, sa femme lui conseillait
de se délivrer de tous ces maux, en lui parlant ainsi: Dis une parole contre Dieu, et finis-en.
(Ib. II, 9.) Blasphème, et délivre-toi des maux que tu endures. Quoi donc? ce mauvais conseil
fit-il succomber ce saint homme? Non, il produisit même leffet contraire : plus fort à ce
moment que jamais Job réprimanda sa femme. Il préférait endurer les plus grandes douleurs et
souffrir une infinité de maux, plutôt que d'obtenir par le blasphème d'être délivré de tant de
malheurs.
Considérez encore ce malade de l'Evangile qui demeura trente-huit ans dans son
infirmité; il se rendait tous les ans à la piscine, et tous les ans il se retirait sans être guéri.
Chaque année il voyait d'autres malades qui, grâce à l'assistance que leur prêtaient leurs
parents, leurs amis, obtenaient leur guérison, tandis que lui, dénué de tout secours, restait
toujours dans sa paralysie. (Jean, V.) Cependant, il n'eut pas recours aux démons, aux
enchanteurs, il n'attacha pas d'amulettes, mais il attendit le secours divin; c'est pourquoi il
obtint enfin une guérison étonnante et miraculeuse. Lazare, lutta constamment contre la faim,
la maladie et l'isolement; il ne demeura pas seulement trente-huit ans dans cet état, mais toute
sa vie : il expira même dans la situation où il est représenté dans l'Evangile, couché à la porte
du riche, méprisé, tourné en dérision, affamé et exposé à servir de pâture aux chiens. (Luc, XXI) Son corps était réduit à ce point qu'il n'avait pas la force de repousser les chiens qui
venaient lécher ses plaies. Néanmoins, il ne demanda rien aux enchanteurs, il ne suspendit
point d'amulettes à son cou, il ne recourut point aux prestiges, il n'appela point de magiciens,
il n'eut recours à aucun moyen illicite, il préféra mourir dans tous ces maux plutôt que de
trahir en quelque point, même le moins important, son devoir envers Dieu.
Quel pardon avons-nous à espérer, nous qui, loin de tout souffrir, à l'exemple de ces
hommes, plutôt que d'offenser Dieu, courons aux synagogues pour une fièvre, une blessure,
et appelons dans nos propres maisons des empoisonneurs et des magiciens. N'avez-vous pas
entendu ce que dit l'Ecriture : Mon fils, lorsque tu entreras au service du Seigneur, prépare
ton âme à la tentation, rends droit ton coeur et ne te laisse pas abattre; dans la maladie et la
pauvreté, confie-toi en lui; car, de même que l'or est éprouvé dans le feu, ainsi l'homme est
apprécié dans le creuset de l'humiliation. (Eccli. II, 1-5) Je suppose que vous fustigiez votre
serviteur, et que celui-ci, pour avoir reçu une trentaine de coups, pousse le cri de la liberté, se
dérobe à votre domination, se réfugie chez vos ennemis et les excite contre vous, lui
pardonnerez-vous, dites-moi ? quelqu'un pourra-t-il prendre sa défense? Point du tout.
Pourquoi? Parce qu'il appartient au maître de châtier son serviteur; parce que si le vôtre avait
à chercher un refuge, ce n'était pas auprès de vos ennemis et de ceux qui vous haïssent, mais
auprès de vos amis et de vos parents qu'il lui fallait se rendre.
De même vous, serviteurs de Dieu, quand vous voyez que Dieu vous châtie, ne vous
réfugiez pas auprès des Juifs, ses ennemis, de peur de l'irriter davantage, mais auprès de ses
amis, les martyrs, les saints, et de ceux qui lui ont plu et qui jouissent d'un grand crédit auprès
de lui. Mais que parlé je de serviteurs et de maîtres? Un fils, eût-il été frappé par son père, ne
devrait pas agir de la sorte, ni renier l'auteur de ses jours. Les lois de la nature, en effet, et
celles que les hommes ont établies lui ordonnent de tout supporter généreusement, quand
même il serait fustigé, exclu de la table, jeté hors de la maison et corrigé de toute autre
manière; et personne ne l'excusera s'il n'obéit et n'endure patiemment sa peine. Lors même
qu'un enfant frappé par son père, cédant à la douleur pousse des gémissements, tout le
monde lui dira : Celui qui vous a châtié est votre père et votre seigneur, il a tout pouvoir sur
vous, et de sa part votre devoir est de tout endurer patiemment. Les domestiques supportent
ou doivent supporter leurs maîtres, et les fils, leurs pères qui les châtient même souvent mal à
propos, et vous-même vous ne supporteriez pas Dieu qui vous corrige, Dieu qui est plus
Seigneur que tous les maîtres mortels, qui aime plus que n'aiment les pères, et qui ne fait rien
par colère, mais tout pour votre utilité? Et s'il vous survient quelque légère maladie, aussitôt
vous quittez la domination de votre père céleste, vous avez recours aux démons, et vous allez
en déserteur aux synagogues? Sur quel pardon pouvez-vous compter? Comment pourrez-vous
encore implorer le secours de Dieu? Bien plus, quel intercesseur, quand même il posséderait
le crédit d'un Moïse, pourra prier pour vous? Aucun. N'entendez-vous pas ce que Dieu dit des
Juifs à Jérémie : Ne prie pas pour ce peuple; quand même Moïse et Samuel se présenteraient,
je ne les exaucerais pas. (Jérém. VII, 16 et XV, 1) Ainsi certaines fautes surpassent tout
pardon et ne peuvent admettre d'excuse. N'attirons donc pas sur nous-mêmes la colère
formidable du Seigneur.
Quand même les Juifs calmeraient la fièvre par leurs enchantements, et ils ne la
calment certainement pas, mais supposé que cela soit, on y gagnerait peu, car ils jettent dans
la conscience une autre fièvre beaucoup plus fâcheuse; je veux parler du remords, cet
aiguillon d'une impitoyable raison, ce fouet d'une conscience vengeresse, du remords qui ne
vous quitte plus un seul instant, répétant sans jamais se lasser : tu es un impie, tu as commis
l'iniquité, tu as détruit le traité d'alliance qui t'unissait avec Jésus-Christ; pour une légère
infirmité, tu as trahi ton devoir. Cette infirmité, es-tu le seul qui l'ait éprouvée? D'autres
n'ont-ils pas eu à souffrir des maladies beaucoup plus graves? Pas un d'eux cependant n'a osé rien
de semblable à ce que tu as osé; mou et lâche, tu as tué ton âme. Comment te justifieras-tu
auprès de Jésus-Christ ? Comment l'invoqueras-tu dans tes prières? Avec quelle conscience
désormais entreras-tu à l'église? De quels yeux désormais verras-tu le prêtre? De quelle main
toucheras-tu au banquet sacré? De quelles oreilles entendras-tu les Ecritures qu'on lit dans
l'église?
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