HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, A Philippe (discours complet)

ταύτην



Texte grec :

[140] Ἐνθυμοῦ δ' ὅτι μάλιστα τούτους τιμῶσιν ἅπαντες καὶ θαυμάζουσιν, οἵτινες ἀμφότερα δύνανται καὶ πολιτεύεσθαι καὶ στρατηγεῖν. Ὅταν οὖν ὁρᾷς τοὺς ἐν μιᾷ πόλει ταύτην ἔχοντας τὴν φύσιν εὐδοκιμοῦντας, ποίους τινὰς χρὴ προσδοκᾶν τοὺς ἐπαίνους ἔσεσθαι τοὺς περὶ σοῦ ῥηθησομένους, ὅταν φαίνῃ ταῖς μὲν εὐεργεσίαις ἐν ἅπασι τοῖς Ἕλλησι πεπολιτευμένος, ταῖς δὲ στρατηγίαις τοὺς βαρβάρους κατεστραμμένος; (141) Ἐγὼ μὲν γὰρ ἡγοῦμαι ταῦτα πέρας ἕξειν· οὐδένα γὰρ ἄλλον ποτὲ δυνήσεσθαι μείζω πρᾶξαι τούτων· οὔτε γὰρ ἐν τοῖς Ἕλλησι γενήσεσθαι τηλικοῦτον ἔργον, ὅσον ἐστὶν τὸ πάντας ἡμᾶς ἐκ τοσούτων πολέμων ἐπὶ τὴν ὁμόνοιαν προαγαγεῖν, οὔτε τοῖς βαρβάροις εἰκός ἐστι συστῆναι τηλικαύτην δύναμιν, ἢν τὴν νῦν ὑπάρχουσαν καταλύσῃς. (142) Ὥστε τῶν μὲν ἐπιγιγνομένων οὐδ' ἤν τις τῶν ἄλλων διενέγκῃ τὴν φύσιν, οὐδὲν ἕξει ποιῆσαι τοιοῦτον. Ἀλλὰ μὴν τῶν γε προγεγενημένων ἔχω μὲν ὑπερβαλεῖν τὰς πράξεις τοῖς ἤδη διὰ σοῦ κατειργασμένοις, οὐ γλίσχρως ἀλλ' ἀληθινῶς· ὅστις γὰρ ἔθνη τοσαῦτα τυγχάνεις κατεστραμμένος ὅσας οὐδεὶς πῶποτε τῶν ἄλλων Ἑλλήνων πόλεις εἷλεν, πῶς οὐκ ἂν πρὸς ἕκαστον αὐτῶν ἀντιπαραβάλλων ῥᾳδίως ἂν ἐπέδειξα μείζω σε κἀκείνων διαπεπραγμένον; (143) Ἀλλὰ γὰρ εἱλόμην ἀποσχέσθαι τῆς τοιαύτης ἰδέας δι' ἀμφότερα, διά τε τοὺς οὐκ εὐκαίρως αὐτῇ χρωμένους καὶ διὰ τὸ μὴ βούλεσθαι ταπεινοτέρους ποιεῖν τῶν νῦν ὄντων τοὺς ἡμιθέους εἶναι νομιζομένους. (144) Ἐνθυμοῦ δ' ἵνα τι καὶ τῶν ἀρχαίων εἴπωμεν, ὅτι τὸν Ταντάλου πλοῦτον καὶ τὴν Πέλοπος ἀρχὴν καὶ τὴν Εὐρυσθέως δύναμιν οὐδεὶς ἂν οὔτε λόγων εὑρετὴς οὔτε ποιητὴς ἐπαινέσειεν, ἀλλὰ μετά γε τὴν Ἡρακλέους ὑπερβολὴν καὶ τὴν Θησέως ἀρετὴν τοὺς ἐπὶ Τροίαν στρατευσαμένους καὶ τοὺς ἐκείνοις ὁμοίους γενομένους ἅπαντες ἂν εὐλογήσειαν. (145) Καίτοι τοὺς ὀνομαστοτάτους καὶ τοὺς ἀρίστους αὐτῶν ἴσμεν ἐν μικροῖς πολιχνίοις καὶ νησυδρίοις τὰς ἀρχὰς κατασχόντας. Ἀλλ' ὅμως ἰσόθεον καὶ παρὰ πᾶσιν ὀνομαστὴν τὴν αὑτῶν δόξαν κατέλιπον· ἅπαντες γὰρ φιλοῦσιν οὐ τοὺς σφίσιν αὐτοῖς μεγίστην δυναστείαν κτησαμένους, ἀλλὰ τοὺς τοῖς Ἕλλησι πλείστων ἀγαθῶν αἰτίους γεγενημένους. (146) Οὐ μόνον δ' ἐπὶ τούτων αὐτοὺς ὄψει τὴν γνώμην ταύτην ἔχοντας, ἀλλ' ἐπὶ πάντων ὁμοίως, ἐπεὶ καὶ τὴν πόλιν ἡμῶν οὐδεὶς ἂν ἐπαινέσειεν, οὔθ' ὅτι τῆς θαλάττης ἦρξεν, οὔθ' ὅτι τοσοῦτον πλῆθος χρημάτων εἰσπράξασα τοὺς συμμάχους εἰς τὴν ἀκρόπολιν ἀνήνεγκεν ἀλλὰ μὴν οὐδ' ὅτι πολλῶν πόλεων ἐξουσίαν ἔλαβε τὰς μὲν ἀναστά τους ποιῆσαι, τὰς δ' αὐξῆσαι, τὰς δ' ὅπως ἐβουλήθη διοικῆσαι· (147) πάντα γὰρ ταῦτα παρῆν αὐτῇ πράττειν· ἀλλ' ἐκ τούτων μὲν πολλαὶ κατηγορίαι κατ' αὐτῆς γεγόνασιν, ἐκ δὲ τῆς Μαραθῶνι μάχης καὶ τῆς ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίας, καὶ μάλισθ' ὅτι τὴν αὑτῶν ἐξέλιπον ὑπὲρ τῆς τῶν Ἑλλήνων σωτηρίας, ἅπαντες ἐγκωμιάζουσιν. (148) Τὴν αὐτὴν δὲ γνώμην καὶ περὶ Λακεδαιμονίων ἔχουσιν· καὶ γὰρ ἐκείνων μᾶλλον ἄγανται τὴν ἧτταν τὴν ἐν Θερμοπύλαις ἢ τὰς ἄλλας νίκας, καὶ τὸ τρόπαιον τὸ μὲν κατ' ἐκείνων ὑπὸ τῶν βαρβάρων σταθὲν ἀγαπῶσι καὶ θεωροῦσιν τὰ δ' ὑπὸ Λακεδαιμονίων κατὰ τῶν ἄλλων οὐκ ἐπαινοῦσιν, ἀλλ' ἀηδῶς ὁρῶσιν· ἡγοῦνται γὰρ τὸ μὲν ἀρετῆς εἶναι σημεῖον, τὰ δὲ πλεονεξίας. (149) Ταῦτ' οὖν ἐξετάσας ἅπαντα καὶ διελθὼν πρὸς αὑτὸν, ἢν μέν τι τῶν εἰρημένων ᾖ μαλακώτερον ἢ καταδεέστερον, αἰτιῶ τὴν ἡλικίαν τὴν ἐμὴν ᾗ δικαίως ἂν ἅπαντες συγγνώμην ἔχοιεν· ἢν δ' ὅμοια τοῖς πρότερον διαδεδομένοις, νομίζειν αὐτὰ χρὴ μὴ τὸ γῆρας τοὐμὸν εὑρεῖν ἀλλὰ τὸ δαιμόνιον ὑποβαλεῖν, οὐκ ἐμοῦ φροντίζον, ἀλλὰ τῆς Ἑλλάδος κηδόμενον καὶ βουλόμενον ταύτην τε τῶν κακῶν ἀπαλλάξαι τῶν παρόντων καὶ σοὶ πολὺ μείζω περιθεῖναι δόξαν τῆς νῦν ὑπαρχούσης.

Traduction française :

[140] Songez encore qu’on a la plus haute estime pour ceux qui savent à la fois gouverner les états et commander les armées. Or, si on vante le mérite des citoyens qui, dans une seule ville, se distinguent par un génie également propre aux affaires et aux combats, quels éloges ne s’empressera-t-on pas de vous donner lorsqu’on vous verra conduire tous les Grecs par vos bienfaits, et subjuguer les Barbares par vos armes? (141) Pour moi, il me semble que par là vous arriverez au faîte de la gloire, et que les races futures ne pourront rien produire de plus grand que ce que vous aurez exécuté. En effet, il n’y eut jamais parmi les Grecs d’entreprise plus importante que d’amener à la concorde tous les peuples de la Grèce, qu’il paraissait impossible de réunir; et il n’est pas probable que, si vous détruisez aujourd’hui la puissance des Barbares, il s’en forme par la suite une pareille. (142) Aucun de ceux qui vous suivront ne pourra donc égaler vos exploits, quelle que soit la supériorité de son génie; quant à ceux qui ont précédé, ne pourrais-je pas dire, avec vérité et sans flatterie, que vous les effacez dès à présent? Et, puisque vous avez soumis plus de nations qu’aucun Grec n’a jamais pris de villes, en vous comparant à nos anciens héros, je montrerais sans peine que vous vous êtes signalé par des faits plus éclatants. (143) Mais dans ce discours je me suis interdit les louanges, et parce que beaucoup d’orateurs en abusent, et parce que je ne veux pas relever les héros de mon siècle aux dépens des demi-dieux. (144) Considérez aussi, en remontant aux âges les plus reculés, que ni poète ni orateur ne voudrait prodiguer ses éloges ni aux richesses de Tantale, ni au vaste empire de Pélops; ni à la puissance d’Eurysthée. Mais, après Hercule et Thésée, qui se sont illustrés par une vertu rare et par un courage sublime, tous s’empresseraient de louer les guerriers de Troie et ceux qui leur ressemblent. (145) Les plus fameux de ces héros n’ont régné que dans des villes modiques et dans des îles étroites, et cependant ils ont rempli toute la terre de la célébrité de leur nom. Car, sans doute, ce ne sont pas ceux d’entre eux qui se sont acquis à eux-mêmes une grande puissance, que l’on chérit davantage, mais ceux qui ont rendu à la Grèce les plus signalés services. (146) Et ce n’est pas seulement pour les héros de Troie qu’on est ainsi disposé, mais pour tous les Grecs qui ont marché sur leurs traces. Par exemple si on vante notre république, ce n’est point pour avoir acquis l’empire des mers, enrichi son trésor des contributions des alliés, détruit, agrandi ou gouverné à son gré les peuples de sa domination; ces avantages, dont nous avons joui autrefois; ne nous ont attiré que des reproches. (147) Mais ce que toute la terre admire en nous, ce sont les batailles de Marathon et de Salamine, et principalement le généreux abandon que nous avons fait de notre ville pour le salut de la Grèce. (148) C’est d’après la même règle qu’on juge les Lacédémoniens. Leur défaite aux Thermopyles est plus célébrée que toutes leurs victoires: on contemple avec un sentiment d’admiration et d’amour le trophée érigé contre eux par les Barbares, tandis que ceux qu’ils ont érigés eux-mêmes contre les Grecs, on ne peut les voir sans gémir. L’un est pour nous le témoignage de la valeur, les autres ne sont qu’un monument d’ambition. (149) Voilà, prince, les réflexions que j’avais à vous communiquer : examinez-les toutes en vous-même, et pesez chacune d’elles. Si vous trouvez dans ce discours quelque endroit faible et languissant, ayez égard à mon âge, qui réclame l’indulgence. Si vous y voyez des traits dignes de mes autres écrits, ne pensez pas qu’ils soient la production de ma vieillesse, mais plutôt l’inspiration d’une divinité moins attentive à ma gloire qu’au bonheur de la Grèce, d’une divinité qui voudrait nous affranchir des maux sous lesquels nous gémissons, et porter notre renommée à son comble.





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Dernière mise à jour : 5/04/2007