HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

οἱ



Texte grec :

[150] Ἐγὼ δὲ κἀκείνου τότε ταῦτα λέγοντος καὶ νῦν ἡγοῦμαι πάντων ἀνθρώπων ἀτοπωτάτους εἶναι καὶ σχετλιωτάτους, οἵτινες βαρέως ἂν ἀκούοιεν εἰ λειτουργοῦντα μὲν ἐμαυτὸν τῇ πόλει παρέχω καὶ ποιοῦντα τὸ προσταττόμενον, μηδὲν δὲ δέομαι μήτε κληροῦσθαι τῶν ἀρχῶν ἕνεκα, μήτε λαμβάνειν ἃ τοῖς ἄλλοις ἡ πόλις δίδωσι, μήτ' αὖ φεύγειν δίκας μήτε διώκειν. (151) Ταῦτα γὰρ συνεταξάμην οὐ διὰ πλοῦτον οὐδὲ δι' ὑπερηφανίαν, οὐδὲ καταφρονῶν τῶν μὴ τὸν αὐτὸν τρόπον ἐμοὶ ζώντων, ἀλλὰ τὴν μὲν ἡσυχίαν καὶ τὴν ἀπραγμοσύνην ἀγαπῶν, μάλιστα δ' ὁρῶν τοὺς τοιούτους καὶ παρ' ὑμῖν καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις εὐδοκιμοῦντας, ἔπειτα τὸν βίον ἡδίω νομίσας εἶναι τοῦτον ἢ τὸν τῶν πολλὰ πραττόντων, ἔτι δὲ ταῖς διατριβαῖς ταῖς ἐμαῖς πρεπωδέστερον, αἷς ἐξ ἀρχῆς κατεστησάμην. (152) Τούτων μὲν ἕνεκα τοῦτον τὸν τρόπον ζῆν προειλόμην· τῶν δὲ λημμάτων τῶν παρὰ τῆς πόλεως ἀπεσχόμην δεινὸν ἡγησάμενος, εἰ δυνάμενος ἐκ τῶν ἰδίων τρέφειν ἐμαυτὸν ἐμποδών τῳ γενήσομαι τῶν ἐντεῦθεν ζῆν ἠναγκασμένων, καὶ διὰ τὴν ἐμὴν παρουσίαν ἐνδεής τις γενήσεται τῶν ἀναγκαίων. Ὑπὲρ ὧν ἐπαίνου τυγχάνειν ἄξιος ἦν μᾶλλον ἢ διαβολῆς. (153) Νῦν δ' εἰς πολλὴν ἀπορίαν καθέστηκα, τί δρῶν ἀρέσαι δυνηθείην ἂν τοῖς τοιούτοις. Εἰ γὰρ ἅπαντα τὸν χρόνον ἔργον ποιούμενος ὅπως μηδένα μήτ' ἀδικήσω μήτ' ἐνοχλήσω μήτε λυπήσω, δι' αὐτὰ ταῦτα λυπῶ τινας, τί ποιῶν ἂν χαριζοίμην; Ἢ τί λοιπόν ἐστι πλὴν ἐμὲ μὲν ἀτυχῆ, τοὺς δὲ τοιούτους ἀμαθεῖς δοκεῖν εἶναι καὶ δυσκόλους τοῖς συμπολιτευομένοις; (154) Πρὸς μὲν οὖν τοὺς μηδὲν τῶν αὐτῶν τοῖς ἄλλοις γιγνώσκοντας, ἀλλὰ χαλεπωτέρους ὄντας τοῖς μὴ κακῶς πράττουσιν ἢ τοῖς ἀδικοῦσι, μωρόν ἐστιν ἀπολογίαν ζητεῖν· ὅσω γὰρ ἄν τις ἐπιεικέστερον αὑτὸν ἐπιδείξῃ, δῆλον ὅτι τοσούτω χεῖρον ἀγωνιεῖται παρ' αὐτοῖς· πρὸς δὲ τοὺς ἄλλους, περὶ ὧν Λυσίμαχος διέβαλεν, ὡς παμπληθῆ κεκτήμεθα τὴν οὐσίαν, ἀναγκαῖόν ἐστιν εἰπεῖν, ἵνα μὴ πιστευθεὶς ὁ λόγος εἰς μείζους καὶ πλείους ἡμᾶς ἐμβάλῃ λειτουργίας ὧν ὑπενεγκεῖν ἂν δυνηθεῖμεν. (155) Ὅλως μὲν οὖν οὐδεὶς εὑρεθήσεται τῶν καλουμένων σοφιστῶν πολλὰ χρήματα συλλεξάμενος, ἀλλ' οἱ μὲν ἐν ὀλίγοις οἱ δ' ἐν πάνυ μετρίοις τὸν βίον διαγαγόντες· ὁ δὲ πλεῖστα κτησάμενος ὦν ἡμεῖς μνημονεύομεν, Γοργίας ὁ Λεοντῖνος, οὗτος διατρίψας μὲν περὶ Θετταλίαν, ὅτ' εὐδαιμονέστατοι τῶν Ἑλλήνων ἦσαν, πλεῖστον δὲ χρόνον βιοὺς καὶ περὶ τὸν χρηματισμὸν τοῦτον γενόμενος, (156) πόλιν δ' οὐδεμίαν καταπαγίως οἰκήσας οὐδὲ περὶ τὰ κοινὰ δαπανηθεὶς οὐδ' εἰσφορὰν εἰσενεγκεῖν ἀναγκασθείς, ἔτι δὲ πρὸς τούτοις οὔτε γυναῖκα γήμας οὔτε παῖδας ποιησάμενος, ἀλλ' ἀτελὴς γενόμενος καὶ ταύτης τῆς λειτουργίας τῆς ἐνδελεχεστάτης καὶ πολυτελεστάτης, τοσοῦτον προλαβὼν πρὸς τὸ πλείω κτήσασθαι τῶν ἄλλων, χιλίους μόνους στατῆρας κατέλιπε. (157) Καί τοι χρὴ περὶ τῆς οὐσίας τῆς ἀλλήλων μὴ τοῖς αἰτιωμένοις εἰκῇ πιστεύειν, μηδὲ τὰς ἐργασίας ἴσας νομίζειν τάς τε τῶν σοφιστῶν καὶ τὰς τῶν ὑποκριτῶν, ἀλλὰ τοὺς ἐν ταῖς αὐταῖς τέχναις ὄντας πρὸς ἀλλήλους κρίνειν, καὶ τοὺς ὁμοίαν ἐν ἑκάστῃ δύναμιν λαβόντας παραπλησίαν καὶ τὴν οὐσίαν ἔχειν νομίζειν. (158) Ἢν οὖν ἐξισώσητέ με τῷ πλεῖστον ἐξειργασμένῳ καὶ θῆτε πρὸς ἐκεῖνον, οὔθ' ὑμεῖς παντάπασιν ἀσκέπτως εἰκάζειν δόξετε περὶ τῶν τοιούτων, οὔθ' ἡμεῖς εὑρεθεῖμεν ἂν οὔτε τὰ περὶ τὴν πόλιν οὔτε τὰ περὶ ἡμᾶς αὐτοὺς κακῶς διῳκηκότες, ἀλλ' ἀπ' ἐλαττόνων ζῶντες ὧν εἰς τὰς λειτουργίας ἀνηλώκαμεν. Καί τοι τοὺς εὐτελεστέρους ἐν τοῖς ἰδίοις ἢ τοῖς κοινοῖς ὄντας δίκαιόν ἐστιν ἐπαινεῖν. (159) Ἐνθυμοῦμαι δὲ μεταξὺ λέγων, ὅσον τὰ τῆς πόλεως μεταπέπτωκε, καὶ τὰς διανοίας ὡς οὐδὲν ὁμοίας περὶ τῶν πραγμάτων οἱ νῦν τοῖς πρότερον πεπολιτευμένοις ἔχουσιν. Ὅτε μὲν γὰρ ἐγὼ παῖς ἦν, οὕτως ἐνομίζετο τὸ πλουτεῖν ἀσφαλὲς εἶναι καὶ σεμνὸν ὥστ' ὀλίγου δεῖν πάντες προσεποιοῦντο πλείω κεκτῆσθαι τὴν οὐσίαν ἧς ἔχοντες ἐτύγχανον,

Traduction française :

[150] Pendant que mon interlocuteur parlait ainsi, je pensais, et je pense encore, que les plus absurdes des hommes et les plus dignes de mépris pouvaient seuls m'entendre avec défaveur, lorsque je me présentais moi-même comme un citoyen qui rendait à sa patrie les services qu'elle exigeait de lui, qui obéissait à ses ordres, et qui ne voulait, ni courir les chances du sort pour arriver aux magistratures, ni participer aux avantages accordés par l'État, ni comparaître en justice, soit pour se défendre, soit pour attaquer. (151) Et j'ai adopté cette manière de vivre, non par un sentiment d'intérêt ou d'orgueil, non par mépris pour les hommes qui vivent d'une autre manière que moi, mais parce que j'aime le repos, le loisir, et surtout parce que je vois ceux qui partagent mes sentiments jouir de votre estime et de celle des autres; enfin, parce que j'ai cru que cette existence était plus douce que celle des hommes lancés dans le mouvement des affaires, et plus en harmonie avec les habitudes que j'avais adoptées dès l'origine. (152) Voilà pour quelles raisons j'ai préféré ce genre de vie ; et je me suis abstenu d'accepter les rétributions accordées par l'État, parce que je regardais comme une mauvaise action, lorsque mes propres ressources suffisaient à mes besoins, d'empêcher ceux que la nécessité force de pourvoir ainsi à leur existence, de recevoir les secours de la République, et d'obliger, par ma présence, un de mes concitoyens à manquer du nécessaire. (153) Certes, de semblables actions me rendaient digne de louange plutôt que d'accusation ; je me trouve placé dans une grande incertitude, ne comprenant pas quel moyen je puis employer pour plaire à de tels hommes. Car si dans tous les temps, m'étant fait un devoir de ne blesser, de ne troubler, de n'affliger personne, je froisse par cela même quelques-uns d'entre eux, que pourrais-je faire pour leur être agréable? Et alors que me reste-t-il, sinon d'accepter ma disgrâce et de les considérer comme des ignorants qui haïssent leurs concitoyens? (154) 26-9. Il serait contraire à la raison d'essayer une apologie auprès de ceux qui n'ont aucun sentiment commun avec les autres, et qui éprouvent plus d'irritation contre les hommes qui ne sont pas dans l'infortune que contre ceux qui commettent des crimes, car plus un homme se montrera vertueux, plus il est évident qu'il se défendra avec défaveur devant de tels juges ; mais avec d'autres juges, et relativement à l'accusation mensongère dans laquelle Lysimaque a établi que je possédais une immense fortune, il est nécessaire que je m'explique, afin que ses assertions, considérées comme vraies, ne nous fassent pas imposer des fonctions plus onéreuses et en plus grand nombre que celles qu'il nous est possible de supporter. (155) En général, parmi les hommes que l'on désigne sous le nom de sophistes, on n'en trouvera pas un seul qui ait acquis de grandes richesses : on reconnaîtra, au contraire, que les uns ne possèdent que de faibles ressources, et que les autres passent leur vie dans un état de complète médiocrité. Celui qui s'est le plus enrichi, parmi ceux dont nous conservons la mémoire, est Gorgias le Léontin. Il habitait la Thessalie dans un temps où les Thessaliens étaient le peuple le plus riche de la Grèce ; il y passa la plus grande partie de sa vie, et se servit de son talent pour se créer une fortune. (156) N'ayant de domicile fixe dans aucune ville, il ne dépensait rien pour les charges publiques ; il n'était obligé de payer aucune taxe; de plus, n'étant pas marié et n'ayant pas eu d'enfant, il s'était ainsi trouvé exempt de cette charge la plus continue, la plus dispendieuse de toutes ; et cependant, avec de tels avantages pour acquérir plus de richesses que les autres, il n'a laissé que mille statères. (157) Il ne faut pas, d'ailleurs, en ce qui concerne la fortune des uns et des autres, donner légèrement sa confiance aux accusateurs, ni assimiler, par exemple, pour les résultats, les travaux des sophistes et ceux des comédiens; mais il faut comparer entre eux les hommes qui pratiquent des arts semblables, et croire que ceux qui sont doués de la même habileté jouissent à peu près de la même fortune. (158) Si donc, me comparant à Gorgias, qui a amassé le plus de richesses, vous me placez sur la même ligne, on ne vous accusera pas d'avoir porté, à cet égard, un jugement entièrement irréfléchi, et, d'un autre côté, on ne trouvera pas que nous ayons mal administré notre fortune, ni relativement à notre patrie, ni relativement à nous-mêmes ; car on reconnaîtra que, vivant avec des ressources minimes, nous avons supporté de grandes dépenses pour les fonctions publiques qui nous ont été imposées. Or il est juste de louer les hommes qui se montrent plus économes de leur fortune pour eux-mêmes que pour leur pays. (159) 26-10. Mais, tandis que je parle, mon esprit est frappé de l'abaissement où est tombée la République, et de la différence complète qui existe, sous le rapport des intérêts de l'État, entre les pensées des hommes qui gouvernent aujourd'hui et celles des hommes qui dirigeaient autrefois nos affaires. Dans le temps de mon enfance, la fortune était regardée comme une chose si noble et si assurée, que presque tous les citoyens cherchaient à paraître plus riches qu'ils ne l'étaient réellement,





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Dernière mise à jour : 2/10/2008