HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

οἴει



Texte grec :

[130] Ἔχει δ' οὕτως· βούλομαι γὰρ καὶ τὸν ὑπὲρ τῆς πόλεως λόγον εἰπεῖν. Εἰ μὲν ὑμεῖς πρὸς αὐτὸ τὸ δίκαιον ἀποβλέποντες σκέψεσθε περὶ τούτων, οὐκ ἔστιν ὅπως οὐ δεινὰ καὶ σχέτλια πᾶσιν εἶναι δόξει τὰ πεπραγμένα περὶ Τιμόθεον· ἢν δ' ἀναλογίσησθε τὴν ἄγνοιαν ὅσην ἔχομεν πάντες ἄνθρωποι, καὶ τοὺς φθόνους τοὺς ἐπιγιγνομένους ἡμῖν, ἔτι δὲ τὰς ταραχὰς καὶ τὴν τύρβην ἐν ᾗ ζῶμεν, οὐδὲν τούτων ἀλόγως οὐδ' ἔξω τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως εὑρεθήσεται γεγενημένον, ἀλλὰ καὶ Τιμόθεος μέρος τι συμβεβλημένος τοῦ μὴ κατὰ τρόπον γνωσθῆναι περὶ αὐτῶν. (131) Ἐκεῖνος γὰρ οὔτε μισόδημος ὢν οὔτε μισάνθρωπος οὔθ' ὑπερήφανος, οὔτ' ἄλλ' οὐδὲν ἔχων τῶν τοιούτων κακῶν, διὰ τὴν μεγαλοφροσύνην τὴν τῇ στρατηγίᾳ μὲν συμφέρουσαν, πρὸς δὲ τὰς χρείας τῶν ἀεὶ προσπιπτόντων οὐχ ἁρμόττουσαν, ἅπασιν ἔδοξεν ἔνοχος εἶναι τοῖς προειρημένοις· οὕτω γὰρ ἀφυὴς ἦν πρὸς τὴν τῶν ἀνθρώπων θεραπείαν ὥσπερ δεινὸς περὶ τὴν τῶν πραγμάτων ἐπιμέλειαν. (132) Καί τοι πολλάκις καὶ παρ' ἐμοῦ τοιούτους λόγους ἤκουσεν, ὡς χρὴ τοὺς πολιτευομένους καὶ βουλομένους ἀρέσκειν προαιρεῖσθαι μὲν τῶν τε πράξεων τὰς ὠφελιμωτάτας καὶ βελτίστας καὶ τῶν λόγων τοὺς ἀληθεστάτους καὶ δικαιοτάτους, οὐ μὴν ἀλλὰ κἀκεῖνο παρατηρεῖν καὶ σκοπεῖν, ὅπως ἐπιχαρίτως καὶ φιλανθρώπως ἅπαντα φανήσονται καὶ λέγοντες καὶ πράττοντες, ὡς οἱ τούτων ὀλιγωροῦντες ἐπαχθέστεροι καὶ βαρύτεροι δοκοῦσιν εἶναι τοῖς συμπολιτευομένοις. (133) “Ὁρᾷς δὲ τὴν φύσιν τὴν τῶν πολλῶν ὡς διάκειται πρὸς τὰς ἡδονάς, καὶ διότι μᾶλλον φιλοῦσι τοὺς πρὸς χάριν ὁμιλοῦντας ἢ τοὺς εὖ ποιοῦντας, καὶ τοὺς μετὰ φαιδρότητος καὶ φιλανθρωπίας φενακίζοντας ἢ τοὺς μετ' ὄγκου καὶ σεμνότητος ὠφελοῦντας. Ὧν οὐδέν σοι μεμέληκεν, ἀλλ' ἢν ἐπιεικῶς τῶν ἔξω πραγμάτων ἐπιμεληθῇς, οἴει σοι καὶ τοὺς ἐνθάδε πολιτευομένους καλῶς ἕξειν. (134) Τὸ δ' οὐχ οὕτως ἀλλὰ τοὐναντίον φιλεῖ συμβαίνειν. Ἢν γὰρ τούτοις ἀρέσκῃς, ἅπαν ὅ τι ἂν πράξῃς οὐ πρὸς τὴν ἀλήθειαν κρινοῦσιν ἀλλὰ πρὸς τὸ σοὶ συμφέρον ὑπολήψονται, καὶ τὰ μὲν ἁμαρτανόμενα παρόψονται, τὸ δὲ κατορθωθὲν οὐρανόμηκες ποιήσουσιν· ἡ γὰρ εὔνοια πάντας οὕτω διατίθησιν. (135) “Ἢν σὺ τῇ μὲν πόλει παρὰ τῶν ἄλλων ἐκ παντὸς τρόπου κτήσασθαι ζητεῖς, ἡγούμενος μέγιστον εἶναι τῶν ἀγαθῶν, αὐτὸς δὲ σαυτῷ παρὰ τῆς πόλεως οὐκ οἴει δεῖν τὴν αὐτὴν ταύτην παρασκευάζειν, ἀλλὰ πλείστων ἀγαθῶν αἴτιος γεγενημένος χεῖρον διάκεισαι τῶν οὐδὲν ἄξιον λόγου διαπεπραγμένων. (136) “Εἰκότως· οἱ μὲν γὰρ τοὺς ῥήτορας καὶ τοὺς ἐν τοῖς ἰδίοις συλλόγοις λογοποιεῖν δυναμένους καὶ πάντα προσποιουμένους εἰδέναι θεραπεύουσι, σὺ δ' οὐ μόνον ἀμελεῖς, ἀλλὰ καὶ πολεμεῖς τοῖς μέγιστον ἀεὶ δυναμένοις αὐτῶν. “Καί τοι πόσους οἴει διὰ τὰς τούτων ψευδολογίας τοὺς μὲν συμφοραῖς περιπεπτωκέναι, τοὺς δ' ἀτίμους εἶναι; Πόσους δὲ τῶν προγεγενημένων ἀνωνύμους εἶναι; Πολὺ σπουδαιοτέρους καὶ πλέονος ἀξίους γεγενημένους τῶν ᾀδομένων καὶ τραγῳδουμένων; (137) Ἀλλ' οἱ μέν, οἶμαι, ποιητῶν ἔτυχον καὶ λογοποιῶν, οἱ δ' οὐκ ἔσχον τοὺς ὑμνήσοντας. Ἢν οὖν ἐμοὶ πείθῃ καὶ νοῦν ἔχῃς, οὐ καταφρονήσεις τῶν ἀνδρῶν τούτων, οἷς τὸ πλῆθος εἴθισται πιστεύειν οὐ μόνον περὶ ἑνὸς ἑκάστου τῶν πολιτῶν ἀλλὰ καὶ περὶ ὅλων τῶν πραγμάτων, ἀλλ' ἐπιμέλειάν τινα ποιήσει καὶ θεραπείαν αὐτῶν, ἵν' εὐδοκιμήσῃς δι' ἀμφότερα, καὶ διὰ τὰς σαυτοῦ πράξεις καὶ διὰ τοὺς τούτων λόγους.” (138) Ταῦτα δ' ἀκούων ὀρθῶς μὲν ἔφασκέ με λέγειν, οὐ μὴν οἷός τ' ἦν τὴν φύσιν μεταβαλεῖν, ἀλλ' ἦν μὲν καλὸς κἀγαθὸς ἀνὴρ καὶ τῆς πόλεως καὶ τῆς Ἑλλάδος ἄξιος, οὐ μὴν σύμμετρός γε τοῖς τοιούτοις τῶν ἀνθρώπων, ὅσοι τοῖς ὑπὲρ αὑτοὺς πεφυκόσιν ἀχθόμενοι τυγχάνουσι. Τοιγαροῦν οἱ μὲν ῥήτορες ἔργον εἶχον αἰτίας περὶ αὐτοῦ πολλὰς καὶ ψευδεῖς πλάττειν, τὸ δὲ πλῆθος ἀποδέχεσθαι τὰς ὑπὸ τούτων λεγομένας. (139) Περὶ ὧν ἡδέως ἂν ἀπελογησάμην, εἰ καιρὸν εἶχον· οἶμαι γὰρ ἂν ὑμᾶς ἀκούσαντας μισῆσαι τούς τε προαγαγόντας τὴν πόλιν ἐπὶ τὴν ὀργὴν τὴν πρὸς ἐκεῖνον καὶ τοὺς φλαῦρόν τι περὶ αὐτοῦ λέγειν τολμῶντας. Νῦν δὲ ταῦτα μὲν ἐάσω, περὶ ἐμαυτοῦ δὲ καὶ τῶν ἐνεστώτων πραγμάτων πάλιν ποιήσομαι τοὺς λόγους.

Traduction française :

[130] Voilà les faits. Maintenant, je veux aussi parler en faveur de ma patrie. Si vous examinez ces faits en eux-mêmes, en ne considérant que la stricte équité, il est impossible que vous ne trouviez pas odieux et déplorable ce qui a eu lieu à l'égard de Timothée ; mais, si vous voulez tenir compte de l'ignorance qui est le partage de tous les hommes, des rivalités jalouses qui ont existé parmi nous, de l'état de trouble et de discorde au milieu duquel nous vivons, rien de ce qui est arrivé ne vous paraîtra en dehors de la raison et des conditions de la nature humaine ; et vous comprendrez que Timothée a lui-même contribué pour une partie à son injuste condamnation. (131) Sans éloignement pour le gouvernement populaire, sans haine pour les autres hommes, sans orgueil pour lui-même, sans aucun autre défaut de cette nature, la fierté de son caractère, cette qualité utile pour le commandement des armées, mais qui n'est pas en harmonie avec les relations habituelles de la vie civile, l'a fait paraître aux yeux de tous coupable des choses que nous avons indiquées, parce que la nature l'avait créé aussi impropre à flatter les hommes qu'habile à manier les affaires. (132) Il m'avait, cependant, plus d'une fois entendu répéter que ceux qui participent au gouvernement et qui veulent acquérir de la popularité, doivent sans doute s'attacher aux actions les meilleures et les plus utiles, aux discours les plus justes et les plus vrais, mais qu'ils doivent, en même temps, mettre leur application et employer leurs efforts pour se montrer affables et bienveillants dans leurs paroles, comme dans leurs actions, par la raison que ceux qui négligent ce soin sont regardés comme des hommes durs et blessants pour leurs concitoyens. (133) « Vous voyez, lui disais-je, ce qu'est la multitude, combien elle est entraînée par l'attrait des choses qui lui plaisent, et combien elle préfère ceux qui l'abordent pour la flatter à ceux qui la comblent de leurs bienfaits; ceux qui la trompent avec gaieté et affabilité, à ceux qui servent ses intérêts avec poids et gravité. Mais ce sont des considérations qui jamais ne vous ont touché, et, lorsque vous avez réussi ou obtenu des succès au dehors, vous croyez avoir acquis la faveur de vos concitoyens au dedans. (134) Or il n'en est pas ainsi, ou plutôt c'est le contraire qui a coutume de se produire. Si vous savez leur plaire, quelque chose que vous fassiez, ils ne la jugeront pas d'après la vérité ; ils l'interpréteront à votre avantage; ils détourneront les yeux des fautes que vous aurez pu commettre, et, si vous avez eu des succès, ils les porteront aux nues, parce que c'est ainsi que la bienveillance agit sur les hommes. (135) Ce sentiment que vous cherchez par tous les moyens possibles à obtenir des autres villes pour votre patrie dans la pensée qu'il n'existe pas de plus grand bien, vous ne croyez pas devoir le préparer pour vous-même de sa part : d'où il résulte qu'après avoir été pour elle la cause des plus grandes prospérités, vous vous trouvez moins bien placé dans son affection que des hommes qui n'ont rien fait de remarquable. (136) Et ce n'est pas sans raison : car ces hommes flattent les orateurs; ils flattent ceux qui ont le talent de parler dans les réunions particulières, et qui prétendent tout savoir; tandis que non seulement vous les négligez, mais vous attaquez les plus puissants d'entre eux. Et pourtant, quel n'est pas, dans votre opinion, le nombre de ceux qui, par suite de leurs calomnies, ont été précipités les uns dans le malheur, les autres dans l'opprobre ; tandis qu'ils étaient en réalité plus habiles, plus dignes d'estime, que ceux qui ont été chantés dans des poèmes ou célébrés dans des tragédies ! (137) Mais les uns avaient eu des poètes ou des orateurs pour faire retentir leurs louanges, et les autres n'avaient rencontré personne. Si donc vous voulez me croire et si vous écoutez la sagesse, vous ne dédaignerez pas les hommes en qui le peuple est habitué à placer sa confiance, non seulement pour ce qui touche à chaque citoyen en particulier, mais pour l'ensemble des affaires ; vous aurez pour eux des égards et des soins, afin d'obtenir une brillante renommée et par vos actions et par leurs louanges. » (138) Ayant entendu ces paroles, Timothée me répondit « que mes conseils étaient sages, mais qu'il lui était impossible de changer sa nature ; qu'il était homme de probité et d'honneur, digne de sa patrie et de la Grèce, et qu'il ne pouvait se réduire aux proportions de ceux qui ne supportent pas les hommes d'une nature supérieure à la leur. » Voilà donc pourquoi les orateurs s'attachaient à accumuler contre Timothée des accusations mensongères, et pour quelle raison le peuple admettait leurs calomnies. (139) J'éprouverais du plaisir, si le temps m'en était donné, à m'expliquer sur ce sujet; car j'ai la conviction qu'après m'avoir entendu, vous haïriez et ceux qui ont excité contre Timothée la colère du peuple, et ceux qui osent, dans leurs discours, s'élever contre lui. 26-8. Je quitte maintenant ce sujet, et de nouveau je parlerai de moi et des intérêts qui nous occupent.





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Dernière mise à jour : 2/10/2008