Texte grec :
[110] ὥσθ' ἡμᾶς μὲν ἀπ' ἐκείνης τῆς ἡμέρας
θύειν αὐτῇ καθ' ἕκαστον τὸν ἐνιαυτὸν ὡς οὐδεμιᾶς ἄλλης οὕτω τῇ πόλει
συνενεγκούσης, Λακεδαιμονίων δὲ μετ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον μηδ' ὑφ' ἑνὸς ἑωρᾶσθαι
μήτε ναυτικὸν ἐντὸς Μαλέας περιπλέον μήτε πεζὸν στρατόπεδον διὰ τοῦ Ἰσθμοῦ
πορευόμενον, ὅπερ αὐτοῖς τῆς περὶ Λεῦκτρα συμφορᾶς εὕροι τις ἂν αἴτιον γεγενημένον.
(111) Μετὰ δὲ ταύτας τὰς πράξεις ἐπὶ Σάμον στρατεύσας, ἣν Περικλῆς ὁ μεγίστην ἐπὶ
σοφίᾳ καὶ δικαιοσύνῃ καὶ σωφροσύνῃ δόξαν εἰληφὼς ἀπὸ διακοσίων νεῶν καὶ χιλίων
ταλάντων κατεπολέμησε, ταύτην οὔτε πλέον οὔτ' ἔλαττον παρ' ὑμῶν λαβὼν οὔτε παρὰ
τῶν συμμάχων ἐκλέξας, ἐν δέκα μησὶν ἐξεπολιόρκησεν ὀκτακισχιλίοις πελτασταῖς καὶ
τριήρεσι τριάκοντα, καὶ τούτοις ἅπασιν ἐκ τῆς πολεμίας τὸν μισθὸν ἀπέδωκε. (112) Καί
τοι τοιοῦτον ἔργον ἄν τις ἄλλος φανῇ πεποιηκώς, ὁμολογῶ ληρεῖν, ὅτι διαφερόντως
ἐπαινεῖν ἐπιχειρῶ τὸν οὐδὲν περιττότερον τῶν ἄλλων διαπεπραγμένον. Ἐντεῦθεν τοίνυν
ἀναπλεύσας Σηστὸν καὶ Κριθώτην ἔλαβε, καὶ τὸν ἄλλον χρόνον ἀμελουμένης
Χερρονήσου προσέχειν ὑμᾶς αὐτῇ τὸν νοῦν ἐποίησε. Τὸ δὲ τελευταῖον Ποτίδαιαν, (113)
εἰς ἣν ἡ πόλις τετρακόσια καὶ δισχίλια τάλαντα τὸ πρότερον ἀνήλωσε, ταύτην εἷλεν ἀπὸ
τῶν χρημάτων ὧν αὐτὸς ἐπόρισε καὶ τῶν συντάξεων τῶν ἀπὸ Θρᾴκης· καὶ προσέτι
Χαλκιδεῖς ἅπαντας κατεπολέμησεν. Εἰ δὲ δεῖ μὴ καθ' ἕκαστον ἀλλὰ διὰ βραχέων εἰπεῖν,
τεττάρων καὶ εἴκοσι πόλεων κυρίους ὑμᾶς ἐποίησεν ἐλάττω δαπανήσας ὧν οἱ πατέρες
ἡμῶν εἰς τὴν Μηλίων πολιορκίαν ἀνήλωσαν.
(114) Ἠβουλόμην δ' ἄν,ὥσπερ ἐξαριθμῆσαι τὰς πράξεις ῥᾴδιον γέγονεν, οὕτως
οἷόν τ' εἶναι συντόμως δηλῶσαι τοὺς καιροὺς ἐν οἷς ἕκαστα τούτων ἐπράχθη, καὶ τὰ τῆς
πόλεως ὡς εἶχε, καὶ τὴν τῶν πολεμίων δύναμιν· πολὺ γὰρ ἂν ὑμῖν αἵ τ' εὐεργεσίαι
μείζους κἀκεῖνος πλείονος ἄξιος ἔδοξεν εἶναι. Νῦν δὲ ταῦτα μὲν ἐάσω διὰ τὸ πλῆθος.
(115) Ἡγοῦμαι δ' ὑμᾶς ἡδέως ἂν ἀκοῦσαι διὰ τί ποτε τῶν μὲν εὐδοκιμούντων
ἀνδρῶν παρ' ὑμῖν καὶ πολεμικῶν εἶναι δοκούντων οὐδὲ κώμην ἔνιοι λαβεῖν
ἠδυνήθησαν, Τιμόθεος δ' οὔτε τὴν τοῦ σώματος φύσιν ἔχων ἐρρωμένην οὔτ' ἐν τοῖς
στρατοπέδοις τοῖς πλανωμένοις κατατετριμμένος, ἀλλ' ὁ μεθ' ὑμῶν πολιτευόμενος
τηλικαῦτα διεπράξατο τὸ μέγεθος. Ἔστι δ' ὁ λόγος ὁ περὶ τούτων φιλαπεχθήμων μέν,
ῥηθῆναι δ' οὐκ ἀσύμφορος. Ἐκεῖνος γὰρ τούτῳ τῶν ἄλλων διήνεγκεν, (116) ὅτι περὶ τῶν
Ἑλληνικῶν καὶ συμμαχικῶν πραγμάτων καὶ τῆς ἐπιμελείας τῆς τούτων οὐ τὴν αὐτὴν
ὑμῖν γνώμην εἶχεν. Ὑμεῖς μὲν γὰρ χειροτονεῖτε στρατηγοὺς τοὺς εὐρωστοτάτους τοῖς
σώμασι καὶ πολλάκις ἐν τοῖς ξενικοῖς στρατεύμασι γεγενημένους, ὡς διὰ τούτων
διαπραξόμενοί τι τῶν δεόντων. Ὁ δὲ τοῖς μὲν τοιούτοις λοχαγοῖς ἐχρῆτο καὶ ταξιάρχοις,
(117) αὐτὸς δὲ περὶ ταῦτα δεινὸς ἦν, περὶ ἅπερ χρὴ φρόνιμον εἶναι τὸν στρατηγὸν τὸν
ἀγαθόν. Ἔστι δὲ ταῦτα τίνα δύναμιν ἔχοντα; Δεῖ γὰρ οὐχ ἁπλῶς εἰπεῖν, ἀλλὰ σαφῶς
φράσαι περὶ αὐτῶν. Πρῶτον μὲν δύνασθαι γνῶναι πρὸς τίνας πολεμητέον καὶ τίνας
συμμάχους ποιητέον· ἀρχὴ γὰρ αὕτη στρατηγίας ἐστίν, ἧς ἢν διαμάρτῃ τις, ἀνάγκη τὸν
πόλεμον ἀσύμφορον καὶ χαλεπὸν καὶ περίεργον εἶναι. (118) Περὶ τοίνυν τὴν τοιαύτην
προαίρεσιν οὐ μόνον οὐδεὶς τοιοῦτος γέγονεν, ἀλλ' οὐδὲ παραπλήσιος. Ῥᾴδιον δ' ἐξ
αὐτῶν τῶν ἔργων γνῶναι· πλείστους γὰρ πολέμους ἄνευ τῆς πόλεως ἀνελόμενος,
ἅπαντας τούτους κατώρθωσε καὶ δικαίως ἅπασι τοῖς Ἕλλησιν ἔδοξεν αὐτοὺς
ποιήσασθαι. Καί τοι τοῦ καλῶς βουλεύσασθαι τίς ἂν ἀπόδειξιν ἔχοι σαφεστέραν καὶ
μείζω ταύτης παρασχέσθαι; (119) Δεύτερον τί προσήκει τὸν στρατηγὸν τὸν ἀγαθόν;
Στρατόπεδον συναγαγεῖν ἁρμόττον τῷ πολέμῳ τῷ παρόντι, καὶ τοῦτο συντάξαι καὶ
χρήσασθαι συμφερόντως. Ὡς μὲν τοίνυν ἠπίστατο χρῆσθαι καλῶς, αἱ πράξεις αὐταὶ
δεδηλώκασιν· ὡς δὲ καὶ πρὸς τὸ παρασκευάσασθαι μεγαλοπρεπῶς καὶ τῆς πόλεως
ἀξίως ἁπάντων διήνεγκεν, οὐδὲ τῶν ἐχθρῶν οὐδεὶς ἂν ἄλλως εἰπεῖν τολμήσειεν.
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Traduction française :
[110] qu'à partir de ce moment vous avez offert
chaque année des sacrifices aux dieux en mémoire de ce traité, parce qu'aucun autre
n'avait été jusque-là aussi avantageux pour notre patrie, et que depuis lors personne
n'a vu les flottes de Lacédémone doubler le cap Malée, ni ses armées s'avancer à
travers l'Isthme, ce qu'on peut considérer comme la cause de leur désastre à Leuctres.
(111) C'est après de tels exploits que Timothée a fait une expédition contre Samos.
Périclès, qui possède la plus haute renommée de prudence, de justice et de
modération, avait employé deux cents vaisseaux et dépensé mille talents pour la
soumettre ; Timothée, sans accroître vos dépenses, sans lever aucune contribution
sur vos alliés, l'a réduite en dix mois, avec huit mille peltastes et une flotte de trente
galères; et, de plus, il a fait payer par le pays ennemi la solde de la flotte et des
troupes. (112) Si donc il se présente un autre homme qui ait fait de telles actions, je
consens à reconnaître que j'ai perdu la raison lorsque j'ai entrepris de louer hors de
toute comparaison celui qui n'a rien fait de plus que les autres. Timothée cependant
met à la voile, prend Sestos et Crithoté, et dirige vos pensées vers la Chersonèse, que
jusque-là vous aviez négligée. (113) Potidée avait autrefois coûté à la République
deux mille quatre cents talents ; il s'en rend maître, en employant pour cette conquête
des fonds qu'il fournit lui-même, réunis aux contributions qu'il fait payer par la Thrace,
et soumet en outre tous les Chalcidiens. Enfin, si, laissant les détails, il faut s'exprimer
en peu de mots, Timothée vous a rendus maîtres de vingt-quatre villes, en dépensant
moins d'argent que nos pères n'en ont employé pour assiéger les Méliens.
(114) J'aurais voulu, de même qu'il m'a été facile d'énumérer les actions de
Timothée, pouvoir vous présenter, dans un court résumé, et les circonstances au
milieu desquelles chacun de ces faits s'est accompli, et la situation de notre patrie, et
la puissance de nos ennemis : ses services vous auraient alors paru plus grands, et
lui-même digne de plus d'estime. Mais, à cause de leur nombre, je passe ces faits
sous silence.
(115) 26-6. Je crois, au reste, que vous entendrez avec plaisir pourquoi, tandis
que des hommes qui jouissent parmi vous d'une brillante renommée, et qui sont
regardés comme des hommes de guerre, n'ont pas même pu se rendre maîtres d'un
village, Timothée, sans être doué d'une grande force corporelle, sans être rompu aux
habitudes des armées actives, accoutumé, au contraire, à vivre au milieu de vous en
remplissant ses devoirs de citoyen, a pu faire de si grandes choses. Un discours sur
ce sujet peut sans doute provoquer des haines, mais n'est pas sans utilité. Timothée
l'emportait sur les autres généraux, (116) parce qu'il n'avait pas, sur les intérêts des
Grecs, sur ceux de vos alliés, et sur les soins dont ils doivent être l'objet, la même
opinion que vous. Vos suffrages élèvent au commandement militaire les hommes qui
se font le plus remarquer par leur force corporelle, et qui souvent ont servi dans les
armées étrangères, comme si, avec de tels chefs, vous étiez sûrs d'obtenir des
succès. Timothée employait les hommes de cette nature pour commander des
compagnies ou des bataillons, (117) et, quant à lui, il excellait dans toutes les qualités
qui font un général accompli. Quelles sont ces qualités, et quelle est leur valeur ? car il
ne faut pas ici donner de simples indications, il faut s'expliquer avec clarté. C'est
d'abord de savoir apprécier contre quels ennemis on doit faire la guerre, et quelles
alliances il convient de contracter ; telle est la première condition de la stratégie, et, si
cette condition n'est pas remplie, la guerre est inévitablement désavantageuse, difficile
et sans résultat utile. (118) Or, dans cette appréciation si importante, aucun homme n'a
égalé Timothée et n'a même approché de lui. Il est facile de le reconnaître par les faits,
puisque, ayant entrepris la plupart des guerres sans la participation de la République,
non seulement il les a toutes heureusement terminées, mais, au jugement de tous les
Grecs, il les avait entreprises conformément à la justice. Quelle preuve plus grande,
plus évidente, pourrait-on présenter de la sagesse de ses conseils ? (119) En second
lieu, quelles qualités doit encore posséder un général accompli? Il doit savoir se
composer une armée en rapport avec la guerre qu'il va faire, l'organiser et l'employer
d'une manière avantageuse. Que Timothée ait su se servir avec gloire d'une armée,
les faits mêmes l'ont établi, que, pour faire des dispositions avec grandeur et d'une
manière digne de la République, il se soit montré supérieur à tous les autres généraux,
aucun de ses ennemis n'oserait dire le contraire.
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