HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Διόπερ



Texte grec :

[310] Πολλῶν δ' ἐφεστώτων μοι λόγων ἀπορῶ πῶς αὐτοὺς διαθῶμαι· δοκεῖ γάρ μοι καθ' αὑτὸ μὲν ἕκαστον ὧν διανοοῦμαι ῥηθὲν ἐπιεικὲς ἂν φανῆναι, πάντα δὲ νυνὶ λεγόμενα πολὺν ἂν ὄχλον ἐμοί τε καὶ τοῖς ἀκούουσι παρασχεῖν. Ὅπερ καὶ περὶ τῶν ἤδη προειρημένων δέδοικα, μὴ τοιοῦτόν τι πάθος αὐτοῖς διὰ τὸ πλῆθος τυγχάνῃ συμβεβηκός. (311) Οὕτω γὰρ ἀπλήστως ἅπαντες ἔχομεν περὶ τοὺς λόγους, ὥστ' ἐπαινοῦμεν μὲν τὴν εὐκαιρίαν καὶ φαμὲν οὐδὲν εἶναι τοιοῦτον, ἐπειδὰν δ' οἰηθῶμεν ὡς ἔχομέν τι λέγειν, ἀμελήσαντες τοῦ μετριάζειν, κατὰ μικρὸν ἀεὶ προστιθέντες εἰς τὰς ἐσχάτας ἀκαιρίας ἐμβάλλομεν ἡμᾶς αὐτούς· ὅπου γε καὶ λέγων ἐγὼ ταῦτα καὶ γιγνώσκων, ὅμως ἔτι βούλομαι διαλεχθῆναι πρὸς ὑμᾶς. (312) Ἀγανακτῶ γὰρ ὁρῶν τὴν συκοφαντίαν ἄμεινον τῆς φιλοσοφίας φερομένην, καὶ τὴν μὲν κατηγοροῦσαν, τὴν δὲ κρινομένην. Ὃ τίς ἂν τῶν παλαιῶν ἀνδρῶν γενήσεσθαι προσεδόκησεν, ἄλλως τε καὶ παρ' ὑμῖν τοῖς ἐπὶ σοφίᾳ μεῖζον τῶν ἄλλων φρονοῦσιν; (313) Οὔκουν ἐπί γε τῶν προγόνων οὕτως εἶχεν, ἀλλὰ τοὺς μὲν καλουμένους σοφιστὰς ἐθαύμαζον καὶ τοὺς συνόντας αὐτοῖς ἐζήλουν, τοὺς δὲ συκοφάντας πλείστων κακῶν αἰτίους ἐνόμιζον εἶναι. Μέγιστον δὲ τεκμήριον· Σόλωνα μὲν γάρ, τὸν πρῶτον τῶν πολιτῶν λαβόντα τὴν ἐπωνυμίαν ταύτην, προστάτην ἠξίωσαν τῆς πόλεως εἶναι, περὶ δὲ τῶν συκοφαντῶν χαλεπωτέρους ἢ περὶ τῶν ἄλλων κακουργιῶν τοὺς νόμους ἔθεσαν. (314) Τοῖς μὲν γὰρ μεγίστοις τῶν ἀδικημάτων ἐν ἑνὶ τῶν δικαστηρίων τὴν κρίσιν ἐποίησαν, κατὰ δὲ τούτων γραφὰς μὲν πρὸς τοὺς θεσμοθέτας, εἰσαγγελίας δ' εἰς τὴν βουλήν, προβολὰς δ' ἐν τῷ δήμῳ, νομίζοντες τοὺς ταύτῃ τῇ τέχνῃ χρωμένους ἁπάσας ὑπερβάλλειν τὰς πονηρίας. Τοὺς μὲν γὰρ ἄλλους ἀλλ' οὖν πειρᾶσθαί γε λανθάνειν κακουργοῦντας, (315) τούτους δ' ἐν ἅπασιν ἐπιδείκνυσθαι τὴν αὑτῶν ὠμότητα καὶ μισανθρωπίαν καὶ φιλαπεχθημοσύνην. Κἀκεῖνοι μὲν οὕτως ἐγίγνωσκον περὶ αὐτῶν· ὑμεῖς δὲ τοσοῦτον ἀπέχετε τοῦ κολάζειν αὐτούς, ὥστε τούτοις χρῆσθε καὶ κατηγόροις καὶ νομοθέταις περὶ τῶν ἄλλων. Καί τοι προσῆκεν αὐτοὺς νῦν μισεῖσθαι μᾶλλον ἢ κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον. (316) Τότε μὲν γὰρ ἐν τοῖς ἐγκυκλίοις μόνον καὶ τοῖς κατὰ τὴν πόλιν ἔβλαπτον τοὺς συμπολιτευομένους· ἐπειδὴ δ' αὐξηθείσης τῆς πόλεως καὶ λαβούσης τὴν ἀρχὴν οἱ πατέρες ἡμῶν, μᾶλλον θαρρήσαντες τοῦ συμφέροντος, τοῖς μὲν καλοῖς κἀγαθοῖς τῶν ἀνδρῶν καὶ μεγάλην τὴν πόλιν ποιήσασι διὰ τὰς δυναστείας ἐφθόνησαν, πονηρῶν δ' ἀνθρώπων καὶ μεστῶν θρασύτητος ἐπεθύμησαν, (317) οἰηθέντες ταῖς μὲν τόλμαις καὶ ταῖς φιλαπεχθημοσύναις ἱκανοὺς αὐτοὺς ἔσεσθαι διαφυλάττειν τὴν δημοκρατίαν, διὰ δὲ τὴν φαυλότητα τῶν ἐξ ἀρχῆς αὐτοῖς ὑπαρξάντων οὐ μέγα φρονήσειν οὐδ' ἐπιθυμήσειν ἑτέρας πολιτείας. Ἐκ ταύτης τῆς μεταβολῆς τί τῶν δεινῶν οὐ συνέπεσε τῇ πόλει, τί δὲ τῶν μεγίστων κακῶν οἱ ταύτην ἔχοντες τὴν φύσιν οὐ καὶ λέγοντες καὶ πράττοντες διετέλεσαν; (318) Οὐ τοὺς μὲν ἐνδοξοτάτους τῶν πολιτῶν καὶ μάλιστα δυναμένους ποιῆσαί τι τὴν πόλιν ἀγαθόν, ὀλιγαρχίαν ὀνειδίζοντες καὶ λακωνισμόν, οὐ πρότερον ἐπαύοντο πρὶν ἠνάγκασαν ὁμοίους γενέσθαι ταῖς αἰτίαις ταῖς λεγομέναις περὶ αὐτῶν· τοὺς δὲ συμμάχους λυμαινόμενοι καὶ συκοφαντοῦντες, καὶ τοὺς βελτίστους ἐκ τῶν ὄντων ἐκβάλλοντες, οὕτω διέθεσαν ὥσθ' ἡμῶν μὲν ἀποστῆναι, τῆς δὲ Λακεδαιμονίων ἐρασθῆναι φιλίας καὶ συμμαχίας; (319) Ἐξ ὧν εἰς πόλεμον καταστάντες πολλοὺς ἐπείδομεν τῶν πολιτῶν τοὺς μὲν τελευτήσαντας, τοὺς δ' ἐπὶ τοῖς πολεμίοις γενομένους, τοὺς δ' εἰς ἔνδειαν τῶν ἀναγκαίων καταστάντας, ἔτι δὲ τὴν δημοκρατίαν δὶς καταλυθεῖσαν καὶ τὰ τείχη τῆς πατρίδος κατασκαφέντα, τὸ δὲ μέγιστον, ὅλην τὴν πόλιν περὶ ἀνδραποδισμοῦ κινδυνεύσασαν καὶ τὴν ἀκρόπολιν τοὺς πολεμίους οἰκήσαντας.

Traduction française :

[310] 27. La foule des arguments qui s'offrent à mon esprit me fait éprouver de l'embarras sur la manière dont je dois les établir; il me semble que chacune de mes pensées, considérée en elle-même, si elle était exprimée, paraîtrait pleine de convenance ; et, d'un autre côté, je sens que, si toutes devaient être développées maintenant, il en résulterait une grande fatigue pour moi et pour mes auditeurs. Je crains même que le grand nombre des choses déjà exposées n'ait produit sur eux quelque impression de cette nature. (311) Nous éprouvons tous un tel besoin de parler que, dans le moment même où nous vantons les avantages de l'opportunité, et où nous affirmons qu'il n'existe rien de tel au monde, dès que nous croyons qu'il nous reste encore quelque chose à dire, nous oublions toute modération, et peu à peu, ajoutant sans cesse, nous nous laissons entraîner jusqu'aux dernières limites de l'inopportunité; et c'est ainsi que, tout en reconnaissant, en confessant cette vérité, je veux encore ajouter quelques courtes explications. (312) 28. Je ressens une profonde indignation lorsque je vois la calomnie placée dans des conditions meilleures que la philosophie, et quand je la vois intenter des accusations, tandis que la philosophie est obligée de courir les chances d'un jugement. Quel homme, dans les temps anciens, aurait jamais pu prévoir qu'un jour il en serait ainsi, surtout parmi vous, qui, pour la sagesse, croyez être supérieurs au reste de l'humanité ? (313) Chez nos ancêtres, il en était autrement: ils admiraient les hommes appelés sophistes ; ils enviaient le bonheur de ceux qui fréquentaient leurs écoles, et ils attribuaient la plus grande partie des maux aux sycophantes. En voici la preuve la plus évidente : Solon est le premier de nos citoyens qui ait pris le titre de sophiste : ses contemporains le jugèrent digne d'être placé à la tête de l'État ; et ils firent des lois plus sévères contre les sycophantes que contre les autres malfaiteurs. (314) Ils ne traduisaient que devant un seul tribunal les auteurs des plus grands crimes ; mais, lorsqu'il s'agissait des sycophantes, ils les dénonçaient aux thesmosthètes, ils les déféraient au sénat, ils les accusaient devant le peuple, convaincus que ceux qui pratiquaient l'art funeste de la calomnie dépassaient la limite de toutes les perversités. Les autres coupables cherchent, du moins, à dérober la connaissance de leurs crimes ; (315) mais ceux-ci font ostentation à tous les yeux de leur cruauté, de leur haine de . l'humanité, de leur ardeur à se créer des ennemis. 29. Voilà ce que nos ancêtres avaient statué à l'égard des sycophantes ; vous, au contraire, vous êtes si loin de les punir que vous vous servez d'eux à la fois comme accusateurs et comme législateurs. Il serait juste, cependant, de les haïr aujourd'hui plus encore qu'à l'époque dont je viens de parler. (316) S'ils nuisaient alors à leurs concitoyens, c'était uniquement dans le cercle des affaires ordinaires, et dans celles qui touchaient aux intérêts de la ville ; mais, lorsqu'ensuite notre patrie eut augmenté sa puissance, lorsqu'elle se vit investie du commandement suprême, nos pères, se confiant dans leur fortune plus qu'il n'était utile de le faire, se livrèrent à un sentiment de jalousie contre les hommes loyaux et honnêtes, dont le gouvernement avait fait la grandeur de notre pays, (317) et c'est alors qu'ils recherchèrent ces hommes vicieux et pleins d'audace, croyant qu'à cause de leur audace même et de leur ardeur à se créer des ennemis, ils seraient capables de maintenir la démocratie, et que, d'un autre côté, la bassesse de leur origine, rendant leur ambition plus modeste, ils n'éprouveraient pas le désir d'une autre forme de gouvernement. Or quels périls, par suite de ce changement, n'ont pas menacé la République ! Quelles immenses calamités les hommes de cette nature n'ont-ils pas attirées sur elle par leurs discours aussi bien que par leurs actions! (318) Poursuivant de leurs injures les hommes les plus distingués, les hommes les plus capables de servir utilement notre patrie, ont-ils cessé de les accuser de tendance à l'oligarchie et d'attachement au parti de Lacédémone, avant de les avoir forcés à devenir tels qu'ils les présentaient dans leurs imputations mensongères? Persécutant, calomniant nos alliés, et dépouillant de leurs biens les hommes les plus estimables, ne les ont-ils pas mis dans une situation telle qu'ils se sont séparés de nous, et ont recherché avec ardeur l'amitié et l'alliance des Lacédémoniens? (319) D'où il est résulté que, la guerre s'étant engagée, nous avons vu un grand nombre de citoyens, les uns périr, les autres tomber au pouvoir des ennemis ; d'autres réduits à manquer des choses les plus nécessaires; la démocratie deux fois détruite, les murailles de notre ville renversées; et ce qu'il y a de plus déplorable, notre patrie au moment d'être réduite en esclavage, et notre citadelle au pouvoir de l'ennemi!





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Dernière mise à jour : 2/10/2008