Texte grec :
[290] ὅτι δεῖ τὸν ὀρθῶς καὶ πρεπόντως προεστῶτα τῆς ἡλικίας
καὶ καλὴν ἀρχὴν τοῦ βίου ποιούμενον αὑτοῦ πρότερον ἢ τῶν αὑτοῦ ποιήσασθαι
τὴν ἐπιμέλειαν, καὶ μὴ σπεύδειν μηδὲ ζητεῖν ἑτέρων ἄρχειν πρὶν ἂν τῆς αὑτοῦ διανοίας
λάβῃ τὸν ἐπιστατήσοντα, μηδ' οὕτω χαίρειν μηδὲ μέγα φρονεῖν ἐπὶ τοῖς ἄλλοις ἀγαθοῖς
ὡς ἐπὶ τοῖς ἐν τῇ ψυχῇ διὰ τὴν παιδείαν ἐγγιγνομένοις. Καί τοι τοὺς τοιούτῳ λογισμῷ
κεχρημένους πῶς οὐκ ἐπαινεῖσθαι χρὴ μᾶλλον ἢ ψέγεσθαι, καὶ νομίζεσθαι βελτίστους
εἶναι καὶ σωφρονεστάτους τῶν ἡλικιωτῶν;
(291) Θαυμάζω δ' ὅσοι τοὺς μὲν φύσει δεινοὺς ὄντας εἰπεῖν εὐδαιμονίζουσιν ὡς
ἀγαθοῦ καὶ καλοῦ πράγματος αὐτοῖς συμβεβηκότος, τοὺς δὲ τοιούτους γενέσθαι
βουλομένους λοιδοροῦσιν ὡς ἀδίκου καὶ κακοῦ παιδεύματος ἐπιθυμοῦντας. Καί τοι τί
τῶν φύσει καλῶν ὄντων μελέτῃ κατεργασθὲν αἰσχρὸν ἢ κακόν ἐστιν; Οὐδὲν γὰρ
εὑρήσομεν τοιοῦτον, ἀλλ' ἔν γε τοῖς ἄλλοις ἐπαινοῦμεν τοὺς ταῖς φιλοπονίαις ταῖς αὑτῶν
ἀγαθόν τι κτήσασθαι δυνηθέντας μᾶλλον ἢ τοὺς παρὰ τῶν προγόνων παραλαβόντας,
(292) εἰκότως· συμφέρει γὰρ ἐπί τε τῶν ἄλλων ἁπάντων, καὶ μάλιστ' ἐπὶ τῶν λόγων, μὴ
τὰς εὐτυχίας ἀλλὰ τὰς ἐπιμελείας εὐδοκιμεῖν. Οἱ μὲν γὰρ φύσει καὶ τύχῃ δεινοὶ γενόμενοι
λέγειν οὐ πρὸς τὸ βέλτιστον ἀποβλέπουσιν, ἀλλ' ὅπως ἂν τύχωσιν, οὕτω χρῆσθαι τοῖς
λόγοις εἰώθασιν· οἱ δὲ φιλοσοφίᾳ καὶ λογισμῷ τὴν δύναμιν ταύτην λαβόντες, οὐδὲν
ἀσκέπτως λέγοντες, ἧττον περὶ τὰς πράξεις πλημμελοῦσιν. (293) Ὥσθ' ἅπασι μὲν
βούλεσθαι προσήκει πολλοὺς εἶναι τοὺς ἐκ παιδείας δεινοὺς εἰπεῖν γιγνομένους,
μάλιστα δ' ὑμῖν· καὶ γὰρ αὐτοὶ προέχετε καὶ διαφέρετε τῶν ἄλλων οὐ ταῖς περὶ τὸν
πόλεμον ἐπιμελείαις, οὐδ' ὅτι κάλλιστα πολιτεύεσθε καὶ μάλιστα φυλάττετε τοὺς νόμους
οὓς ὑμῖν οἱ πρόγονοι κατέλιπον, ἀλλὰ τούτοις οἷς περ ἡ φύσις ἡ τῶν ἀνθρώπων τῶν
ἄλλων ζώων, καὶ τὸ γένος τὸ τῶν Ἑλλήνων τῶν βαρβάρων, (294) τῷ καὶ πρὸς τὴν
φρόνησιν καὶ πρὸς τοὺς λόγους ἄμεινον πεπαιδεῦσθαι τῶν ἄλλων. Ὥστε πάντων ἂν
συμβαίη δεινότατον, εἰ τοὺς βουλομένους τοῖς αὐτοῖς τούτοις διενεγκεῖν τῶν ἡλικιωτῶν,
οἷς περ ὑμεῖς ἁπάντων, διαφθείρεσθαι ψηφίσαισθε, καὶ τοὺς τῇ παιδείᾳ ταύτῃ
χρωμένους, ἧς ὑμεῖς ἡγεμόνες γεγένησθε, συμφορᾷ τινι περιβάλοιτε.
(295) Χρὴ γὰρ μηδὲ τοῦτο λανθάνειν ὑμᾶς, ὅτι πάντων τῶν δυναμένων λέγειν ἢ
παιδεύειν ἡ πόλις ἡμῶν δοκεῖ γεγενῆσθαι διδάσκαλος. Εἰκότως· καὶ γὰρ ἆθλα μέγιστα
τιθεῖσαν αὐτὴν ὁρῶσι τοῖς τὴν δύναμιν ταύτην ἔχουσι, καὶ γυμνάσια πλεῖστα καὶ
παντοδαπώτατα παρέχουσαν τοῖς ἀγωνίζεσθαι προῃρημένοις καὶ περὶ τὰ τοιαῦτα
γυμνάζεσθαι βουλομένοις, (296) ἔτι δὲ τὴν ἐμπειρίαν, ἥ περ μάλιστα ποιεῖ δύνασθαι
λέγειν, ἐνθένδε πάντας λαμβάνοντας· πρὸς δὲ τούτοις καὶ τὴν τῆς φωνῆς κοινότητα καὶ
μετριότητα καὶ τὴν ἄλλην εὐτραπελίαν καὶ φιλολογίαν οὐ μικρὸν ἡγοῦνται συμβαλέσθαι
μέρος πρὸς τὴν τῶν λόγων παιδείαν· ὥστ' οὐκ ἀδίκως ὑπολαμβάνουσιν ἅπαντας τοὺς
λέγειν ὄντας δεινοὺς τῆς πόλεως εἶναι μαθητάς. (297) Σκοπεῖτ' οὖν μὴ παντάπασιν ᾖ
καταγέλαστον τῆς δόξης ταύτης φλαῦρόν τι καταγιγνώσκειν, ἣν ὑμεῖς ἔχετε παρὰ τοῖς
Ἕλλησι πολὺ μᾶλλον ἢ ἐγὼ παρ' ὑμῖν· οὐδὲν γὰρ ἀλλ' ἢ φανερῶς ὑμῶν αὐτῶν ἔσεσθε
κατεψηφισμένοι τὴν τοιαύτην ἀδικίαν, (298) καὶ πεποιηκότες ὅμοιον ὥσπερ ἂν εἰ
Λακεδαιμόνιοι τοὺς τὰ περὶ τὸν πόλεμον ἀσκοῦντας ζημιοῦν ἐπιχειροῖεν, ἢ Θετταλοὶ
παρὰ τῶν ἱππεύειν μελετώντων δίκην λαμβάνειν ἀξιοῖεν. Ὑπὲρ ὧν φυλακτέον ἐστίν,
ὅπως μηδὲν τοιοῦτον ἐξαμαρτήσεσθε περὶ ὑμᾶς αὐτούς, μηδὲ πιστοτέρους ποιήσετε
τοὺς λόγους τοὺς τῶν κατηγορούντων τῆς πόλεως ἢ τοὺς τῶν ἐπαινούντων.
(299) Οἶμαι δ' ὑμᾶς οὐκ ἀγνοεῖν ὅτι τῶν Ἑλλήνων οἱ μὲν δυσκόλως πρὸς ὑμᾶς
ἔχουσιν, οἱ δ' ὡς οἷόν τε μάλιστα φιλοῦσι καὶ τὰς ἐλπίδας τῆς σωτηρίας ἐν ὑμῖν ἔχουσι.
Καὶ φασιν οἱ μὲν τοιοῦτοι μόνην εἶναι ταύτην πόλιν, τὰς δ' ἄλλας κώμας, καὶ δικαίως ἂν
αὐτὴν ἄστυ τῆς Ἑλλάδος προσαγορεύεσθαι καὶ διὰ τὸ μέγεθος καὶ διὰ τὰς εὐπορίας τὰς
ἐνθένδε τοῖς ἄλλοις γιγνομένας καὶ μάλιστα διὰ τὸν τρόπον τῶν ἐνοικούντων·
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Traduction française :
[290] savoir : que celui qui veut régler sa jeunesse d'une manière décente et
convenable, et entrer honorablement dans la carrière de la vie, doit s'occuper de lui-même avant tout autre intérêt; ne rien précipiter; ne pas chercher à commander aux
autres avant de s'être donné un guide de sa propre intelligence; et moins se réjouir,
moins s'enorgueillir de tous les autres avantages, que des fruits dont l'éducation orne
son âme? Lorsque des jeunes gens raisonnent de cette manière, ne doit-on pas les
louer plutôt que de les blâmer, et ne doit-on pas les regarder comme les plus vertueux
et les plus sages entre leurs contemporains ?
(291) Je m'étonne de voir certains hommes exalter le bonheur de ceux qui ont
reçu de la nature le don de l'éloquence, parce qu'ils les considèrent comme ayant
obtenu un don noble et utile : et poursuivre en même temps de leurs injures ceux qui
aspirent à cette même éloquence, les accusant de rechercher une instruction
pernicieuse et contraire à la justice. Mais quelle est donc, parmi les choses honorables
en elles-mêmes, celle que rend honteuse ou coupable le soin que l'on met à l'acquérir
? Nulle part nous ne trouverons rien de pareil ; bien plus, partout ailleurs, nous louons
ceux qui, par leur amour du travail, ont pu obtenir quelque avantage, plutôt que ceux
qui l'ont reçu de leurs ancêtres ; (292) et c'est avec raison, parce qu'en toute chose, et
surtout pour l'éloquence, il est utile d'honorer non la fortune et le hasard, mais le travail
et l'étude. Les hommes qui sont éloquents par le bienfait de la nature et du hasard ne
portent pas leurs regards vers ce qu'il y a de plus honorable; ils se servent
ordinairement de leur talent suivant la disposition où ils se trouvent; ceux qui, au
contraire, ont acquis cette faculté par la philosophie et le raisonnement, ne disant rien
sans l'avoir approfondi, commettent nécessairement moins d'erreurs dans l'ensemble
de leur conduite. (293) Il est donc dans l'intérêt de tout le monde de vouloir qu'un
grand nombre de jeunes gens puissent devenir éloquents par le bienfait de l'éducation,
mais cela est surtout dans le vôtre ; car vous êtes supérieurs à tous les peuples et
vous l'emportez sur eux, bien moins par votre organisation militaire et politique, ou par
votre respect pour les lois que vos ancêtres vous ont léguées, que par les choses où
la nature de l'homme l'emporte sur celle des animaux, la race grecque sur les races
barbares, (294) et surtout par une éducation qui vous forme à la sagesse et à
l'éloquence mieux que tous les autres hommes. On verrait donc se produire le fait le
plus monstrueux, si vous déclariez par un jugement que ceux qui veulent se distinguer
entre leurs contemporains par les qualités qui vous élèvent au-dessus de tous les
peuples sont des hommes qui se laissent corrompre ; et si vous infligiez une peine
quelconque à ceux qui veulent acquérir une éducation, dont vous êtes les chefs.
(295) 26-28. Un fait encore ne doit pas vous échapper, c'est que notre ville est
considérée, en quelque sorte, comme l'institutrice de tous les hommes capables de
parler et d'instruire : et c'est avec raison ; car on la voit établir les récompenses les
plus magnifiques pour ceux qui possèdent cette faculté ; on la voit offrir les gymnases
les plus nombreux et les plus variés à ceux qui ont résolu de disputer le prix de
l'éloquence, ou qui veulent se préparer à l'obtenir par l'exercice, (296) de même que
c'est ici que tous viennent acquérir l'expérience qui plus que tout le reste donne la
faculté de parler; tous sont en outre convaincus que la communauté de langage,
l'enjouement de l'esprit, les entretiens littéraires, n'entrent pas pour une faible part
dans l'enseignement de l'éloquence ; de sorte que ce n'est pas sans justice qu'ils
considèrent tous les hommes qui se distinguent par leurs facultés oratoires, comme
des disciples de notre ville. (297) Examinez donc et jugez si ce ne serait pas le comble
du ridicule d'imposer une flétrissure à cette renommée dont vous jouissez parmi les
Grecs, beaucoup plus que je n'en jouis parmi vous! (298) Ce serait évidemment vous
rendre coupables d'une iniquité semblable à celle des Lacédémoniens, s'ils essayaient
de punir ceux qui travaillent à se rendre habiles dans l'art de la guerre, ou à celle des
Thessaliens, s'ils prétendaient punir ceux qui s'efforcent d'exceller dans l'équitation.
Vous devez donc vous mettre en garde, afin de ne pas commettre une telle faute
contre vous-mêmes, et de ne pas faire accorder plus de croyance aux discours des
détracteurs de notre patrie, qu'à ceux des orateurs qui célèbrent ses louanges.
(299) 26-29. Vous n'ignorez pas, je pense, que, parmi les Grecs, les uns sont à
votre égard dans des dispositions ennemies, tandis que les autres ont pour vous
l'affection la plus sincère, et mettent en vous l'espérance de leur salut. Ceux-ci disent
qu'Athènes seule mérite le nom de ville, que les autres sont des bourgades, et que
c'est avec justice qu'elle est saluée du nom de capitale de la Grèce, à cause de sa
grandeur, des ressources abondantes qu'elle procure aux autres villes, et
principalement à cause de l'urbanité de ses habitants.
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