Texte grec :
[280] καὶ πρὸς τούτοις ὅτι τὰ μὲν εἰκότα καὶ τὰ τεκμήρια καὶ πᾶν τὸ τῶν πίστεων
εἶδος τοῦτο μόνον ὠφελεῖ τὸ μέρος, ἐφ' ᾧ ἂν αὐτῶν ἕκαστον τύχῃ ῥηθέν, τὸ δὲ δοκεῖν
εἶναι καλὸν κἀγαθὸν οὐ μόνον τὸν λόγον πιστότερον ἐποίησεν, ἀλλὰ καὶ τὰς πράξεις
τοῦ τὴν τοιαύτην δόξαν ἔχοντος ἐντιμοτέρας κατέστησεν, ὑπὲρ οὗ σπουδαστέον ἐστὶ
τοῖς εὖ φρονοῦσι μᾶλλον ἢ περὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων.
(281) Τὸ τοίνυν περὶ τὴν πλεονεξίαν, ὃ δυσχερέστατον ἦν τῶν ῥηθέντων· εἰ μέν τις
ὑπολαμβάνει τοὺς ἀποστεροῦντας ἢ παραλογιζομένους ἢ κακόν τι ποιοῦντας
πλεονεκτεῖν, οὐκ ὀρθῶς ἔγνωκεν· οὐδένες γὰρ ἐν ἅπαντι τῷ βίῳ μᾶλλον ἐλαττοῦνται
τῶν τοιούτων, οὐδ' ἐν πλέοσιν ἀπορίαις εἰσίν, οὐδ' ἐπονειδιστότερον ζῶσιν, οὐδ' ὅλως
ἀθλιώτεροι τυγχάνουσιν ὄντες· (282) χρὴ δὲ καὶ νῦν πλέον ἔχειν ἡγεῖσθαι καὶ
πλεονεκτήσειν νομίζειν παρὰ μὲν τῶν θεῶν τοὺς εὐσεβεστάτους καὶ τοὺς περὶ τὴν
θεραπείαν τὴν ἐκείνων ἐπιμελεστάτους ὄντας, παρὰ δὲ τῶν ἀνθρώπων τοὺς ἄριστα
πρὸς τούτους μεθ' ὧν ἂν οἰκῶσι καὶ πολιτεύωνται διακειμένους καὶ τοὺς βελτίστους
αὐτοὺς εἶναι δοκοῦντας. (283) Καὶ ταῦτα καὶ ταῖς ἀληθείαις οὕτως ἔχει, καὶ συμφέρει τὸν
τρόπον τοῦτον λέγεσθαι περὶ αὐτῶν, ἐπεὶ νῦν γ' οὕτως ἀνέστραπται καὶ συγκέχυται
πολλὰ τῶν κατὰ τὴν πόλιν, ὥστ' οὐδὲ τοῖς ὀνόμασιν ἔνιοί τινες ἔτι χρῶνται κατὰ φύσιν,
ἀλλὰ μεταφέρουσιν ἀπὸ τῶν καλλίστων πραγμάτων ἐπὶ τὰ φαυλότατα τῶν
ἐπιτηδευμάτων. (284) Τοὺς μέν γε βωμολοχευομένους καὶ σκώπτειν καὶ μιμεῖσθαι
δυναμένους εὐφυεῖς καλοῦσι, προσῆκον τῆς προσηγορίας ταύτης τυγχάνειν τοὺς
ἄριστα πρὸς ἀρετὴν πεφυκότας· τοὺς δὲ ταῖς κακοηθείαις καὶ ταῖς κακουργίαις
χρωμένους, καὶ μικρὰ μὲν λαμβάνοντας πονηρὰν δὲ δόξαν κτωμένους, πλεονεκτεῖν
νομίζουσιν, ἀλλ' οὐ τοὺς ὁσιωτάτους καὶ δικαιοτάτους, οἳ περὶ τῶν ἀγαθῶν ἀλλ' οὐ τῶν
κακῶν πλεονεκτοῦσι· (285) τοὺς δὲ τῶν μὲν ἀναγκαίων ἀμελοῦντας, τὰς δὲ τῶν
παλαιῶν σοφιστῶν τερατολογίας ἀγαπῶντας φιλοσοφεῖν φασιν, ἀλλ' οὐ τοὺς τὰ τοιαῦτα
μανθάνοντας καὶ μελετῶντας ἐξ ὧν καὶ τὸν ἴδιον οἶκον καὶ τὰ κοινὰ τὰ τῆς πόλεως
καλῶς διοικήσουσιν, ὧνπερ ἕνεκα καὶ πονητέον καὶ φιλοσοφητέον καὶ πάντα πρακτέον
ἐστίν. Ἀφ' ὧν ὑμεῖς πολὺν ἤδη χρόνον ἀπελαύνετε τοὺς νεωτέρους, ἀποδεχόμενοι τοὺς
λόγους τῶν διαβαλλόντων τὴν τοιαύτην παιδείαν. (286) Καὶ γάρ τοι πεποιήκατε τοὺς μὲν
ἐπιεικεστάτους αὐτῶν ἐν πότοις καὶ συνουσίαις καὶ ῥᾳθυμίαις καὶ παιδιαῖς τὴν ἡλικίαν
διάγειν, ἀμελήσαντας τοῦ σπουδάζειν ὅπως ἔσονται βελτίους, τοὺς δὲ χείρω τὴν φύσιν
ἔχοντας ἐν τοιαύταις ἀκολασίαις ἡμερεύειν, ἐν αἷς πρότερον οὐδ' ἂν οἰκέτης ἐπιεικὴς
οὐδεὶς ἐτόλμησεν· (287) οἱ μὲν γὰρ αὐτῶν ἐπὶ τῆς Ἐννεακρούνου ψύχουσιν οἶνον, οἱ δ'
ἐν τοῖς καπηλείοις πίνουσιν, ἕτεροι δ' ἐν τοῖς σκιραφείοις κυβεύουσι, πολλοὶ δ' ἐν τοῖς
τῶν αὐλητρίδων διδασκαλείοις διατρίβουσι. Καὶ τοὺς μὲν ἐπὶ ταῦτα προτρέποντας
οὐδεὶς πώποτε τῶν κήδεσθαι φασκόντων τῆς ἡλικίας ταύτης εἰς ὑμᾶς εἰσήγαγεν· ἡμῖν δὲ
κακὰ παρέχουσιν, οἷς ἄξιον ἦν, εἰ καὶ μηδενὸς ἄλλου, τούτου γε χάριν ἔχειν, ὅτι τοὺς
συνόντας τῶν τοιούτων ἐπιτηδευμάτων ἀποτρέπομεν. (288) Οὕτω δ' ἐστὶ δυσμενὲς
ἅπασι τὸ τῶν συκοφαντῶν γένος, ὥστε τοῖς μὲν λυομένοις εἴκοσι καὶ τριάκοντα μνῶν
τὰς μελλούσας καὶ τὸν ἄλλον οἶκον συναναιρήσειν οὐχ ὅπως ἂν ἐπιπλήξειαν, ἀλλὰ καὶ
συγχαίρουσι ταῖς ἀσωτίαις αὐτῶν, τοὺς δ' εἰς τὴν αὑτῶν παιδείαν ὁτιοῦν ἀναλίσκοντας
διαφθείρεσθαί φασιν. Ὧν τίνες ἂν ἀδικώτερον ἔχοιεν τὴν αἰτίαν ταύτην; (289) Οἵτινες ἐν
ταύταις μὲν ταῖς ἀκμαῖς ὄντες ὑπερεῖδον τὰς ἡδονάς, ἐν αἷς οἱ πλεῖστοι τῶν τηλικούτων
μάλιστ' αὐτῶν ἐπιθυμοῦσιν, ἐξὸν δ' αὐτοῖς ῥᾳθυμεῖν μηδὲν δαπανωμένοις εἵλοντο
πονεῖν χρήματα τελέσαντες, ἄρτι δ' ἐκ παίδων ἐξεληλυθότες ἔγνωσαν ἃ πολλοὶ τῶν
πρεσβυτέρων οὐκ ἴσασιν,
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Traduction française :
[280] et, de plus, ils n'ignorent pas que les probabilités,
les conjectures et toutes les formes d'argumentation ne sont utiles qu'à l'objet particulier
pour lequel chacune d'elles est employée, tandis que la réputation d'être un homme
d'honneur et de probité, non seulement fait accorder plus de confiance aux paroles
d'un orateur, mais donne plus de prix aux actions de celui qui a su conquérir une
semblable renommée ; or c'est un avantage que les hommes sensés doivent
pardessus tout ambitionner.
(281) 26-27. Maintenant, pour ce qui touche au désir de s'élever au-dessus des
autres, l'objet le plus difficile entre tous ceux que j'ai traités; si l'on entend que ceux qui
dépouillent leurs concitoyens, qui les trompent ou qui commettent quelque action
condamnable, sont des hommes qui l'emportent sur les autres, ils énoncent un faux
jugement; car il n'est pas d'êtres plus méprisés dans tout le cours de leur vie ; il n'en
est pas dont l'existence soit entourée de plus de difficultés, qui mènent une vie
chargée de plus d'opprobres, qui soient plus misérables sous tous les rapports : (282)
il faut, au contraire, considérer les avantages que possèdent et songer aux faveurs
que recueilleront de la part des dieux, ceux qui se distinguent par leur piété et qui
mettent le plus de soin dans le culte qu'ils leur rendent; de la part des hommes, ceux
qui, étant au-dessus des autres, sont bienveillants pour les citoyens avec lesquels ils
vivent sous un même gouvernement, et qui sont reconnus comme étant les plus
vertueux. (283) Telle est la vérité sur cette question, et telle est aussi la manière dont il
est utile d'en parler; car, aujourd'hui, le désordre et la confusion sont si grands dans
notre ville, que certains hommes ne se servent plus des mots dans leur acception
naturelle, mais les transportent des actions les plus nobles aux habitudes les plus
abjectes. (284) Ainsi, les bouffons et les hommes qui savent manier le sarcasme ou
reproduire les ridicules, ils les appellent des hommes d'un heureux naturel, tandis que
cette qualification ne devrait s'appliquer qu'à ceux qui ont reçu de la nature les
dispositions les plus favorables pour la vertu; ils regardent les hommes qui, par des
murs vicieuses et des actes pervers, se procurent un misérable profit, en subissant
une renommée déshonorante, comme s'élevant au-dessus des autres, et refusent
cette réputation aux hommes justes et pieux qui se distinguent par de bonnes et non
par de mauvaises actions; (285) enfin, ceux qui, négligeant les choses nécessaires, se
plaisent aux vaines subtilités des anciens sophistes, ils disent que ce sont des
hommes qui s'adonnent à l'étude de la philosophie, et ils réservent leur dédain pour
ceux qui consacrent leurs veilles à acquérir des connaissances à l'aide desquelles ils
peuvent administrer convenablement leur fortune, et diriger avec honneur les affaires
de leur pays, but pour lequel on doit travailler, s'instruire, et calculer toutes ses actions.
Mais déjà, et depuis longtemps, vous détournez la jeunesse de ces habitudes en
applaudissant aux discours des hommes qui calomnient une si noble éducation. (286)
Et en effet vous êtes cause que les jeunes gens doués du meilleur naturel passent leur
vie dans les festins, dans les réunions licencieuses, dans la mollesse et dans les
plaisirs frivoles, sans faire aucun effort pour devenir meilleurs ; tandis que ceux qui
sont doués d'une nature moins heureuse consument leur existence au milieu de
dérèglements auxquels, à d'autres époques, jamais un esclave honnête n'aurait osé
se livrer. (287) Ainsi, les uns se rendent aux Neuf-Fontaines pour y rafraîchir leur vin ;
d'autres n'ont pas honte de boire dans les plus ignobles cabarets ; d'autres hasardent
leur fortune dans d'infâmes maisons de jeu ; d'autres encore, et en grand nombre,
passent leur temps dans les écoles des joueuses de flûte. Aucun de ces hommes, qui
se vantent de prendre soin de la jeunesse, n'a conduit devant vous ceux qui la
poussent à ces écarts, mais ils nous intentent des procès, à nous qui mériterions des
témoignages de reconnaissance, ne fut-ce que pour le soin que nous prenons de
détourner nos disciples de pareils dérèglements. (288) La race des sycophantes est
tellement nuisible au genre humain, que non seulement elle n'adresse aucun reproche
à des jeunes gens qui dépensent vingt ou trente mines pour entretenir des courtisanes
destinées à dévorer quelque jour le reste de leur fortune; mais qu'elle applaudit à leurs
désordres, et que ceux qui font une dépense, quelque faible qu'elle puisse être, dans
l'intérêt de leur instruction, elle les accuse de se laisser corrompre. (289) Quels
hommes pourraient être plus injustement atteints par une telle accusation que ceux
qui, dans la fleur de la jeunesse, ont méprisé les jouissances dont la plupart des
hommes de cet âge font l'objet de leurs plus ardents désirs ; qui, maîtres de
s'abandonner à l'oisiveté, sans s'imposer aucun sacrifice, ont préféré se livrer au
travail, en dépensant leur fortune pour accroître leur instruction; et qui, à peine sortis
de l'enfance, ont appris ce que beaucoup d'hommes ignorent dans un âge plus avancé,
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