Texte grec :
[270] Περὶ μὲν οὖν τούτων ἀπόχρη μοι τὸ νῦν εἶναι ταῦτ' εἰρηκέναι καὶ
συμβεβουλευκέναι· περὶ δὲ σοφίας καὶ φιλοσοφίας τοῖς μὲν περὶ ἄλλων τινῶν
ἀγωνιζομένοις οὐκ ἂν ἁρμόσειε λέγειν περὶ τῶν ὀνομάτων τούτων ̔ἔστι γὰρ ἀλλότρια
πάσαις ταῖς πραγματείαις*̓, ἐμοὶ δ' ἐπειδὴ καὶ κρίνομαι περὶ τῶν τοιούτων καὶ τὴν
καλουμένην ὑπό τινων φιλοσοφίαν οὐκ εἶναι φημί, προσήκει τὴν δικαίως ἂν
νομιζομένην ὁρίσαι καὶ δηλῶσαι πρὸς ὑμᾶς. Ἁπλῶς δέ πως τυγχάνω γιγνώσκων περὶ
αὐτῶν. (271) Ἐπειδὴ γὰρ οὐκ ἔνεστιν ἐν τῇ φύσει τῇ τῶν ἀνθρώπων ἐπιστήμην λαβεῖν
ἣν ἔχοντες ἂν εἰδεῖμεν ὅ τι πρακτέον ἤ λεκτέον ἐστίν, ἐκ τῶν λοιπῶν σοφοὺς μὲν νομίζω
τοὺς ταῖς δόξαις ἐπιτυγχάνειν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τοῦ βελτίστου δυναμένους, φιλοσόφους
δὲ τοὺς ἐν τούτοις διατρίβοντας ἐξ ὧν τάχιστα λήψονται τὴν τοιαύτην φρόνησιν. (272) Ἃ
δ' ἐστὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων ταύτην ἔχοντα τὴν δύναμιν, ἔχω μὲν εἰπεῖν, ὀκνῶ δὲ λέγειν·
οὕτω γάρ ἐστι σφόδρα καὶ παράδοξα καὶ πολὺ τῆς τῶν ἄλλων ἀφεστῶτα διανοίας,
ὥστε φοβοῦμαι μὴ τὴν ἀρχὴν αὐτῶν ἀκούσαντες θορύβου καὶ βοῆς ἅπαν ἐμπλήσητε τὸ
δικαστήριον. Ὅμως δὲ καὶ περ οὕτω διακείμενος ἐπιχειρήσω διαλεχθῆναι περὶ αὐτῶν·
αἰσχύνομαι γὰρ εἴ τισι δόξω δεδιὼς ὑπὲρ γήρως καὶ μικροῦ βίου προδιδόναι τὴν
ἀλήθειαν. (273) Δέομαι δ' ὑμῶν μὴ προκαταγνῶναί μου τοιαύτην μανίαν, ὡς ἄρ' ἐγὼ
κινδυνεύων προειλόμην ἂν λόγους εἰπεῖν ἐναντίους ταῖς ὑμετέραις γνώμαις, εἰ μὴ καὶ
τοῖς προειρημένοις ἀκολούθους αὐτοὺς ἐνόμιζον εἶναι, καὶ τὰς ἀποδείξεις ἀληθεῖς καὶ
σαφεῖς ᾤμην ἔχειν ὑπὲρ αὐτῶν. (274) Ἡγοῦμαι δὲ τοιαύτην μὲν τέχνην, ἥτις τοῖς κακῶς
πεφυκόσιν ἀρετὴν ἐνεργάσαιτ' ἂν καὶ δικαιοσύνην, οὔτε πρότερον οὔτε νῦν οὐδεμίαν
εἶναι, τούς τε τὰς ὑποσχέσεις ποιουμένους περὶ αὐτῶν πρότερον ἀπερεῖν καὶ
παύσεσθαι ληροῦντας, πρὶν εὑρεθῆναί τινα παιδείαν τοιαύτην, (275) οὐ μὴν ἀλλ' αὐτούς
γ' αὑτῶν βελτίους ἂν γίγνεσθαι καὶ πλέονος ἀξίους, εἰ πρός τε τὸ λέγειν εὖ φιλοτίμως
διατεθεῖεν, καὶ τοῦ πείθειν δύνασθαι τοὺς ἀκούοντας ἐρασθεῖεν, καὶ πρὸς τούτοις τῆς
πλεονεξίας ἐπιθυμήσαιεν, μὴ τῆς ὑπὸ τῶν ἀνοήτων νομιζομένης, ἀλλὰ τῆς ὡς ἀληθῶς
τὴν δύναμιν ταύτην ἐχούσης. (276) Καὶ ταῦθ' ὡς οὕτω πέφυκε, ταχέως οἶμαι δηλώσειν.
Πρῶτον μὲν γὰρ ὁ λέγειν ἢ γράφειν προαιρούμενος λόγους ἀξίους ἐπαίνου καὶ τιμῆς
οὐκ ἔστιν ὅπως ποιήσεται τὰς ὑποθέσεις ἀδίκους ἢ μικρὰς ἢ περὶ τῶν ἰδίων
συμβολαίων, ἀλλὰ μεγάλας καὶ καλὰς καὶ φιλανθρώπους καὶ περὶ τῶν κοινῶν
πραγμάτων· μὴ γὰρ τοιαύτας εὑρίσκων οὐδὲν διαπράξεται τῶν δεόντων. (277) Ἔπειτα
τῶν πράξεων τῶν συντεινουσῶν πρὸς τὴν ὑπόθεσιν ἐκλέξεται τὰς πρεπωδεστάτας καὶ
μάλιστα συμφερούσας· ὁ δὲ τὰς τοιαύτας συνεθιζόμενος θεωρεῖν καὶ δοκιμάζειν οὐ
μόνον περὶ τὸν ἐνεστῶτα λόγον ἀλλὰ καὶ περὶ τὰς ἄλλας πράξεις τὴν αὐτὴν ἕξει ταύτην
δύναμιν, ὥσθ' ἅμα τὸ λέγειν εὖ καὶ τὸ φρονεῖν παραγενήσεται τοῖς φιλοσόφως καὶ
φιλοτίμως πρὸς τοὺς λόγους διακειμένοις. (278) Καὶ μὴν οὐδ' ὁ πείθειν τινὰς
βουλόμενος ἀμελήσει τῆς ἀρετῆς, ἀλλὰ τούτῳ μάλιστα προσέξει τὸν νοῦν, ὅπως δόξαν
ὡς ἐπιεικεστάτην λήψεται παρὰ τοῖς συμπολιτευομένοις. Τίς γὰρ οὐκ οἶδε καὶ τοὺς
λόγους ἀληθεστέρους δοκοῦντας εἶναι τοὺς ὑπὸ τῶν εὖ διακειμένων λεγομένους ἢ τοὺς
ὑπὸ τῶν διαβεβλημένων, καὶ τὰς πίστεις μεῖζον δυναμένας τὰς ἐκ τοῦ βίου γεγενημένας
ἢ τὰς ὑπὸ τοῦ λόγου πεπορισμένας; Ὥσθ' ὅσῳ ἄν τις ἐρρωμενεστέρως ἐπιθυμῇ πείθειν
τοὺς ἀκούοντας, τοσούτῳ μᾶλλον ἀσκήσει καλὸς κἀγαθὸς εἶναι καὶ παρὰ τοῖς πολίταις
εὐδοκιμεῖν. (279) Καὶ μηδεὶς ὑμῶν οἰέσθω τοὺς μὲν ἄλλους ἅπαντας γιγνώσκειν ὅσην
ἔχει ῥοπὴν εἰς τὸ πείθειν τὸ τοῖς κρίνουσιν ἀρέσκειν, τοὺς δὲ περὶ τὴν φιλοσοφίαν ὄντας
μόνους ἀγνοεῖν τὴν τῆς εὐνοίας δύναμιν· πολὺ γὰρ ἀκριβέστερον τῶν ἄλλων καὶ ταῦτ'
ἴσασι,
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Traduction française :
[270] 26-26. Il me suffit, quant à présent, de ce que j'ai dit et des conseils que j'ai
donnés sur les choses que je viens de traiter. Maintenant, pour ce qui touche à la
sagesse et à la philosophie, il ne convient pas à ceux qui soutiennent des luttes sur
d'autres sujets, de prononcer leurs noms, car ils sont étrangers à toute espèce de
controverse. Mais pour moi, qui suis mis en jugement à leur occasion, et qui prétends
que la science appelée philosophique par certains hommes n'est pas la philosophie
véritable, j'ai le droit de définir et d'exposer devant vous celle que l'on peut justement
considérer comme telle. Mon opinion à l'égard de toutes les deux est très simple. (271)
Puisqu'il n'est pas dans la nature de l'homme d'acquérir une science qui, lorsque nous
la possédons, nous donne la connaissance de ce qu'il faut faire et de ce qu'il faut dire,
je considère comme sages ceux qui, par la force du raisonnement, parviennent la
plupart du temps à découvrir ce qu'il y a de meilleur, et j'appelle philosophes ceux qui
se livrent aux travaux à l'aide desquels ils parviennent le plus promptement à ce degré
d'intelligence. (272) Quant aux études qui donnent cette puissance, je pourrais les faire
connaître, mais j'hésite à parler, parce que les choses que j'ai à dire sont tellement
excessives, tellement paradoxales, tellement éloignées de la pensée commune, que,
lorsque vous en recevrez les premières impressions, je crains que vous ne remplissiez
de tumulte et de cris l'enceinte de ce tribunal. Cependant, et quelle que soit la position
où je me trouve, j'essayerai de m'expliquer sur ce sujet ; j'aurais honte si, par un
sentiment de timidité, fondé sur mon grand âge et sur le peu de vie qui me reste, je
paraissais aux yeux de quelques personnes trahir la cause de la vérité. (273) Je vous
demande donc de ne pas me condamner d'avance comme assez insensé, pour
qu'engagé dans les périls d'un jugement, je voulusse dire des choses contraires à vos
sentiments, si je ne les regardais pas comme une suite nécessaire de celles que
j'aurais déjà dits, et si je ne pensais pas m'appuyer sur des preuves aussi vraies
qu'évidentes. (274) Je crois qu'il n'existe pas et qu'il n'a jamais existé une science
capable de faire pénétrer la vertu et la justice chez les hommes d'une nature dépravée
; et je crois en même temps que ceux qui font de telles promesses, y renonceront et
cesseront de débiter des discours privés de raison, avant d'avoir découvert une
éducation qui produise un tel résultat. (275) Je pense néanmoins que ces mêmes
hommes pourraient devenir meilleurs et dignes de plus d'estime, s'ils s'attachaient
avec ardeur à bien parler, s'ils éprouvaient un vif désir de persuader leurs auditeurs, et
si, de plus, ils aspiraient non pas à ce que les insensés regardent comme la
supériorité, mais à la supériorité véritable. (276) J'ai la ferme confiance de vous
convaincre en peu de mots que les choses sont ainsi. Et d'abord, celui qui a résolu de
prononcer ou d'écrire des discours dignes de louange et d'estime ne peut pas se
proposer des sujets injustes ou de peu de valeur, ou des sujets qui tiennent à des
intérêts privés, mais des sujets grands, nobles, philanthropiques, qui touchent aux
intérêts généraux ; car s'il ne peut en rencontrer de tels, il ne fera rien qui puisse fixer
l'attention. (277) Il choisira ensuite, parmi les actions qui ont rapport à l'objet qu'il se
propose, celles qui sont à la fois les plus nobles, les plus utiles : et l'orateur qui se sera
accoutumé à méditer, à apprécier de semblables actions, n'appliquera pas seulement
cette faculté au discours dont il s'occupe dans le moment; il l'impliquera à toutes les
autres affaires, de telle sorte que la puissance de bien dire, comme de bien penser,
deviendra le partage de ceux qui s'adonneront à l'étude de l'éloquence avec un
sentiment philosophique, et avec le désir d'acquérir une juste renommée. (278) Enfin,
celui qui veut persuader les autres ne négligera pas la vertu ; il s'appliquera
principalement à mériter, parmi ses concitoyens, la réputation la plus honorable. Qui
pourrait ignorer que les discours des hommes investis de l'estime publique sont
regardés comme plus sincères que les discours des hommes que tout le monde
accuse ; et que les gages de confiance qui résultent d'une vie sans reproche ont plus
de puissance que ceux qui résultent des paroles ? En sorte que plus un homme sera
fortement animé du désir de persuader ses auditeurs, plus il s'efforcera d'être homme
de bien et de jouir d'une honorable renommée parmi ses concitoyens. (279) Et que
personne de vous ne croie que tous les autres connaissent de quel poids est pour
persuader le don de plaire à ses juges, pendant que ceux qui se livrent à la
philosophie sont les seuls qui ignorent le pouvoir de la bienveillance ; ils le connaissent
mieux que tous les autres;
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