HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Discours éginétique (texte complet)

τῆς



Texte grec :

[40] Καίτοι τίς ἂν μείζων ταύτης εὐεργεσία γένοιτο; ἐπειδὴ τοίνυν εἰς Λυκίαν ἐκπλεύσας ἀπέθανεν, αὕτη μὲν οὐ πολλαῖς ἡμέραις ὕστερον μετὰ τὴν ἀγγελίαν ἔθυε καὶ ἑώρταζε καὶ οὐδὲ τὸν ἀδελφὸν ᾐσχύνετο τὸν ἔτι ζῶντα, οὕτως ὀλίγον φροντίζουσα τοῦ τεθνεῶτος, ἐγὼ δ᾽ ἐπένθης᾽ αὐτόν, ὥσπερ τοὺς οἰκείους νόμος ἐστίν. <41> Καὶ ταῦτα πάντ᾽ ἐποίουν διὰ τὸν τρόπον τὸν ἐμαυτοῦ καὶ τὴν φιλίαν τὴν πρὸς ἐκείνους ἀλλ᾽ οὐ ταυτησὶ τῆς δίκης ἕνεκα· οὐ γὰρ ᾤμην αὐτοὺς οὕτω δυστυχήσειν ὥστ᾽ ἄπαιδας ἀμφοτέρους τελευτήσαντας εἰς ἔλεγχον καταστήσειν, ὁποῖός τις ἕκαστος ἡμῶν περὶ αὐτοὺς ἐγένετο. <42> Πρὸς μὲν οὖν Θρασύλοχόν τε καὶ Σώπολιν ὡς αὕτη τε κἀγὼ διεκείμεθα, σχεδὸν ἀκηκόατε· τρέψονται δ᾽ ἴσως ἐπ᾽ ἐκεῖνον τὸν λόγον ὅσπερ αὐτοῖς λοιπός ἐστιν, ὡς Θράσυλλος ὁ πατὴρ ὁ ταύτης ἡγοῖτ᾽ ἂν δεινὰ πάσχειν, εἴ τίς ἐστιν αἴσθησις τοῖς τεθνεῶσι περὶ τῶν ἐνθάδε γιγνομένων, ὁρῶν τὴν μὲν θυγατέρ᾽ ἀποστερουμένην τῶν χρημάτων, ἐμὲ δὲ κληρονόμον ὧν αὐτὸς ἐκτήσατο γιγνόμενον. Ἐγὼ δ᾽ ἡγοῦμαι μὲν οὐ περὶ τῶν πάλαι τεθνεώτων, <43> ἀλλὰ περὶ τῶν ἔναγχος τὸν κλῆρον καταλιπόντων προσήκειν ἡμῖν τοὺς λόγους ποιεῖσθαι. Θράσυλλος μὲν γάρ, οὕσπερ ἠβούλετο, τούτους κυρίους τῶν αὑτοῦ κατέλιπεν· δίκαιον δὲ καὶ Θρασυλόχῳ ταὐτὰ ταῦτ᾽ ἀποδοθῆναι παρ᾽ ὑμῶν, καὶ γενέσθαι διαδόχους τῆς κληρονομίας μὴ ταύτην, ἀλλ᾽ οἷς ἐκεῖνος διέθετο· οὐ μέντ᾽ ἄν μοι δοκῶ φυγεῖν οὐδὲ τὴν Θρασύλλου γνώμην. <44> Οἶμαι γὰρ ἂν αὐτὸν πάντων γενέσθαι ταύτῃ χαλεπώτατον δικαστήν, εἴπερ αἴσθοιτο, οἵα περὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ γεγένηται. Πολλοῦ γ᾽ ἂν δεήσειεν ἀχθεσθῆναι κατὰ τοὺς νόμους ὑμῶν ψηφισαμένων, ἀλλὰ πολὺ ἂν μᾶλλον, εἰ τὰς τῶν παίδων διαθήκας ἀκύρους ἴδοι γενομένας. Καὶ γὰρ εἰ μὲν εἰς τὸν οἶκον τὸν ἐμὸν δεδωκὼς ἦν Θρασύλοχος τὴν οὐσίαν, τοῦτ᾽ ἂν ἐπιτιμᾶν εἶχον αὐτῷ· νῦν δ᾽ εἰς τὸν αὐτῶν μ᾽ εἰσεποιήσατο, ὥστ᾽ οὐκ ἐλάττω τυγχάνουσιν εἰληφότες ὧν δεδώκασιν. Χωρὶς δὲ τούτων, <45> οὐδένα μᾶλλον εἰκός ἐστιν ἢ Θράσυλλον εὔνουν εἶναι τοῖς κατὰ δόσιν ἀμφισβητοῦσιν· καὶ γὰρ αὐτὸς καὶ τὴν τέχνην ἔμαθε παρὰ Πολεμαινέτου τοῦ μάντεως καὶ τὰ χρήματ᾽ ἔλαβεν οὐ κατὰ γένος ἀλλὰ δι᾽ ἀρετήν, ὥστ᾽ οὐκ ἂν δήπου φθονήσειεν, εἴ τις περὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ χρηστὸς γενόμενος τῆς αὐτῆς δωρεᾶς ἧσπερ ἐκεῖνος ἠξιώθη. Μεμνῆσθαι δὲ χρὴ καὶ τῶν ἐν ἀρχῇ ῥηθέντων. <46> Ἐπέδειξα γὰρ ὑμῖν αὐτὸν οὕτω περὶ πολλοῦ τὴν ἡμετέραν οἰκειότητα ποιησάμενον ὥστε γῆμαι καὶ τὴν ἀδελφὴν τὴν τοῦ πατρὸς καὶ τὴν ἀνεψιάν. Καίτοι τίσιν ἂν θᾶττον τὴν αὑτοῦ θυγατέρ᾽ ἐξέδωκεν ἢ τούτοις παρ᾽ ὧνπερ αὐτὸς λαμβάνειν ἠξίωσεν; ἐκ ποίας δ᾽ ἂν οἰκίας ἥδιον εἶδεν υἱὸν αὑτῷ κατὰ τοὺς νόμους εἰσποιηθέντα μᾶλλον ἢ ταύτης, ἐξ ἧσπερ καὶ φύσει παῖδας ἐζήτησεν αὑτῷ γενέσθαι; <47> Ὥστ᾽ ἂν μὲν ἐμοὶ ψηφίσησθε τὸν κλῆρον, καὶ πρὸς ἐκεῖνον ὑμῖν καλῶς ἕξει καὶ πρὸς τοὺς ἄλλους ἅπαντας οἷς προσήκει τι τούτων τῶν πραγμάτων· ἂν δ᾽ ὑπὸ ταύτης πεισθέντες ἐξαπατηθῆτε, οὐ μόνον ἔμ᾽ ἀδικήσετε ἀλλὰ καὶ Θρασύλοχον τὸν τὴν διαθήκην καταλιπόντα καὶ Σώπολιν καὶ τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐκείνων, ἣ νῦν ἐμοὶ συνοικεῖ, καὶ τὴν μητέρ᾽ αὐτῶν, ἣ πασῶν ἂν εἴη δυστυχεστάτη γυναικῶν, εἰ μὴ μόνον ἐξαρκέσειεν αὐτῇ στέρεσθαι τῶν παίδων, ἀλλὰ καὶ τοῦτ᾽ αὐτῇ προσγένοιτο, ὥστ᾽ ἐπιδεῖν ἄκυρον μὲν τὴν ἐκείνων γνώμην οὖσαν, ἔρημον δὲ τὸν οἶκον γιγνόμενον, <48> καὶ τὴν μὲν ἐπιχαίρουσαν τοῖς αὑτῆς κακοῖς ἐπιδικαζομένην τῶν χρημάτων, ἐμὲ δὲ μηδενὸς δυνάμενον τῶν δικαίων τυχεῖν, ὃς τοιαῦτ᾽ ἔπραξα περὶ τοὺς ἐκείνης, ὥστ᾽ εἴ τίς με σκοποῖτο μὴ πρὸς ταύτην ἀλλὰ πρὸς τοὺς πώποτε κατὰ δόσιν ἀμφισβητήσαντας, εὑρεθείην ἂν οὐδενὸς χείρων αὐτῶν περὶ τοὺς φίλους γεγενημένος. Καίτοι χρὴ τοὺς τοιούτους τιμᾶν καὶ περὶ πολλοῦ ποιεῖσθαι πολὺ μᾶλλον ἢ τὰς ὑφ᾽ ἑτέρων δεδομένας δωρεὰς ἀφαιρεῖσθαι. <49> Ἄξιον δ᾽ ἐστὶ καὶ τῷ νόμῳ βοηθεῖν καθ᾽ ὃν ἔξεστιν ἡμῖν καὶ παῖδας εἰσποιήσασθαι καὶ βουλεύσασθαι περὶ τῶν ἡμετέρων αὐτῶν, ἐνθυμηθέντας ὅτι τοῖς ἐρήμοις τῶν ἀνθρώπων ἀντὶ παίδων οὗτός ἐστιν· διὰ γὰρ τοῦτον καὶ οἱ συγγενεῖς καὶ οἱ μηδὲν προσήκοντες μᾶλλον ἀλλήλων ἐπιμελοῦνται. <50> Ἵνα δὲ παύσωμαι λέγων καὶ μηκέτι πλείω χρόνον διατρίβω, σκέψασθ᾽ ὡς μεγάλα καὶ δίκαι᾽ ἥκω πρὸς ὑμᾶς ἔχων, πρῶτον μὲν φιλίαν πρὸς τοὺς καταλιπόντας τὸν κλῆρον παλαιὰν καὶ πατρικὴν καὶ πάντα τὸν χρόνον διατελέσασαν, ἔπειτ᾽ εὐεργεσίας πολλὰς καὶ μεγάλας καὶ περὶ δυστυχοῦντας ἐκείνους γεγενημένας, πρὸς δὲ τούτοις διαθήκας παρ᾽ αὐτῶν τῶν ἀντιδίκων ὁμολογουμένας, ἔτι δὲ νόμον ταύταις βοηθοῦντα, ὃς δοκεῖ τοῖς Ἕλλησιν ἅπασι καλῶς κεῖσθαι. <51> Τεκμήριον δὲ μέγιστον· περὶ γὰρ ἄλλων πολλῶν διαφερόμενοι περὶ τούτου ταὐτὰ γιγνώσκουσιν. Δέομαι οὖν ὑμῶν καὶ τούτων μεμνημένους καὶ τῶν ἄλλων τῶν εἰρημένων τὰ δίκαια ψηφίσασθαι, καὶ τοιούτους μοι γενέσθαι δικαστάς, οἵων περ ἂν αὐτοὶ τυχεῖν ἀξιώσαιτε.

Traduction française :

[40] Quel bienfait pourrait être placé au-dessus d'un tel service ? Ayant ensuite fait voile vers la Lycie, Sopolis mourut, et ma partie adverse, peu de jours après en avoir reçu la nouvelle, offrait des sacrifices, célébrait des fêtes, et n'éprouvait pas de honte, devant un frère encore vivant, de montrer cette indifférence pour celui qui avait cessé de vivre. Quant à moi, je le pleurais, comme la loi le prescrit entre parents. <41> J'agissais en cela par l'impulsion de ma nature, comme de l'amitié que je portais aux deux frères, et non en vue du procès que je soutiens aujourd'hui ; car je ne croyais pas, alors, qu'ils seraient assez infortunés pour mourir l'un et l'autre sans enfants, et que je serais obligé de montrer ce que chacun de nous avait été à leur égard. 19. <42> Vous avez pu reconnaître quels avaient été les sentiments de cette femme et les miens à l'égard de Thrasylochus et de Sopolis. Peut-être ceux qui nous combattent se rejetteront-ils sur cet argument, le seul qui leur reste, que Thrasyllus, son père, s'il existe chez les morts quelque sentiment des choses de la terre, éprouverait une grande indignation de voir sa fille dépouillée de ses richesses, et moi devenu l'héritier de ce qu'il avait acquis. 20. Pour moi, je pense qu'il nous convient de parler, dans ce moment, non de ceux qui sont morts depuis longtemps, <43> mais de ceux dont la succession s'est récemment ouverte. Thrasyllus a choisi pour héritiers ceux qu'il a voulu, il est donc juste que la même faculté soit accordée par vous à Thrasylochus, et que sa fortune appartienne, non à cette femme, mais à ceux en faveur desquels il a testé ; en cela même, je ne crois pas m' éloigner des sentiments de Thrasyllus. <44> Je suis convaincu, au contraire, qu'il deviendrait pour elle le juge le plus sévère, s'il savait ce qu'elle a été pour ses fils. Loin de vous voir avec peine prononcer selon les lois, il serait bien plutôt indigné, s'il vous voyait annuler les dernières volontés de ses enfants. Si Thrasylochus avait, par une simple donation, fait passer sa fortune dans ma maison, mes adversaires pourraient lui adresser quelques reproches ; mais, par l'adoption, il m'a fait entrer dans leur famille, et alors ils se trouvent avoir reçu autant qu'ils ont donné. Il est naturel, en outre, <45> que personne ne puisse être disposé plus favorablement que Thrasyllus à l'égard de ceux qui plaident pour le maintien d'une donation, car, ayant appris de Polémoenétès l'art de la divination, il a recueilli sa fortune, non pas à cause des droits du sang, mais à cause de son mérite ; il ne doit donc éprouver aucune colère en voyant un homme qui a été utile à ses enfants recevoir une récompense semblable à celle dont lui-même avait été jugé digne. 21. Il faut aussi vous rappeler ce que j'ai dit en commençant. <46> Je vous ai fait voir que Thrasyllus attachait un tel prix à notre alliance qu'il avait épousé la sœur, puis la cousine de mon père. Or à qui aurait-il donné sa fille avec plus d'empressement qu'à ceux chez lesquels il avait voulu choisir une épouse? Comme aussi, de quelle famille se serait-il vu donner avec plus de plaisir un fils selon la loi, que de celle dont lui-même avait cherché à obtenir des enfants selon la nature ? 22. <47> En un mot, si vous décidez que l'héritage m'appartient, vous rendrez un jugement qui aura l'assentiment de Thrasyllus, comme de tous ceux qui, pour un motif quelconque, ont intérêt au succès de cette affaire; et si, au contraire, persuadés par celle qui m'attaque, vous vous laissez abuser, non seulement vous violerez la justice à mon égard, mais vous la violerez encore à l'égard de Thrasylochus, l'auteur du testament ; de Sopolis, de leur sœur, à laquelle je suis uni; de leur mère, qui serait la plus infortunée des femmes, si ce n'était pas assez pour elle d'être privée de ses enfants, mais qu'elle dût encore y ajouter la douleur de voir leurs volontés anéanties, leur famille éteinte, <48> celle qui revendique leur héritage insultant à son infortune en se le faisant adjuger; moi enfin, dans l'impossibilité de jouir d'aucun de mes droits, lorsque j'ai rendu de tels services à ses enfants que, si l'on me comparait, je ne dis pas à cette femme, mais à tous ceux qui ont jamais réclamé des donations, je ne serais jugé inférieur à aucun d'eux dans mon dévouement pour mes amis. Certes, il faut honorer les hommes de ce caractère et les entourer d'estime, plutôt que de leur arracher les dons qui leur ont été faits. <49> Vous devez aussi venir au secours de la loi, qui nous permet d'adopter des enfants et de disposer de notre fortune; convaincus que cette loi a été faite pour que ceux qui sont privés de postérité puissent remplir le vide de leur existence, parce qu'elle encourage les parents, et même ceux qui n'ont entre eux aucun rapport de famille, à prendre réciproquement plus de soins les uns pour les autres. <50> 23. Afin de mettre un terme à ce discours et de ne pas nous arrêter plus longtemps, considérez combien sont puissants et justes les titres sur lesquels je m'appuie : d'abord, mon amitié pour ceux qui m'ont laissé leur héritage, amitié ancienne, héréditaire, constante dans tous les temps ; ensuite, les grands et nombreux bienfaits dont ils ont été l'objet dans leurs malheurs, et les dispositions testamentaires reconnues par mes adversaires eux-mêmes; enfin, la loi qui protège ces dispositions, loi qui paraît avoir l'assentiment de tous les Grecs. <51> En voici la plus grande preuve : divisés sur une foule d'autres lois, leur opinion sur celle-ci est unanime. Je vous demande donc de vous souvenir de ces faits, aussi bien que de tous ceux qui ont été rappelés ici ; et, en donnant vos suffrages conformément à la justice, d'être pour moi des juges tels que vous désireriez en rencontrer de semblables pour vous-mêmes.





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Dernière mise à jour : 24/06/2009