HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Contre les Sophistes (texte complet)

γραμμάτων



Texte grec :

[10] Καὶ ταύτης τῆς δυνάμεως οὐδὲν οὔτε ταῖς ἐμπειρίαις οὔτε τῇ φύσει τῇ τοῦ μαθητοῦ μεταδιδόασιν, ἀλλά φασιν ὁμοίως τὴν τῶν λόγων ἐπιστήμην ὥσπερ τὴν τῶν γραμμάτων παραδώσειν, ὡς μὲν ἔχει τούτων ἑκάτερον, οὐκ ἐξετάσαντες, οἰόμενοι δὲ διὰ τὰς ὑπερβολὰς τῶν ἐπαγγελμάτων αὐτοί τε θαυμασθήσεσθαι καὶ τὴν παίδευσιν τὴν τῶν λόγων πλέονος ἀξίαν δόξειν εἶναι, κακῶς εἰδότες ὅτι μεγάλας ποιοῦσι τὰς τέχνας οὐχ οἱ τολμῶντες ἀλαζονεύεσθαι περὶ αὐτῶν, ἀλλ' οἵτινες ἄν, ὅσον ἔνεστιν ἐν ἑκάστῃ, τοῦτ' ἐξευρεῖν δυνηθῶσιν. (11) Ἐγὼ δὲ πρὸ πολλῶν μὲν ἂν χρημάτων ἐτιμησάμην τηλικοῦτον δύνασθαι τὴν φιλοσοφίαν, ὅσον οὗτοι λέγουσιν, ἴσως γὰρ οὐκ ἂν ἡμεῖς πλεῖστον ἀπελείφθημεν, οὐδ' ἂν ἐλάχιστον μέρος ἀπελαύσαμεν αὐτῆς· ἐπειδὴ δ' οὐχ οὕτως ἔχει, βουλοίμην ἂν παύσασθαι τοὺς φλυαροῦντας· ὁρῶ γὰρ οὐ μόνον περὶ τοὺς ἐξαμαρτάνοντας τὰς βλασφημίας γιγνομένας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους ἅπαντας συνδιαβαλλομένους τοὺς περὶ τὴν αὐτὴν διατριβὴν ὄντας. (12) Θαυμάζω δ' ὅταν ἴδω τούτους μαθητῶν ἀξιουμένους, οἳ ποιητικοῦ πράγματος τεταγμένην τέχνην παράδειγμα φέροντες λελήθασι σφᾶς αὐτούς. Τίς γὰρ οὐκ οἶδε πλὴν τούτων ὅτι τὸ μὲν τῶν γραμμάτων ἀκινήτως ἔχει καὶ μένει κατὰ ταὐτόν, ὥστε τοῖς αὐτοῖς ἀεὶ περὶ τῶν αὐτῶν χρώμενοι διατελοῦμεν, τὸ δὲ τῶν λόγων πᾶν τοὐναντίον πέπονθεν· τὸ γὰρ ὑφ' ἑτέρου ῥηθὲν τῷ λέγοντι μετ' ἐκεῖνον οὐχ ὁμοίως χρήσιμόν ἐστιν, ἀλλ' οὗτος εἶναι δοκεῖ τεχνικώτατος, ὅς τις ἂν ἀξίως μὲν λέγῃ τῶν πραγμάτων, μηδὲν δὲ τῶν αὐτῶν τοῖς ἄλλοις εὑρίσκειν δύνηται. (13) Μέγιστον δὲ σημεῖον τῆς ἀνομοιότητος αὐτῶν· τοὺς μὲν γὰρ λόγους οὐχ οἷόν τε καλῶς ἔχειν, ἢν μὴ τῶν καιρῶν καὶ τοῦ πρεπόντως καὶ τοῦ καινῶς ἔχειν μετάσχωσιν, τοῖς δὲ γράμμασιν οὐδενὸς τούτων προσεδέησεν. Ὥσθ' οἱ χρώμενοι τοῖς τοιούτοις παραδείγμασι πολὺ ἂν δικαιότερον ἀποτίνοιεν ἢ λαμβάνοιεν ἀργύριον, ὅτι πολλῆς ἐπιμελείας αὐτοὶ δεόμενοι παιδεύειν τοὺς ἄλλους ἐπιχειροῦσιν. (14) Εἰ δὲ δεῖ μὴ κατηγορεῖν τῶν ἄλλων ἀλλὰ καὶ τὴν ἐμαυτοῦ δηλῶσαι διάνοιαν, ἡγοῦμαι πάντας ἄν μοι τοὺς εὖ φρονοῦντας συνειπεῖν ὅτι πολλοὶ μὲν τῶν φιλοσοφησάντων ἰδιῶται διετέλεσαν ὄντες, ἄλλοι δέ τινες οὐδενὶ πώποτε συγγενόμενοι τῶν σοφιστῶν καὶ λέγειν καὶ πολιτεύεσθαι δεινοὶ γεγόνασιν. Αἱ μὲν γὰρ δυνάμεις καὶ τῶν λόγων καὶ τῶν ἄλλων ἔργων ἁπάντων ἐν τοῖς εὐφυέσιν ἐγγίγνονται καὶ τοῖς περὶ τὰς ἐμπειρίας γεγυμνασμένοις· (15) ἡ δὲ παίδευσις τοὺς μὲν τοιούτους τεχνικωτέρους καὶ πρὸς τὸ ζητεῖν εὐπορωτέρους ἐποίησεν, οἷς γὰρ νῦν ἐντυγχάνουσι πλανώμενοι, ταῦτ' ἐξ ἑτοιμοτέρου λαμβάνειν αὐτοὺς ἐδίδαξεν, τοὺς δὲ καταδεεστέραν τὴν φύσιν ἔχοντας ἀγωνιστὰς μὲν ἀγαθοὺς ἢ λόγων ποιητὰς οὐκ ἂν ἀποτελέσειεν, αὐτοὺς δ' ἂν αὑτῶν προαγάγοι καὶ πρὸς πολλὰ φρονιμωτέρως διακεῖσθαι ποιήσειεν. (16) Βούλομαι δ', ἐπειδή περ εἰς τοῦτο προῆλθον, ἔτι σαφέστερον εἰπεῖν περὶ αὐτῶν. Φημὶ γὰρ ἐγὼ τῶν μὲν ἰδεῶν, ἐξ ὧν τοὺς λόγους ἅπαντας καὶ λέγομεν καὶ συντίθεμεν, λαβεῖν τὴν ἐπιστήμην οὐκ εἶναι τῶν πάνυ χαλεπῶν, ἤν τις αὑτὸν παραδῷ μὴ τοῖς ῥᾳδίως ὑπισχνουμένοις ἀλλὰ τοῖς εἰδόσι τι περὶ αὐτῶν· τὸ δὲ τούτων ἐφ' ἑκάστῳ τῶν πραγμάτων ἃς δεῖ προελέσθαι καὶ μῖξαι πρὸς ἀλλήλας καὶ τάξαι κατὰ τρόπον, ἔτι δὲ τῶν καιρῶν μὴ διαμαρτεῖν, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐνθυμήμασι πρεπόντως ὅλον τὸν λόγον καταποικῖλαι καὶ τοῖς ὀνόμασιν εὐρύθμως καὶ μουσικῶς εἰπεῖν, (17) ταῦτα δὲ πολλῆς ἐπιμελείας δεῖσθαι καὶ ψυχῆς ἀνδρικῆς καὶ δοξαστικῆς ἔργον εἶναι, καὶ δεῖν τὸν μὲν μαθητὴν πρὸς τῷ τὴν φύσιν ἔχειν οἵαν χρὴ τὰ μὲν εἴδη τὰ τῶν λόγων μαθεῖν, περὶ δὲ τὰς χρήσεις αὐτῶν γυμνασθῆναι, τὸν δὲ διδάσκαλον τὰ μὲν οὕτως ἀκριβῶς οἷόν τ' εἶναι διελθεῖν ὥστε μηδὲν τῶν διδακτῶν παραλιπεῖν, περὶ δὲ τῶν λοιπῶν τοιοῦτον αὑτὸν παράδειγμα παρασχεῖν, (18) ὥστε τοὺς ἐκτυπωθέντας καὶ μιμήσασθαι δυναμένους εὐθὺς ἀνθηρότερον καὶ χαριέστερον τῶν ἄλλων φαίνεσθαι λέγοντας. Καὶ τούτων μὲν ἁπάντων συμπεσόντων τελείως ἕξουσιν οἱ φιλοσοφοῦντες· καθ' ὃ δ' ἂν ἐλλειφθῇ τι τῶν εἰρημένων, ἀνάγκη ταύτῃ χεῖρον διακεῖσθαι τοὺς πλησιάζοντας. (19) Οἱ μὲν οὖν ἄρτι τῶν σοφιστῶν ἀναφυόμενοι καὶ νεωστὶ προσπεπτωκότες ταῖς ἀλαζονείαις, εἰ καὶ νῦν πλεονάζουσιν, εὖ οἶδ' ὅτι πάντες ἐπὶ ταύτην κατενεχθήσονται τὴν ὑπόθεσιν. Λοιποὶ δ' ἡμῖν εἰσιν οἱ πρὸ ἡμῶν γενόμενοι καὶ τὰς καλουμένας τέχνας γράψαι τολμήσαντες, οὓς οὐκ ἀφετέον ἀνεπιτιμήτους· οἵ τινες ὑπέσχοντο δικάζεσθαι διδάξειν, ἐκλεξάμενοι τὸ δυσχερέστατον τῶν ὀνομάτων, ὃ τῶν φθονούντων ἔργον ἦν λέγειν, ἀλλ' οὐ τῶν προεστώτων τῆς τοιαύτης παιδεύσεως, καὶ ταῦτα τοῦ πράγματος,

Traduction française :

[10] Ils n'accordent aucune part, dans cette faculté, ni à l'instruction première ni au génie de l'élevé; ils prétendent enseigner les préceptes de l'éloquence comme ou enseigne l'art de tracer des caractères, sans même chercher à se rendre compte de la nature de ces deux sciences, et croyant, par l'exagération de leurs promesses, se faire admirer, en même temps qu'ils obtiendront plus d'estime pour l'étude de l'éloquence. Ils ignorent que ce ne sont pas les hommes qui se vantent insolemment de leur habileté qui font prospérer les arts, mais ceux auxquels il est donné de trouver ce que renferme chacun d'eux. (11) 6. Je voudrais pour beaucoup que la philosophie pût avoir la puissance qu'ils lui prêtent ; peut-être alors ne serions-nous pas nous-mêmes rejetés au dernier rang, et ne nous offrirait-elle pas les fruits les moins abondants. Mais, puisqu'il en est autrement, je désirerais, du moins, pouvoir imposer silence à ces impertinents discoureurs ; car je vois que leurs injures n'atteignent pas seulement les coupables, mais tous ceux qui consacrent leur vie à l'étude de la philosophie. (12) 7. Je m'étonne de voir confier des disciples à des hommes qui, sans chercher à s'en rendre compte, présentent un art, où tout est défini, comme un point de comparaison avec une science appartenant en quelque sorte au domaine de la poésie. Qui peut ignorer, eux exceptés, que l'art de l'écriture a quelque chose de fixe et qu'elle est renfermée dans des limites dont on ne peut s'écarter, de sorte que nous nous servons toujours des mêmes signes pour représenter les mêmes choses, tandis que, pour l'éloquence, c'est absolument le contraire ? Ainsi, une pensée exprimée par un orateur n'a pas le même mérite dans la bouche de celui qui la reproduit après lui; et celui-là paraît être le plus habile qui, parlant avec la dignité que réclame le sujet, peut trouver des expressions complètement différentes de celles dont les autres se sont servis. (13) Voici la preuve la plus certaine de la différence qui existe entre les deux sciences. Les discours ne peuvent avoir une valeur réelle, s'ils ne sont pas en harmonie avec les temps et s'ils n'offrent pas le double charme de l'élégance et de la nouveauté, tandis que, pour tracer des caractères, rien de pareil n'est nécessaire. Par conséquent, ceux qui se servent de semblables comparaisons devraient payer une amende plutôt que recevoir de l'argent ; parce qu'eux-mêmes ils auraient besoin d'être instruits, alors qu'ils prétendent instruire les autres. (14) 8. Si, cependant, je ne dois pas me borner à formuler des accusations, et si je dois faire connaître ma pensée tout entière, je crois être d'accord avec tous les hommes sensés en disant qu'un grand nombre parmi ceux qui se sont livrés à l'étude des lettres sont restes dans l'obscurité de la vie privée, tandis que quelques autres, sans avoir jamais été à l'école d'aucun sophiste, se sont fait remarquer par leur éloquence et par leur habileté dans le gouvernement de l'État. La puissance de la parole et de toutes les autres facultés de l'homme se manifeste dans ceux qui sont nés avec des dispositions heureuses et dans ceux qui ont développé des dispositions ordinaires par le travail. (15) L'éducation les rend plus habiles; elle leur fournit de plus abondantes ressources pour faire des recherches, parce que, les choses qu'ils rencontraient en errant et comme au hasard, elle leur enseigne à les prendre comme dans un dépôt. Si elle ne peut pas faire que des hommes d'une nature inférieure deviennent des athlètes redoutables ou des orateurs distingués, du moins les rend-elle en quelque sorte supérieurs à eux-mêmes et plus capables à beaucoup d'égards. (16) 9. Je veux, puisque je me suis avancé jusque-là, m'expliquer avec encore plus de clarté. Je dis que la science des formes dont nous nous servons soit pour parler, soit pour composer des discours, n'est pas au nombre des choses très difficiles à acquérir, si l'on place sa confiance, non dans les hommes qui font facilement de vaines promesses, mais dans ceux qui sont véritablement instruits des choses qu'ils enseignent. Quant à l'art de choisir les formes que réclame chaque objet en particulier, de les disposer entre elles, de les placer à propos, de ne laisser échapper aucune occasion de donner par les pensées une variété convenable à tout un discours, d'observer enfin, dans les paroles, les règles du nombre et de l'harmonie, (17) je dis que c'est un travail qui exige beaucoup de soins, et que c'est l'œuvre d'un esprit courageux et pénétrant ; j'ajoute que le disciple doit non seulement avoir reçu de la nature les moyens nécessaires pour apprendre et connaître les divers genres de style , mais qu'il doit s'être exercé à en faire usage, et que le maître, indépendamment de la faculté d'expliquer toutes les règles avec une exactitude telle que rien de ce qui doit être appris ne soit passé sous silence, est obligé pour tout le reste de s'offrir lui-même à ses disciples comme un modèle si complet, (18) que ceux qu'il aura formés et qui seront capables de l'imiter se fassent aussitôt reconnaître par un langage plus gracieux et plus fleuri. Lorsque tous ces avantages se trouveront réunis, ceux qui se livrent à l'étude de la philosophie atteindront la perfection ; mais, toutes les fois qu'une des conditions n'aura pas été remplie, les disciples seront nécessairement inférieurs dans cette partie. (19) 10. Tous ces sophistes nouvellement éclos, qui récemment ont fait éclater leur orgueil, je les regarde, quel que soit leur nombre, comme étant tous compris dans le cercle que je viens de tracer. 11. Il nous reste à parler de ceux qui, nés avant notre époque, ont osé consigner dans leurs écrits ce qu'ils appellent les artifices de la chicane, et que nous ne devons pas laisser passer sans leur infliger la part de blâme qui leur appartient. Ils promettaient d'enseigner l'art de discuter devant la justice, choisissant pour désigner la science qu'ils enseignaient la plus odieuse de toutes les expressions, celle qu'auraient pu employer les hommes jaloux de l'éloquence, mais non pas les chefs d'une science aussi élevée;





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Dernière mise à jour : 16/10/2008