[0] Παραγραφή πρὸς Καλλίμαχον.
(1) Εἰ μὲν καὶ ἄλλοι τινὲς ἦσαν ἠγωνισμένοι τοιαύτην παραγραφήν, ἀπ' αὐτοῦ τοῦ
πράγματος ἠρχόμην ἂν τοὺς λόγους ποιεῖσθαι· νῦν δ' ἀνάγκη περὶ τοῦ νόμου πρῶτον
εἰπεῖν καθ' ὃν εἰσεληλύθαμεν, ἵν' ἐπιστάμενοι περὶ ὧν ἀμφισβητοῦμεν, τὴν ψῆφον
φέρητε, καὶ μηδεὶς ὑμῶν θαυμάσῃ διότι φεύγων τὴν δίκην πρότερος λέγω τοῦ
διώκοντος.
(2) Ἐπειδὴ γὰρ ἐκ Πειραιέως κατελθόντες ἐνίους ἑωρᾶτε τῶν πολιτῶν συκοφαντεῖν
ὡρμημένους καὶ τὰς συνθήκας λύειν ἐπιχειροῦντας, βουλόμενοι τούτους τε παῦσαι καὶ
τοῖς ἄλλοις ἐπιδεῖξαι ὅτι οὐκ ἀναγκασθέντες ἐποιήσασθ' αὐτὰς ἀλλ' ἡγούμενοι τῇ πόλει
συμφέρειν, εἰπόντος Ἀρχίνου νόμον ἔθεσθε, ἄν τις δικάζηται παρὰ τοὺς ὅρκους, ἐξεῖναι
τῷ φεύγοντι παραγράψασθαι, τοὺς δ' ἄρχοντας περὶ τούτου πρῶτον εἰσάγειν, λέγειν δὲ
πρότερον τὸν παραγραψάμενον, (3) ὁπότερος δ' ἂν ἡττηθῇ, τὴν ἐπωβελίαν ὀφείλειν, ἵν'
οἱ τολμῶντες μνησικακεῖν μὴ μόνον ἐπιορκοῦντες ἐξελέγχοιντο μηδὲ τὴν παρὰ τῶν θεῶν
τιμωρίαν ὑπομένοιεν ἀλλὰ καὶ παραχρῆμα ζημιοῖντο. Δεινὸν οὖν ἡγησάμην, εἰ τῶν
νόμων οὕτως ἐχόντων ἐγὼ περιόψομαι τὸν μὲν συκοφάντην ἐν τριάκοντα δραχμαῖς
κινδυνεύοντα, ἐμαυτὸν δὲ περὶ τῆς οὐσίας ἁπάσης ἀγωνιζόμενον.
(4) Ἀποδείξω δὲ Καλλίμαχον οὐ μόνον παρὰ τὰς συνθήκας δικαζόμενον, ἀλλὰ καὶ
περὶ τῶν ἐγκλημάτων ψευδόμενον, καὶ προσέτι δίαιταν ἡμῖν γεγενημένην περὶ αὐτῶν.
Βούλομαι δ' ἐξ ἀρχῆς ὑμῖν διηγήσασθαι τὰ πραχθέντα· ἂν γὰρ τοῦτο μάθητε ὡς οὐδὲν
ὑπ' ἐμοῦ κακὸν πέπονθεν, ἡγοῦμαι ταῖς τε συνθήκαις ὑμᾶς ἥδιον βοηθήσειν καὶ τούτῳ
μᾶλλον ὀργιεῖσθαι.
(5) Ἦρχον μὲν γὰρ οἱ δέκα οἱ μετὰ τοὺς τριάκοντα καταστάντες, ὄντος δέ μοι
Πατροκλέους ἐπιτηδείου, τοῦ τότε βασιλεύοντος, ἔτυχον μετ' αὐτοῦ βαδίζων. Ἐκεῖνος δ'
ἐχθρὸς ὢν Καλλιμάχῳ τῷ νῦν ἐμὲ διώκοντι τὴν δίκην, ἀπήντησεν ἀργύριον φέροντι.
Λαβόμενος δ' αὐτοῦ Πάμφιλον ἔφασκεν αὐτὸ καταλιπεῖν καὶ δημόσιον γίγνεσθαι·
ἐκεῖνον γὰρ εἶναι τῶν ἐν Πειραιεῖ. (6) Ἀμφισβητοῦντος δὲ τούτου καὶ λοιδορίας αὐτοῖς
γενομένης ἄλλοι τε πολλοὶ συνέδραμον, καὶ κατὰ τύχην Ῥίνων εἷς τῶν δέκα γενόμενος
προσῆλθεν. Εὐθὺς οὖν πρὸς αὐτὸν τὴν φάσιν τῶν χρημάτων ὁ Πατροκλῆς ἐποιεῖτο· ὁ
δ' ὡς τοὺς συνάρχοντας ἦγεν ἀμφοτέρους. Ἐκεῖνοι δ' εἰς τὴν βουλὴν περὶ αὐτῶν
ἀπέδοσαν· κρίσεως δὲ γενομένης ἔδοξε τὰ χρήματα δημόσι' εἶναι. Μετὰ δὲ ταῦτ', (7)
ἐπειδὴ κατῆλθον οἱ φεύγοντες ἐκ Πειραιέως, οὗτος ἐνεκάλει τῷ Πατροκλεῖ καὶ δίκας
ἐλάγχανεν ὡς αἰτίῳ τῆς συμφορᾶς γεγενημένῳ· διαλλαγεὶς δὲ πρὸς ἐκεῖνον καὶ
πραξάμενος αὐτὸν δέκα μνᾶς ἀργυρίου Λυσίμαχον ἐσυκοφάντει· λαβὼν δὲ καὶ παρὰ
τούτου διακοσίας δραχμὰς ἐμοὶ πράγματα παρεῖχεν. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐνεκάλει
φάσκων με συμπράττειν ἐκείνοις, τελευτῶν δ' εἰς τοῦτ' ἀναιδείας ἦλθεν ὥσθ' ἁπάντων
με τῶν γεγενημένων ᾐτιᾶτο· ἅπερ ἴσως καὶ νῦν τολμήσει κατηγορεῖν. (8) Ἐγὼ δ' ὑμῖν
παρέξομαι μάρτυρας πρῶτον μὲν τοὺς ἐξ ἀρχῆς παραγενομένους, ὡς οὔτ' ἐπελαβόμην
οὔτ' ἐφηψάμην τῶν χρημάτων, ἔπειτα Ῥίνωνα8 καὶ τοὺς συνάρχοντας, ὡς οὐκ ἐγὼ τὴν
φάσιν ἀλλὰ Πατροκλῆς ἐποιήσατο πρὸς αὐτούς, ἔτι δὲ τοὺς βουλευτάς, ὡς ἐκεῖνος ἦν ὁ
κατηγορῶν. Καί μοι κάλει τούτων μάρτυρας.
Μάρτυρες
(9) Οὕτω τοίνυν πολλῶν παραγενομένων τοῖς πραχθεῖσιν, ὥσπερ οὐδενὸς
συνειδότος αὐτὸς μὲν οὗτος ἐφιστάμενος εἰς τοὺς ὄχλους καὶ καθίζων ἐπὶ τοῖς
ἐργαστηρίοις λόγους ἐποιεῖτο ὡς δεινὰ πεπονθὼς ὑπ' ἐμοῦ καὶ τῶν χρημάτων
ἀπεστερημένος, τῶν δὲ χρωμένων τινὲς τούτῳ προσιόντες μοι συνεβούλευον
ἀπαλλάττεσθαι τῆς πρὸς τοῦτον διαφορᾶς καὶ μὴ βούλεσθαι κακῶς ἀκούειν μηδὲ
κινδυνεύειν περὶ πολλῶν χρημάτων, μηδ' εἰ σφόδρα πιστεύω τῷ πράγματι, λέγοντες ὡς
πολλὰ παρὰ γνώμην ἐν τοῖς δικαστηρίοις ἀποβαίνει,
| [0] EXCEPTION CONTRE CALLIMAQUE.
(1) 1. Si d'autres orateurs avaient déjà plaidé une exception de cette nature, je
commencerais par traiter l'affaire en elle-même ; mais ici je suis obligé de parler
d'abord de la loi en vertu de laquelle nous nous présentons devant votre tribunal, afin
que vous donniez votre suffrage avec une connaissance entière des circonstances de
notre litige, et que personne de vous ne soit surpris de ce qu'étant défendeur, je parle
avant celui qui m'attaque.
(2) Lorsqu'après votre retour du Pirée, vous reconnûtes que quelques hommes
s'attachaient à calomnier les citoyens et s'efforçaient d'anéantir les traités, voulant
réprimer leur audace et montrer en même temps que vous n'aviez pas fait ces traités
par contrainte, mais parce que vous étiez convaincus qu'ils étaient utiles à la
République, vous fîtes, sur la proposition d'Archînus, une loi portant que si on attaquait
quelqu'un en justice contre les serments, l'accusé pourrait porter directement l'affaire
devant les archontes, que les archontes lui donneraient action d'abord, qu'il parlerait le
premier, (3) et qu'enfin celui des deux qui succomberait payerait l'épobélia, afin que
ceux qui osent réveiller des souvenirs de colère ne soient pas seulement regardés
comme parjures, mais qu'ils soient, en attendant la vengeance des dieux, frappés d'un
châtiment immédiat. Je croirais avoir fait un acte contraire à la raison, si, en présence
de telles lois, j'avais pu consentir à ce que le calomniateur ne courût que la chance
d'une amende de trente drachmes, tandis que j'aurais à lutter pour la totalité de ma
fortune.
(4) 2. Je ferai voir que Callimaque ne m'appelle pas seulement en justice au
mépris des traités, mais que, dans ses accusations, il articule des mensonges, et
qu'en outre un arbitrage a eu lieu sur les choses dont il se plaint. Mais je veux
auparavant vous présenter, à partir de l'origine, les faits tels qu'ils se sont passés, car
je crois que, du moment où vous reconnaîtrez que Callimaque n'a éprouvé de ma part
aucun préjudice, vous serez plus disposés à maintenir l'exécution des traités, en
même temps que vous ressentirez contre lui une indignation plus vive.
(5) 3. Les Dix avaient remplacé les Trente et gouvernaient l'État. Patrocle était
mon ami; il remplissait alors les fonctions d'archonte-roi, et je marchais avec lui. Il était
l'ennemi de Callimaque qui m'accuse aujourd'hui ; il le rencontre portant une somme
d'argent. Il l'arrête en disant que c'est Philus qui a laissé cet argent et qu'il appartient
au Trésor, parce que Philus fait partie des citoyens du Pirée. (6) Une dispute s'élève
entre eux; ils en viennent aux injures, et un grand nombre de citoyens accourent de
divers côtés. Le hasard amène Rhinon, qui faisait partie des Dix. Patrocle aussitôt lui
rend compte de ce qui concerne l'argent; Rhinon les conduit tous les deux devant ses
collègues. L'affaire est renvoyée par eux devant le Sénat ; un jugement est rendu qui
déclare que l'argent appartient au Trésor. (7) Plus tard, les réfugiés étant revenus du
Pirée, Callimaque accuse Patrocle et le cite en justice, comme ayant été l'auteur du
tort qu'il a éprouvé; il s'arrange ensuite avec lui, et se fait donner dix mines d'argent ;
puis, après cette réconciliation, il intente une accusation mensongère à Lysimaque,
reçoit de ce dernier deux cents drachmes, et dirige alors ses attaques contre moi.
Dans le premier moment, il me reprochait seulement ma complicité; mais, à la fin, il en
vint à un tel excès d'impudence, qu'il m'attribua tout ce qui était arrivé ; et peut-être
osera-t-il m'en accuser encore aujourd'hui. (8) Mais je vais produire pour témoins :
d'abord ceux qui étaient présents au commencement de l'affaire, qui attesteront que je
n'ai ni porté la main sur lui, ni touché à son argent; ensuite Rhinon et ses collègues,
qui diront que l'accusation a été intentée devant eux, non par moi, mais par Patrocle ;
enfin, les sénateurs eux-mêmes qui déclareront que c'est Patrocle qui s'est porté
accusateur. Appelez les témoins de ces faits.
DÉPOSITION DES TÉMOINS.
(9) 4. C'est pourtant lorsqu'un aussi grand nombre de citoyens avaient été
présents à toute l'affaire, que l'on a vu Callimaque, comme si personne n'eût connu la
vérité, s'approcher des groupes populaires, s'asseoir dans les ateliers, tenir enfin le
même langage que s'il eût éprouvé de ma part les traitements les plus barbares, et
que je l'eusse dépouillé de son argent ; et, d'un autre côté, des hommes qui vivaient
en intimité avec lui m'abordaient et me conseillaient d'arranger nos différends; de ne
pas laisser répandre des bruits flétrissants pour ma réputation, et de ne pas m'exposer
à perdre des sommes considérables même alors que j'aurais, dans la bonté de ma
cause, la confiance la plus entière. Ils ajoutaient que, devant les tribunaux, beaucoup
de choses se passaient contrairement à l'opinion que l'on s'en était formée;
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