Texte grec :
[70] Ἀλλ' ὦ 'γαθοί, τοῦτο μὲν καὶ λαθεῖν φήσαιτ' ἂν ὑμᾶς· ὅτε δ' ἠγγύα καὶ
ἐξεδίδου ὁ Ἔνδιος τὴν γυναῖκα, ἐπετρέπετε ὑμεῖς οἱ θεῖοι τὴν τοῦ ἀδελφιδοῦ
τοῦ ὑμετέρου αὐτῶν ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν ἐκείνῳ ἐγγυᾶσθαι, ἄλλως τε καὶ
παραγενέσθαι φάσκοντες, ὅτε ὁ ἀδελφιδοῦς ὑμῶν ἠγγυᾶτο τὴν μητέρα τὴν
ταύτης κατὰ τοὺς νόμους ἕξειν γυναῖκα, ἔτι δὲ καὶ ἐν τῇ δεκάτῃ τῇ ταύτης
κληθέντες συνεστιᾶσθαι;
(71) Πρὸς δὲ τούτοις (τουτὶ γὰρ τὸ δεινόν ἐστιν) ἐπισκῆψαι φάσκοντες ὑμῖν
τὸν ἀδελφιδοῦν ἐπιμελεῖσθαι τούτου τοῦ παιδίου, οὕτως ἐπεμελήθητε ὥστ'
ἐᾶσαι ὡς ἐξ ἑταίρας οὖσαν αὐτὴν ἐγγυᾶσθαι, ἄλλως τε καὶ ἔχουσαν τοὔνομα
τῆς ὑμετέρας αὐτῶν ἀδελφῆς, ὡς ἐμαρτυρεῖτε;
(72) Ἐκ τοίνυν τούτων, ὦ ἄνδρες, καὶ ἐξ αὐτοῦ τοῦ πράγματος ῥᾴδιόν ἐστι
γνῶναι ὅσον ἀναισχυντότατοι ἀνθρώπων εἰσὶν οὗτοι. Τίνος γὰρ ἕνεκα, εἰ ἦν
γνησία θυγάτηρ τῷ ἡμετέρῳ θείῳ καταλειπομένη, ποιησάμενος ὁ θεῖος κατέλιπε
τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν ἑαυτῷ; Πότερον ὅτι προσήκοντες αὐτῷ ἐγγυτέρω γένους
ἡμῶν ἦσαν ἄλλοι, οὓς βουλόμενος τὴν ἐπιδικασίαν τῆς θυγατρὸς ἀποστερῆσαι
ἐποιεῖτο τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ; Ἀλλ' οὔτε ἐγένετο οὔτ' ἔστι, μὴ
γενομένων δὲ παίδων γνησίων ἐκείνῳ, ἐγγυτέρω ἡμῶν οὐδὲ εἷς· ἀδελφὸς μὲν
γὰρ οὐκ ἦν αὐτῷ οὐδ' ἀδελφοῦ παῖδες, ἐκ δὲ τῆς ἀδελφῆς ἡμεῖς ἦμεν αὐτῷ.
(73) Ἀλλὰ νὴ Δία ἄλλον τινὰ ποιησάμενος τῶν συγγενῶν ἔδωκεν ἂν ἔχειν τὸν
κλῆρον καὶ τὴν θυγατέρα τὴν ἑαυτοῦ. Καὶ τί αὐτὸν ἔδει καταφανῶς καὶ ὁτῳοῦν
ἀπέχθεσθαι τῶν οἰκείων, ἐξόν, εἴπερ ἦν ἠγγυημένος τὴν ἀδελφὴν τὴν
Νικοδήμου, τὴν θυγατέρα τὴν ἐκ ταύτης ἀποφανθεῖσαν εἶναι εἰς τοὺς φράτορας
εἰσαγαγόντι ὡς οὖσαν γνησίαν ἑαυτῷ, ἐπὶ ἅπαντι τῷ κλήρῳ ἐπίδικον
καταλιπεῖν αὐτήν, καὶ ἐπισκῆψαι τῶν γιγνομένων ἐκ τῆς θυγατρὸς παίδων
εἰσαγαγεῖν ὑὸν ἑαυτῷ;
(74) Δῆλον μὲν γὰρ ὅτι ἐπίκληρον καταλιπὼν ἀκριβῶς ἂν ἤδει ὅτι δυοῖν
θάτερον ἔμελλεν ὑπάρχειν αὐτῇ· ἢ γὰρ ἡμῶν τινα τῶν ἐγγύτατα γένους
ἐπιδικασάμενον ἕξειν γυναῖκα, ἢ εἰ μηδεὶς ἡμῶν ἐβούλετο λαμβάνειν, τῶν
θείων τινὰ τούτων τῶν μαρτυρούντων, εἰ δὲ μή, τῶν ἄλλων τινὰ συγγενῶν τὸν
αὐτὸν τρόπον ἐπὶ πάσῃ τῇ οὐσίᾳ ἐπιδικασάμενον κατὰ τοὺς νόμους ἕξειν
ταύτην γυναῖκα.
(75) Οὐκοῦν ἐκ μὲν τοῦ τὴν θυγατέρα εἰς τοὺς φράτορας εἰσαγαγεῖν καὶ μὴ
ποιήσασθαι τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ ταῦτ' ἂν διεπράξατο· ἐκ δὲ τοῦ τοῦτον
μὲν ποιήσασθαι τὴν δὲ μὴ εἰσαγαγεῖν τὴν μὲν νόθην, ὥσπερ αὐτῷ προσῆκε, καὶ
ἄκληρον κατέστησε, τὸν δὲ κληρονόμον κατέλιπε τῶν ἑαυτοῦ.
(76) ἀλλὰ μὴν ὥς γε οὔτε γαμηλίαν εἰσήνεγκεν ὁ θεῖος ἡμῶν, οὔτε τὴν
θυγατέρα, ἥν φασι γνησίαν αὐτῷ εἶναι οὗτοι, εἰσαγαγεῖν εἰς τοὺς φράτορας
ἠξίωσε, καὶ ταῦτα νόμου ὄντος αὐτοῖς, ἀναγνώσεται δὲ ὑμῖν τὴν τῶν φρατόρων
τῶν ἐκείνου μαρτυρίαν. Ἀναγίγνωσκε· σὺ δ' ἐπίλαβε τὸ ὕδωρ.
Μαρτυρία.
Λαβὲ δὲ καὶ ὡς ἐποιήσατο τὸν ἐμὸν ἀδελφὸν ὑὸν αὑτῷ.
Μαρτυρία
(77) Εἶτα ὑμεῖς τὴν Νικοδήμου μαρτυρίαν τῶν αὐτοῦ τοῦ θείου ἐκμαρτυριῶν
πιστοτέραν ἡγήσεσθε εἶναι, καὶ τὴν οὕτω κοινὴν τοῖς βουλομένοις
γεγενημένην, ταύτην ἐπιχειρήσει τις ὑμᾶς πείθειν ὅτι ἐγγυητὴν γυναῖκα ὁ
ἡμέτερος θεῖος ἔσχεν; Ἀλλ' ὑμεῖς, ὡς ἔγωγ' οἶμαι, οὐ πιστεύσετε, ἐὰν μὴ
ἀποφαίνῃ ὑμῖν, ὅπερ ἀρχόμενος εἶπον τοῦ λόγου, (78) πρῶτον μὲν ἐπὶ τίνι
προικὶ οὗτος ἐγγυῆσαι τῷ Πύρρῳ φησὶ τὴν ἀδελφήν, ἔπειτα πρὸς ὁποῖον
ἄρχοντα ἡ ἐγγυητὴ γυνὴ ἀπέλιπε τὸν ἄνδρα ἢ τὸν οἶκον τὸν αὐτοῦ, εἶτα παρ'
ὅτου ἐκομίσατο τὴν προῖκα αὐτῆς, ἐπειδὴ τετελευτηκὼς ἦν ᾧ φησιν αὐτὴν
ἐγγυῆσαι· ἢ εἰ ἀπαιτῶν μὴ ἐδύνατο κομίσασθαι ἐν εἴκοσιν ἔτεσιν, ὁποίαν
δίκην σίτου ἢ τῆς προικὸς αὐτῆς ὑπὲρ τῆς ἐγγυητῆς γυναικὸς ἐδικάσατο τῷ
ἔχοντι τὸν Πύρρου κλῆρον οὗτος.
(79) Ἔτι δὲ πρὸς τούτοις ἐπιδειξάτω ὅτῳ πρότερον ἢ ὕστερον ἠγγύησεν οὗτος
τὴν ἀδελφήν, ἢ εἰ ἐξ ἄλλου τινὸς γεγενημένοι εἰσὶ παῖδες αὐτῇ. Ταῦτα οὖν
ἀξιοῦτε πυνθάνεσθαι παρ' αὐτοῦ, καὶ περὶ τῆς τοῖς φράτορσι γαμηλίας μὴ
ἀμνημονεῖτε. Οὐ γὰρ τῶν ἐλαχίστων πρὸς τὴν τούτου μαρτυρίαν τεκμήριόν ἐστι
τοῦτο. Δῆλον γὰρ ὅτι, εἰ ἐπείσθη ἐγγυήσασθαι, ἐπείσθη ἂν καὶ γαμηλίαν ὑπὲρ
αὐτῆς τοῖς φράτερσιν εἰσενεγκεῖν καὶ εἰσαγαγεῖν τὴν ἐκ ταύτης ἀποφανθεῖσαν
θυγατέρα ὡς γνησίαν οὖσαν αὑτῷ.
|
|
Traduction française :
[70] Mais, je vous prie, direz-vous qu'en cela on a encore agi à votre
insu? Et lorsqu'Endius mariait la femme, vous permettiez que la fille de
votre neveu fût mariée comme née d'une courtisane, vous qui dites avoir
été présents lorsque votre neveu épousait la mère comme femme légitime,
et, de plus, avoir été invités, avoir assisté au repas donné pour sa
fille! (71) D'ailleurs (et c'est là ce qui est révoltant), vous dites que
votre neveu vous a recommandé d'avoir soin de sa fille : le soin que vous
en avez pris, est-ce de permettre qu'elle fût mariée comme née d'une
courtisane, elle surtout qui portait le nom de votre soeur, si l'on en
croit votre déposition? (72) D'après ces raisonnements, tirés du fond de
la chose, il est facile de voir que nos adversaires sont les plus
effrontés des hommes. Mais pourquoi, si mon oncle laissait une fille
légitime, a-t-il laissé un fils adoptif dans la personne de mon frère?
L'adoptait-il pour fils, parce-qu'il avait d'autres parents plus proches
que nous, qu'il voulait priver du droit de revendiquer sa fille? Mais il
n'a jamais existé et il n'existe pas de fille légitime de Pyrrhus. Or,
celui-ci n'ayant pas d'enfants légitimes, nul autre ne lui était plus
proche que nous : il n'avait ni frère, ni enfants de frère, et nous étions
fils de sa soeur.
(73) Mais, dira-t-on, s'il eût adopté quelque autre de ses proches, il lui
eùt légué en même temps sa succession et sa fille. Quelle nécessité y
avait-il qu'il offensât ouvertement quelqu'un de ses parents, lorsqu'il
pouvait, s'il avait épousé la soeur de Nicodème, introduire dans sa curie,
comme légitime, la fille qu'il aurait reconnu avoir eue d'elle, la laisser
pour qu'on la revendiquât avec toute la succession, et recommander qu'on
lui adoptât à lui-même un des fils qui naîtrait du mariage? (74) Ne
savait-il pas qu'en laissant une héritière, il arriverait nécessairement
ou que quelqu'un de nous, qui sommes les plus proches, nous l'aurions
réclamée pour épouse ; ou que, si aucun de nous n'eût voulu la prendre,
elle eût été revendiquée par un des oncles qui déposent pour Nicodème, ou
par quelque autre parent qui l'aurait revendiquée de la même manière, et
épousée suivant les lois avec tous ses biens? (75) Si donc il eût
introduit sa fille dans sa curie, et qu'il n'eût pas adopté mon frère,
voilà ce qui serait arrivé; au lieu qu'en adoptant mon frère, et en
n'introduisant pas sa fille dans sa curie, il a déclaré l'une bâtarde,
déchue de sa succession, comme il convenait, et constitué l'autre héritier
de ses biens. (76) Afin de prouver que mon oncle n'a pas célébré de repas
dans sa curie pour la soeur de Nicodème, ni introduit dans cette même
curie la fille qu'on dit être légitime, et cela quoiqu'il y fût tenu par
la loi, on va vous lire la déposition des citoyens mêmes de la curie. Lis,
greffier; et toi, arrête l'eau.
(On lit la déposition.)
Lis aussi la déposition qui atteste que Pyrrhus a adopté mon frère.
(On lit la déposition.)
(77) Et après cela, Athéniens, la déposition de Nicodème trouverait plus
de créance auprès de vous que toute la conduite de mon oncle, qui atteste
le contraire! Quelqu'un entreprendrait de vous persuader que mon oncle a
pris pour épouse légitime une femme qui appartenait à tout le monde ! Non,
vous n'en croirez pas Nicodème, s'il ne vous montre, comme je l'ai dit en
commençant, (78) d'abord avec quelle dot il prétend avoir marié sa soeur à
Pyrrhus, ensuite devant quel archonte la femme a abandonné son mari ou sa
maison; s'il ne montre encore des mains de qui il a reçu la dot de sa
soeur après la mort de celui auquel il prétend l'avoir mariée; ou, supposé
que dans l'espace de vingt ans il l'ait demandée sans pouvoir la retirer,
quel procès pour pension alimentaire ou pour la dot même, il a intenté, au
nom d'une épouse légitime, à celui qui était possesseur de la succession
de Pyrrhus. (79) Qu'il prouve, outre cela, qu'il a marié sa soeur avant ou
après son mariage avec Pyrrhus, ou qu'elle a eu des enfants d'un autre
homme. Faites-lui toutes ces questions, ô Athéniens ! et n'oubliez pas
l'article du repas non donné dans la curie : ce n'est pas la moindre
preuve qui ruine sa déposition. Oui, il est clair que si Pyrrhus s'est
déterminé à épouser la femme, il s'est déterminé aussi à donner pour elle
un repas dans sa curie, et à y introduire comme légitime la fille qu'il a
reconnu, dit-on, avoir eue d'elle.
|
|