HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XXIV

ἴσχεσθε



Texte grec :

[24,300] ἀντιθέους θ᾽ ἑτάρους; ἦ ἔμπορος εἰλήλουθας
νηὸς ἐπ᾽ ἀλλοτρίης, οἱ δ᾽ ἐκβήσαντες ἔβησαν;"
τὸν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"τοιγὰρ ἐγώ τοι πάντα μάλ᾽ ἀτρεκέως καταλέξω.
εἰμὶ μὲν ἐξ Ἀλύβαντος, ὅθι κλυτὰ δώματα ναίω,
305 υἱὸς Ἀφείδαντος Πολυπημονίδαο ἄνακτος·
αὐτὰρ ἐμοί γ᾽ ὄνομ᾽ ἐστὶν Ἐπήριτος· ἀλλά με δαίμων
πλάγξ᾽ ἀπὸ Σικανίης δεῦρ᾽ ἐλθέμεν οὐκ ἐθέλοντα·
νηῦς δέ μοι ἥδ᾽ ἕστηκεν ἐπ᾽ ἀγροῦ νόσφι πόληος.
αὐτὰρ Ὀδυσσῆϊ τόδε δὴ πέμπτον ἔτος ἐστίν,
310 ἐξ οὗ κεῖθεν ἔβη καὶ ἐμῆς ἀπελήλυθε πάτρης,
δύσμορος· ἦ τέ οἱ ἐσθλοὶ ἔσαν ὄρνιθες ἰόντι,
δεξιοί, οἷς χαίρων μὲν ἐγὼν ἀπέπεμπον ἐκεῖνον,
χαῖρε δὲ κεῖνος ἰών· θυμὸς δ᾽ ἔτι νῶϊν ἐώλπει
μίξεσθαι ξενίῃ ἠδ᾽ ἀγλαὰ δῶρα διδώσειν."
315 ὣς φάτο, τὸν δ᾽ ἄχεος νεφέλη ἐκάλυψε μέλαινα·
ἀμφοτέρῃσι δὲ χερσὶν ἑλὼν κόνιν αἰθαλόεσσαν
χεύατο κὰκ κεφαλῆς πολιῆς, ἁδινὰ στεναχίζων.
τοῦ δ᾽ ὠρίνετο θυμός, ἀνὰ ῥῖνας δέ οἱ ἤδη
δριμὺ μένος προὔτυψε φίλον πατέρ᾽ εἰσορόωντι.
320 κύσσε δέ μιν περιφὺς ἐπιάλμενος, ἠδὲ προσηύδα·
"κεῖνος μέν τοι ὅδ᾽ αὐτὸς ἐγώ, πάτερ, ὃν σὺ μεταλλᾷς,
ἤλυθον εἰκοστῷ ἔτεϊ ἐς πατρίδα γαῖαν.
ἀλλ᾽ ἴσχεο κλαυθμοῖο γόοιό τε δακρυόεντος.
ἐκ γάρ τοι ἐρέω· μάλα δὲ χρὴ σπευδέμεν ἔμπης·
325 μνηστῆρας κατέπεφνον ἐν ἡμετέροισι δόμοισι,
λώβην τινύμενος θυμαλγέα καὶ κακὰ ἔργα."
τὸν δ᾽ αὖ Λαέρτης ἀπαμείβετο φώνησέν τε·
"εἰ μὲν δὴ Ὀδυσεύς γε ἐμὸς πάϊς ἐνθάδ᾽ ἱκάνεις,
σῆμά τί μοι νῦν εἰπὲ ἀριφραδές, ὄφρα πεποίθω."
330 τὸν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"οὐλὴν μὲν πρῶτον τήνδε φράσαι ὀφθαλμοῖσι,
τὴν ἐν Παρνησῷ μ᾽ ἔλασεν σῦς λευκῷ ὀδόντι
οἰχόμενον· σὺ δέ με προΐεις καὶ πότνια μήτηρ
ἐς πατέρ᾽ Αὐτόλυκον μητρὸς φίλον, ὄφρ᾽ ἂν ἑλοίμην
335 δῶρα, τὰ δεῦρο μολών μοι ὑπέσχετο καὶ κατένευσεν.
εἰ δ᾽ ἄγε τοι καὶ δένδρε᾽ ἐϋκτιμένην κατ᾽ ἀλωὴν
εἴπω, ἅ μοί ποτ᾽ ἔδωκας, ἐγὼ δ᾽ ᾔτεόν σε ἕκαστα
παιδνὸς ἐών, κατὰ κῆπον ἐπισπόμενος· διὰ δ᾽ αὐτῶν
ἱκνεύμεσθα, σὺ δ᾽ ὠνόμασας καὶ ἔειπες ἕκαστα.
340 ὄγχνας μοι δῶκας τρισκαίδεκα καὶ δέκα μηλέας,
συκέας τεσσαράκοντ᾽· ὄρχους δέ μοι ὧδ᾽ ὀνόμηνας
δώσειν πεντήκοντα, διατρύγιος δὲ ἕκαστος
ἤην· ἔνθα δ᾽ ἀνὰ σταφυλαὶ παντοῖαι ἔασιν -
ὁππότε δὴ Διὸς ὧραι ἐπιβρίσειαν ὕπερθεν."
345 ὣς φάτο, τοῦ δ᾽ αὐτοῦ λύτο γούνατα καὶ φίλον ἦτορ,
σήματ᾽ ἀναγνόντος τά οἱ ἔμπεδα πέφραδ᾽ Ὀδυσσεύς.
ἀμφὶ δὲ παιδὶ φίλῳ βάλε πήχεε· τὸν δὲ ποτὶ οἷ
εἷλεν ἀποψύχοντα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
αὐτὰρ ἐπεί ῥ᾽ ἄμπνυτο καὶ ἐς φρένα θυμὸς ἀγέρθη,

Traduction française :

[24,300] qui t'amena ici avec tes compagnons semblables
à des dieux? ou bien es-tu venu en passager sur le vaisseau
d'autres qui t'ont débarqué et puis s'en sont allés? »
Ulysse l'avisé lui répondit :
«Je te dirai tout bien sincèrement. Je suis d'Alybas
où j'habite une magnifique maison, fils du roi Aphidas,
fils lui-même de Polypémon. Mon nom à moi est Épérite,
mais un dieu m'a éloigné de la Sicanie et jeté sur ces
bords, bien malgré moi. Mon vaisseau est ici, du côté de
la campagne, loin de la ville. Il y a maintenant quatre ans
et plus qu'Ulysse est parti de là-bas, qu'il a quitté mon
pays, l'infortuné, et cependant, au départ, les présages
étaient favorables, les oiseaux à sa droite; je l'accompagnais
joyeux et il était joyeux lui-même : tous les deux nous avions
bon espoir de nous recevoir encore et de nous
faire de beaux dons.
Il dit; alors le sombre nuage de la douleur couvrit
Laerte. Ayant dans les deux mains pris une poussière
noire, il la répandit sur sa tête grise, éclatant en sanglots.
Le coeur d'Ulysse se serra : un âcre picotement irrita ses
narines, à la vue de son père bien-aimé. Il s'élança, le prit
dans ses bras, baisa son front et dit : « Je suis celui-là
même sur qui tu m'interroges, et j'arrive après vingt ans
d'absence en la terre patrie ! Mais cesse maintenant de
sangloter, de gémir, de pleurer. Car, je vais te dire, - et
il ne faut plus perdre un instant - j'ai tué les prétendants
dans notre maison; je me suis vengé d'outrages
cruels à mon coeur; j'ai puni leurs crimes. »
Laerte alors prit la parole et dit :
«Si tu es bien Ulysse, mon fils, revenu à Ithaque,
donne-moi une preuve évidente : je veux être bien sûr. »
Ulysse l'avisé lui répondit :
«Tout d'abord, regarde de tes yeux la cicatrice que
voici de la blessure que sur le Parnèse me fit la blanche
défense d'un sanglier : j'y étais allé, envoyé par toi et ma
mère vénérable, chez Autolycos, mon aïeul maternel, pour
y recevoir des présents que, lors d'un voyage ici, il
m'avait promis formellement. Mais, allons, que je te
dise encore les arbres que dans ce verger bien planté
tu me donnas jadis : j'étais tout petit et, te suivant dans
le jardin, je te demandais celui-ci, celui-là. Nous allions
de l'un à l'autre : chemin faisant, tu me les nommas tour
à tour et me parlas de chacun d'eux. Tu me donnas
treize poiriers, dix pommiers, quarante figuiers : tu me
désignas cinquante rangs de vignes que tu promis de me
donner : chacun d'eux était de bon rapport et riche en
grappes de toute sorte, quand du haut du ciel les saisons
de Zeus les avaient vivifiés. »
Il dit; sur le lieu Laerte sentit fléchir ses genoux et son
coeur : il reconnaissait, à n'en point douter, la vérité des
signes que lui donnait Ulysse. Au cou de son fils il jeta ses
deux bras : le noble Ulysse, modèle d'endurance, soutint
sur sa poitrine le vieillard défaillant. Quand il reprit son
souffle et que les esprits se ranimèrent en son coeur,





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Dernière mise à jour : 2/02/2006