Texte grec :
[19,350] "ξεῖνε φίλ᾽· οὐ γάρ πώ τις ἀνὴρ πεπνυμένος ὧδε
ξείνων τηλεδαπῶν φιλίων ἐμὸν ἵκετο δῶμα,
ὡς σὺ μάλ᾽ εὐφραδέως πεπνυμένα πάντ᾽ ἀγορεύεις·
ἔστι δέ μοι γρηῢς πυκινὰ φρεσὶ μήδε᾽ ἔχουσα
ἣ κεῖνον δύστηνον ἐῢ τρέφεν ἠδ᾽ ἀτίταλλε,
355 δεξαμένη χείρεσσ᾽, ὅτε μιν πρῶτον τέκε μήτηρ,
ἥ σε πόδας νίψει, ὀλιγηπελέουσά περ ἔμπης.
ἀλλ᾽ ἄγε νῦν ἀνστᾶσα, περίφρων Εὐρύκλεια,
νίψον σοῖο ἄνακτος ὁμήλικα· καί που Ὀδυσσεὺς
ἤδη τοιόσδ᾽ ἐστὶ πόδας τοιόσδε τε χεῖρας·
360 αἶψα γὰρ ἐν κακότητι βροτοὶ καταγηράσκουσιν."
ὣς ἄρ᾽ ἔφη, γρηῢς δὲ κατέσχετο χερσὶ πρόσωπα,
δάκρυα δ᾽ ἔκβαλε θερμά, ἔπος δ᾽ ὀλοφυδνὸν ἔειπεν·
"ὤ μοι ἐγὼ σέο, τέκνον, ἀμήχανος· ἦ σε περὶ Ζεὺς
ἀνθρώπων ἤχθηρε θεουδέα θυμὸν ἔχοντα.
365 οὐ γάρ πώ τις τόσσα βροτῶν Διὶ τερπικεραύνῳ
πίονα μηρί᾽ ἔκη᾽ οὐδ᾽ ἐξαίτους ἑκατόμβας,
ὅσσα σὺ τῷ ἐδίδους, ἀρώμενος ἧος ἵκοιο
γῆράς τε λιπαρὸν θρέψαιό τε φαίδιμον υἱόν·
νῦν δέ τοι οἴῳ πάμπαν ἀφείλετο νόστιμον ἦμαρ.
370 οὕτω που καὶ κείνῳ ἐφεψιόωντο γυναῖκες
ξείνων τηλεδαπῶν, ὅτε τευ κλυτὰ δώμαθ᾽ ἵκοιτο,
ὡς σέθεν αἱ κύνες αἵδε καθεψιόωνται ἅπασαι,
τάων νῦν λώβην τε καὶ αἴσχεα πόλλ᾽ ἀλεείνων
οὐκ ἐάας νίζειν· ἐμὲ δ᾽ οὐκ ἀέκουσαν ἄνωγε
375 κούρη Ἰκαρίοιο, περίφρων Πηνελόπεια.
τῷ σε πόδας νίψω ἅμα τ᾽ αὐτῆς Πηνελοπείης
καὶ σέθεν εἵνεκ᾽, ἐπεί μοι ὀρώρεται ἔνδοθι θυμὸς
κήδεσιν. ἀλλ᾽ ἄγε νῦν ξυνίει ἔπος, ὅττι κεν εἴπω·
πολλοὶ δὴ ξεῖνοι ταλαπείριοι ἐνθάδ᾽ ἵκοντο,
380 ἀλλ᾽ οὔ πώ τινά φημι ἐοικότα ὧδε ἰδέσθαι
ὡς σὺ δέμας φωνήν τε πόδας τ᾽ Ὀδυσῆϊ ἔοικας."
τὴν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"ὦ γρηῦ, οὕτω φασὶν ὅσοι ἴδον ὀφθαλμοῖσιν
ἡμέας ἀμφοτέρους, μάλα εἰκέλω ἀλλήλοιϊν
385 ἔμμεναι, ὡς σύ περ αὐτὴ ἐπιφρονέουσ᾽ ἀγορεύεις."
ὣς ἄρ᾽ ἔφη, γρηῢς δὲ λέβηθ᾽ ἕλε παμφανόωντα
τοῦ πόδας ἐξαπένιζεν, ὕδωρ δ᾽ ἐνεχεύατο πουλὺ
ψυχρόν, ἔπειτα δὲ θερμὸν ἐπήφυσεν. αὐτὰρ Ὀδυσσεὺς
ἷζεν ἐπ᾽ ἐσχαρόφιν, ποτὶ δὲ σκότον ἐτράπετ᾽ αἶψα·
390 αὐτίκα γὰρ κατὰ θυμὸν ὀΐσατο, μή ἑ λαβοῦσα
οὐλὴν ἀμφράσσαιτο καὶ ἀμφαδὰ ἔργα γένοιτο.
νίζε δ᾽ ἄρ᾽ ἆσσον ἰοῦσα ἄναχθ᾽ ἑόν· αὐτίκα δ᾽ ἔγνω
οὐλήν, τήν ποτέ μιν σῦς ἤλασε λευκῷ ὀδόντι
Παρνησόνδ᾽ ἐλθόντα μετ᾽ Αὐτόλυκόν τε καὶ υἷας,
395 μητρὸς ἑῆς πάτερ᾽ ἐσθλόν, ὃς ἀνθρώπους ἐκέκαστο
κλεπτοσύνῃ θ᾽ ὅρκῳ τε· θεὸς δέ οἱ αὐτὸς ἔδωκεν
Ἑρμείας· τῷ γὰρ κεχαρισμένα μηρία καῖεν
ἀρνῶν ἠδ᾽ ἐρίφων· ὁ δέ οἱ πρόφρων ἅμ᾽ ὀπήδει.
Αὐτόλυκος δ᾽ ἐλθὼν Ἰθάκης ἐς πίονα δῆμον
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Traduction française :
[19,350] La prudente Pénélope répliqua : « Cher étranger, j'ai
reçu dans ma maison bien des hôtes aimés venus de
contrées lointaines; mais il n'y est encore venu aucun
qui fût aussi sensé que toi : tout ce que tu dis, toi, est
sage et réfléchi. Eh bien, j'ai ici une vieille femme qui
n'a dans l'esprit que de sages pensées; c'est elle qui
nourrit et soigna cet infortuné, elle qui le reçut dans ses
bras, dès que sa mère l'eut enfanté; elle te lavera les
pieds, quoiqu'elle soit bien affaiblie. Mais, allons, sage
Euryclée, debout, lave cet homme : il a le même âge
que ton maître et sans doute Ulysse lui ressemble
maintenant pour les pieds, pour les mains : car il ne faut
pas longtemps pour que vieillissent les hommes dans le
malheur. »
Elle dit, et la vieille femme cacha son visage dans ses
mains. Elle versait des larmes brûlantes et s'écria d'une
voix plaintive : « Hélas, mon enfant, je ne puis rien
faire pour toi : oui, plus que nul homme, Zeus t'a pris
en haine, toi qui avais tant la crainte des dieux. Car nul
des mortels n'a encore brûlé pour Zeus, qui aime la foudre,
autant de cuisses grasses, d'hécatombes choisies que tu
lui en as donné, lui demandant la faveur d'arriver à
une vieillesse heureuse et d'élever un fils illustre : et
voilà qu'à toi seul il a refusé la journée du retour.
Qui sait? Peut-être des femmes au service d'étrangers,
en lointain pays, le raillaient quand il arrivait dans la
splendide demeure d'un d'entre eux, comme te raillent
ici toutes ces chiennes : c'est pour te soustraire à leur
outrage, aux insultes qu'elles te prodigueraient, que tu
ne veux pas te laisser laver par elles : mais moi, je suis
heureuse d'obéir à l'ordre que me donne la fille d'Icarios,
la prudente Pénélope. Aussi je te laverai les pieds, à la
fois pour Pénélope et pour toi : car mon coeur est
profondément remué par de douloureuses pensées. Allons,
écoute, comprends ce que je vais dire : beaucoup d'étrangers
déjà, poursuivis par l'infortune, vinrent ici : mais je
puis dire que je n'en ai encore vu aucun qui ressemblât
à Ulysse comme tu lui ressembles pour la taille, la voix,
les pieds.»
Ulysse l'avisé prit la parole et dit : « Vieille, tous ceux
qui de leurs yeux nous ont vus l'un et l'autre disent que
nous nous ressemblons de tout point, comme tu en as
fait toi-même la remarque. »
II dit; la vieille prit un chaudron brillant, dont elle se
servait pour les bains de pieds; elle y versa beaucoup
d'eau froide, puis y joignit de l'eau chaude. Quant à
Ulysse, il s'assit au foyer : mais il se tourna vite vers
l'ombre; car à l'instant une pensée lui était venue à
l'esprit; il craignit qu'en le touchant Euryclée ne remarquât
la cicatrice et que tout ne se découvrît.
Cependant, venant près de lui, elle baignait son maître :
soudain elle reconnut la cicatrice que lui avait laissée
un coup jadis porté par la blanche défense d'un sanglier,
- à l'époque où il alla sur le Parnèse visiter Autolycos
et ses fils. - C'était l'illustre père de sa mère, qui
l'emportait sur tous en piraterie et en parjure. Un dieu
lui avait donné cette supériorité, Hermès : car en son
honneur Autolycos brûlait les cuisses alléchantes des
agneaux et des chevreaux, et le dieu qui l'aimait était
son compagnon fidèle. Autolycos donc étant venu parmi
le peuple opulent d'Ithaque
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