HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XI

Vers 150-199

  Vers 150-199

CORRECTION : au vers 192, il faut lire "ἔλθῃσι" au lieu de : "ἔθῃσι" (correction signalée par Jean-Paul WOITRAIN).

[11,150] "ὣς φαμένη ψυχὴ μὲν ἔβη δόμον Ἄϊδος εἴσω
Τειρεσίαο ἄνακτος, ἐπεὶ κατὰ θέσφατἔλεξεν·
αὐτὰρ ἐγὼν αὐτοῦ μένον ἔμπεδον, ὄφρἐπὶ μήτηρ
ἤλυθε καὶ πίεν αἷμα κελαινεφές· αὐτίκα δἔγνω,
καί μὀλοφυρομένη ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
155 "᾽τέκνον ἐμόν, πῶς ἦλθες ὑπὸ ζόφον ἠερόεντα
ζωὸς ἐών; χαλεπὸν δὲ τάδε ζωοῖσιν ὁρᾶσθαι.
μέσσῳ γὰρ μεγάλοι ποταμοὶ καὶ δεινὰ ῥέεθρα,
Ὠκεανὸς μὲν πρῶτα, τὸν οὔ πως ἔστι περῆσαι
πεζὸν ἐόντ᾽, ἢν μή τις ἔχῃ ἐυεργέα νῆα.
160 νῦν δὴ Τροίηθεν ἀλώμενος ἐνθάδἱκάνεις
νηί τε καὶ ἑτάροισι πολὺν χρόνον; οὐδέ πω ἦλθες
εἰς Ἰθάκην, οὐδεἶδες ἐνὶ μεγάροισι γυναῖκα;"
"ὣς ἔφατ᾽, αὐτὰρ ἐγώ μιν ἀμειβόμενος προσέειπον·
μῆτερ ἐμή, χρειώ με κατήγαγεν εἰς Ἀίδαο
165 ψυχῇ χρησόμενον Θηβαίου Τειρεσίαο·
οὐ γάρ πω σχεδὸν ἦλθον Ἀχαιΐδος, οὐδέ πω ἁμῆς
γῆς ἐπέβην, ἀλλαἰὲν ἔχων ἀλάλημαι ὀιζύν,
ἐξ οὗ τὰ πρώτισθἑπόμην Ἀγαμέμνονι δίῳ
Ἴλιον εἰς ἐύπωλον, ἵνα Τρώεσσι μαχοίμην.
170 ἀλλἄγε μοι τόδε εἰπὲ καὶ ἀτρεκέως κατάλεξον·
τίς νύ σε κὴρ ἐδάμασσε τανηλεγέος θανάτοιο;
δολιχὴ νοῦσος, Ἄρτεμις ἰοχέαιρα
οἷς ἀγανοῖς βελέεσσιν ἐποιχομένη κατέπεφνεν;
εἰπὲ δέ μοι πατρός τε καὶ υἱέος, ὃν κατέλειπον,
175 ἔτι πὰρ κείνοισιν ἐμὸν γέρας, ἦέ τις ἤδη
ἀνδρῶν ἄλλος ἔχει, ἐμὲ δοὐκέτι φασὶ νέεσθαι.
εἰπὲ δέ μοι μνηστῆς ἀλόχου βουλήν τε νόον τε,
ἠὲ μένει παρὰ παιδὶ καὶ ἔμπεδα πάντα φυλάσσει
ἤδη μιν ἔγημεν Ἀχαιῶν ὅς τις ἄριστος.᾽
180 "ὣς ἐφάμην, δαὐτίκἀμείβετο πότνια μήτηρ·
καὶ λίην κείνη γε μένει τετληότι θυμῷ
σοῖσιν ἐνὶ μεγάροισιν· ὀιζυραὶ δέ οἱ αἰεὶ
φθίνουσιν νύκτες τε καὶ ἤματα δάκρυ χεούσῃ.
σὸν δοὔ πώ τις ἔχει καλὸν γέρας, ἀλλὰ ἕκηλος
185 Τηλέμαχος τεμένεα νέμεται καὶ δαῖτας ἐίσας
δαίνυται, ἃς ἐπέοικε δικασπόλον ἄνδρἀλεγύνειν·
πάντες γὰρ καλέουσι. πατὴρ δὲ σὸς αὐτόθι μίμνει
ἀγρῷ, οὐδὲ πόλινδε κατέρχεται. οὐδέ οἱ εὐναὶ
δέμνια καὶ χλαῖναι καὶ ῥήγεα σιγαλόεντα,
190 ἀλλ γε χεῖμα μὲν εὕδει ὅθι δμῶες ἐνὶ οἴκῳ,
ἐν κόνι ἄγχι πυρός, κακὰ δὲ χροῒ εἵματα εἷται·
αὐτὰρ ἐπὴν ἔθῃσι θέρος τεθαλυῖά τὀπώρη,
πάντῃ οἱ κατὰ γουνὸν ἀλωῆς οἰνοπέδοιο
φύλλων κεκλιμένων χθαμαλαὶ βεβλήαται εὐναί.
195 ἔνθ γε κεῖτἀχέων, μέγα δὲ φρεσὶ πένθος ἀέξει
σὸν νόστον ποθέων, χαλεπὸν δἐπὶ γῆρας ἱκάνει.
οὕτω γὰρ καὶ ἐγὼν ὀλόμην καὶ πότμον ἐπέσπον·
οὔτἐμέ γἐν μεγάροισιν ἐύσκοπος ἰοχέαιρα
οἷς ἀγανοῖς βελέεσσιν ἐποιχομένη κατέπεφνεν,
[11,150] Ayant ainsi parlé, l'âme du seigneur Tirésias s'en fut dans la demeure d'Hadès, après m'avoir révélé ces arrêts des dieux. Moi, je restai là sans bouger, jusqu'au moment où ma mère vint et but le sang noir. Aussitôt elle me reconnut, et, gémissant, m'adressa ces paroles ailées : « Mon enfant, comment es-tu venu vivant sous cette brume ténébreuse? Il est difficile à des mortels de contempler ce monde. Ils en sont séparés par de grands fleuves et d'effroyables torrents; d'abord l'Océan, que l'on ne saurait franchir à pied; il faut avoir un vaisseau bien construit. Es-tu venu ici, errant depuis Troie, pendant un long temps avec ton vaisseau et tes compagnons? N'as-tu pas encore gagné Ithaque, et vu ta femme en ton manoir? Ainsi parlait-elle; et moi, je lui dis en réponse : « Ma mère, il me fallait descendre chez Hadès, pour interroger l'âme du Thébain Tirésias. Non ! Je n'ai pas encore approché de l'Achaïe ni mis le pied sur notre terre; j'ai toujours erré en proie au chagrin, depuis le jour où j'ai suivi l'illustre Agamemnon vers Ilios aux beaux poulains, pour combattre les Troyens. Mais dis-moi et réponds sans feinte. Quelle Kère de la mort cruelle t'a domptée? Fut-ce une lente maladie? Ou la Sagittaire Artémis est-elle venue te frapper de ses douces flèches? Parle-moi de mon père, du fils que j'ai laissé : jouissent-ils encore de ma puissance, ou un autre s'en est-il emparé déjà? Assure-t-on que je ne viendrai plus? Dis-moi l'intention et la pensée de ma femme légitime; reste-t-elle près de notre fils et tient-elle tout en bon état, ou bien a-t-elle épousé déjà quelque noble Achéen? » Ainsi parlais-je; aussitôt ma vénérable mère me répondit : « Oui bien ! Elle reste d'un coeur constant dans ton manoir. Toutes ses nuits se passent à gémir, tous ses jours à verser des larmes. Et ta royale puissance, nul encore ne s'en est emparé; sans être inquiété, Télémaque gère le domaine et offre des festins selon le rang de chacun, comme doit y veiller un prince justicier; car il est invité par tous. Ton père reste dans l'île, à la campagne; il ne descend même plus à la ville. Il ne se sert plus pour se coucher, de lit, de couverture, ni de coussins moirés; même l'hiver, il dort en la maison, avec les domestiques, dans la poussière, près du feu; il n'a sur la peau que de mauvais vêtements. Mais, viennent l'été et le riche automne, sur l'aire inclinée du vignoble, les feuilles tombées à terre lui servent de lit. C'est là qu'il se couche en proie au chagrin; il nourrit en son esprit sa grande douleur, espérant ton retour; et cependant arrive la pénible vieillesse. C'est ainsi que moi, je mourus et achevai ma destinée; l'adroite Sagittaire ne m'a pas touchée de ses doux traits et tuée au manoir;


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Dernière mise à jour : 27/10/2005