Texte grec :
[10,250] καὶ τότε τῶν ἄλλων ἑτάρων κατέλεξεν ὄλεθρον·
"᾽ἤιομεν, ὡς ἐκέλευες, ἀνὰ δρυμά, φαίδιμ᾽ Ὀδυσσεῦ·
εὕρομεν ἐν βήσσῃσι τετυγμένα δώματα καλὰ
ξεστοῖσιν λάεσσι, περισκέπτῳ ἐνὶ χώρῳ.
ἔνθα δέ τις μέγαν ἱστὸν ἐποιχομένη λίγ᾽ ἄειδεν,
255 ἢ θεὸς ἠὲ γυνή· τοὶ δὲ φθέγγοντο καλεῦντες.
ἡ δ᾽ αἶψ᾽ ἐξελθοῦσα θύρας ὤιξε φαεινὰς
καὶ κάλει· οἱ δ᾽ ἅμα πάντες ἀιδρείῃσιν ἕποντο·
αὐτὰρ ἐγὼν ὑπέμεινα, ὀισάμενος δόλον εἶναι.
οἱ δ᾽ ἅμ᾽ ἀιστώθησαν ἀολλέες, οὐδέ τις αὐτῶν
260 ἐξεφάνη· δηρὸν δὲ καθήμενος ἐσκοπίαζον.᾽
"ὣς ἔφατ᾽, αὐτὰρ ἐγὼ περὶ μὲν ξίφος ἀργυρόηλον
ὤμοιιν βαλόμην, μέγα χάλκεον, ἀμφὶ δὲ τόξα·
τὸν δ᾽ ἂψ ἠνώγεα αὐτὴν ὁδὸν ἡγήσασθαι.
αὐτὰρ ὅ γ᾽ ἀμφοτέρῃσι λαβὼν ἐλλίσσετο γούνων
265 καί μ᾽ ὀλοφυρόμενος ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"᾽μή μ᾽ ἄγε κεῖσ᾽ ἀέκοντα, διοτρεφές, ἀλλὰ λίπ᾽ αὐτοῦ.
οἶδα γάρ, ὡς οὔτ᾽ αὐτὸς ἐλεύσεαι οὔτε τιν᾽ ἄλλον
ἄξεις σῶν ἑτάρων. ἀλλὰ ξὺν τοίσδεσι θᾶσσον
φεύγωμεν· ἔτι γάρ κεν ἀλύξαιμεν κακὸν ἦμαρ.᾽
270 "ὣς ἔφατ᾽, αὐτὰρ ἐγώ μιν ἀμειβόμενος προσέειπον·
Εὐρύλοχ᾽, ἦ τοι μὲν σὺ μέν᾽ αὐτοῦ τῷδ᾽ ἐνὶ χώρῳ
ἔσθων καὶ πίνων κοίλῃ παρὰ νηὶ μελαίνῃ·
αὐτὰρ ἐγὼν εἶμι, κρατερὴ δέ μοι ἔπλετ᾽ ἀνάγκη.᾽
"ὣς εἰπὼν παρὰ νηὸς ἀνήιον ἠδὲ θαλάσσης.
275 ἀλλ᾽ ὅτε δὴ ἄρ᾽ ἔμελλον ἰὼν ἱερὰς ἀνὰ βήσσας
Κίρκης ἵξεσθαι πολυφαρμάκου ἐς μέγα δῶμα,
ἔνθα μοι Ἑρμείας χρυσόρραπις ἀντεβόλησεν
ἐρχομένῳ πρὸς δῶμα, νεηνίῃ ἀνδρὶ ἐοικώς,
πρῶτον ὑπηνήτῃ, τοῦ περ χαριεστάτη ἥβη·
280 ἔν τ᾽ ἄρα μοι φῦ χειρί, ἔπος τ᾽ ἔφατ᾽ ἔκ τ᾽ ὀνόμαζε·
"᾽πῇ δὴ αὖτ᾽, ὦ δύστηνε, δι᾽ ἄκριας ἔρχεαι οἶος,
χώρου ἄιδρις ἐών; ἕταροι δέ τοι οἵδ᾽ ἐνὶ Κίρκης
ἔρχαται ὥς τε σύες πυκινοὺς κευθμῶνας ἔχοντες.
ἦ τοὺς λυσόμενος δεῦρ᾽ ἔρχεαι; οὐδέ σέ φημι
285 αὐτὸν νοστήσειν, μενέεις δὲ σύ γ᾽, ἔνθα περ ἄλλοι.
ἀλλ᾽ ἄγε δή σε κακῶν ἐκλύσομαι ἠδὲ σαώσω.
τῆ, τόδε φάρμακον ἐσθλὸν ἔχων ἐς δώματα Κίρκης
ἔρχευ, ὅ κέν τοι κρατὸς ἀλάλκῃσιν κακὸν ἦμαρ.
πάντα δέ τοι ἐρέω ὀλοφώια δήνεα Κίρκης.
290 τεύξει τοι κυκεῶ, βαλέει δ᾽ ἐν φάρμακα σίτῳ.
ἀλλ᾽ οὐδ᾽ ὣς θέλξαι σε δυνήσεται· οὐ γὰρ ἐάσει
φάρμακον ἐσθλόν, ὅ τοι δώσω, ἐρέω δὲ ἕκαστα.
ὁππότε κεν Κίρκη σ᾽ ἐλάσῃ περιμήκεϊ ῥάβδῳ,
δὴ τότε σὺ ξίφος ὀξὺ ἐρυσσάμενος παρὰ μηροῦ
295 Κίρκῃ ἐπαῖξαι, ὥς τε κτάμεναι μενεαίνων.
ἡ δέ σ᾽ ὑποδείσασα κελήσεται εὐνηθῆναι·
ἔνθα σὺ μηκέτ᾽ ἔπειτ᾽ ἀπανήνασθαι θεοῦ εὐνήν,
ὄφρα κέ τοι λύσῃ θ᾽ ἑτάρους αὐτόν τε κομίσσῃ·
ἀλλὰ κέλεσθαί μιν μακάρων μέγαν ὅρκον ὀμόσσαι,
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Traduction française :
[10,250] Mais comme tous étonnés, nous l'interrogions, il
nous raconta la perte de ses compagnons : « Nous allions
à travers la chênaie, comme tu l'avais ordonné, illustre
Ulysse; nous trouvons, au fond du val, une belle maison
en pierres lisses, dans un lieu découvert; là, tissant à un
grand métier, quelqu'un, déesse ou femme, chantait
d'une voix harmonieuse : mes compagnons crièrent pour
l'appeler; elle sortit aussitôt, ouvrit la porte brillante et
nous pressa d'entrer. Et tous alors suivirent dans leur
folie. Mais moi, je restai, ayant deviné une ruse. Toute
la troupe disparut : aucun d'eux ne revint. Et cependant,
je me tins fort longtemps aux aguets. »
Il parlait ainsi et, moi, je jetai sur mes épaules ma
grande épée de bronze aux clous d'argent, avec mon arc.
Et je l'engageai à refaire le même chemin, pour me guider.
Mais lui, me prenant les genoux de ses deux bras, m'implorait
et gémissant m'adressait ces paroles ailées : « Ne
me conduis pas là malgré moi, nourrisson de Zeus;
laisse-moi ici. Je suis sûr que tu ne reviendras pas et ne
ramèneras aucun de tes compagnons. Hâtons-nous plutôt
de fuir avec ceux-ci; peut-être pourrions-nous encore
éviter le jour funeste. » Il parlait ainsi, et moi je lui
répliquai : « Eurylochos, reste donc ici, à cette place, à
manger et boire, près du noir vaisseau creux; mais moi,
j'irai; la pressante nécessité m'y pousse. »
Ayant dit, je m'éloignai du vaisseau et de la mer,
j'étais sur le point d'atteindre dans ma marche à travers
les vallons sacrés la grande demeure de Circé aux mille
drogues, quand, sur le chemin de la maison, Hermès à
la baguette d'or vint vers moi, sous les traits d'un jeune
homme, qui a son premier duvet et la grâce charmante
de cet âge. Il me toucha la main, prit la parole et s'exprima
ainsi : « Où vas-tu donc, malheureux, seul, à travers
ces collines, sans connaître les lieux? Tes compagnons,
qui sont allés chez Circé, sont maintenant enfermés
comme des porcs en des étables bien closes; vas-tu pour
les délivrer? Je te prédis que tu ne reviendras pas; tu
resteras, toi aussi, où sont les autres. Mais, je te préserverai
de ces maux et te sauverai. Tiens, prends, avant
d'aller dans la demeure de Circé, cette bonne herbe, qui
éloignera de ta tête le jour funeste. Je te dirai toutes les
ruses maléfiques de Circé. Elle te préparera une mixture;
elle jettera une drogue dans ta coupe; mais, même ainsi,
elle ne pourra t'ensorceler; car la bonne herbe, que je
vais te donner, en empêchera l'effet. Je te dirai tout en
détail : quand Circé te touchera de sa grande baguette,
alors tire du long de ta cuisse ton épée aiguë, et saute
sur elle, comme si tu voulais la tuer. Elle, par crainte,
te pressera de partager sa couche; ce n'est plus le moment
de refuser le lit d'une déesse, si tu veux qu'elle délivre
tes compagnons et assure ton retour; mais fais-lui prêter
le grand serment des bienheureux,
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