Texte grec :
[4,50] ἀμφὶ δ᾽ ἄρα χλαίνας οὔλας βάλον ἠδὲ χιτῶνας,
ἔς ῥα θρόνους ἕζοντο παρ᾽ Ἀτρεΐδην Μενέλαον.
χέρνιβα δ᾽ ἀμφίπολος προχόῳ ἐπέχευε φέρουσα
καλῇ χρυσείῃ ὑπὲρ ἀργυρέοιο λέβητος,
νίψασθαι· παρὰ δὲ ξεστὴν ἐτάνυσσε τράπεζαν.
55 σῖτον δ᾽ αἰδοίη ταμίη παρέθηκε φέρουσα,
εἴδατα πόλλ᾽ ἐπιθεῖσα, χαριζομένη παρεόντων.
δαιτρὸς δὲ κρειῶν πίνακας παρέθηκεν ἀείρας
παντοίων, παρὰ δέ σφι τίθει χρύσεια κύπελλα.
τὼ καὶ δεικνύμενος προσέφη ξανθὸς Μενέλαος·
60 "σίτου θ᾽ ἅπτεσθον καὶ χαίρετον. αὐτὰρ ἔπειτα
δείπνου πασσαμένω εἰρησόμεθ᾽, οἵ τινές ἐστον
ἀνδρῶν· οὐ γὰρ σφῷν γε γένος ἀπόλωλε τοκήων,
ἀλλ᾽ ἀνδρῶν γένος ἐστὲ διοτρεφέων βασιλήων
σκηπτούχων, ἐπεὶ οὔ κε κακοὶ τοιούσδε τέκοιεν."
65 ὣς φάτο, καί σφιν νῶτα βοὸς παρὰ πίονα θῆκεν
ὄπτ᾽ ἐν χερσὶν ἑλών, τά ῥά οἱ γέρα πάρθεσαν αὐτῷ.
οἱ δ᾽ ἐπ᾽ ὀνείαθ᾽ ἑτοῖμα προκείμενα χεῖρας ἴαλλον.
αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος καὶ ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο,
δὴ τότε Τηλέμαχος προσεφώνεε Νέστορος υἱόν,
70 ἄγχι σχὼν κεφαλήν, ἵνα μὴ πευθοίαθ᾽ οἱ ἄλλοι·
"φράζεο, Νεστορίδη, τῷ ἐμῷ κεχαρισμένε θυμῷ,
χαλκοῦ τε στεροπὴν κὰδ δώματα ἠχήεντα
χρυσοῦ τ᾽ ἠλέκτρου τε καὶ ἀργύρου ἠδ᾽ ἐλέφαντος.
Ζηνός που τοιήδε γ᾽ Ὀλυμπίου ἔνδοθεν αὐλή,
ὅσσα τάδ᾽ ἄσπετα πολλά· σέβας μ᾽ ἔχει εἰσορόωντα."
75 τοῦ δ᾽ ἀγορεύοντος ξύνετο ξανθὸς Μενέλαος,
καί σφεας φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"τέκνα φίλ᾽, ἦ τοι Ζηνὶ βροτῶν οὐκ ἄν τις ἐρίζοι·
ἀθάνατοι γὰρ τοῦ γε δόμοι καὶ κτήματ᾽ ἔασιν·
80 ἀνδρῶν δ᾽ ἤ κέν τίς μοι ἐρίσσεται, ἠὲ καὶ οὐκί,
κτήμασιν. ἦ γὰρ πολλὰ παθὼν καὶ πόλλ᾽ ἐπαληθεὶς
ἠγαγόμην ἐν νηυσὶ καὶ ὀγδοάτῳ ἔτει ἦλθον,
Κύπρον Φοινίκην τε καὶ Αἰγυπτίους ἐπαληθείς,
Αἰθίοπάς θ᾽ ἱκόμην καὶ Σιδονίους καὶ Ἐρεμβοὺς
85 καὶ Λιβύην, ἵνα τ᾽ ἄρνες ἄφαρ κεραοὶ τελέθουσι.
τρὶς γὰρ τίκτει μῆλα τελεσφόρον εἰς ἐνιαυτόν.
ἔνθα μὲν οὔτε ἄναξ ἐπιδευὴς οὔτε τι ποιμὴν
τυροῦ καὶ κρειῶν οὐδὲ γλυκεροῖο γάλακτος,
ἀλλ᾽ αἰεὶ παρέχουσιν ἐπηετανὸν γάλα θῆσθαι.
90 ἧος ἐγὼ περὶ κεῖνα πολὺν βίοτον συναγείρων
ἠλώμην, τῆός μοι ἀδελφεὸν ἄλλος ἔπεφνεν
λάθρῃ, ἀνωιστί, δόλῳ οὐλομένης ἀλόχοιο·
ὣς οὔ τοι χαίρων τοῖσδε κτεάτεσσιν ἀνάσσω.
καὶ πατέρων τάδε μέλλετ᾽ ἀκουέμεν, οἵ τινες ὑμῖν
95 εἰσίν, ἐπεὶ μάλα πολλὰ πάθον, καὶ ἀπώλεσα οἶκον
εὖ μάλα ναιετάοντα, κεχανδότα πολλὰ καὶ ἐσθλά.
ὧν ὄφελον τριτάτην περ ἔχων ἐν δώμασι μοῖραν
ναίειν, οἱ δ᾽ ἄνδρες σόοι ἔμμεναι, οἳ τότ᾽ ὄλοντο
Τροίῃ ἐν εὐρείῃ ἑκὰς Ἄργεος ἱπποβότοιο.
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Traduction française :
[4,50] les couvrent de riches tuniques et de manteaux
d'un tissu fin et moelleux; on les mène dans la salle du festin,
on les place près du fils d'Atrée, une esclave tenant un
bassin d'argent, verse d'une aiguière d'or sur leurs mains
une eau pure, et leur apporte une table éclatante. Vénérable
par son âge, une autre femme la couvre de pain et
d'aliments commis à ses soins, tandis qu'un serviteur, portant
des bassins chargés de diverses viandes, les sert, et
pose devant eux des coupes d'or. Ménélas prenant la main
de ces étrangers : "livrez-vous à l'allégresse de cette fête, leur
dit-il. Après que vos forces auront été réparées, vous nous
instruirez de votre origine. Sans doute elle n'est pas couverte
des ombres de l'oubli, et vous descendez de ceux
auxquels Zeus confia le sceptre : des hommes tels que
vous ne sont point issus de pères ignobles par leur naissance
ni par leurs actions."
Il dit : on venait de lui servir la plus honorable portion,
le dos succulent d'un taureau; il le leur présente. Ils jouissent
du festin. Cependant Télémaqae incline sa tête vers
l'oreille de son compagnon ; et parlant à voix basse :
"Regarde, ô fils de Nestor, toi le plus cher de mes amis, dit-il,
regarde quel éclat jette l'airain dans cette salle haute et
sonore ; quel éclat jettent l'ambre, l'ivoire, l'argent et l'or.
Ainsi brille sans doute sur l'Olympe le palais où Zeus
assemble les dieux. Quelle pompe! ce spectacle me plonge
dans l'enchantement."
Ces paroles parviennent à l'oreille de Ménélas, qui, se
tournant vers ses hôtes : "Mes chers enfants, dit-il, aucun
mortel ne peut le disputer à Zeus ; ses palais, et tout ce
qui lui appartient, ont une éternelle durée. Parmi les
hommes, les uns m'égalent en richesse, d'autres me le
cèdent; mais ce n'est, hélas ! qu'après avoir durant huit
années mené une vie errante et souffert de terribles malheurs
qu'enfin j'ai conduit mes vaisseaux chargés de ces
biens dans un tranquille port. Jouet des tempêtes, j'ai parcouru
Cypre, la Phénicie, et l'Égypte; j'ai vu l'Éthiopie,
Sidon, les Erembes, enfin la Libye, où sont armés de
cornes les agneaux naissants, où les brebis, enrichissant
trois fois dans l'année d'une race nouvelle le troupeau, fournissent
en toute saison au maître et au berger la plus
abondante et la plus exquise nourriture, soit en chair, soit
en ruisseaux de lait; celui qui les trait ne connaît point le repos.
Mais je ne goûte aucune satisfaction à régner sur ces
richesses. Tandis que je les acquérais au prix de tant de
courses et de périls, un scélérat ! m'a privé d'un frère par
des trames ourdies avec l'abominable femme de l'infortuné.
Vos pères, quels qu'ils soient, doivent vous avoir
instruits de ces événements. Que j'ai soutenu de travaux et
de peines ! Oui, avant d'être environné de cette pompe,
j'ai fait, peu s'en est fallu, le sacrifice de ma maison et de
mes biens, qui pouvaient suffire à ma félicité. Ah! plût au
Ciel que, satisfait de la moindre partie de ces biens, je fusse
resté dans mes foyers, et que vécussent encore tant de
héros qui périrent, loin de la Grèce, devant la superbe Troie !
Souvent, m'isolant dans ce palais, et trouvant du charme dans le deuil,
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