Texte grec :
[3,250] Αἴγισθος δολόμητις, ἐπεὶ κτάνε πολλὸν ἀρείω;
ἦ οὐκ Ἄργεος ἦεν Ἀχαιικοῦ, ἀλλά πῃ ἄλλῃ
πλάζετ᾽ ἐπ᾽ ἀνθρώπους, ὁ δὲ θαρσήσας κατέπεφνε;"
τὸν δ᾽ ἠμείβετ᾽ ἔπειτα Γερήνιος ἱππότα Νέστωρ·
"τοιγὰρ ἐγώ τοι, τέκνον, ἀληθέα πάντ᾽ ἀγορεύσω.
255 ἦ τοι μὲν τάδε καὐτὸς ὀίεαι, ὥς κεν ἐτύχθη,
εἰ ζωόν γ᾽ Αἴγισθον ἐνὶ μεγάροισιν ἔτετμεν
Ἀτρεΐδης Τροίηθεν ἰών, ξανθὸς Μενέλαος·
τῶ κέ οἱ οὐδὲ θανόντι χυτὴν ἐπὶ γαῖαν ἔχευαν,
ἀλλ᾽ ἄρα τόν γε κύνες τε καὶ οἰωνοὶ κατέδαψαν
260 κείμενον ἐν πεδίῳ ἑκὰς ἄστεος, οὐδέ κέ τίς μιν
κλαῦσεν Ἀχαιιάδων· μάλα γὰρ μέγα μήσατο ἔργον.
ἡμεῖς μὲν γὰρ κεῖθι πολέας τελέοντες ἀέθλους
ἥμεθ᾽· ὁ δ᾽ εὔκηλος μυχῷ Ἄργεος ἱπποβότοιο
πόλλ᾽ Ἀγαμεμνονέην ἄλοχον θέλγεσκ᾽ ἐπέεσσιν.
265 ἡ δ᾽ ἦ τοι τὸ πρὶν μὲν ἀναίνετο ἔργον ἀεικὲς
δῖα Κλυταιμνήστρη· φρεσὶ γὰρ κέχρητ᾽ ἀγαθῇσι·
πὰρ δ᾽ ἄρ᾽ ἔην καὶ ἀοιδὸς ἀνήρ, ᾧ πόλλ᾽ ἐπέτελλεν
Ἀτρεΐδης Τροίηνδε κιὼν ἔρυσασθαι ἄκοιτιν.
ἀλλ᾽ ὅτε δή μιν μοῖρα θεῶν ἐπέδησε δαμῆναι,
270 δὴ τότε τὸν μὲν ἀοιδὸν ἄγων ἐς νῆσον ἐρήμην
κάλλιπεν οἰωνοῖσιν ἕλωρ καὶ κύρμα γενέσθαι,
τὴν δ᾽ ἐθέλων ἐθέλουσαν ἀνήγαγεν ὅνδε δόμονδε.
πολλὰ δὲ μηρί᾽ ἔκηε θεῶν ἱεροῖς ἐπὶ βωμοῖς,
πολλὰ δ᾽ ἀγάλματ᾽ ἀνῆψεν, ὑφάσματά τε χρυσόν τε,
275 ἐκτελέσας μέγα ἔργον, ὃ οὔ ποτε ἔλπετο θυμῷ.
"ἡμεῖς μὲν γὰρ ἅμα πλέομεν Τροίηθεν ἰόντες,
Ἀτρεΐδης καὶ ἐγώ, φίλα εἰδότες ἀλλήλοισιν·
ἀλλ᾽ ὅτε Σούνιον ἱρὸν ἀφικόμεθ᾽, ἄκρον Ἀθηνέων,
ἔνθα κυβερνήτην Μενελάου Φοῖβος Ἀπόλλων
280 οἷς ἀγανοῖς βελέεσσιν ἐποιχόμενος κατέπεφνε,
πηδάλιον μετὰ χερσὶ θεούσης νηὸς ἔχοντα,
Φρόντιν Ὀνητορίδην, ὃς ἐκαίνυτο φῦλ᾽ ἀνθρώπων
νῆα κυβερνῆσαι, ὁπότε σπέρχοιεν ἄελλαι.
ὣς ὁ μὲν ἔνθα κατέσχετ᾽, ἐπειγόμενός περ ὁδοῖο,
285 ὄφρ᾽ ἕταρον θάπτοι καὶ ἐπὶ κτέρεα κτερίσειεν.
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ καὶ κεῖνος ἰὼν ἐπὶ οἴνοπα πόντον
ἐν νηυσὶ γλαφυρῇσι Μαλειάων ὄρος αἰπὺ
ἷξε θέων, τότε δὴ στυγερὴν ὁδὸν εὐρύοπα Ζεὺς
ἐφράσατο, λιγέων δ᾽ ἀνέμων ἐπ᾽ ἀυτμένα χεῦε,
290 κύματά τε τροφέοντο πελώρια, ἶσα ὄρεσσιν.
ἔνθα διατμήξας τὰς μὲν Κρήτῃ ἐπέλασσεν,
ἧχι Κύδωνες ἔναιον Ἰαρδάνου ἀμφὶ ῥέεθρα.
ἔστι δέ τις λισσὴ αἰπεῖά τε εἰς ἅλα πέτρη
ἐσχατιῇ Γόρτυνος ἐν ἠεροειδέι πόντῳ·
295 ἔνθα Νότος μέγα κῦμα ποτὶ σκαιὸν ῥίον ὠθεῖ,
ἐς Φαιστόν, μικρὸς δὲ λίθος μέγα κῦμ᾽ ἀποέργει.
αἱ μὲν ἄρ᾽ ἔνθ᾽ ἦλθον, σπουδῇ δ᾽ ἤλυξαν ὄλεθρον
ἄνδρες, ἀτὰρ νῆάς γε ποτὶ σπιλάδεσσιν ἔαξαν
κύματ᾽· ἀτὰρ τὰς πέντε νέας κυανοπρῳρείους
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Traduction française :
[3,250] par quels pièges le perfide Égisthe a-t-il abattu celui
qu'il était si loin d'égaler en grandeur et en courage ? Où
donc était alors Ménélas? n'était-il point dans la Grèce? ou
portait-il ses pas errants dans un climat étranger ? et
son absence enhardit-elle l'assassin à frapper ce coup terrible ?"
"Mon fils, lui répond Nestor, je vais t'instruire de ces
événements. Tu soupçonnes avec raison ce qui favorisa ce forfait.
Ah ! si Ménélas, rentrant à son retour de Troie dans le
palais des rois, eût trouvé Égisthe en vie, personne ne lui
eût même accordé quelque peu de sable pour sépulture :
mais (juste récompense de l'énormité de ses crimes !) les
animaux voraces du ciel et de la terre eussent dévoré le
cadavre de l'assassin, jeté loin de la ville dans un champ
désert, et il n'eût reçu d'aucune de nos Grecques un tribut
de larmes. Tandis que, sous les remparts d'Ilion, nos jours
s'écoulaient dans les combats, le lâche, caché dans un coin
de la guerrière Argos, avait tout le loisir de corrompre par
le miel de ses paroles l'épouse d'Agamemnon. D'abord
Clytemnestre eut horreur de ses desseins odieux. Née avec des
sentiments élevés, elle avait auprès d'elle un de ces sages
révérés, un chantre divin auquel Agamemnon, à son départ,
avait confié le soin de veiller sur son épouse. Mais lorsque
les destins voulurent qu'Égisthe fût enlacé dans des rets
funestes, il transporta cet élève des dieux dans une île inhabitée,
où il l'abandonna aux vautours. Alors l'amant emmena
sans peine l'amante dans son palais. Parvenu, contre
toute espérance, au comble de ses voeux criminels, combien
il profana les autels par de pompeux sacrifices ! combien il
appendit d'or et de richesses précieuses aux murs de tous
les temples !
A notre retour de Troie, Ménélas et moi, unis d'une
intime amitié, nous voguâmes ensemble jusqu'au bord sacré
de Sunium, pointe de l'Attique. Là, Apollon perça de ses
flèches invisibles le pilote de Ménélas, le fils d'Onétor,
Phrontis, tenant le gouvernail du vaisseau qui courait sur
les ondes, Phrontis supérieur à tous les hommes dans l'art
de guider un navire quand les tempêtes bouleversaient les
flots. Quoique impatient de terminer sa route, Ménélas
s'arrête pour rendre à son compagnon les honneurs funèbres.
Rembarqué, un vol impétueux le porte jusqu'au mont
élevé de Malée ! Mais le dieu du tonnerre multiplie les
infortunes sur la route de ce chef; il déchaîne contre sa
flotte les vents tumultueux, roule des vagues enflées, énormes,
telles que de hautes montagnes. En un moment ses
vaisseaux sont dispersés, la plupart sont poussés vers la
Crète, où les Cydoniens entourent les eaux du Iardan. Il est
à l'extrémité de Gortyne un rocher lisse, escarpé, qui
s'avance au milieu des sombres vapeurs de la mer; l'autan
porte vers la gauche, près de Pheste, les ondes amoncelées;
la pointe du roc brise l'effort des vagues immenses. C'est là
que heurtent ces vaisseaux; c'est là que, précipités par les
flots, ils sont fracassés, couvrent le rocher de leurs débris
les hommes échappent avec peine à la mort. Cependant
cinq navires de cette flotte sillonnent de leur proue azurée
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