Texte grec :
[15,550] ἂψ εἰς Ἴλιον ἦλθε, μετέπρεπε δὲ Τρώεσσι,
ναῖε δὲ πὰρ Πριάμῳ, ὃ δέ μιν τίεν ἶσα τέκεσσι·
τόν ῥ᾽ Ἕκτωρ ἐνένιπεν ἔπος τ᾽ ἔφατ᾽ ἔκ τ᾽ ὀνόμαζεν·
οὕτω δὴ Μελάνιππε μεθήσομεν; οὐδέ νυ σοί περ
ἐντρέπεται φίλον ἦτορ ἀνεψιοῦ κταμένοιο;
555 οὐχ ὁράᾳς οἷον Δόλοπος περὶ τεύχε᾽ ἕπουσιν;
ἀλλ᾽ ἕπευ· οὐ γὰρ ἔτ᾽ ἔστιν ἀποσταδὸν Ἀργείοισι
μάρνασθαι, πρίν γ᾽ ἠὲ κατακτάμεν ἠὲ κατ᾽ ἄκρης
Ἴλιον αἰπεινὴν ἑλέειν κτάσθαι τε πολίτας.
ὣς εἰπὼν ὃ μὲν ἦρχ᾽, ὃ δ᾽ ἅμ᾽ ἕσπετο ἰσόθεος φώς·
560 Ἀργείους δ᾽ ὄτρυνε μέγας Τελαμώνιος Αἴας·
ὦ φίλοι ἀνέρες ἔστε, καὶ αἰδῶ θέσθ᾽ ἐνὶ θυμῷ,
ἀλλήλους τ᾽ αἰδεῖσθε κατὰ κρατερὰς ὑσμίνας.
αἰδομένων δ᾽ ἀνδρῶν πλέονες σόοι ἠὲ πέφανται·
φευγόντων δ᾽ οὔτ᾽ ἂρ κλέος ὄρνυται οὔτέ τις ἀλκή.
565 ὣς ἔφαθ᾽, οἳ δὲ καὶ αὐτοὶ ἀλέξασθαι μενέαινον,
ἐν θυμῷ δ᾽ ἐβάλοντο ἔπος, φράξαντο δὲ νῆας
ἕρκεϊ χαλκείῳ· ἐπὶ δὲ Ζεὺς Τρῶας ἔγειρεν.
Ἀντίλοχον δ᾽ ὄτρυνε βοὴν ἀγαθὸς Μενέλαος·
Ἀντίλοχ᾽ οὔ τις σεῖο νεώτερος ἄλλος Ἀχαιῶν,
570 οὔτε ποσὶν θάσσων οὔτ᾽ ἄλκιμος ὡς σὺ μάχεσθαι·
εἴ τινά που Τρώων ἐξάλμενος ἄνδρα βάλοισθα.
ὣς εἰπὼν ὃ μὲν αὖτις ἀπέσσυτο, τὸν δ᾽ ὀρόθυνεν·
ἐκ δ᾽ ἔθορε προμάχων, καὶ ἀκόντισε δουρὶ φαεινῷ
ἀμφὶ ἓ παπτήνας· ὑπὸ δὲ Τρῶες κεκάδοντο
575 ἀνδρὸς ἀκοντίσσαντος· ὃ δ᾽ οὐχ ἅλιον βέλος ἧκεν,
ἀλλ᾽ Ἱκετάονος υἱὸν ὑπέρθυμον Μελάνιππον
νισόμενον πόλεμον δὲ βάλε στῆθος παρὰ μαζόν.
δούπησεν δὲ πεσών, τὸν δὲ σκότος ὄσσε κάλυψεν.
Ἀντίλοχος δ᾽ ἐπόρουσε κύων ὥς, ὅς τ᾽ ἐπὶ νεβρῷ
580 βλημένῳ ἀΐξῃ, τόν τ᾽ ἐξ εὐνῆφι θορόντα
θηρητὴρ ἐτύχησε βαλών, ὑπέλυσε δὲ γυῖα·
ὣς ἐπὶ σοὶ Μελάνιππε θόρ᾽ Ἀντίλοχος μενεχάρμης
τεύχεα συλήσων· ἀλλ᾽ οὐ λάθεν Ἕκτορα δῖον,
ὅς ῥά οἱ ἀντίος ἦλθε θέων ἀνὰ δηϊοτῆτα.
585 Ἀντίλοχος δ᾽ οὐ μεῖνε θοός περ ἐὼν πολεμιστής,
ἀλλ᾽ ὅ γ᾽ ἄρ᾽ ἔτρεσε θηρὶ κακὸν ῥέξαντι ἐοικώς,
ὅς τε κύνα κτείνας ἢ βουκόλον ἀμφὶ βόεσσι
φεύγει πρίν περ ὅμιλον ἀολλισθήμεναι ἀνδρῶν·
ὣς τρέσε Νεστορίδης, ἐπὶ δὲ Τρῶές τε καὶ Ἕκτωρ
590 ἠχῇ θεσπεσίῃ βέλεα στονόεντα χέοντο·
στῆ δὲ μεταστρεφθείς, ἐπεὶ ἵκετο ἔθνος ἑταίρων.
Τρῶες δὲ λείουσιν ἐοικότες ὠμοφάγοισι
νηυσὶν ἐπεσσεύοντο, Διὸς δ᾽ ἐτέλειον ἐφετμάς,
ὅ σφισιν αἰὲν ἔγειρε μένος μέγα, θέλγε δὲ θυμὸν
595 Ἀργείων καὶ κῦδος ἀπαίνυτο, τοὺς δ᾽ ὀρόθυνεν.
Ἕκτορι γάρ οἱ θυμὸς ἐβούλετο κῦδος ὀρέξαι
Πριαμίδῃ, ἵνα νηυσὶ κορωνίσι θεσπιδαὲς πῦρ
ἐμβάλοι ἀκάματον, Θέτιδος δ᾽ ἐξαίσιον ἀρὴν
πᾶσαν ἐπικρήνειε· τὸ γὰρ μένε μητίετα Ζεὺς
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Traduction française :
[15,550] il revint à Ilion. Il se distinguait parmi les Troyens,
et habitait chez Priam, qui l'honorait à l'égal de ses enfants.
C'est lui qu'Hector gourmanda en le nommant :
«Ainsi donc, Mélanippos, nous abandonnerons? Même
toi, tu n'as pas le coeur bouleversé par le meurtre de ton
cousin? Ne vois-tu pas comme ils s'empressent autour
des armes de Dolops? Suis-moi donc. On ne peut plus
de loin combattre les Argiens; désormais, il faut ou les
tuer, ou qu'ils prennent, depuis le faîte, Ilion l'escarpée,
et en tuent les citoyens. » A ces mots, il marcha devant.
L'autre suivit, homme égal d'un dieu.
Quant aux Argiens, le grand Ajax fils de Télamon les excitait :
« Amis, soyez hommes, ayez à coeur le respect de vous-mêmes.
Respectez-vous les uns devant les autres, dans les rudes mêlées.
Quand les combattants se respectent, il s'en sauve plus qu'il n'en
périt; quand ils fuient, il n'y a pour eux ni gloire, ni aide vaillante.»
Il dit, et eux aussi étaient ardents à se défendre. Ils
mirent dans leur coeur ces paroles, et munirent les vaisseaux
d'un rempart de bronze. Et Zeus réveillait contre eux les Troyens.
Ménélas bon pour le cri de guerre excita Antilochos :
"Antilochos, point d'homme plus jeune que toi chez
les Achéens, ni plus rapide à la course, ni vaillant comme toi à
combattre. Si, en sautant sur quelque Troyen, tu le frappais?"
Il dit, et s'éloigna. Mais il l'avait animé. Antilochos
s'élança hors des rangs, et brandit sa lance brillante, en
regardant autour de lui. Les Troyens reculèrent devant
cet homme brandissant un javelot. Mais lui ne lança pas
un trait inutile; le fils d'Hikétaon, le fougueux Mélanippos,
qui venait au combat, il le frappa à la poitrine,
près du sein. Avec bruit il tomba, et l'ombre voila ses yeux.
Antilochos se rua, comme un chien bondit sur un faon
blessé, qu'au moment où il s'élançait de son gîte un
chasseur a atteint, désunissant ses membres. Ainsi sur
toi, Mélanippos, s'élança Antilochos ardent au combat,
pour te dépouiller de tes armes. Mais il n'échappa pas
au divin Hector qui vint à sa rencontre en courant, à
travers le carnage. Antilochos ne l'attendit pas, si agile
qu'il fût au combat; il eut peur, comme le fauve qui a
fait du mal, tué un chien ou un bouvier près des boeufs,
s'enfuit avant qu'une foule d'hommes se soit rassemblée.
Ainsi eut peur le fils de Nestor, et sur lui les Troyens et
Hector, avec une clameur merveilleuse, déversèrent les
traits lamentables. Mais il s'arrêta et se retourna, quand
il eut rejoint le groupe de ses compagnons.
Les Troyens, comme des lions mangeurs de chair crue,
s'élançaient sur les vaisseaux. Ils accomplissaient les
prescriptions de Zeus, qui toujours éveillait en eux une
grande ardeur, fascinait le coeur des Argiens et leur ôtait
la gloire, animait au contraire leurs adversaires. C'est
à Hector, en effet, que son coeur voulait offrir la gloire,
au fils de Priam, pour qu'il jetât sur les vaisseaux recourbés
le feu à la flamme divine, infatigable, et que le voeu
excessif de Thétis, il l'accomplît entièrement.
Car c'estlà ce qu'attendait Zeus le prudent,
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