Texte grec :
[9,500] λοιβῇ τε κνίσῃ τε παρατρωπῶσ᾽ ἄνθρωποι
λισσόμενοι, ὅτε κέν τις ὑπερβήῃ καὶ ἁμάρτῃ.
καὶ γάρ τε λιταί εἰσι Διὸς κοῦραι μεγάλοιο
χωλαί τε ῥυσαί τε παραβλῶπές τ᾽ ὀφθαλμώ,
αἵ ῥά τε καὶ μετόπισθ᾽ ἄτης ἀλέγουσι κιοῦσαι.
505 ἣ δ᾽ ἄτη σθεναρή τε καὶ ἀρτίπος, οὕνεκα πάσας
πολλὸν ὑπεκπροθέει, φθάνει δέ τε πᾶσαν ἐπ᾽ αἶαν
βλάπτουσ᾽ ἀνθρώπους· αἳ δ᾽ ἐξακέονται ὀπίσσω.
ὃς μέν τ᾽ αἰδέσεται κούρας Διὸς ἆσσον ἰούσας,
τὸν δὲ μέγ᾽ ὤνησαν καί τ᾽ ἔκλυον εὐχομένοιο·
510 ὃς δέ κ᾽ ἀνήνηται καί τε στερεῶς ἀποείπῃ,
λίσσονται δ᾽ ἄρα ταί γε Δία Κρονίωνα κιοῦσαι
τῷ ἄτην ἅμ᾽ ἕπεσθαι, ἵνα βλαφθεὶς ἀποτίσῃ.
ἀλλ᾽ Ἀχιλεῦ πόρε καὶ σὺ Διὸς κούρῃσιν ἕπεσθαι
τιμήν, ἥ τ᾽ ἄλλων περ ἐπιγνάμπτει νόον ἐσθλῶν.
515 εἰ μὲν γὰρ μὴ δῶρα φέροι τὰ δ᾽ ὄπισθ᾽ ὀνομάζοι
Ἀτρεΐδης, ἀλλ᾽ αἰὲν ἐπιζαφελῶς χαλεπαίνοι,
οὐκ ἂν ἔγωγέ σε μῆνιν ἀπορρίψαντα κελοίμην
Ἀργείοισιν ἀμυνέμεναι χατέουσί περ ἔμπης·
νῦν δ᾽ ἅμα τ᾽ αὐτίκα πολλὰ διδοῖ τὰ δ᾽ ὄπισθεν ὑπέστη,
520 ἄνδρας δὲ λίσσεσθαι ἐπιπροέηκεν ἀρίστους
κρινάμενος κατὰ λαὸν Ἀχαιϊκόν, οἵ τε σοὶ αὐτῷ
φίλτατοι Ἀργείων· τῶν μὴ σύ γε μῦθον ἐλέγξῃς
μηδὲ πόδας· πρὶν δ᾽ οὔ τι νεμεσσητὸν κεχολῶσθαι.
οὕτω καὶ τῶν πρόσθεν ἐπευθόμεθα κλέα ἀνδρῶν
525 ἡρώων, ὅτε κέν τιν᾽ ἐπιζάφελος χόλος ἵκοι·
δωρητοί τε πέλοντο παράρρητοί τ᾽ ἐπέεσσι.
μέμνημαι τόδε ἔργον ἐγὼ πάλαι οὔ τι νέον γε
ὡς ἦν· ἐν δ᾽ ὑμῖν ἐρέω πάντεσσι φίλοισι.
Κουρῆτές τ᾽ ἐμάχοντο καὶ Αἰτωλοὶ μενεχάρμαι
530 ἀμφὶ πόλιν Καλυδῶνα καὶ ἀλλήλους ἐνάριζον,
Αἰτωλοὶ μὲν ἀμυνόμενοι Καλυδῶνος ἐραννῆς,
Κουρῆτες δὲ διαπραθέειν μεμαῶτες Ἄρηϊ.
καὶ γὰρ τοῖσι κακὸν χρυσόθρονος Ἄρτεμις ὦρσε
χωσαμένη ὅ οἱ οὔ τι θαλύσια γουνῷ ἀλωῆς
535 Οἰνεὺς ῥέξ᾽· ἄλλοι δὲ θεοὶ δαίνυνθ᾽ ἑκατόμβας,
οἴῃ δ᾽ οὐκ ἔρρεξε Διὸς κούρῃ μεγάλοιο.
ἢ λάθετ᾽ ἢ οὐκ ἐνόησεν· ἀάσατο δὲ μέγα θυμῷ.
ἣ δὲ χολωσαμένη δῖον γένος ἰοχέαιρα
ὦρσεν ἔπι χλούνην σῦν ἄγριον ἀργιόδοντα,
540 ὃς κακὰ πόλλ᾽ ἕρδεσκεν ἔθων Οἰνῆος ἀλωήν·
πολλὰ δ᾽ ὅ γε προθέλυμνα χαμαὶ βάλε δένδρεα μακρὰ
αὐτῇσιν ῥίζῃσι καὶ αὐτοῖς ἄνθεσι μήλων.
τὸν δ᾽ υἱὸς Οἰνῆος ἀπέκτεινεν Μελέαγρος
πολλέων ἐκ πολίων θηρήτορας ἄνδρας ἀγείρας
545 καὶ κύνας· οὐ μὲν γάρ κε δάμη παύροισι βροτοῖσι·
τόσσος ἔην, πολλοὺς δὲ πυρῆς ἐπέβησ᾽ ἀλεγεινῆς.
ἣ δ᾽ ἀμφ᾽ αὐτῷ θῆκε πολὺν κέλαδον καὶ ἀϋτὴν
ἀμφὶ συὸς κεφαλῇ καὶ δέρματι λαχνήεντι,
Κουρήτων τε μεσηγὺ καὶ Αἰτωλῶν μεγαθύμων.
|
|
Traduction française :
[9,500] par des libations, par la fumée grasse, les hommes
changent leurs sentiments, en les priant, quand quelqu'un a
enfreint leurs lois et commis une faute. Car les Prières
sont filles du grand Zeus, - boiteuses, ridées, louches
des deux yeux, - elles qui s'efforcent de marcher derrière
l'Égarement. L'Egarement est robuste et agile;
aussi court-il beaucoup plus vite qu'elles toutes, et les
devance-t-il sur toute la terre, pour nuire aux hommes;
mais les Prières guérissent le mal par derrière. Celui qui
respectera les filles de Zeus, quand elles s'approchent,
elles l'assistent fort, et écoutent ses voeux; celui qui
les repousse et les refuse durement, elles demandent
à Zeus, fils de Cronos, qu'elles vont trouver, que l'Égarement
accompagne cet homme pour lui faire du mal, afin qu'il expie.
« Eh bien, Achille, accorde, toi aussi, aux filles de Zeus
l'honneur qui fléchit devant elles les autres nobles
esprits. S'il ne t'apportait pas de présents, s'il n'énumérait
pas ceux qu'il te destine plus tard, l'Atride, s'il
persistait dans sa rudesse malveillante, ce n'est pas
moi qui t'inviterais à rejeter ta colère pour secourir les
Argiens, quoiqu'ils en aient besoin de toute façon. Mais,
maintenant, sur l'heure, il te donne maints présents, et
t'en promet d'autres pour plus tard ; il envoie pour te
prier les hommes les plus nobles, choisis par lui dans les
troupes achéennes, ceux qui te sont les plus chers parmi
les Argiens. Ne convaincs pas d'erreur leurs paroles ni
leur démarche; jusqu'ici, on ne pouvait blâmer ton courroux.
« Telle était, nous apprend-on, la conduite glorieuse des
héros d'autrefois, quand une bile violente leur venait :
ils étaient sensibles aux présents et aux paroles suppliantes.
Je connais une affaire ancienne, - (elle n'est
pas nouvelle) - telle qu'elle fut. Au milieu de vous tous,
je vais la raconter, mes amis. Les Courètes et les Étoliens
belliqueux se battaient autour de la ville de Calydon, et
s'égorgeaient les uns les autres, les Étoliens défendant
l'aimable Calydon, les Courètes impatients de la détruire
par Arès. Ce malheur, Artémis au trône d'or le leur avait
suscité, dans sa colère, pour les Thalysies qu'avait
omis de lui offrir, dans son verger en pente, Oenée. Les
autres dieux se rassasiaient d'hécatombes; à elle seule
il n'avait rien offert, à la fille du grand Zeus, qu'il l'eut
oublié ou n'y eut pas pensé. Son égarement fut grand,
Irritée, celle qui verse les flèches, Race divine, suscita
un sanglier solitaire, sauvage, aux blanches défenses,
qui ne cessa de faire beaucoup de mal dans le verger
d'Oenée : il déchaussa et jeta à terre beaucoup de
grands arbres, avec leurs racines mêmes, avec leurs
fleurs mêmes, promesses des fruits. Ce sanglier, le fils
d'Oenée, Méléagre, le tua, en appelant de plusieurs
villes des chasseurs et des chiens : quelques humains
n'auraient pas dompté cet animal, tant il était grand; et
il avait fait monter beaucoup d'hommes sur le bûcher funèbre.
Mais, autour de ce sanglier, la déesse amena maint
tumulte, maint cri de guerre - autour de la tête du sanglier et de
sa peau velue - entre les Courètes et les magnanimes Étoliens.
|
|