Texte grec :
[1,9] Χρὴ δὲ καὶ τὰ μαθήματα ποιέεσθαι ἐν τῇ διαίτῃ τῶν ἀνθρώπων
ἔτι ὑγιαινόντων, οἷα ξυμφέρει· εἰ γὰρ δὴ τοῖσί γε
ὑγιαίνουσι φαίνεται διαφέροντα μεγάλα τὰ τοῖα ἢ
τοῖα διαιτήματα καὶ ἐν ἄλλῳ τινί που καὶ ἐν τῇσι μεταβολῇσι,
πῶς οὐχὶ καὶ ἔν γε τῇσι νούσοισι διαφέρει μεγάλα,
καὶ τουτέων ἐν τῇσιν ὀξυτάτῃσι μέγιστα; Ἀλλὰ μὴν εὐκαταμάθητόν
γε ἐστὶν, ὅτι φαύλη δίαιτα βρώσιος καὶ
πόσιος αὐτὴ ἑωυτῇ ἐμφερὴς αἰεὶ, ἀσφαλεστέρη ἐστὶ τὸ
ἐπίπαν ἐς ὑγείην, ἢ εἴ τις ἐξαπίνης μέγα μεταβάλλοι
ἐς ἄλλο. Ἐπεὶ καὶ τοῖσι δὶς σιτεομένοισι τῆς
ἡμέρης καὶ τοῖσι μονοσιτέουσιν αἱ ἐξαπιναῖοι μεταβολαὶ
βλαβὰς καὶ ἀῤῥωστίην παρέχουσιν. Καὶ τοὺς μέν γε μὴ
μεμαθηκότας ἀριστᾷν, εἰ ἀριστήσουσιν, εὐθέως ἀῤῥώστους ποιέει,
καὶ βαρέας ὅλον τὸ σῶμα, καὶ ἀσθενέας καὶ
ὀκνηρούς· ἢν δὲ καὶ ἐπιδειπνήσωσιν, ὀξυρεγμιώδεας· ἐνίοισι δὲ
καὶ σπατίλη γένοιτο ἂν, ὅτι παρὰ τὸ ἐωθὸς ἠχθοφόρηκεν ἡ κοιλίη
εἰθισμένη ἐπιξηραίνεσθαι, καὶ μὴ δὶς διογκοῦσθαι,
μήτε δὶς ἕψειν τὰ σιτία. Ἀρήγει οὖν τουτέοισιν ἀνασηκῶσαι
τὴν μεταβολήν· ἐγκοιμηθῆναι γὰρ χρὴ, ὥσπερ νύκτα ἀγαγόντα μετὰ τὸ
δεῖπνον, τοῦ μὲν χειμῶνος ἀῤῥιγέως, τοῦ δὲ
θέρεος ἀθαλπέως· ἢν δὲ μὴ δύνηται καθεύδειν, βραδείην,
συχνὴν περίοδον, πλανηθέντα, μὴ στασίμως, δειπνῆσαι
μηδὲν, ἢ ὀλίγα καὶ μὴ βλαβερά· ἔτι δὲ ἔλασσον πιεῖν καὶ
μὴ ὑδαρές. Ἔτι δ´ ἂν μᾶλλον πονήσειεν ὁ τοιοῦτος, εἰ
τρὶς σιτέοιτο τῆς ἡμέρης ἐς κόρον· ἔτι δὲ μᾶλλον, εἰ
πλεονάκις· καίτοι γε πολλοί εἰσιν, οἳ εὐφόρως φέρουσι τρὶς
σιτεόμενοι τῆς ἡμέρης ἐς πλῆθος, οἳ ἂν οὕτως ἐθισθῶσιν.
Ἀλλὰ μὴν καὶ οἱ μεμαθηκότες δὶς σιτέεσθαι τῆς ἡμέρης,
ἢν μὴ ἀριστήσωσιν, ἀσθενέες καὶ ἄῤῥωστοί εἰσι, καὶ δειλοὶ
ἐς πᾶν ἔργον, καὶ καρδιαλγέες· κρεμᾶσθαι γὰρ δοκέει τὰ
σπλάγχνα αὐτέοισι, καὶ οὐρέουσι θερμὸν καὶ χλωρὸν, καὶ ἡ
ἄφοδος ξυγκαίεται· ἔστι δ´ οἷσι καὶ τὸ στόμα πικραίνεται,
καὶ οἱ ὀφθαλμοὶ κοιλαίνονται, καὶ οἱ κρόταφοι πάλλονται, καὶ τὰ
ἄκρα διαψύχονται· καὶ οἱ μὲν πλεῖστοι τῶν ἀνηριστηκότων οὐ δύνανται
κατεσθίειν τὸ δεῖπνον· δειπνήσαντες δὲ
βαρύνουσι τὴν κοιλίην, καὶ δυσκοιτέουσι πουλὺ μᾶλλον ἢ εἰ
προηριστήκεσαν. Ὁκότε οὖν ταῦτα τοιαῦτα γίγνεται
τοῖσιν ὑγιαίνουσιν εἵνεκεν ἡμίσεος ἡμέρης διαίτης μεταβολῆς
παρὰ τὸ ἔθος, οὔτε προσθεῖναι λυσιτελέειν φαίνεται, οὔτε
ἀφελέειν. Εἰ τοίνυν οὗτος ὁ παρὰ τὸ ἔθος μονοσιτήσας, ὅλην
ἡμέρην κενεαγγήσας, δειπνήσειεν ὁκόσον εἴθιστο, δειπνήσας δὲ,
τότε βαρὺς ἦν, εἰκὸς αὐτὸν, εἰ, ὅτι ἀνάριστος ἐὼν
ἐπόνεε καὶ ἠῤῥώστει, δειπνήσειε πλείω ἢ ὁκόσον εἴθιστο, πουλὺ
μᾶλλον βαρύνεσθαι· εἰ δέ γε ἐπὶ πλείω χρόνον κενεαγγήσας
ἐξαπίνης μεταδειπνήσειεν, ἔτι μᾶλλον ἂν βαρύνοιτο. Τὸν
οὖν παρὰ τὸ ἔθος κενεαγγήσαντα ξυμφέρει ταύτην τὴν ἡμέρην
ἀντισηκῶσαι ὧδε· ἀῤῥιγέως καὶ ἀθαλπέως καὶ ἀταλαιπώρως,
ταῦτα γὰρ πάντα βαρέως ἂν ἐνέγκοι· τὸ δὲ
δεῖπνον συχνῷ ἔλασσον ποιήσασθαι ἢ ὅσον εἴθιστο, καὶ μὴ
ξηρὸν, ἀλλὰ τοῦ πλαδαρωτέρου τρόπου· καὶ πιεῖν μὴ ὑδαρὲς,
μηδ´ ἔλασσον ἢ κατὰ λόγον βρώματος· καὶ τῇ ὑστεραίῃ
ὀλίγα ἀριστῆσαι, ὡς ἐκ προσαγωγῆς ἀφίκηται ἐς τὸ ἔθος. Αὐτοὶ
μέντοι σφῶν αὐτῶν δυσφορώτερον δὴ τὰ τοιαῦτα φέρουσιν οἱ πικρόχολοι
τὰ ἄνω· τὴν δέ γε ἀσιτίην τὴν παρὰ τὸ ἔθος οἱ
φλεγματίαι τὰ ἄνω εὐφορώτερον φέρουσι τὸ ἐπίπαν, ὥστε καὶ
τὴν μονοσιτίην τὴν παρὰ τὸ ἔθος εὐφορώτερον ἂν οὗτοι ἐνέγκοιεν.
Ἱκανὸν μὲν οὖν καὶ τοῦτο σημήϊον, ὅτι αἱ
μέγισται μεταβολαὶ τῶν περὶ τὰς φύσιας ἡμῶν καὶ τὰς
ἕξιας ξυμβαινόντων μάλιστα νοσοποιέουσιν· οὐ δὴ οἷόν τε
παρὰ καιρὸν οὔτε σφοδρὰς τὰς κενεαγγείας ποιέειν, οὔτε ἀκμαζόντων
τῶν νουσημάτων καὶ ἐν φλεγμασίῃ ἐόντων προσφέρειν,
οὔτε ἐξαπίνης οἷόν τε ὅλῳ τῷ πρήγματι μεταβάλλειν οὔτε
ἐπὶ τὰ οὔτε ἐπὶ τά.
|
|
Traduction française :
[1,9] 9. Pour s'instruire, il faut observer ce qui, dans le régime,
est utile aux hommes, pendant qu'ils sont encore dans l'état
de santé ; car, si une alimentation telle ou telle, même chez
les gens bien portants, présente de grandes différences en
toutes circonstances, et surtout dans les changements de
l'une pour l'autre, comment pourrait-il se faire qu'elle ne
présentât pas aussi des différences considérables dans les
maladies, et d'autant plus que les maladies sont plus aiguës?
En santé, il faut savoir qu'user, avec une régularité toujours
la même, d'aliments et de boissons de qualité ordinaire
est, en général, plus sûr que d'opérer, en son régime,
quelque brusque et grand changement. En effet, soit qu'on
ait l'habitude de faire deux repas par jour, soit qu'on n'en
fasse qu'un, les changements soudains causent souffrance et
faiblesse. Qu'un homme, qui n'est pas dans l'usage de déjeuner,
vienne à faire un repas le matin, aussitôt il en souffre, il
devient pesant de tout le corps, faible et inactif; si, dans cet
état, il se met à dîner, il a des rapports aigres, quelquefois il
survient de la diarrhée, parce que les voies digestives ont été
surchargées d'un poids extraordinaire, habituées qu'elles
étaient à avoir un intervalle de sécheresse, à ne pas recevoir
deux fois un fardeau, à ne pas digérer deux fois des aliments.
Il convient, dans ce cas, de contrebalancer le changement que le
régime alimentaire a éprouvé: on fera un somme, et pour le
faire on s'arrangera comme on s'arrange pour la nuit après
le dîner, c'est-à-dire qu'on dormira à l'abri du froid pendant
l'hiver, à l'abri du chaud pendant l'été; si l'on ne peut dormir,
on fera une longue marche à pas lents, en se promenant,
sans s'arrêter; on ne dînera pas, ou, si l'on dîne, on ne mangera
que peu, et des choses non malfaisantes ; on boira encore
moins, et, si l'on boit, que ce ne soit pas de l'eau. Avec de
telles habitudes, les souffrances seraient encore plus grandes
si l'on mangeait trois fois par jour jusqu'à satiété ; plus
grandes encore si l'on mangeait plus souvent, cependant, il
en est beaucoup à qui trois repas copieux par jour ne causent
aucun inconvénient, mais c'est qu'ils y sont habitués. D'un
autre côté, ceux qui ont l'usage de manger deux fois,
sont, s'ils ne déjeunent pas, faibles, débiles et impuissants à
tout travail : ils souffrent de l'estomac, ils éprouvent des
tiraillements dans les entrailles, l'urine devient chaude et foncée,
et les selles sont très échauffées ; chez quelques-uns même
un goût d'amertume se fait sentir dans la bouche, les yeux se
creusent, les tempes battent, les extrémités se refroidissent,
et la plupart de ceux qui ont omis leur déjeuner habituel,
n'ont plus d'appétit à l'heure du dîner ; s'ils dînent, ils
éprouvent de la pesanteur d'estomac, et leur sommeil est bien
plus pénible que s'ils avaient déjeuné comme à leur ordinaire.
Quand donc de tels accidents surviennent, même dans
l'état de santé, pour un changement du régime pendant une
demi-journée seulement, il est évident qu'il ne faut pas
faire, dans l'état de maladie, ces changements en plus et en
moins que font les médecins. Puisque ceux qui ont omis leur
déjeuner ordinaire, et ainsi passé toute une journée sans
manger, éprouvent, s'ils dînent autant que de coutume, de
la pesanteur après avoir dîné, naturellement ils éprouveront
bien plus de pesanteur si, se sentant mal à l'aise et faibles â
cause de l'omission de leur déjeuner, ils dînent plus que de
coutume. Une abstinence encore plus prolongée, et remplacée
soudainement par un dîner, chargerait encore davantage
l'estomac. Il convient que celui qui aura omis son déjeuner habituel, contrebalance, ce jour-là, les effets de cette
omission, c'est-à-dire qu'il évite le froid, la chaleur et la
fatigue, car il supporterait tout cela avec peine; son dîner,
beaucoup moindre que d'habitude, sera composé, non d'aliments
qui aient des propriétés sèches, mais de substances
humectantes; la boisson qu'il prendra ne sera pas aqueuse
ni moindre que ne l'exige la proportion des aliments solides ;
le lendemain il déjeunera peu, afin de revenir graduellement
â son habitude. Les gens chez lesquels prédomine la bile
amère dans les parties supérieures des voies digestives,
supportent plus péniblement les épreuves de cette nature;
au contraire, les gens chez lesquels prédomine la pituite
dans la partie supérieure des voies digestives, souffrent moins,
en général, de l'abstinence, de sorte que l'omission d'un repas
contre l'habitude leur est moins sensible. En définitive, cela
prouve suffisamment que les plus grands changements, dans
ce qui touche à la nature et à la constitution de notre corps,
sont les causes morbifiques les plus actives ; à plus forte
raison n'est-il possible, dans les maladies, ni de prescrire
une rigoureuse abstinence à contre-temps, ni d'administrer
des substances alimentaires pendant l'acuité et l'inflammation,
ni, en un mot, de faire un changement soudain et
complet soit dans un sens, soit dans un autre.
|
|