HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hésiode, Théogonie

ἐσθίει



Texte grec :

[650] φαίνετε Τιτήνεσσιν ἐναντίοι ἐν δαῒ λυγρῆι,
μνησάμενοι φιλότητος ἐνηέος, ὅσσα παθόντες
ἐς φάος ἂψ ἀφίκεσθε δυσηλεγέος ὑπὸ δεσμοῦ
ἡμετέρας διὰ βουλὰς ὑπὸ ζόφου ἠερόεντος.»
Ὣς φάτο· τὸν δ' ἐξαῦτις ἀμείβετο Κόττος ἀμύμων·
655 «δαιμόνι', οὐκ ἀδάητα πιφαύσκεαι· ἀλλὰ καὶ αὐτοὶ
ἴδμεν ὅ τοι περὶ μὲν πραπίδες, περὶ δ' ἐστὶ νόημα,
ἀλκτὴρ δ' ἀθανάτοισιν ἀρῆς γένεο κρυεροῖο·
σῆισι δ' ἐπιφροσύνηισιν ὑπὸ ζόφου ἠερόεντος
ἄψορρον δ' ἐξαῦτις ἀμειλίκτων ὑπὸ δεσμῶν
660 ἠλύθομεν, Κρόνου υἱὲ ἄναξ, ἀνάελπτα παθόντες.
τῶι καὶ νῦν ἀτενεῖ τε νόωι καὶ ἐπίφρονι βουλῆι
ῥυσόμεθα κράτος ὑμὸν ἐν αἰνῆι δηιοτῆτι,
μαρνάμενοι Τιτῆσιν ἀνὰ κρατερὰς ὑσμίνας.»
Ὣς φάτ'· ἐπήινησαν δὲ θεοὶ δωτῆρες ἐάων
665 μῦθον ἀκούσαντες· πολέμου δ' ἐλιλαίετο θυμὸς
μᾶλλον ἔτ' ἢ τὸ πάροιθε· μάχην δ' ἀμέγαρτον ἔγειραν
πάντες, θήλειαι τε καὶ ἄρσενες ἤματι κείνωι
Τιτῆνές τε θεοὶ καὶ ὅσοι Κρόνου ἐξεγένοντο
οὕς τε Ζεὺς Ἐρέβευσφι ὑπὸ χθονὸς ἧκε φόωσδε,
670 δεινοί τε κρατεροί τε, βίην ὑπέροπλον ἔχοντες.
τῶν ἑκατὸν μὲν χεῖρες ἀπ' ὤμων ἀίσσοντο
πᾶσιν ὁμῶς, κεφαλαὶ δὲ ἑκάστωι πεντήκοντα
ἐξ ὤμων ἐπέφυκον ἐπὶ στιβαροῖσι μέλεσσιν.
οἳ τότε Τιτήνεσσι κατέσταθεν ἐν δαῒ λυγρῆι
675 πέτρας ἠλιβάτους στιβαρῆις ἐν χερσὶν ἔχοντες.
Τιτῆνες δ' ἑτέρωθεν ἐκαρτύναντο φάλαγγας
προφρονέως· χειρῶν τε βίης θ' ἅμα ἔργον ἔφαινον
ἀμφότεροι. δεινὸν δὲ περίαχε πόντος ἀπείρων,
γῆ δὲ μέγ' ἐσμαράγησεν, ἐπέστενε δ' οὐρανὸς εὐρὺς
680 σειόμενος, πεδόθεν δὲ τινάσσετο μακρὸς Ὄλυμπος
ῥιπῆι ὕπ' ἀθανάτων, ἔνοσις δ' ἵκανε βαρεῖα
Τάρταρον ἠερόεντα ποδῶν αἰπεῖα τ' ἰωὴ
ἀσπέτου ἰωχμοῖο βολάων τε κρατεράων.
ὣς ἄρ' ἐπ' ἀλλήλοις ἵεσαν βέλεα στονόεντα·
685 φωνὴ δ' ἀμφοτέρων ἵκετ' οὐρανὸν ἀστερόεντα
κεκλομένων, οἳ δὲ ξύνισαν μεγάλωι ἀλαλητῶι.
Οὐδ' ἄρ' ἔτι Ζεὺς ἴσχεν ἑὸν μένος, ἀλλά νυ τοῦ γε
εἶθαρ μὲν μένεος πλῆντο φρένες, ἐκ δέ τε πᾶσαν
φαῖνε βίην· ἄμυδις δ' ἄρ' ἀπ' οὐρανοῦ ἠδ' ἀπ' Ὀλύμπου
690 ἀστράπτων ἔστειχε συνωχαδόν, οἱ δὲ κεραυνοὶ
ἴκταρ ἅμα βροντῆι τε καὶ ἀστεροπῆι ποτέοντο
χειρὸς ἄπο στιβαρῆς, ἱερὴν φλόγα εἰλυφόωντες
ταρφέες. ἀμφὶ δὲ γαῖα φερέσβιος ἐσμαράγιζε
καιομένη, λάκε δ' ἀμφὶ πυρὶ μεγάλ' ἄσπετος ὕλη·
695 ἔζεε δὲ χθὼν πᾶσα καὶ Ὠκεανοῖο ῥέεθρα
πόντος τ' ἀτρύγετος· τοὺς δ' ἄμφεπε θερμὸς ἀυτμὴ
Τιτῆνας χθονίους, φλὸξ δ' ἠέρα δῖαν ἵκανεν
ἄσπετος, ὄσσε δ' ἄμερδε καὶ ἰφθίμων περ ἐόντων
αὐγὴ μαρμαίρουσα κεραυνοῦ τε στεροπῆς τε.

Traduction française :

[650] Fidèles au souvenir d'une douce amitié, songez qu'après de longues souffrances, affranchis par notre sagesse d'une chaîne cruelle, vous êtes remontés d'un abîme de ténèbres à la lumière du jour." (654) Il dit. L'irréprochable Cottus répliqua en ces termes : "Dieu respectable ! tu ne nous apprends rien de nouveau. Nous aussi, nous savons combien tu l'emportes en sagesse et en intelligence. Tu as repoussé loin des Immortels une horrible calamité. C'est grâce à ta prudence que nous avons été arrachés de notre obscure prison et délivrés de nos fers douloureux, ô roi, fils de Saturne ! après avoir enduré des tourments inouïs. Maintenant donc, remplis d'une sage et ferme volonté, nous t'assurerons l'empire dans cette guerre terrible, en bravant les Titans au milieu des ardentes batailles." (664) Il dit. Les dieux, auteurs de tous les biens, approuvèrent ce discours, et leur coeur brûla pour la guerre d'un désir plus violent que jamais. Dans ce jour, un grand combat s'engagea entre tous les dieux et toutes les déesses, entre les Titans et les enfants de Saturne que Jupiter tira des abîmes souterrains de l'Érèbe, pour les rappeler à la lumière, armée formidable, puissante, douée d'une force prodigieuse. (671) Ces guerriers avaient chacun cent bras qui s'élançaient de leurs épaules, et cinquante têtes, attachées à leur dos, planaient sur leurs membres robustes. Opposés aux Titans dans cette guerre désastreuse, tous portaient dans leurs fortes mains d'énormes rochers. De l'autre côté, les Titans, pleins d'ardeur, affermissaient leurs phalanges. Les deux partis déployaient leur audace et la vigueur de leurs bras. Un horrible fracas retentit sur la mer immense. La terre poussa de longs mugissements ; le vaste ciel gémit au loin ébranlé, et tout le grand Olympe trembla, secoué jusqu'en ses fondements par le choc des célestes armées. (681) Le ténébreux Tartare entendit parvenir dans ses abîmes l'épouvantable bruit de la marche des dieux, de leurs tumultueux efforts et de leurs coups violents. Ainsi les deux troupes ennemies lançaient l'une sur l'autre mille traits douloureux ; tandis que chacune s'encourageait à l'envi, leurs clameurs montaient jusqu'au ciel étoilé et de grands cris retentissaient dans cette mêlée terrible. (687) Alors Jupiter, n'enchaîna plus son courage ; son âme se remplit soudain d'une bouillante ardeur, et il déploya sa force tout entière. S'élançant des hauteurs du ciel et de l'Olympe, il s'avançait armé de feux étincelants ; les foudres, rapidement jetées par sa main vigoureuse, volaient au milieu du tonnerre et des éclairs redoublés et roulaient au loin une divine flamme. La terre féconde mugissait partout consumée et les vastes forêts pétillaient dans ce grand incendie. Le monde s'embrasait ; on voyait bouillonner les flots de l'océan et la mer stérile. (696) Une brûlante vapeur enveloppait les Titans terrestres ; la flamme immense s'élevait dans l'air céleste, et les yeux des plus braves guerriers étaient aveuglés par l'éblouissant éclat de la foudre et du tonnerre.





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Dernière mise à jour : 14/02/2008