Texte grec :
[8,140] ἐγεγόνεε μὲν δὴ ὧδε ὁ Ἀλέξανδρος ὁ Ἀμύντεω· ὡς δὲ ἀπίκετο ἐς τὰς Ἀθήνας ἀποπεμφθεὶς ὑπὸ
Μαρδονίου, ἔλεγε τάδε. “ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Μαρδόνιος τάδε λέγει. ἐμοὶ ἀγγελίη ἥκει παρὰ βασιλέος
λέγουσα οὕτω”. Ἀθηναίοισι τὰς ἁμαρτάδας τὰς ἐς ἐμὲ ἐξ ἐκείνων γενομένας πάσας μετίημι. (2) νῦν τε
ὧδε Μαρδόνιε ποίεε· τοῦτο μὲν τὴν γῆν σφι ἀπόδος, τοῦτο δὲ ἄλλην πρὸς ταύτῃ ἑλέσθων αὐτοί, ἥντινα
ἂν ἐθέλωσι, ἐόντες αὐτόνομοι· ἱρά τε πάντα σφι, ἢν δὴ βούλωνταί γε ἐμοὶ ὁμολογέειν, ἀνόρθωσον, ὅσα
ἐγὼ ἐνέπρησα”. τούτων δὲ ἀπιγμένων ἀναγκαίως ἔχει μοι ποιέειν ταῦτα, ἢν μὴ τὸ ὑμέτερον αἴτιον
γένηται. (3) λέγω δὲ ὑμῖν τάδε. νῦν τί μαίνεσθε πόλεμον βασιλέι ἀειρόμενοι; οὔτε γὰρ ἂν ὑπερβάλοισθε
οὔτε οἷοί τε ἐστὲ ἀντέχειν τὸν πάντα χρόνον. εἴδετε μὲν γὰρ τῆς Ξέρξεω στρατηλασίης τὸ πλῆθος καὶ
τὰ ἔργα, πυνθάνεσθε δὲ καὶ τὴν νῦν παρ᾽ ἐμοὶ ἐοῦσαν δύναμιν· ὥστε καὶ ἢν ἡμέας ὑπερβάλησθε καὶ
νικήσητε, τοῦ περ ὑμῖν οὐδεμία ἐλπὶς εἴ περ εὖ φρονέετε, ἄλλη παρέσται πολλαπλησίη. (4) μὴ ὦν
βούλεσθε παρισούμενοι βασιλέι στέρεσθαι μὲν τῆς χώρης, θέειν δὲ αἰεὶ περὶ ὑμέων αὐτῶν, ἀλλὰ
καταλύσασθε· παρέχει δὲ ὑμῖν κάλλιστα καταλύσασθαι, βασιλέος ταύτῃ ὁρμημένου. ἔστε ἐλεύθεροι,
ἡμῖν ὁμαιχμίην συνθέμενοι ἄνευ τε δόλου καὶ ἀπάτης.
(140B) Μαρδόνιος μὲν ταῦτα ὦ Ἀθηναῖοι ἐνετείλατό μοι εἰπεῖν πρὸς ὑμέας· ἐγὼ δὲ περὶ μὲν εὐνοίης
τῆς πρὸς ὑμέας ἐούσης ἐξ ἐμεῦ οὐδὲν λέξω, οὐ γὰρ ἂν νῦν πρῶτον ἐκμάθοιτε, προσχρηίζω δὲ ὑμέων
πείθεσθαι Μαρδονίῳ. (2) ἐνορῶ γὰρ ὑμῖν οὐκ οἵοισί τε ἐσομένοισι τὸν πάντα χρόνον πολεμέειν Ξέρξῃ·
εἰ γὰρ ἐνώρων τοῦτο ἐν ὑμῖν, οὐκ ἄν κοτε ἐς ὑμέας ἦλθον ἔχων λόγους τούσδε· καὶ γὰρ δύναμις ὑπὲρ
ἄνθρωπον ἡ βασιλέος ἐστὶ καὶ χεὶρ ὑπερμήκης. (3) ἢν ὦν μὴ αὐτίκα ὁμολογήσητε, μεγάλα
προτεινόντων ἐπ᾽ οἷσι ὁμολογέειν ἐθέλουσι, δειμαίνω ὑπὲρ ὑμέων ἐν τρίβῳ τε μάλιστα οἰκημένων τῶν
συμμάχων πάντων αἰεί τε φθειρομένων μούνων, ἐξαίρετον μεταίχμιόν τε τὴν γῆν ἐκτημένων. (4) ἀλλὰ
πείθεσθε· πολλοῦ γὰρ ὑμῖν ἄξια ταῦτα, εἰ βασιλεύς γε ὁ μέγας μούνοισι ὑμῖν Ἑλλήνων τὰς ἁμαρτάδας
ἀπιεὶς ἐθέλει φίλος γενέσθαι”.
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Traduction française :
[8,140] CXL. Alexandre étant arrivé à Athènes, où Mardonius l'avait député,
adressa ce discours au peuple : « Athéniens, Mardonius vous dit par
ma bouche: Il m'est venu un message de la part du roi, conçu en ces
termes : Je pardonne aux Athéniens toutes leurs fautes. Exécutez donc
mes ordres, Mardonius, rendez-leur leur pays; qu'ils en choisissent
encore un autre à leur gré; qu'ils vivent selon leurs lois; et s'ils veulent
faire alliance avec moi, relevez tous les temples que je leur ai brûlés.
Ces ordres m'ayant été envoyés, je suis tenu de les exécuter, à moins
que de votre côté vous n'y mettiez obstacle. Je vous adresse
maintenant la parole en mon nom. Quelle est donc votre folie de
vouloir faire la guerre au roi ? vous ne le vaincrez jamais, et vous ne
pourrez pas toujours lui résister. Les grandes actions de Xerxès et la
multitude de ses troupes vous sont connues; vous avez entendu parler
de mes forces; quand même vous auriez l'avantage sur moi, quand
même vous remporteriez la victoire, ce dont vous ne pouvez vous
flatter, du moins si vous êtes sages, il nous viendra d'autres armées
encore plus fortes. Ne vous exposez pas, en vous égalant au roi, à être
privés de votre patrie, et à courir perpétuellement le risque de la vie
même. Rentrez donc en grâce avec Xerxès; profitez de l'occasion;
jamais il ne s'en présentera où vous puissiez le faire à des conditions
plus honorables. Le roi vous en presse, soyez libres, et contractez avec
nous une alliance sincère, sans fraude ni tromperie. Voilà, Athéniens,
ce que Mardonius m'a commandé de vous dire: quant à moi, je ne
vous parlerai pas de ma bienveillance pour vous; je n'ai pas attendu
jusqu'au moment présent à la faire connaître : suivez, je vous en
conjure, les conseils de Mardonius. Vous n'êtes pas en état de soutenir
la guerre jusqu'au bout contre Xerxès. Si je vous avais vus assez
puissants pour lui résister, je ne serais pas venu ici avec les
propositions que je vous apporte de sa part. La puissance du roi est
immense et plus qu'humaine. Si vous n'acceptez pas sur-le-champ
l'alliance que vous offrent les Perses à des conditions si avantageuses,
je crains d'autant plus pour vous, que de tous les confédérés vous êtes
les plus exposés, et que vous trouvant enclavés au milieu des ennemis,
et votre pays entre deux armées, vous êtes toujours les seuls sur qui
tombe la perte. Ces offres sont d'un prix inestimable. Ne les rejetez
donc pas, et cela d'autant plus que vous êtes les seuls à qui le grand
roi veuille pardonner, et les seuls dont il recherche l'alliance. » Ainsi
parla Alexandre.
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