Texte grec :
[7,49] ὃ δ᾽ ἀμείβετο λέγων “ὦ βασιλεῦ, οὔτε στρατὸν τοῦτον, ὅστις γε σύνεσιν ἔχει, μέμφοιτ᾽ ἂν οὔτε
τῶν νεῶν τὸ πλῆθος· ἢν δὲ πλεῦνας συλλέξῃς, τὰ δύο τοι τὰ λέγω πολλῷ ἔτι πολεμιώτερα γίνεται. τὰ δὲ
δύο ταῦτα ἐστὶ γῆ τε καὶ θάλασσα. (2) οὔτε γὰρ τῆς θαλάσσης ἐστὶ λιμὴν τοσοῦτος οὐδαμόθι, ὡς ἐγὼ
εἰκάζω, ὅστις ἐγειρομένου χειμῶνος δεξάμενός σευ τοῦτο τὸ ναυτικὸν φερέγγυος ἔσται διασῶσαι τὰς
νέας. καίτοι οὐκὶ ἕνα αὐτὸν δεῖ εἶναι τὸν λιμένα, ἀλλὰ παρὰ πᾶσαν τὴν ἤπειρον παρ᾽ ἣν δὴ κομίζεαι. (3)
οὔκων δὴ ἐόντων τοι λιμένων ὑποδεξίων, μάθε ὅτι αἱ συμφοραὶ τῶν ἀνθρώπων ἄρχουσι καὶ οὐκὶ
ὥνθρωποι τῶν συμφορέων. καὶ δὴ τῶν δύο τοι τοῦ ἑτέρου εἰρημένου τὸ ἕτερον ἔρχομαι ἐρέων. (4) γῆ δὲ
πολεμίη τῇδέ τοι κατίσταται· εἰ θέλει τοι μηδὲν ἀντίξοον καταστῆναι, τοσούτῳ τοι γίνεται πολεμιωτέρη
ὅσῳ ἂν προβαίνῃς ἑκαστέρω, τὸ πρόσω αἰεὶ κλεπτόμενος· εὐπρηξίης δὲ οὐκ ἔστι ἀνθρώποισι οὐδεμία
πληθώρη. (5) καὶ δή τοι, ὡς οὐδενὸς ἐναντιευμένου, λέγω τὴν χώρην πλεῦνα ἐν πλέονι χρόνῳ
γινομένην λιμὸν τέξεσθαι. ἀνὴρ δὲ οὕτω ἂν εἴη ἄριστος, εἰ βουλευόμενος μὲν ἀρρωδέοι, πᾶν
ἐπιλεγόμενος πείσεσθαι χρῆμα, ἐν δὲ τῷ ἔργῳ θρασὺς εἴη”.
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Traduction française :
[7,49] XLIX. - Seigneur, reprit Artabane, il n'y a point d'homme, du moins en
son bon sens, qui puisse reprocher à vos armées de terre et de mer de
n'être point assez nombreuses. Si vous faites de nouvelles levées, les
deux choses dont je parle vous seront encore beaucoup plus
contraires. Ces deux choses sont la terre et la mer. En effet, s'il s'élève
une tempête, il n'y a point, comme je le conjecture, de port au monde
assez vaste pour contenir votre flotte, et pour la mettre en sûreté.
Mais il ne suffit pas qu'il y ait un seul port, il faut encore qu'il y en ait
de pareils dans tous les pays où vous irez. Or, comme vous n'avez
point de ports commodes, sachez, seigneur, que nous sommes à la
merci des événements fortuits, et que nous ne leur commandons point.
Voilà donc une des deux choses qui vous sont ennemies. Passons à
l'autre. La terre ne vous le sera pas moins que la mer; en voici la
preuve. Si rien ne s'oppose à vos conquêtes, elle vous sera d'autant
plus contraire que vous irez plus en avant, et que vous avancerez
toujours insensiblement et sans vous en apercevoir. Car les hommes
ne sont jamais rassasiés d'heureux succès. Ainsi, quand même vous ne
trouveriez point d'obstacle à vos conquêtes, leur étendue et le temps
qu'il vous y faudra employer amèneront la famine. Le sage craint dans
ses délibérations, et réfléchit sur tous les événements fâcheux qui
peuvent survenir ; mais, dans l'exécution, il est hardi et intrépide.
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