Texte grec :
[7,168] τὰ μὲν ἀπὸ Σικελίης τοσαῦτα. Κερκυραῖοι δὲ τάδε ὑποκρινάμενοι τοῖσι ἀγγέλοισι τοιάδε
ἐποίησαν· καὶ γὰρ τούτους παρελάμβανον οἱ αὐτοὶ οἵ περ ἐς Σικελίην ἀπίκοντο, λέγοντες τοὺς αὐτοὺς
λόγους τοὺς καὶ πρὸς Γέλωνα ἔλεγον. οἳ δὲ παραυτίκα μὲν ὑπίσχοντο πέμψειν τε καὶ ἀμυνέειν,
φράζοντες ὡς οὔ σφι περιοπτέη ἐστὶ ἡ Ἑλλὰς ἀπολλυμένη· ἢν γὰρ σφαλῇ, σφεῖς γε οὐδὲν ἄλλο ἢ
δουλεύσουσι τῇ πρώτῃ τῶν ἡμερέων· ἀλλὰ τιμωρητέον εἴη ἐς τὸ δυνατώτατον. (2) ὑπεκρίναντο μὲν
οὕτω εὐπρόσωπα· ἐπεὶ δὲ ἔδει βοηθέειν, ἄλλα νοέοντες ἐπλήρωσαν νέας ἑξήκοντα, μόγις δὲ
ἀναχθέντες προσέμιξαν τῇ Πελοποννήσῳ, καὶ περὶ Πύλον καὶ Ταίναρον γῆς τῆς Λακεδαιμονίων
ἀνεκώχευον τὰς νέας, καραδοκέοντες καὶ οὗτοι τὸν πόλεμον τῇ πεσέεται, ἀελπτέοντες μὲν τοὺς
Ἕλληνας ὑπερβαλέεσθαι, δοκέοντες δὲ τὸν Πέρσην κατακρατήσαντα πολλὸν ἄρξειν πάσης τῆς
Ἑλλάδος. (3) ἐποίευν ὦν ἐπίτηδες, ἵνα ἔχωσι πρὸς τὸν Πέρσην λέγειν τοιάδε. “ὦ βασιλεῦ, ἡμεῖς,
παραλαμβανόντων τῶν Ἑλλήνων ἡμέας ἐς τὸν πόλεμον τοῦτον, ἔχοντες δύναμιν οὐκ ἐλαχίστην οὐδὲ
νέας ἐλαχίστας παρασχόντες ἂν ἀλλὰ πλείστας μετά γε Ἀθηναίους, οὐκ ἠθελήσαμέν τοι ἐναντιοῦσθαι
οὐδέ τι ἀποθύμιον ποιῆσαι”. τοιαῦτα λέγοντες ἤλπιζον πλέον τι τῶν ἄλλων οἴσεσθαι· τά περ ἂν καὶ
ἐγένετο, ὡς ἐμοὶ δοκέει. (4) πρὸς δὲ τοὺς Ἕλληνάς σφι σκῆψις ἐπεποίητο, τῇ περ δὴ καὶ ἐχρήσαντο.
αἰτιωμένων γὰρ τῶν Ἑλλήνων ὅτι οὐκ ἐβοήθεον, ἔφασαν πληρῶσαι μὲν ἑξήκοντα τριήρεας, ὑπὸ δὲ
ἐτησιέων ἀνέμων ὑπερβαλεῖν Μαλέην οὐκ οἷοί τε γενέσθαι· οὕτω οὐκ ἀπικέσθαι ἐς Σαλαμῖνα, καὶ
οὐδεμιῇ κακότητι λειφθῆναι τῆς ναυμαχίης.
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Traduction française :
[7,168] CLXVIII. Les ambassadeurs qui avaient été en Sicile tâchèrent aussi
d'engager les Corcyréens à prendre le parti de la Grèce, et leur firent
les mêmes demandes qu'à Gélon. Les Corcyréens répondirent d'une
façon et agirent d'une autre. Ils promirent sur-le-champ d'envoyer des
troupes à leur secours, ajoutant qu'ils ne laisseraient pas périr la Grèce
par leur négligence, puisque, si elle venait à succomber, ils se
verraient eux-mêmes réduits au premier jour à une honteuse
servitude; mais qu'ils la secourraient de toutes leurs forces. Cette
réponse était spécieuse. Mais quand il fallut en venir aux effets,
comme ils avaient d'autres vues, ils équipèrent soixante vaisseaux et,
ne les ayant fait partir qu'avec peine, ils s'approchèrent du
Péloponnèse et jetèrent l'ancre près de Pylos et de Ténare, sur les
côtes de la Laconie, dans la vue d'observer quels seraient les
événements de la guerre. Car, loin d'espérer que les Grecs
remportassent la victoire, ils pensaient que le roi, dont les forces
étaient de beaucoup supérieures, subjuguerait la Grèce entière. Ils
agissaient ainsi de dessein prémédité, afin de pouvoir tenir ce langage
au roi : « Seigneur, devaient-ils lui dire, les Grecs nous ont engagés à
les secourir dans cette guerre. Mais quoique nous ayons des forces
considérables, et un plus grand nombre de vaisseaux, du moins après
les Athéniens, qu'aucun autre État de la Grèce, nous n'avons pas voulu
nous opposer à vos desseins, ni rien faire qui vous fût désagréable. »
Ils espéraient par ce discours obtenir des conditions plus avantageuses
que les autres; ce qui, à mon avis, aurait bien pu arriver. Cependant ils
avaient une excuse toute prête à l'égard des Grecs; aussi s'en
servirent-ils. Car, les Grecs leur reprochant de ne les avoir pas
secourus, ils répondirent qu'ils avaient équipé soixante trirèmes, mais
que les vents étésiens les ayant mis dans l'impossibilité de doubler le
promontoire Malée, ils n'avaient pu se rendre à Salamine, et que s'ils
n'étaient arrivés qu'après le combat naval, ce n'était point par aucune
mauvaise volonté de leur part. Ce fut ainsi qu'ils cherchèrent à tromper
les Grecs.
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