Texte grec :
[5,67] Ταῦτα δέ, δοκέειν ἐμοί, ἐμιμέετο ὁ Κλεισθένης οὗτος τὸν ἑωυτοῦ μητροπάτορα
Κλεισθένεα τὸν Σικυῶνος τύραννον. Κλεισθένης γὰρ Ἀργείοισι πολεμήσας τοῦτο μὲν
ῥαψῳδοὺς ἔπαυσε ἐν Σικυῶνι ἀγωνίζεσθαι τῶν Ὁμηρείων ἐπέων εἵνεκα, ὅτι Ἀργεῖοί
τε καὶ Ἄργος τὰ πολλὰ πάντα ὑμνέαται· τοῦτο δέ, ἡρώιον γὰρ ἦν καὶ ἔστι ἐν αὐτῇ τῇ
ἀγορῇ τῶν Σικυωνίων Ἀδρήστου τοῦ Ταλαοῦ, τοῦτον ἐπεθύμησε ὁ Κλεισθένης ἐόντα
Ἀργεῖον ἐκβαλεῖν ἐκ τῆς χώρης. (2) ἐλθὼν δὲ ἐς Δελφοὺς ἐχρηστηριάζετο εἰ ἐκβάλοι
τὸν Ἄδρηστον· ἡ δὲ Πυθίη οἱ χρᾷ φᾶσα Ἄδρηστον μὲν εἶναι Σικυωνίων βασιλέα, κεῖνον
δὲ λευστῆρα. ἐπεὶ δὲ ὁ θεὸς τοῦτό γε οὐ παρεδίδου, ἀπελθὼν ὀπίσω ἐφρόντιζε
μηχανὴν τῇ αὐτὸς ὁ Ἄδρηστος ἀπαλλάξεται. ὡς δέ οἱ ἐξευρῆσθαι ἐδόκεε, πέμψας ἐς
Θήβας τὰς Βοιωτίας ἔφη θέλειν ἐπαγαγέσθαι Μελάνιππον τὸν Ἀστακοῦ· οἱ δὲ
Θηβαῖοι ἔδοσαν. (3) ἐπαγαγόμενος δὲ ὁ Κλεισθένης τὸν Μελάνιππον τέμενός οἱ
ἀπέδεξε ἐν αὐτῷ τῷ πρυτανηίῳ καί μιν ἵδρυσε ἐνθαῦτα ἐν τῷ ἰσχυροτάτῳ. ἐπηγάγετο
δὲ τὸν Μελάνιππον ὁ Κλεισθένης ( καὶ γὰρ τοῦτο δεῖ ἀπηγήσασθαι) ὡς ἔχθιστον
ἐόντα Ἀδρήστῳ, ὃς τόν τε ἀδελφεόν οἱ Μηκιστέα ἀπεκτόνεε καὶ τὸν γαμβρὸν Τυδέα.
(4) ἐπείτε δέ οἱ τὸ τέμενος ἀπέδεξε, θυσίας τε καὶ ὁρτὰς Ἀδρήστου ἀπελόμενος ἔδωκε
τῷ Μελανίππῳ. οἱ δὲ Σικυώνιοι ἐώθεσαν μεγαλωστὶ κάρτα τιμᾶν τὸν Ἄδρηστον· ἡ γὰρ
χώρη ἦν αὕτη Πολύβου, ὁ δὲ Ἄδρηστος ἦν Πολύβου θυγατριδέος, ἄπαις δὲ Πόλυβος
τελευτῶν διδοῖ Ἀδρήστῳ τὴν ἀρχήν. (5) τά τε δὴ ἄλλα οἱ Σικυώνιοι ἐτίμων τὸν
Ἄδρηστον καὶ δὴ πρὸς τὰ πάθεα αὐτοῦ τραγικοῖσι χοροῖσι ἐγέραιρον, τὸν μὲν
Διόνυσον οὐ τιμῶντες, τὸν δὲ Ἄδρηστον. Κλεισθένης δὲ χοροὺς μὲν τῷ Διονύσῳ
ἀπέδωκε, τὴν δὲ ἄλλην θυσίην Μελανίππῳ. Ταῦτα μὲν ἐς Ἄδρηστόν οἱ ἐπεποίητο.
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Traduction française :
[5,67] LXVII. Il s'était, à mon avis, proposé en cela pour modèle Clisthène,
son aïeul maternel, tyran de Sicyone. Car, celui-ci étant en
guerre avec les Argiens : d'un côté, il abolit les jeux où les rapsodes
disputaient le prix en chantant les vers d'Homère, parce que dans ses
poésies la ville d'Argos et les Argiens étaient célébrés par-dessus tous
les autres Grecs ; d'un autre côté, il désirait passionnément bannir de
ses États Adraste, fils de Tanaüs, parce qu'il était Argien. Cet Adraste
avait sur la place de Sicyone une chapelle qui subsiste encore
maintenant. Clisthène alla à Delphes demander au dieu s'il chasserait
le roi Adraste. La Pythie lui répondit qu'Adraste était roi des
Sicyoniens, et lui un brigand. Le dieu ne lui ayant pas permis
d'exécuter son dessein, il chercha, en s'en retournant, le moyen de se
débarrasser d'Adraste. Lorsqu'il crut l'avoir trouvé, il envoya demander
à Thèbes, en Béotie, Mélanippe, fils d'Astacus. Les Thébains le lui
ayant accordé, il le fit apporter, lui consacra une chapelle dans le
Prytanée même,. et le plaça dans l'endroit le plus fort. Il en usa ainsi
(car je ne dois pas oublier le motif qui le faisait agir) parce que
Mélanippe avait été le plus grand ennemi d'Adraste, et qu'il avait tué
Mécistée, frère du même Adraste, et Tydée son gendre. Après lui avoir
assigné une chapelle, il transporta à Mélanippe les fêtes et les
sacrifices qu'on faisait en l'honneur d'Adraste, fêtes que les Sicyoniens
avaient coutume. de célébrer avec beaucoup de magnificence. Leur
pays, en effet, avait appartenu à Polybe, dont la fille était mère
d'Adraste ; et ce prince, n'ayant point d'enfants, avait laissé on
mourant ses États à son petit-fils. Entre autres honneurs qu'ils
rendaient à Adraste, ils célébraient aussi ses malheurs dans leurs
choeurs tragiques et lui payaient un tribut de louanges sans s'adresser
à Bacchus. Clisthène rendit les choeurs à Bacchus, et ordonna que le
reste de la fête se ferait en l'honneur de Mélanippe. Ce fut ainsi qu'il en
agit à l'égard d'Adraste.
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