Texte grec :
[5,58] Οἱ δὲ Φοίνικες οὗτοι οἱ σὺν Κάδμῳ ἀπικόμενοι, τῶν ἦσαν οἱ Γεφυραῖοι, ἄλλα τε
πολλὰ οἰκήσαντες ταύτην τὴν χώρην ἐσήγαγον διδασκάλια ἐς τοὺς Ἕλληνας καὶ δὴ
καὶ γράμματα, οὐκ ἐόντα πρὶν Ἕλλησι ὡς ἐμοὶ δοκέειν, πρῶτα μὲν τοῖσι καὶ ἅπαντες
χρέωνται Φοίνικες· μετὰ δὲ χρόνου προβαίνοντος ἅμα τῇ φωνῇ μετέβαλλον καὶ τὸν
ῥυθμὸν τῶν γραμμάτων. (2) περιοίκεον δὲ σφέας τὰ πολλὰ τῶν χώρων τοῦτον τὸν
χρόνον Ἑλλήνων Ἴωνες, οἳ παραλαβόντες διδαχῇ παρὰ τῶν Φοινίκων τὰ γράμματα,
μεταρρυθμίσαντες σφέων ὀλίγα ἐχρέωντο, χρεώμενοι δὲ ἐφάτισαν, ὥσπερ καὶ τὸ
δίκαιον ἔφερε, ἐσαγαγόντων Φοινίκων ἐς τὴν Ἑλλάδα, Φοινικήια κεκλῆσθαι. (3) καὶ
τὰς βύβλους διφθέρας καλέουσι ἀπὸ τοῦ παλαιοῦ οἱ Ἴωνες, ὅτι κοτὲ ἐν σπάνι βύβλων
ἐχρέωντο διφθέρῃσι αἰγέῃσί τε καὶ οἰέῃσι· ἔτι δὲ καὶ τὸ κατ᾽ ἐμὲ πολλοὶ τῶν βαρβάρων
ἐς τοιαύτας διφθέρας γράφουσι.
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Traduction française :
[5,58] LVIII. Pendant le séjour que firent en ce pays les Phéniciens qui
avaient accompagné Cadmus, et du nombre desquels étaient les
Géphyréens, ils introduisirent en Grèce plusieurs connaissances, et
entre autres des lettres qui étaient, à mon avis, inconnues auparavant
dans ce pays. Ils les employèrent d'abord de la même manière que
tous les Phéniciens. Mais, dans la suite des temps, ces lettres
changèrent avec la langue, et prirent une autre forme. Les pays
circonvoisins étant alors occupés par les Ioniens, ceux-ci adoptèrent
ces lettres, dont les Phéniciens les avaient instruits, mais ils y firent
quelques légers changements. Ils convenaient de bonne foi, et comme
le voulait la justice, qu'on leur avait donné le nom de lettres
phéniciennes parce que les Phéniciens les avaient introduites en Grèce.
Les Ioniens appellent aussi, par une ancienne coutume, les livres des
diphthrères, parce qu'autrefois, dans le temps que le biblos (le
papyrus) était rare, on écrivait sur des peaux de chèvre et de mouton ;
et, encore à présent, il y a beaucoup de Barbares qui écrivent sur ces
sortes de peaux.
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