Texte grec :
[3,25] Θεησάμενοι δὲ τὰ πάντα οἱ κατάσκοποι ἀπαλλάσσοντο ὀπίσω. ἀπαγγειλάντων δὲ ταῦτα
τούτων, αὐτίκα ὁ Καμβύσης ὀργὴν ποιησάμενος ἐστρατεύετο ἐπὶ τοὺς Αἰθίοπας, οὔτε παρασκευὴν
σίτου οὐδεμίαν παραγγείλας, οὔτε λόγον ἑωυτῷ δοὺς ὅτι ἐς τὰ ἔσχατα γῆς ἔμελλε στρατεύεσθαι· (2)
οἷα δὲ ἐμμανής τε ἐὼν καὶ οὐ φρενήρης, ὡς ἤκουε τῶν Ἰχθυοφάγων, ἐστρατεύετο, Ἑλλήνων μὲν τοὺς
παρεόντας αὐτοῦ τάξας ὑπομένειν, τὸν δὲ πεζὸν πάντα ἅμα ἀγόμενος. (3) ἐπείτε δὲ στρατευόμενος
ἐγένετο ἐν Θήβῃσι, ἀπέκρινε τοῦ στρατοῦ ὡς πέντε μυριάδας, καὶ τούτοισι μὲν ἐνετέλλετο
Ἀμμωνίους ἐξανδραποδισαμένους τὸ χρηστήριον τὸ τοῦ Διὸς ἐμπρῆσαι, αὐτὸς δὲ τὸν λοιπὸν ἄγων
στρατὸν ἤιε ἐπὶ τοὺς Αἰθίοπας. (4) πρὶν δὲ τῆς ὁδοῦ τὸ πέμπτον μέρος διεληλυθέναι τὴν στρατιήν,
αὐτίκα πάντα αὐτοὺς τὰ εἶχον σιτίων ἐχόμενα ἐπελελοίπεε, μετὰ δὲ τὰ σιτία καὶ τὰ ὑποζύγια
ἐπέλιπε κατεσθιόμενα. (5) εἰ μέν νυν μαθὼν ταῦτα ὁ Καμβύσης ἐγνωσιμάχεε καὶ ἀπῆγε ὀπίσω τὸν
στρατόν, ἐπὶ τῇ ἀρχῆθεν γενομένῃ ἁμαρτάδι ἦν ἂν ἀνὴρ σοφός· νῦν δὲ οὐδένα λόγον ποιεύμενος ἤιε
αἰεὶ ἐς τὸ πρόσω. (6) οἱ δὲ στρατιῶται ἕως μέν τι εἶχον ἐκ τῆς γῆς λαμβάνειν, ποιηφαγέοντες διέζωον,
ἐπεὶ δὲ ἐς τὴν ψάμμον ἀπίκοντο, δεινὸν ἔργον αὐτῶν τινες ἐργάσαντο· ἐκ δεκάδος γὰρ ἕνα σφέων
αὐτῶν ἀποκληρώσαντες κατέφαγον. (7) πυθόμενος δὲ ταῦτα ὁ Καμβύσης, δείσας τὴν
ἀλληλοφαγίην, ἀπεὶς τὸν ἐπ᾽ Αἰθίοπας στόλον ὀπίσω ἐπορεύετο καὶ ἀπικνέεται ἐς Θήβας πολλοὺς
ἀπολέσας τοῦ στρατοῦ· ἐκ Θηβέων δὲ καταβὰς ἐς Μέμφιν τοὺς Ἕλληνας ἀπῆκε ἀποπλέειν.
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Traduction française :
[3,25] XXV. Les espions s'en retournèrent après avoir tout examiné. Sur leur rapport,
Cambyse, transporté de colère, marcha aussitôt contre les Éthiopiens, sans
ordonner qu'on préparât des vivres pour l'armée, et sans réfléchir qu'il allait
faire une expédition aux extrémités de la terre. Tel qu'un furieux et un
insensé, à peine eut-il entendu le rapport des Ichtyophages, qu'il se mit en
marche, menant avec lui toute son armée de terre, et ne laissant en Égypte que
les Grecs qui l'avaient accompagné. Lorsqu'il fut arrivé à Thèbes, il choisit
environ cinquante mille hommes , à qui il ordonna de réduire en esclavage les
Ammoniens, et de mettre ensuite le feu au temple où Jupiter rendait ses oracles.
Pour lui, il continua sa route vers l'Éthiopie avec le reste de l'armée. Ses
troupes n'avaient pas encore fait la cinquième partie du chemin, que les vivres
manquèrent tout à coup. On mangea les bêtes de somme, et bientôt après elles
manquèrent aussi. Si Cambyse, instruit de cette disette, eût alors changé de
résolution, et qu'après la faute qu'il avait faite dans le commencement il fût
revenu sur ses pas avec son armée, il aurait agi en homme sage. Mais, sans
s'inquiéter de la moindre chose, il continua à marcher en avant. Les soldats se
nourrirent d'herbages tant que la campagne put leur en fournir ; mais,
lorsqu'ils furent arrivés dans les pays sablonneux, la faim en porta
quelques-uns à une action horrible. Ils se mettaient dix à dix, tiraient au
sort, et mangeaient celui qu'ils désignaient. Cambyse en ayant eu connaissance,
et craignant qu'ils ne se dévorassent les uns les autres, abandonna l'expédition
contre les Éthiopiens, rebroussa chemin, et arriva à Thèbes, après avoir perdu
une partie de son armée. De Thèbes il vint à Memphis, où il congédia les Grecs,
et leur permit de se mettre en mer. Tel fut le succès de son expédition contre
les Éthiopiens.
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