Texte grec :
[3,1] Ἐπὶ τοῦτον δὴ τὸν Ἄμασιν Καμβύσης ὁ Κύρου ἐστρατεύετο, ἄγων καί ἄλλους τῶν ἦρχε καὶ
Ἑλλήνων Ἴωνάς τε καὶ Αἰολέας, δι᾽ αἰτίην τοιήνδε· πέμψας Καμβύσης ἐς Αἴγυπτον κήρυκα αἴτεε
Ἄμασιν θυγατέρα, αἴτεε δὲ ἐκ (συμ)βουλῆς ἀνδρὸς Αἰγυπτίου, ὃς μεμφόμενος Ἄμασιν ἔπρηξε ταῦτα
ὅτι μιν ἐξ ἁπάντων τῶν ἐν Αἰγύπτῳ ἰητρῶν ἀποσπάσας ἀπὸ γυναικός τε καὶ τέκνων ἔκδοτον
ἐποίησε ἐς Πέρσας, ὅτε Κῦρος πέμψας παρὰ Ἄμασιν αἴτεε ἰητρὸν ὀφθαλμῶν ὃς εἴη ἄριστος τῶν ἐν
Αἰγύπτῳ. (2) Ταῦτα δὴ ἐπιμεμφόμενος ὁ Αἰγύπτιος ἐνῆγε τῇ συμβουλῇ κελεύων αἰτέειν τὸν
Καμβύσεα Ἄμασιν θυγατέρα, ἵνα ἢ δοὺς ἀνιῷτο ἢ μὴ δοὺς Καμβύσῃ ἀπέχθοιτο. Ὁ δὲ Ἄμασις τῇ
δυνάμι τῶν Περσέων ἀχθόμενος καὶ ἀρρωδέων οὐκ εἶχε οὔτε δοῦναι οὔτε ἀρνήσασθαι· εὖ γὰρ
ἠπίστατο ὅτι οὐκ ὡς γυναῖκά μιν ἔμελλε Καμβύσης ἕξειν ἀλλ᾽ ὡς παλλακήν. (3) Ταῦτα δὴ
ἐκλογιζόμενος ἐποίησε τάδε· ἦν Ἀπρίεω τοῦ προτέρου βασιλέος θυγάτηρ κάρτα μεγάλη τε καὶ
εὐειδὴς, μούνη τοῦ οἴκου λελειμμένη, οὔνομα δέ οἱ ἦν Νίτητις· ταύτην δὴ τὴν παῖδα ὁ Ἄμασις
κοσμήσας ἐσθῆτί τε καὶ χρυσῷ ἀποπέμπει ἐς Πέρσας ὡς ἑωυτοῦ θυγατέρα. (4) μετὰ δὲ χρόνον ὥς
μιν ἠσπάζετο πατρόθεν ὀνομάζων, λέγει πρὸς αὐτὸν ἡ παῖς “Ὦ βασιλεῦ, διαβεβλημένος ὑπὸ
Ἀμάσιος οὐ μανθάνεις. ὃς ἐμὲ σοὶ κόσμῳ ἀσκήσας ἀπέπεμψε ὡς ἑωυτοῦ θυγατέρα διδούς, ἐοῦσαν τῇ
ἀληθείῃ Ἀπρίεω, τὸν ἐκεῖνος ἐόντα ἑωυτοῦ δεσπότεν μετ᾽ Αἰγυπτίων ἐπαναστὰς ἐφόνευσε„. (5)
Τοῦτο δὴ τὸ ἔπος καὶ αὕτη ἡ αἰτίη ἐγγενομένη ἤγαγε Καμβύσεα τὸν Κύρου μεγάλως θυμωθέντα ἐπ᾽
Αἴγυπτον.
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Traduction française :
[3,1] I. Ce fut donc contre ce prince que marcha Cambyse, fils de Cyrus, avec une
armée composée des peuples soumis à son obéissance, entre autres des Ioniens et
des Éoliens. Voici quel fut le sujet de cette guerre. Cambyse avait fait
demander par un ambassadeur la fille d'Amasis. Il suivait en cela le conseil
d'un Égyptien, qui l'en pressait pour se venger de son prince, qui l'avait
arraché d'entre les bras de sa femme et de ses enfants, pour l'envoyer en Perse
lorsque Cyrus avait fait prier Amasis de lui envoyer le meilleur médecin qu'il y
eût dans ses États pour les maladies des yeux. Ce médecin, qui avait le coeur
ulcéré, ne cessait de solliciter Cambyse de demander la fille d'Amasis, afin de
mortifier celui-ci s'il l'accordait, ou de le rendre odieux au roi de Perse s'il
la refusait. Amasis, qui haïssait autant les Perses qu'il en redoutait la
puissance, ne pouvait se résoudre ni à l'accorder ni à la refuser, sachant bien
que Cambyse n'avait pas dessein de l'épouser, mais d'en faire sa concubine.
Après de sérieuses réflexions, voici comment il se conduisit. Il avait à sa cour
une fille d'Apriès, son prédécesseur. C'était une princesse d'une taille
avantageuse et d'une grande beauté, et la seule qui fût restée de cette maison ;
elle se nommait Nitétis. Amasis, l'ayant fait revêtir d'une étoffe d'or,
l'envoya en Perse, comme si elle eût été sa fille. Quelque temps après, Cambyse
l'ayant saluée du nom de son père : « Vous ignorez , seigneur, lui dit-elle,
qu'Amasis vous trompe ; il m'a envoyée vers vous avec ces riches habits, comme
si j'étais sa fille, quoique je n'aie point d'autre père qu'Apriès. Ce prince
était son maître ; Amasis s'est révolté contre lui avec les Égyptiens, et en a
été le meurtrier. » A ce discours, Cambyse entra dans une furieuse colère, et
résolut, pour venger ce meurtre, de porter la guerre en Égypte.
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