Texte grec :
[3,14] Ἡμέρῃ δὲ δεκάτῃ ἀπ᾽ ἧς παρέλαβε τὸ τεῖχος τὸ ἐν Μέμφι Καμβύσης, κατίσας ἐς τὸ
προάστειον ἐπὶ λύμῃ τὸν βασιλέα τῶν Αἰγυπτίων Ψαμμήνιτον, βασιλεύσαντα μῆνας ἕξ, τοῦτον
κατίσας σὺν ἄλλοισι Αἰγυπτίοισι διεπειρᾶτο αὐτοῦ τῆς ψυχῆς ποιέων τοιάδε· (2) στείλας αὐτοῦ τὴν
θυγατέρα ἐσθῆτι δουληίῃ ἐξέπεμπε ἐπ᾽ ὕδωρ ἔχουσαν ὑδρήιον, συνέπεμπε δὲ καὶ ἄλλας παρθένους
ἀπολέξας ἀνδρῶν τῶν πρώτων, ὁμοίως ἐσταλμένας τῇ τοῦ βασιλέος. (3) Ὡς δὲ βοῇ τε καὶ κλαυθμῷ
παρήισαν αἱ παρθένοι παρὰ τοὺς πατέρας, οἱ μὲν ἄλλοι πάντες ἀντεβόων τε καὶ ἀντέκλαιον
ὁρῶντες τὰ τέκνα κεκακωμένα, ὁ δὲ Ψαμμήνιτος προϊδὼν καὶ μαθὼν ἔκυψε ἐς τὴν γῆν. (4)
Παρελθουσέων δὲ τῶν ὑδροφόρων, δεύτερά οἱ τὸν παῖδα ἔπεμπε μετ᾽ ἄλλων Αἰγυπτίων δισχιλίων
τὴν αὐτὴν ἡλικίην ἐχόντων, τούς τε αὐχένας κάλῳ δεδεμένους καὶ τὰ στόματα ἐγκεχαλινωμένους·
(5) ἤγοντο δὲ ποινὴν τίσοντες Μυτιληναίων τοῖσι ἐν Μέμφι ἀπολομένοισι σὺν τῇ νηί. Ταῦτα γὰρ
ἐδίκασαν οἱ βασιλήιοι δικασταί, ὑπὲρ ἀνδρὸς ἑκάστου δέκα Αἰγυπτίων τῶν πρώτων ἀνταπόλλυσθαι.
(6) Ὁ δὲ ἰδὼν παρεξιόντας καὶ μαθὼν τὸν παῖδα ἡγεόμενον ἐπὶ θάνατον, τῶν ἄλλων Αἰγυπτίων τῶν
περικατημένων αὐτὸν κλαιόντων καὶ δεινὰ ποιεύντων, τὠυτὸ ἐποίησε τὸ καὶ ἐπὶ τῇ θυγατρί. (7)
Παρελθόντων δὲ καὶ τούτων, συνήνεικε ὥστε τῶν συμποτέων οἱ ἄνδρα ἀπηλικέστερον,
ἐκπεπτωκότα ἐκ τῶν ἐόντων ἔχοντά τε οὐδὲν εἰ μὴ ὅσα πτωχὸς καὶ προσαιτέοντα τὴν στρατιήν,
παριέναι Ψαμμήνιτόν τε τὸν Ἀμάσιος καὶ τοὺς ἐν τῷ προαστείῳ κατημένους Αἰγυπτίων. Ὁ δὲ
Ψαμμήνιτος ὡς εἶδε, ἀνακλαύσας μέγα καὶ καλέσας ὀνομαστὶ τὸν ἑταῖρον ἐπλήξατο τὴν κεφαλήν.
(8) Ἦσαν δ᾽ ἄρα αὐτοῦ φύλακοι, οἳ τὸ ποιεύμενον πᾶν ἐξ ἐκείνου ἐπ᾽ ἑκάστῃ ἐξόδῳ Καμβύσῃ
ἐσήμαινον. Θωμάσας δὲ ὁ Καμβύσης τὰ ποιεύμενα, πέμψας ἄγγελον εἰρώτα αὐτὸν λέγων τάδε. (9)
“Δεσπότης σε Καμβύσης, Ψαμμήνιτε, εἰρωτᾷ δι᾽ ὅ τι δὴ τὴν μὲν θυγατέρα ὁρέων κεκακωμένην καὶ
τὸν παῖδα ἐπὶ θάνατον στείχοντα οὔτε ἀνέβωσας οὔτε ἀπέκλαυσας, τὸν δὲ πτωχὸν οὐδὲν σοὶ
προσήκοντα, ὡς ἄλλων πυνθάνεται, ἐτίμησας„. Ὃ μὲν δὴ ταῦτα ἐπειρώτα, ὃ δ᾽ ἀμείβετο τοῖσιδε. (10)
“Ὦ παῖ Κύρου, τὰ μὲν οἰκήια ἦν μέζω κακὰ ἢ ὥστε ἀνακλαίειν, τὸ δὲ τοῦ ἑταίρου πένθος ἄξιον ἦν
δακρύων, ὃς ἐκ πολλῶν τε καὶ εὐδαιμόνων ἐκπεσὼν ἐς πτωχηίην ἀπῖκται ἐπὶ γήραος οὐδῷ„. Καὶ
ταῦτα ὡς ἀπενειχθέντα ὑπὸ τούτου εὖ δοκέειν σφι εἰρῆσθαι, (11) ὡς (δὲ) λέγεται ὑπ᾽ Αἰγυπτίων,
δακρύειν μὲν Κροῖσον (ἐτετεύχεε γὰρ καὶ οὗτος ἐπισπόμενος Καμβύσῃ ἐπ᾽ Αἴγυπτους), δακρύειν δὲ
Περσέων τοὺς παρεόντας· αὐτῷ τε Καμβύσῃ ἐσελθεῖν οἶκτον τινά, καὶ αὐτίκα κελεύειν τόν τέ οἱ
παῖδα ἐκ τῶν ἀπολλυμένων σώζειν καὶ αὐτὸν ἐκ τοῦ προαστείου ἀναστήσαντας ἄγειν παρ᾽ ἑωυτόν.
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Traduction française :
[3,14] XIV. Le dixième jour après la prise de la citadelle de Memphis, Psamménite,
roi d'Égypte, qui n'avait régné que six mois, fut conduit, par ordre de Cambyse,
devant la ville avec quelques autres Égyptiens. On les y traita avec la dernière
ignominie, afin de les éprouver. Cambyse fit habiller la fille de ce prince en
esclave, et l'envoya, une cruche à la main, chercher de l'eau ; elle était
accompagnée de plusieurs autres filles qu'il avait choisies parmi celles de la
première qualité, et qui étaient habillées de la même façon que la fille du roi.
Ces jeunes filles, passant auprès de leurs pères, fondirent en larmes, et
jetèrent des cris lamentables. Ces seigneurs, voyant leurs enfants dans un état
si humiliant, ne leur répondirent que par leurs larmes, leurs cris et leurs
gémissements ; mais Psamménite, quoiqu'il les vît et qu'il les reconnût, se
contenta de baisser les yeux. Ces jeunes filles sorties, Cambyse fit passer
devant lui son fils, accompagné de deux mille Égyptiens de même âge que lui, la
corde au cou, et un frein à la bouche. On les menait à la mort pour venger les
Mityléniens qui avaient été tués à Memphis, et dont on avait brisé le vaisseau :
car les juges royaux avaient ordonné que, pour chaque homme massacré en cette
occasion, on ferait mourir dix Égyptiens des premières familles. Psamménite les
vit défiler, et reconnut son fils qu'on menait à la mort ; mais tandis que les
autres Égyptiens qui étaient autour de lui pleuraient et se lamentaient, il
garda la même contenance qu'à la vue de sa fille. Lorsque ces jeunes gens furent
passés, il aperçut un vieillard, qui mangeait ordinairement à sa table. Cet
homme, dépouillé de tous ses biens, et ne subsistant que des aumônes qu'on lui
faisait, allait de rang en rang par toute l'armée, implorant la compassion d'un
chacun, et celle de Psamménite et des seigneurs égyptiens qui étaient dans le
faubourg. Ce prince, à cette vue, ne put retenir ses larmes, et se frappa la
tête en l'appelant par son nom. Des gardes, placés auprès de lui avec ordre de
l'observer, rapportaient à Cambyse tout ce qu'il faisait à chaque objet qui
passait devant lui. Étonné de sa conduite, ce prince lui en fit demander les
motifs. «Cambyse, votre maître, lui dit l'envoyé, vous demande pourquoi vous
n'avez point jeté de cris, ni répandu de larmes, en voyant votre fille traitée
en esclave, et votre fils marchant au supplice; et que vous honorez ce mendiant,
qui ne vous est, à ce qu'il a appris, ni parent ni allié. - Fils de Cyrus,
répondit Psamménite, les malheurs de ma maison sont trop grands pour qu'on
puisse les pleurer ; mais le triste sort d'un ami qui, au commencement de sa
vieillesse, est tombé dans l'indigence après avoir possédé de grands biens, m'a
paru mériter des larmes.» Cambyse trouva cette réponse sensée. Les Égyptiens
disent qu'elle fit verser des pleurs non seulement à Crésus, qui avait suivi ce
prince en Égypte, mais encore à tous les Perses qui étaient présents ; que
Cambyse fut lui-même si touché de compassion, qu'il commanda sur-le-champ de
délivrer le fils de Psamménite, de le tirer du nombre de ceux qui étaient
condamnés à mort, et de lui amener Psamménite même du faubourg où il était.
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