Texte grec :
[3,154] Ὡς δέ οἱ ἐδόκεε μόρσιμον εἶναι ἤδη τῇ Βαβυλῶνι ἁλίσκεσθαι, προσελθὼν Δαρείου
ἀπεπυνθάνετο εἰ περὶ πολλοῦ κάρτα ποιέεται τὴν Βαβυλῶνα ἑλεῖν. πυθόμενος δὲ ὡς πολλοῦ
τιμῷτο, ἄλλο ἐβουλεύετο, ὅκως αὐτός τε ἔσται ὁ ἑλὼν αὐτὴν καὶ ἑωυτοῦ τὸ ἔργον ἔσται· κάρτα γὰρ
ἐν τοῖσι Πέρσῃσι αἱ ἀγαθοεργίαι ἐς τὸ πρόσω μεγάθεος τιμῶνται. (2) ἄλλῳ μέν νυν οὐκ ἐφράζετο
ἔργῳ δυνατὸς εἶναί μιν ὑποχειρίην ποιῆσαι, εἰ δ᾽ ἑωυτὸν λωβησάμενος αὐτομολήσειε ἐς αὐτούς.
ἐνθαῦτα ἐν ἐλαφρῷ ποιησάμενος ἑωυτὸν λωβᾶται λώβην ἀνήκεστον· ἀποταμὼν γὰρ ἑωυτοῦ τὴν
ῥῖνα καὶ τὰ ὦτα καὶ τὴν κόμην κακῶς περικείρας καὶ μαστιγώσας ἦλθε παρὰ Δαρεῖον.
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Traduction française :
[3,154] CLIV. Ayant reconnu que les destins assuraient la prise de Babylone, il alla
trouver Darius, et lui demanda s'il avait fort à coeur la conquête de cette
place. Ce prince lui ayant répondu qu'il le souhaitait ardemment, il délibéra
comment il ferait pour s'en emparer, et pour que la prise de cette ville ne pût
être attribuée à d'autre qu'à lui. Les Perses estiment en effet beaucoup les
belles actions ; et chez eux c'est le plus sûr moyen de parvenir aux plus grands
honneurs. Ayant fait réflexion qu'il ne pouvait se rendre maître de cette place
qu'en se mutilant, pour passer ensuite chez les ennemis en qualité de transfuge,
il ne balança pas un instant, et ne tint aucun compte d'une difformité à
laquelle il n'était pas possible de remédier. Il se coupa donc le nez elles
oreilles, se rasa d'une manière honteuse le tour de la tête, se mit le corps en
sang à coups de fouet, et, en cet état, il alla se présenter au roi.
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