Texte grec :
[5,1] Ὅπως μὲν δὴ ὁ Ἀντωνῖνος ἦρξέ τε καὶ ἐτελεύτησε,
δεδήλωται ἐν τῷ πρὸ τούτου συγγράμματι {ἥ τε πρὸ
τούτου ἐπιβουλὴ καὶ διαδοχή}· γενόμενος δὲ ἐν τῇ Ἀντιοχείᾳ ὁ
Μακρῖνος ἐπιστέλλει τῷ τε δήμῳ Ῥωμαίων καὶ
τῇ συγκλήτῳ, λέγων τοιάδε. „ἐν εἰδόσι μὲν ὑμῖν τοῦ τε
βίου μου τὴν ἐξ ἀρχῆς προαίρεσιν τοῦ τε τρόπου τὸ πρὸς
χρηστότητα ἐπιρρεπές, καὶ τὸ πρᾶον τῆς διοικηθείσης
πρότερον πράξεως, οὐ πολύ τι ἐξουσίας καὶ δυνάμεως
βασιλικῆς ἀποδεούσης, ὅπου γε καὶ αὐτὸς ὁ βασιλεὺς
τοῖς ἐπάρχουσι τῶν στρατοπέδων πεπίστευται, περιττὸν
νομίζω μακρηγορεῖν. ἴστε γάρ με καὶ οἷς ἐκεῖνος ἔπραττεν
οὐκ ἀρεσκόμενον, καὶ προκινδυνεύσαντα ὑμῶν ἐν
οἷς πολλάκις ταῖς τυχούσαις διαβολαῖς πιστεύων ἀφειδῶς ὑμῖν
προσεφέρετο. κἀμὲ μὲν κακῶς ἠγόρευε, καὶ
δημοσίᾳ πολλάκις τὸ μέτριόν μου καὶ πρὸς τοὺς ἀρχομένους
φιλάνθρωπον διαβάλλων καὶ διασκώπτων ἐς
ῥᾳθυμίαν καὶ τρόπων χαυνότητα· κολακείαις δὲ χαίρων,
καὶ τοὺς εἰς ὠμότητα παροξύνοντας τῷ τε θυμῷ τὸ ἐνδόσιμον αὐτοῦ
διδόντας τήν τε ὀργὴν διαβολαῖς ἐγείροντας εὔνους καὶ πιστοὺς
ἐδοκίμαζε φίλους. ἐμοὶ δὲ
ἐξ ἀρχῆς τὸ πρᾶον καὶ μέτριον προσφιλές. τὸν γοῦν
πρὸς Παρθυαίους πόλεμον, μέγιστόν τε ὄντα καὶ ἐφ´
ᾧ πᾶσα Ῥωμαίων ἐσάλευεν ἀρχή, κατελύσαμεν καὶ ἐν οἷς
ἀνδρείως παραταξάμενοι οὐδέν τι ἡττήμεθα, καὶ ἐν οἷς
σπείσαντες μετὰ πολλῆς δυνάμεως ἐλθόντα μέγαν βασιλέα πιστὸν
φίλον ἀντ´ ἐχθροῦ δυσμάχου ἐποιήσαμεν.
ἐμοῦ δὲ κρατοῦντος ἐν ἀδείᾳ τε καὶ ἀναιμωτὶ πάντες
βιώσονται, ἀριστοκρατία τε μᾶλλον ἢ βασιλεία νομισθήσεται.
μηδέ τις ἀπαξιούτω ἢ τύχης πταῖσμα νομιζέτω,
ὅτι δὴ ὄντα με ἐκ τῆς ἱππάδος τάξεως ἐπὶ τοῦτο ἤγαγε.
τί γὰρ ὄφελος εὐγενείας, εἰ μὴ χρηστὸς καὶ φιλάνθρωπος συνοικεῖ
τρόπος; τὰ μὲν γὰρ τῆς τύχης δῶρα καὶ
ἀναξίοις περιπίπτει, ἡ δὲ τῆς ψυχῆς ἀρετὴ ἰδίαν ἑκάστῳ
δόξαν περιτίθησιν. εὐγένεια δὲ καὶ πλοῦτος καὶ ὅσα
τοιαῦτα μακαρίζεται μέν, οὐκ ἐπαινεῖται δέ, ὡς παρ´
ἄλλου δοθέντα· ἐπιείκεια δὲ καὶ χρηστότης ἅμα τῷ θαυμάζεσθαι καὶ
τῶν ἐπαίνων τὴν ἀναφορὰν ἐς αὐτόν τινα
ἔχει τὸν κατορθοῦντα. τί γοῦν ὑμᾶς ὤνησεν ἡ Κομόδου
εὐγένεια ἢ Ἀντωνίνου ἡ πατρῴα διαδοχή; οἱ μὲν γὰρ
ὥσπερ ὄφλημα κληρονομίας εἰληφότες ἀποχρῶνταί τε
καὶ ἐνυβρίζουσιν ὡς ἄνωθεν ἰδίῳ κτήματι· οἱ δὲ παρ´
ὑμῶν λαβόντες χάριτός τε αἰδίου εἰσὶ χρεῶσται καὶ πειρῶνται
ἀμείψασθαι τοὺς εὐεργεσίαις προειληφότας. καὶ
τῶν μὲν εὐπατριδῶν βασιλέων τὸ εὐγενὲς ἐς ὑπεροψίαν
ἐκπίπτει καταφρονήσει τῶν ὑπηκόων ὡς πολὺ ἐλαττόνων·
οἱ δὲ ἐκ μετρίων πράξεων ἐπὶ τοῦτο ἐλθόντες περιέπουσιν αὐτὸ ὡς
καμάτῳ κτηθέν, αἰδῶ τε καὶ τιμὴν ἀπονέμουσιν, ἣν εἰώθεσαν, τοῖς ποτὲ
κρείττοσιν. ἐμοὶ δὲ σκοπὸς μηδέν τι πράττειν ἄνευ τῆς ὑμετέρας
γνώμης, κοινωνούς τε καὶ συμβούλους ἔχειν τῆς τῶν πραγμάτων
διοικήσεως. ὑμεῖς δὲ ἐν ἀδείᾳ καὶ ἐλευθερίᾳ βιώσεσθε,
ὧν ἀφῃρέθητε μὲν ὑπὸ τῶν εὐπατριδῶν βασιλέων, ἀποδοῦναι δὲ ὑμῖν
ἐπειράθησαν πρότερον μὲν Μάρκος ὕστερον δὲ Περτίναξ, ἐξ ἰδιωτικῶν
σπαργάνων ἐπὶ τοῦτο ἐλθόντες. γένους γὰρ ἔνδοξον ἀρχὴν αὐτὸν
παρασχεῖν καὶ τῷ ὑστέρῳ γένει ἄμεινον ἢ κλέος προγονικὸν
παραλαμβάνοντα τρόπου φαυλότητι καταισχῦναι.“
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Traduction française :
[5,1] I. Nous avons raconté dans le livre précédent comment régna et comment
mourut Antonin; nous avons dit le complot qui causa sa mort et un nouveau
règne. Arrivé à Antioche, Macrin envoie au sénat et au peuple romain la
lettre suivante : « J'écris à des hommes qui connaissent quelle a été de
tout temps ma conduite, quelle est la douceur naturelle de mon caractère,
et la modération dont j'ai fait preuve dans l'exercice d'une fonction peu
éloignée de l'autorité et de la puissance souveraine, puisque la vie de
l'empereur lui-même est entre les mains du préfet des soldats. Ainsi je
regarde de longues paroles comme inutiles. Vous savez que je n'ai jamais
approuvé les actions d'Antonin, et que plus d'une fois j'ai exposé pour
vous mes jours, lorsque ce prince, accueillant toutes les délations,
voulait vous traiter avec la plus grande rigueur. Aussi ai-je été toujours
l'objet de son blâme; il raillait publiquement ma modération, mon humanité
envers des subordonnés : il se moquait de ma faiblesse, de ma
pusillanimité. Heureux au milieu de ses flatteurs, il ne regardait comme
ses amis dévoués et fidèles que les conseillers de crime qui fournissaient
des aliments à sa fureur et ne cessaient d'exciter sa colère par des
calomnies. Pour moi, j'ai toujours aimé la clémence et la douceur; grâce à
ces immuables principes, cette guerre des Parthes, si importante, et qui a
fait chanceler tout l'empire, se trouve enfin terminée. Non seulement nous
avons combattu avec courage, et préservé nos drapeaux de tout désastre ;
mais par un heureux traité nous nous sommes unis au grand roi qui était
venu avec une immense armée; nous nous sommes fait un ami fidèle d'un
redoutable ennemi. Sous mon empire, la liberté et la vie de tous seront
sacrées. C'est une aristocratie, bien plutôt qu'un gouvernement absolu,
que j'ai l'intention d'établir. Et qu'on ne reproche pas à la fortune
comme un crime, comme une grande erreur, de m'avoir choisi, pour m'élever
au trône, parmi les simples chevaliers. A quoi sert la noblesse, sans la
bonté, sans l'humanité? Les dons du sort tombent souvent sur des mortels
indignes; mais la vertu nous donne une gloire qui nous appartient
réellement. Une grande naissance, de la fortune, et tous les avantages de
cette nature sont décorés du nom de bonheur, mais n'obtiennent point
l'estime, parce que nous ne tenons pas ces biens de nous-mêmes. Mais la
clémence, mais la bonté attirent l'admiration et la gloire sur celui qui
les possède. A quoi vous ont servi et la noblesse de Commode et la
légitimité d'Antonin ? De tels princes, voyant dans l'empire un héritage
qui leur est dû, en usent avec injustice et avec violence, comme d'une
propriété de famille. Mais les hommes qui l'ont reçu de vous, vous doivent
une gratitude éternelle et s'efforcent toute leur vie de reconnaître un si
grand bienfait. La noblesse des empereurs patriciens dégénère souvent en
orgueil : ils méprisent leurs sujets, comme des hommes d'une nature
inférieure. Mais ceux qui d'un état médiocre se sont élevés à l'empire
veulent remplir avec honneur un rang qu'ils ont acquis par leurs travaux.
Ils continuent de respecter et d'honorer ceux qu'ils ont vus autrefois
au-dessus d'eux. Mon intention est de ne rien faire sans votre autorité,
de vous associer en quelque sorte à mon gouvernement, de vous consulter
dans toutes les affaires publiques. Vous vivrez dans cette sécurité, dans
cette liberté, que vous ont enlevées tant d'empereurs de familles nobles,
et que s'étaient efforcés de vous rendre d'abord Marc-Aurèle, puis
Pertinax, tous deux sortis d'un berceau plébéien. Il vaut mieux commencer
son illustration et la laisser à ses descendants, que ternir par la
dépravation de ses moeurs celle qu'on a reçue de ses aïeux. »
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